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Membres du Comité intersectoriel étudiant (CIE), Fonds de recherche du Québec (FRQ)

Autrefois présenté comme la « bibitte » du premier Scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, le Comité intersectoriel étudiant (CIE) du Fonds de recherche du Québec (FRQ) est maintenant bien établi. Son mandat est de proposer des stratégies qui favorisent le rayonnement, la réussite et le bien-être de la relève en recherche. Dernièrement, le CIE a publié des rapports sur l’écoresponsabilité en recherche, la santé psychologique de la relève et la science en français. À l’aube de son départ, le président du CIE, Yan Bertrand, a mené une ronde d’échanges avec les autres membres du CIE pour comprendre leurs motivations à s’engager pour la relève en recherche et à s'investir dans leurs projets actuels.

Yan Bertrand : Je suis maintenant arrivé à la fin de mon doctorat et, conséquemment, à la fin de mon implication au sein du CIE. J'ai le plaisir de prendre un moment avec vous, collègues, pour discuter de nos récentes réalisations et de nos dossiers en cours. J’en profite également pour en apprendre un peu plus sur vos motivations personnelles à vous investir dans le comité.

Commençons avec toi, Ha-Loan, qui viens de terminer ta première année comme membre du comité. Peux-tu m’expliquer ce qui t’a initialement poussée à déposer ta candidature pour faire partie du CIE?

 

Ha-Loan Phan : Mon implication est motivée par un appétit pour les questions de gouvernance. Au CIE, nous nous prononçons sur des enjeux qui concernent directement la relève et les grands défis de société, et nous avons une influence sur les décisions du FRQ, un acteur clé de la gouvernance en recherche au Québec. Moi qui effectue un retour aux études, je peux constater que nous sommes des milliers à rencontrer des obstacles similaires durant notre parcours académique. Ça m’a personnellement permis de prendre du recul sur mon propre parcours et de diminuer le sentiment d’esseulement qui m’habitait.  Au CIE, nous nous interrogeons sur des problèmes structurels, tout en gardant en tête l’unicité et la valeur des trajectoires individuelles.

 

Y.B. : Je partage ton appétit pour la gouvernance, c’est même un sujet qui est au cœur de ma thèse sur l’analyse des systèmes de santé! Et pour ce qui est de la valeur des trajectoires individuelles, ça me fait nécessairement penser à notre dossier sur la Relève autochtone en recherche. Élisabeth, toi qui as mis en place ce dossier dès ton arrivée au CIE l’année dernière, sur quels enjeux spécifiques souhaitais-tu te pencher? 

 

Elisabeth Viau : Très bonne question, Yan. Personnellement, le fait d'avoir grandi près des communautés m’a rapidement sensibilisée aux impacts persistants d’un passé colonial sur l’éducation. Aujourd’hui, nous observons d’ailleurs une faible représentativité autochtone aux cycles supérieurs et dans les postes de direction; c’est en réponse à ces enjeux que nous avons décidé de lancer ce dossier. Nous voulons maintenant mieux comprendre les barrières rencontrées par les membres autochtones de la relève en recherche, puis recenser et analyser les programmes qui les soutiennent. Notre objectif final est de formuler des recommandations sensibles aux réalités autochtones pour améliorer leur accès aux programmes de recherche, les soutenir dans leur parcours universitaire et valoriser leurs importantes contributions  à la recherche québécoise.

 

Y.B. : Ce sont des objectifs ambitieux, mais sans aucun doute nécessaires si on veut surmonter les barrières rencontrées par la relève autochtone. Ce dossier me fait penser à un autre de nos dossiers visant une sous-population qui fait face à des enjeux distincts, celui de la relève internationale en recherche. Katerina, tu codiriges avec Mame ce nouveau dossier. Peux-tu me dire ce qui t’a motivée à piloter ce dossier ?

