Pour le dossier « Rêver, s'engager », nous avons demandé à des membres de la relève de nous parler de leurs motivations, de leurs parcours et de leurs aspirations en recherche. Conversation avec Shannon Sim, récipiendaire d'un Prix Acfas Relève en 2025, diplômée du doctorat en biologie et aujourd'hui enseignante de physique au Cégep Marie-Victorin, à Montréal.
D’où vient ton intérêt, ta fascination pour ton domaine et/ou ton objet de recherche?
Vers la fin du secondaire, j’ai reçu un livre sur la relativité restreinte en cadeau. Cette lecture a inspiré ma passion pour la physique et bientôt, j’avais toujours un livre de physique entre les mains. Lorsque j’ai débuté mes études au baccalauréat en physique à l’Université McGill, je ne connaissais pas vraiment la biophysique, un domaine qui cherche à comprendre le fonctionnement du monde vivant, des cellules aux écosystèmes, à l’aide des outils de la physique. Jusque-là, je m’étais surtout intéressée à la relativité, à la mécanique quantique et à la cosmologie.
Ma trajectoire d’études a changé lorsque j’ai eu l’occasion de participer à un projet de recherche en biophysique expérimentale en tant qu’assistante de recherche dans le laboratoire Vogel. J’ai ainsi développé un grand intérêt pour la microscopie, la biologie moléculaire et l’analyse de données. D’ailleurs, j’ai constaté que les outils de la physique, tant théoriques (comme les modélisations numériques) qu’expérimentaux (comme la microscopie), sont fort utiles pour répondre à de nombreuses questions biologiques. En effet, la biophysique est essentielle à l’étude d’une foule de phénomènes tels que la duplication de l’ADN, l’activité des réseaux de neurones et la communication entre les cellules. Elle contribue aussi au développement de nombreuses technologies telles que l’imagerie médicale, la radiothérapie et les nanotechnologies.
À la suite de mon expérience dans ce laboratoire, j’ai décidé de compléter une mineure en biologie pour arrimer ma formation avec mes intérêts de recherche, alliant désormais physique et biologie. En 2017, j’ai commencé à travailler sur le rôle d’un type de protéine motrice, la kinésine-5, dans la formation du fuseau mitotique. Ce projet est devenu le sujet principal de mon doctorat.
Raconte-nous ton arrivée sur les bancs d’université, au baccalauréat. Quels désirs, quels rêves t’habitaient à ce moment?
Lorsque j’ai débuté mon baccalauréat, je rêvais de faire des études supérieures et de contribuer à la recherche scientifique, mais je ne savais pas encore dans quel domaine. Je me suis donc intéressée aux projets de mes professeur·es et je suis restée à l’affût des opportunités de recherche qui s’offraient aux étudiant·es de premier cycle.
De plus, lors de ma première session universitaire, j’ai commencé à travailler en tant que tutrice de physique. C’est un rêve que je caressais depuis plusieurs années, ayant toujours aimé aider mes camarades de classe avec leurs travaux. Le tutorat est rapidement devenu une passion, et j’ai occupé cet emploi étudiant jusqu’à la fin de mon doctorat. Cela a aussi confirmé mon intérêt pour l’enseignement des sciences, qui a commencé à se développer lors de mon passage au cégep. Je voulais transmettre aux autres ma curiosité et mon émerveillement du monde naturel. Un de mes rêves est donc devenu d’un jour enseigner la physique.
Lors de ma première session universitaire, j’ai commencé à travailler en tant que tutrice de physique. [...] C’est un rêve que je caressais depuis plusieurs années, [et qui] est rapidement devenu une passion.
Après le baccalauréat, pourquoi as-tu entamé des études aux cycles supérieurs?
