Le colloque « Quel avenir pour les universités en région au Québec? », tenu à l’UQAR (campus de Lévis) du 6 au 8 mars 2025, a exploré les défis et les opportunités des universités du Québec situées en dehors des grands centres. Cette réflexion s’inscrit dans un contexte de transformations profondes : changements démographiques, évolutions technologiques, pressions économiques et nécessité d’un ancrage régional renouvelé. La table-ronde de clôture de la première journée constituait un moment clé pour envisager des scénarios d’avenir de ces institutions.
Cette discussion était animée par Françoise Guénette, journaliste et animatrice chevronnée. Ayant œuvré dans des médias comme La Vie en rose et Radio-Canada, elle possède une vaste expérience en animation de débats publics et en journalisme d’analyse. Son expertise en modération de discussions complexes a donc apporté une dynamique éclairante aux échanges.
Présentation des intervenants
Trois figures majeures du milieu universitaire et scientifique ont pris part à cette discussion :
- Alexandre Cloutier : président de l’Université du Québec (UQ) depuis décembre 2022, il a occupé plusieurs postes stratégiques dans l’enseignement supérieur, notamment en tant que vice-recteur aux partenariats, aux affaires internationales et autochtones à l’UQAC. Juriste de formation, il a aussi présidé la Commission sur la liberté académique ayant mené à l’adoption de la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire en 2022.
- Christine Hudon : professeure d’histoire, elle a occupé les postes de vice-rectrice aux études et aux relations internationales à l’Université de Sherbrooke et de doyenne de la faculté des lettres et sciences humaines. Ses travaux portent notamment sur l’histoire sociale et religieuse, ainsi que sur l’histoire de l’éducation au Québec.
- Rémi Quirion : scientifique en chef du Québec, il conseille le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie sur les politiques en matière de recherche et de science. Reconnu internationalement pour ses travaux en neurosciences, il joue un rôle clé dans l’orientation de la recherche au Québec.
Présentation des questions
Les échanges entre les intervenants se sont articulés autour des questions suivantes :
- Évolution du rôle des universités : Comment les universités en région devraient-elles s’adapter aux transformations technologiques et géopolitiques actuelles? (0m15s)
- Défis majeurs : Quel est, en 2025, le plus grand défi auquel font face les universités en région? (12m02s)
- Internationalisation et concurrence : L’augmentation du recrutement d’étudiants internationaux et la création de campus satellites sont-elles des tendances inévitables? Quels en sont les effets sur les universités en région? (16m21s)
- Ancrage régional : Les universités du réseau de l’UQ ont été créées pour accroître l’accessibilité à l’enseignement supérieur et contribuer au développement régional. Cet ancrage devrait-il être préservé tel quel ou évoluer? (30m37s)
- Innovation : Quelles sont les avenues d’innovation permettant aux universités en région de se démarquer? (41m01s)
- Forces et réussites : Sur quelles forces les universités en région peuvent-elles s’appuyer pour assurer leur avenir? (47m46s)
Éléments marquants
La table-ronde a mis en évidence plusieurs enjeux quant à l’avenir des universités en région, tout en offrant des pistes de réflexion et des leviers d’action.
Un premier constat partagé par les intervenants a été l’importance du rôle des universités comme moteurs de développement régional. Depuis leur création, les établissements en région ont contribué à l’essor culturel, social et économique de leur milieu, en formant une main-d’œuvre qualifiée, en soutenant l’innovation et en favorisant l’accès au savoir. Toutefois, cet ancrage est aujourd’hui mis à l’épreuve par une série de transformations structurelles, notamment le vieillissement démographique, l’exode des jeunes vers les grands centres et les pressions financières croissantes. La nécessité de renforcer les liens avec les collectivités locales a été soulignée, notamment par des partenariats avec les municipalités, les organismes communautaires et les entreprises, afin d’adapter l’offre de formation et de recherche aux réalités régionales.
Un autre élément clé ayant émergé des échanges concerne l’évolution des besoins en formation. Les universités en région composent avec des cohortes étudiantes hétérogènes aux attentes changeantes. Le développement des formations à distance et hybrides a été évoqué comme une avenue incontournable, mais qui nécessite des investissements et une réflexion pédagogique approfondie pour maintenir la qualité de la formation. La nécessité d’une offre plus flexible, adaptée aux travailleurs en emploi et aux besoins spécifiques des communautés, a également été mise de l’avant.
L’internationalisation a aussi été au cœur des discussions. Le recrutement d’étudiants internationaux est souvent présenté comme une solution aux enjeux démographiques et financiers des universités en région. Cependant, les intervenants ont insisté sur l’importance de ne pas considérer ces étudiants uniquement comme une source de revenus, mais plutôt comme une richesse humaine et intellectuelle. S’ils entraînent leur lot de défis en matière d’accueil et d’intégration, leur présence ouvre aussi des opportunités.
Enfin, malgré les défis relevés, les échanges ont permis de mettre en lumière plusieurs atouts sur lesquels les universités en région peuvent s’appuyer. Leur proximité avec les milieux professionnels et communautaires, leur capacité d’adaptation et leur rôle central dans la formation d’une relève qualifiée constituent des forces indéniables.
Les échanges ont permis de mettre en lumière plusieurs atouts sur lesquels les universités en région peuvent s’appuyer. Leur proximité avec les milieux professionnels et communautaires, leur capacité d’adaptation et leur rôle central dans la formation d’une relève qualifiée constituent des forces indéniables.
- Olivier Lemieux
Université du Québec à Rimouski
Professeur en administration et politiques de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski (campus de Lévis), Olivier Lemieux s’intéresse principalement à l’analyse politique de l’éducation et de l’histoire de l’éducation au Québec. Il a obtenu la Médaille de l’Assemblée nationale du Québec pour ses travaux de maîtrise, le Prix commémoratif Cathy James pour ses travaux de doctorat et le prix Publication en français Louise-Dandurand du Fonds de recherche du Québec – Société et culture pour son ouvrage Genèse et legs des controverses liées aux programmes d’histoire du Québec (1961-2013), publié aux Presses de l’Université Laval en 2021. Il est notamment membre du Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité et la démocratie (CRIDAQ) et du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE).
- François-Olivier Dorais
Université du Québec à Chicoutimi
Professeur agrégé à l’Université du Québec à Chicoutimi, François-Olivier Dorais enseigne l’histoire du Québec et du Canada aux XIXe et XXe siècles, l’histoire régionale, l’historiographie et l’initiation à la recherche historique. Ses recherches se partagent entre l’histoire culturelle et intellectuelle au Québec, l’historiographie, l’histoire de la culture savante et l’histoire des francophonies minoritaires au Canada. Membres des comités de rédaction des revues Mens et Recherches sociographiques et co-directeur de la collection « Fabrique d’histoire » aux Presses de l’Université Laval, il est notamment l’auteur de L’école historique de Québec. Une histoire intellectuelle (Boréal, 2022) et co-auteur (avec Louise Bienvenue) de Profession historienne? Les femmes dans la production et la diffusion des sciences historiques, XIXe-XXe siècles (PUL, 2023).
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