 

Katerina Sviderska : C’est l’urgence et la portée du dossier qui m’interpellent. Il traite de l’accueil et de la valorisation des chercheuses et chercheurs de l’international qui choisissent le Québec afin de poursuivre leurs recherches puis, possiblement, pour s’y ancrer. Nous trouvons important de documenter les réalités spécifiques et multiples de ces personnes. En allant à leur rencontre, nous arrivons à mieux saisir ce qui freine ou favorise leur épanouissement, en particulier à ce qui touche leur intégration et leurs besoins financiers. Notre regard intersectoriel et nos expériences personnelles - pour Mame, comme étudiante internationale, et dans mon cas, comme étudiante à l’étranger - deviennent des forces qui nous permettront de faire émerger des pistes d’améliorations concrètes. Celles-ci favoriseront une vision de l’excellence et du rayonnement scientifique résolument tournée vers le monde. 

 

Y.B. : Super intéressant. J'ose lancer une invitation à toutes les personnes qui aimeraient venir s’exprimer sur ce sujet : le CIE tiendra une consultation sur la relève internationale dans le cadre des J2R de cette année, à Rimouski. D’ailleurs, parlant de promotion de nos événements, Mame, en plus d’être sur le dossier de la relève internationale, tu crées des publications pour les réseaux sociaux du CIE, ce qui nous donne une visibilité médiatique toute l’année. Qu’est-ce que tu trouves le plus stimulant dans ce rôle?

 

Mame Mbayang Thiam : Les médias sociaux donnent au CIE l'occasion de créer un lien direct et vivant avec la relève. Ce que je trouve le plus stimulant dans ce dossier, c’est de transformer les actions du CIE et du FRQ en messages clairs, engageants et accessibles. Étant Sénégalaise d’origine et ayant transité par la France pour mes études, je crois avoir une sensibilité interculturelle qui me permet d’élargir la portée des publications médiatiques du CIE et d’enrichir les idées que nous voulons véhiculer. Les médias sociaux sont plus qu’un outil de diffusion, ils agissent aussi comme levier de valorisation des travaux du CIE et des activités auxquelles ses membres participent. Ils permettent aussi de promouvoir les ressources utiles à la relève, comme les occasions de financement offertes par le FRQ.

 

Y.B. :  Tu as bien raison qu’il s’agit d’un important outil de valorisation. Les travaux du CIE sont peu connus, même si nous participons à plusieurs événements chaque année. Virginie, toi qui as représenté le CIE à maintes reprises, tant comme invitée sur des panels, comme animatrice lors de nos ateliers ou comme membre du comité scientifique du secteur Société et culture, pourquoi crois-tu qu’il soit important pour le CIE de prendre part à toutes ces activités?

 

Virginie Houle : Merci de me rappeler ces bons souvenirs! Quand on participe à ces événements à titre de représentant du CIE, on rencontre la relève, on fait connaître nos travaux et on peut rappeler notre rôle de porte-voix de cette communauté. Par exemple, lors d’un épisode de La Balado de Fred Savard sur lequel j’étais invitée, nous avons discuté des recommandations formulées par le CIE dans notre rapport sur la recherche en français et des façons de la valoriser. En participant à la table ronde sur les perspectives de carrière, j’ai mieux compris les défis rencontrés par les membres de la relève visant une carrière hors du milieu universitaire. Et quand je participe à des consultations, comme aux J2R, je vois toute la pertinence du contact direct avec les membres de la relève, de consolider les réseaux du CIE et de m’assurer que nous comprenions bien leurs réalités et leurs besoins.

 

Y.B. : C’est vrai que les échanges que nous avons avec la relève durant nos consultations enrichissent énormément nos réflexions! Justement, la dernière que nous avons menée aux J2R 2024 portait sur l’utilisation des outils d’intelligence artificielle (IA) en recherche. Corinne, toi qui copilotes le dossier IA avec Félix, peux-tu nous en dire un peu plus sur ce qui est ressorti de cette consultation?

 

Corinne Leveau : Il faut comprendre que la relève en recherche est à mi-chemin entre les études et le travail professionnel, ce qui l’amène à s’intéresser à une variété d’outils d’IA. Bien qu’elle les considère comme des outils puissants, elle a aussi conscience de ses failles. C’est la raison pour laquelle elle s’attend à un encadrement de leur utilisation par des normes éthiques et règlementaires. Les conclusions de notre consultation seront diffusées au cours de l’automne et j’ai espoir qu’elles permettront de tenir compte du point de vue de la relève lors de l'élaboration des futures politiques encadrant l’usage de ces outils en recherche. Plusieurs acteurs du milieu de la recherche et de l’éducation nous ont d’ailleurs mentionné à quel point les constats de ce dossier les intéressaient - c’est pour porter ainsi la voix de la relève que j’ai voulu m’impliquer au CIE ! 

