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Charlotte Biron, Stagiaire en journalisme scientifique
Les universités paient cher leurs abonnements à des revues scientifiques. Pourquoi les chercheurs ne diffuseraient-ils pas eux-mêmes leurs articles, une fois passées toutes les étapes de validation?

10 mai 2012, 80e Congrès de l'Acfas – Même Harvard, l’université la plus riche au monde, ne peut se permettre de s’abonner à tous les périodiques scientifiques actuellement. Les coûts sont trop élevés. Les universités ont cependant besoin de ces revues. En plus, ce sont en grande partie des universitaires qui sont à l’origine des articles.

« Ce qui manque actuellement sur la planète, c’est l’accès libre », soutient Stevan Harnad, titulaire de Chaire de recherche du Canada en sciences cognitives à l’UQAM. « Je fais la promotion de l’accès libre vert, parce que c’est la meilleure façon d’accéder aux ressources », annonce-t-il d’emblée lors de sa conférence sur les revues scientifiques dans le cadre du colloque Bibliothèques numériques, tenu au 80e Congrès de l’Acfas du 8 au 10 mai 2012.

Il faut distinguer l’accès libre « vert » de l’accès libre « doré » pour comprendre les solutions proposées par Stevan Harnad concernant la publication scientifique. Lorsqu’un chercheur met lui-même un texte en ligne, la ressource est en accès libre « vert », une forme d’autoarchivage. La publication en accès libre « doré » elle est directement diffusée par l’éditeur.

Stevan Harnad ne comprend pas les réticences des auteurs à archiver eux-mêmes leurs articles. C’est la pierre angulaire de sa proposition : que chaque auteur d’article scientifique ajoute son texte dans le dépôt institutionnel des universités. Ce dépôt existe dans la plupart des institutions et sert précisément à rassembler les publications des chercheurs et des étudiants de la même université.

« Actuellement, seulement 20 % des chercheurs mettent en accès libre leurs articles, affirme Monsieur Harnad. J’ai identifié deux causes à ce faible pourcentage : soit ils sont oisifs, soit ils ont peur d’être poursuivis par des éditeurs. En réalité, 60 % des revues avalisent déjà l’accès libre vert. »

Plus d’accès libre, plus de subventions

L’importance de partager le savoir scientifique en soi est un argument suffisant pour mettre les articles à la disposition des lecteurs, selon Monsieur Harnad. Toutefois, adopter une politique obligatoire d’accès libre vert pourrait aussi permettre d’obtenir plus de subventions pour les institutions. « Les universités ont intérêt à adopter des politiques d’autoarchivage obligatoire, pour des raisons financières. Les articles en accès libre sont beaucoup plus cités que les articles qui sont uniquement diffusés dans des revues payantes. Dans les départements universitaires, l’impact de la recherche est soumis à une évaluation. Plus un article est cité, plus on considère que l’impact de la recherche est élevé. C’est une des façons de calculer la portée de la recherche. Les chercheurs avec plus de citations ont plus de subventions, parce que les articles ont un impact plus grand. »

Le scénario proposé par Stevan Harnad se résume en trois étapes simples à suivre par le milieu universitaire : adoption d’une politique d’autoarchivage obligatoire; accès libre de 100 % des ressources; annulation des abonnements aux revues. Cette annulation aux abonnements des revues libèrerait des fonds pour permettre éventuellement une transition vers l’accès libre doré, donc vers un accès libre opéré par les éditeurs eux-mêmes.

Du côté des bibliothécaires, des scientifiques et des lecteurs, ce scénario n’est qu’avantageux. Mais comment les maisons d’édition s’en sortiront-elles? Stevan Harnad a un point de vue tranché sur la question. « Si les grandes maisons d’édition se plaignent qu’elles avaient plus de profits lorsqu’elles faisaient du chantage avec les auteurs, alors les revues migreront vers d’autres formes, plus petites, nécessitant moins de profits. »

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  • Charlotte Biron
    Stagiaire en journalisme scientifique

    Actuellement étudiante de baccalauréat en littératures de langue française, Charlotte Biron a écrit pendant trois ans au Quartier Libre. Elle a complété un stage à l’étranger avec Radio-Canada à Moscou, une expérience marquante, puis a débuté en vulgarisation scientifique dans Forum, le journal institutionnel de l’Université de Montréal, en 2012. L’Acfas est une occasion en or de continuer d’écrire sur la science et de l’intéresser aux projets de chercheurs fascinants.Photographie, Mariève VautrinAprès avoir complété un baccalauréat en journalisme et un certificat en création littéraire, Mariève décide d’entreprendre des études de deuxième cycle en sociologie à l’Université de Montréal. Passionnée par les expériences issues du travail de terrain, elle s’intéresse particulièrement aux inégalités sociales, à l’exclusion et aux rapports de pouvoir entre les êtres. Aussi perçoit-elle le journalisme comme une profession riche de rencontres et de découvertes, profession lui permettant de mettre de l’avant tant sa curiosité que sa créativité.

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