Pour le dossier « Rêver, s'engager », nous avons demandé à des membres de la relève de nous parler de leurs motivations, de leurs parcours et de leurs aspirations en recherche. Conversation avec Félix Bélanger, récipiendaire d'un Prix Acfas Relève en 2024, qui poursuit aujourd'hui un doctorat en psychoéducation à l'Université de Montréal sur la question du climat scolaire de genre.
D’où vient ton intérêt, ta fascination pour ton domaine et/ou ton objet de recherche?
C’est lors de mon expérience en tant que personne psychoéducatrice en milieu scolaire au secondaire, entre 2018 et 2020, que mon intérêt pour mon domaine de recherche s’est développé. À l’époque, une direction d’école m’avait donné le mandat d’accompagner la transition sociale de jeunes trans et non-binaires qui fréquentaient l’école où je travaillais. À ce moment, j’ai donc pris conscience que plusieurs éléments pouvaient influencer grandement le bien-être de ces élèves dans cet environnement, comme les règles du code vestimentaire, les ateliers éducatifs en classe sur la diversité sexuelle et de genre, et les relations entre les élèves en fonction de leur identité de genre. Ces éléments composent, entre autres, le climat scolaire de genre dans lequel sont intégrés les jeunes en milieu scolaire. De plus, étant moi-même une personne qui s’identifie comme queer, je juge avoir un savoir expérientiel intéressant qui peut m’amener à documenter ces réalités avec rigueur et sensibilité.
Raconte-nous ton arrivée sur les bancs d’université, au baccalauréat. Quels désirs, quels rêves t’habitaient à ce moment (en lien ou non avec ton domaine de recherche)?
Mon rêve initial, lorsque je suis arrivé·e sur les bancs universitaires, était de devenir psychologue. Or, mon parcours au baccalauréat en psychologie a présenté tant d’embûches que j’ai décidé de me retirer de ce programme d’études après quelques sessions. J’ai ensuite pris la décision de me réorienter vers le baccalauréat en psychoéducation, avec pour objectif de réussir mon parcours universitaire et de devenir une personne psychoéducatrice.
Mon entrée dans ce programme a été marqué par un grand intérêt envers les contenus des différents cours, la recherche en psychoéducation, ainsi que les perspectives de carrières professionnelles dans ce champ. En parallèle, mes résultats universitaires se sont alors grandement améliorés, tout comme ma confiance en moi et ma réelle capacité à vivre des succès en contexte universitaire.
Après le baccalauréat, pourquoi as-tu entamé des études aux cycles supérieurs?
Mes résultats académiques au baccalauréat en psychoéducation furent satisfaisants afin d’accéder à la maitrise en psychoéducation. Un diplôme de 2e cycle est d’ailleurs nécessaire à l’obtention du titre de personne psychoéducatrice et à l’adhésion à notre ordre professionnel. J’ai donc décidé de m’inscrire dans ce parcours d’études, où j’ai ensuite eu l’opportunité de réaliser un mémoire de recherche. Au baccalauréat, mes cours de méthodologie, d’évaluation de programme et de psychométrie avaient grandement piqué ma curiosité, au point où il était devenu important pour moi de mieux comprendre les vertus et les fondements de la recherche psychoéducative.
As-tu toujours su que tu voulais faire de la recherche?
Pas du tout! Lorsque j’ai débuté l’université, je n’aurais jamais cru que j’étais destiné·e à une carrière en recherche dans le domaine de l’intervention psychosociale. Toutefois, j’ai mieux compris les intérêts de la recherche lors de mon baccalauréat en psychoéducation. J’y ai alors conduit des recensions des écrits sur des thèmes qui m’ont passionné, comme les jeunes en milieu scolaire et les populations queer. Ensuite, lors de ma maîtrise, j’ai compris l’intérêt des différentes méthodes (quantitatives, notamment) pour mener à terme un projet de recherche. Et lors de mes séminaires de doctorat, j’ai bien saisi l’importance de la rigueur lors du traitement des données et du positionnement épistémologique d’une personne chercheuse. Ces aspects sont essentiels pour conduire des études pertinentes sur la santé mentale ou physique des populations. Toutes ces raisons ont donc ficelé mon intérêt pour la recherche, et cela m’a convaincu de vouloir m’y investir pleinement pour une éventuelle carrière professionnelle.

Aujourd’hui, comment t’engages-tu en recherche afin de réaliser ces rêves?
Mes objectifs de recherche sont de conceptualiser et de documenter des phénomènes importants et intéressants qui ont inspiré ma pratique en psychoéducation. En effet, je souhaite conjuguer des thèmes de recherche qui concernent les populations d’élèves en milieu scolaire, et m’intéresser particulièrement à celles·eux qui peuvent être reconnu·es comme trans et non-binaires au sein de leur environnement.
Pour atteindre ces buts, je m’engage d’abord à entretenir une collaboration exemplaire avec les membres du personnel scolaire. Ces personnes m’appuient souvent lors de mes recherches avec les jeunes dans leurs milieux. Leurs regards et leurs opinions ont d’ailleurs grandement enrichi mon travail par le passé, et iels le font toujours actuellement. Je considère donc que mon rêve de départ, qui est de favoriser l’adaptation et le bien-être de jeunes vivant certaines difficultés dans leurs milieux scolaires, est toujours bien vivant.
Comment rêves-tu la suite de ton parcours professionnel?
Pour l’instant, je poursuis l’objectif de terminer ma recherche doctorale! Je souhaiterais ensuite mobiliser mes données de recherche dans le milieu scolaire, afin que les Centres de services scolaires et des directions d’école comprennent mieux les enjeux particuliers qui concernent le climat scolaire de genre et l’intégration des jeunes queers. De plus, je souhaiterais que mon domaine de recherche soit plus aisé à naviguer; présentement, pour des raisons éthiques et sociales, il peut être difficile d’inscrire la voix des jeunes marginalisés en milieu scolaire à travers une recherche scientifique. Pourtant, les principes d’inclusion, d’équité et de justice de ces individus sont très importants à respecter. De plus, les enjeux liés au genre en milieu scolaire sont grandement discutés à l’heure actuelle. Au cœur de cette discussion publique sensible et polémique, leurs voix sont essentielles et méritent d’être considérées.
- Félix Bélanger
Université de Montréal
Actuellement au doctorat à l'Université de Montréal, Félix Bélanger se distingue par un vif intérêt pour les sciences humaines et sociales, ainsi que pour l'éthique et la philosophie de l'être humain. En tant que personne psychoéducatrice, iel s'implique activement dans la création de projets de recherche visant à soutenir les jeunes marginalisés en milieu scolaire, ce qui inclut les jeunes trans et non-binaires. À ce sujet, Félix se consacre à des projets de recherche novateurs concernant le climat scolaire de genre. Son souhait serait de continuer à contribuer à la réflexion et aux débats dans ses champs d’intérêt à travers la recherche.
Vous aimez cet article?
Soutenez l’importance de la recherche en devenant membre de l’Acfas.
Devenir membreCommentaires
Articles suggérés
Infolettre