 

Y.B. : L’intelligence artificielle semble effectivement être le sujet de l’heure! C’était également le thème principal du forum Science and Technology in Society auquel Cynthia et moi avons eu la chance de participer, du 4 au 7 octobre dernier, à Kyoto, aux côtés du scientifique en chef, Rémi Quirion. À la lumière de ton expérience, Cynthia, que gagne le CIE à participer à de tels événements?

 

Cynthia Vincent : Le forum STS est un événement international annuel qui réunit des leaders mondiaux issus de la communauté scientifique, de l’industrie et des milieux politiques. En participant au programme Young Leaders, nous avons pu échanger directement avec des personnes lauréates d’un prix Nobel, développer un réseau international de jeunes leaders et participer à des discussions qui alimenteront nos réflexions au sein du CIE. Selon moi, c’est une occasion unique pour le CIE de développer des collaborations et de penser à de nouvelles initiatives. Comme je me suis intéressée à la relève en recherche dans le cadre de mon doctorat, je me sens outillée dans mon rôle de représentante de la relève en recherche du Québec. De tels événements me permettent de nous situer par rapport aux tendances internationales et de contribuer à l’effort du CIE à s’ouvrir au reste du monde. 

 

Y.B. :  J’ai aussi trouvé les discussions très enrichissantes, malgré les divergences de point de vue et les parcours uniques des personnes que nous avons rencontrées. C’est un aspect que je retrouve dans le CIE, puisque nos membres proviennent d’une multitude de programmes d’études : linguistique, gestion, éducation, santé publique, mathématiques...  Félix, toi qui fais un doctorat en Sol et Environnement, comment trouves-tu le fait de travailler avec des gens de formations aussi diverses? 

 

Félix L'Heureux-Bilodeau : L’interdisciplinarité est ce que je préfère dans le CIE. Elle permet de combiner plusieurs points de vue et méthodes de travail. Cette complémentarité d’expertises nous fait aborder nos dossiers avec une vision plus globale. Par exemple, la dynamique de travail entre Corinne et moi, avec qui je copilote le dossier sur l’intelligence artificielle, nous permet d’être beaucoup plus efficaces. Nos connaissances, méthodes et contacts respectifs nous aident à atteindre nos objectifs et même à les dépasser. On entend souvent qu’il ne faut pas s'isoler dans notre discipline, mais en pratique, nous élargissons rarement nos collaborations au-delà des domaines qui lui sont connexes. C’est donc une force et une richesse de faire partie d’une équipe aussi diversifiée.  

 

Y.B. : Oui, et selon moi, ça nous aide grandement à accomplir notre mandat de conseil auprès du FRQ. Par exemple, Marie-Violaine, toi qui représentes le CIE au sein du comité scientifique du secteur Santé, comment qualifierais-tu notre rôle sur ce type de comité?

 

Marie-Violaine D. Ponte : C’est un canal de communication extraordinaire! Ce type de comité réunit des acteurs clés du milieu de la recherche québécoise, qui s’intéressent aux défis de société et aux préoccupations de la relève en recherche. En y prenant part, nous avons l’occasion de les tenir informés de nos dossiers et de nos activités. Je prends ce rôle très au sérieux, en m’assurant également que nos démarches et recommandations soient cohérentes avec les valeurs du deuxième représentant étudiant sur le comité, qui ne siège pas sur le CIE.  J’apprécie la grande ouverture dont fait preuve Carole Jabet, la vice-présidente recherche du secteur Santé, envers le CIE; c’est un élément qui me motive grandement à poursuivre mon implication comme vice-présidente du CIE cette année encore.

 

Y.B. : Bien content de l’entendre! Simone, toi qui reprendras la présidence du CIE à mon départ, après avoir entendu toutes ces réponses, pourrais-tu m’expliquer pourquoi un comité étudiant comme le CIE reste pertinent aujourd’hui? Quelles opportunités entrevois-tu pour les prochaines années?