Mes expériences de recherche au premier cycle m’ont motivées à entamer des études supérieures. En plus de confirmer mon intérêt pour le monde de la recherche, j’ai trouvé l’environnement de travail en laboratoire stimulant. J’ai eu le privilège de collaborer avec une équipe interdisciplinaire, avec qui j’avais l’occasion d’être autonome tout en ayant accès aux ressources nécessaires pour développer mes compétences. J’étais aussi très motivée par le fait de travailler sur la division cellulaire, un processus fondamental chez tous les êtres vivants, mais toujours incompris! En effet, la division cellulaire est extrêmement complexe et requiert la participation minutieusement contrôlée d’un grand nombre de protéines. Même des toutes petites erreurs peuvent avoir des conséquences sévères pour l’organisme, telles que le cancer. Malgré les nombreuses avancées dans le domaine au cours des dernières décennies, il nous reste beaucoup à apprendre sur ce phénomène.
De plus, les études supérieures m’offraient la possibilité de contribuer à la qualité de l’enseignement des sciences à mon université et dans ma communauté. J’ai eu l’occasion, pendant mes études, d’être auxiliaire d’enseignement à quatre reprises, de mentorer de nombreux étudiant·es et de m’impliquer dans divers comités. J’ai également contribué à la coordination du site de sensibilisation de l’Université McGill de l’organisation Parlons sciences pendant trois ans. Parlons sciences est un organisme à but non lucratif qui offre des activités éducatives gratuites sur les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques aux jeunes Canadien·nes, et ce, depuis plus de 30 ans. Parlons sciences à l’Université McGill rejoint à chaque année des milliers de jeunes de notre communauté.
Mes expériences de recherche au premier cycle m’ont motivées à entamer des études supérieures. En plus de confirmer mon intérêt pour le monde de la recherche, j’ai trouvé l’environnement de travail en laboratoire [avec une équipe interdisciplinaire] stimulant.
As-tu toujours su que tu voulais faire de la recherche?
Longtemps, je ne connaissais pas le rôle que jouaient les étudiant·es universitaires dans la recherche scientifique. J’ai découvert le monde de la recherche universitaire et son fonctionnement vers la fin du secondaire, alors que je commençais à lire sur la théorie de la relativité, la mécanique quantique et la cosmologie dans mes temps libres. Au fil de ces lectures, j’ai appris que les étudiant·es aux cycles supérieurs sont des chercheur·euses, et c’est à ce moment que j’ai décidé que je voulais moi aussi suivre ce chemin.
Comment rêves-tu la suite de ton parcours professionnel?
En décembre dernier, j’ai réussi ma soutenance de thèse. Depuis, j’enseigne la physique au Cégep Marie-Victorin, à Montréal. J’ai le privilège de travailler avec des étudiant·es curieux·euses et engagé·es, ainsi que des collègues passionnés qui ont à cœur la réussite des étudiant·es. J’adore mon métier, et je me suis sentie à ma place dès ma première journée. On peut dire que j’ai réalisé un rêve! Au cours des prochaines années, je souhaite continuer de transmettre ma passion pour la science à mes étudiant·es, tout en poursuivant le développement de mes aptitudes en enseignement. Je crois fermement que les compétences développées dans les cours de sciences, telles que la rigueur et l’esprit critique, sont utiles peu importe le chemin professionnel choisi. Pour la suite de ma carrière, j’espère un jour pouvoir allier enseignement et recherche et ainsi retrouver le bonheur de la découverte, que ce soit en science fondamentale ou en éducation.
Je crois fermement que les compétences développées dans les cours de sciences, telles que la rigueur et l’esprit critique, sont utiles peu importe le chemin professionnel choisi.
- Shannon Sim
Cégep Marie-Victorin
Attirée par les fondements mathématiques de la relativité, de la cosmologie et de la mécanique quantique, Shannon Sim a d’abord entrepris un baccalauréat en physique à l'Université McGill. Son intérêt initial pour la physique théorique s’est élargi lorsqu’une opportunité de recherche en biophysique expérimentale dans le laboratoire Vogel lui a permis d’explorer l’application des outils physiques à des problématiques biologiques. Cette nouvelle passion l’a donc menée à entreprendre un doctorat en biologie. Elle enseigne maintenant la physique au Cégep Marie-Victorin, à Montréal.
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