 

Simone Têtu : Nous avons, au CIE, des parcours et intérêts complémentaires desquels naissent des réflexions nouvelles et nécessaires. Considérant le rôle essentiel de la communauté étudiante dans le monde de la recherche, nous œuvrons continuellement à ce que les programmes et orientations du FRQ s’alignent avec la réalité et les besoins de cette relève. Par exemple, dans la foulée de l’adhésion du FRQ à CoARA, un collectif international d'organisations engagées pour la réforme des méthodes et des processus d'évaluation de la recherche, le CIE se penche à nouveau sur l’évaluation de l’excellence en recherche. C’est un enjeu complexe, mais aux retombées importantes et concrètes. La tendance internationale se solidifie; il est judicieux pour nous aussi d’y réfléchir. 

Ayant intégré le CIE pendant que j’étudiais encore au cégep, j’ai appris énormément de ce comité au fil des années qui m’ont menée au doctorat. C’est une chance inouïe de développer mon leadership auprès de cette équipe chevronnée, engagée et passionnée par les projets qu’elle mène, tant au sein qu’en dehors du FRQ. 

Finalement, au nom de nous tous, j’aimerais te remercier, Yan, pour tout ce que tu as fait au sein du CIE.  Maintenant que tu termines tes études doctorales, comment décrirais-tu ton passage au CIE?

Y.B. : Le CIE a eu un impact incroyable sur mon parcours doctoral. Il m’a permis de travailler sur plusieurs enjeux qui me tiennent à cœur et qui ont enrichi mes études en santé publique, dont le bien-être de la relève en recherche, l’équité et l’inclusion dans l’évaluation de l’excellence, la vulgarisation scientifique ainsi que la pertinence de la relève dans les sphères de gouvernance. Cet engagement demande un investissement important en temps et en énergie, mais il est également extrêmement prenant sur les plans personnel et professionnel. En s’impliquant au CIE, on développe des compétences transversales tout à fait profitables sur le marché du travail : leadership, gestion de projets, analyse d’enjeux complexes, approche multidisciplinaire... En terminant mon doctorat et ce mandat à la présidence du CIE, je quitte beaucoup plus qu’un comité étudiant : je quitte une équipe inspirante qui m’a accompagné et motivé tout au long des cinq dernières années. Mon prochain défi : participer à la transformation numérique du système de santé québécois. Il ne fait aucun doute que mon expérience au sein du CIE me sera fort utile. 


  • Membres du Comité intersectoriel étudiant (CIE)
    Fonds de recherche du Québec (FRQ)

    Yan Bertrand
    Candidat au doctorat en santé publique, Université de Montréal
    Président du CIE, membre depuis 2020

    Marie-Violaine Ponte
    Étudiante au doctorat en sciences infirmières, Université Laval
    Vice-présidente du CIE, membre depuis 2022

    Simone Têtu
    Étudiante au doctorat en mathématiques appliquées, Brown University 
    Vice-présidente du CIE, membre depuis 2020

    Virginie Houle
    Étudiante à la maîtrise en linguistique, Université du Québec à Chicoutimi
    Membre du CIE depuis 2022

    Félix L'Heureux-Bilodeau
    Étudiant au doctorat en Sols et environnement, Université Laval
    Membre du CIE depuis 2024

    Corinne Leveau
    Étudiante au doctorat en biochimie, Université de Montréal
    Membre du CIE depuis 2024

    Ha-Loan Phan
    Étudiante au doctorat en management, HEC Montréal
    Membre du CIE depuis 2024

    Katerina Sviderska
    Étudiante au doctorat en science politique, University of Cambridge
    Membre du CIE depuis 2024

    Mame Mbayang Thiam
    Étudiante au doctorat en science de la Terre et de l’atmosphère, Université du Québec à Montréal
    Membre du CIE depuis 2024

    Élisabeth Viau
    Étudiante au doctorat en génie industriel, Polytechnique Montréal
    Membre du CIE depuis 2024

    Cynthia Vincent
    Étudiante au doctorat en éducation, Université du Québec à Montréal
    Membre du CIE depuis 2024

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