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Jacques Goldstyn utilise la force documentaire de l’image pour rendre compte du geste scientifique. Témoin amusé du scientifique dans son environnement naturel, il se considère comme un interprète des pratiques comme des intentions. Dans les années 1980, il crayonne régulièrement au congrès de l’Acfas.

Jacques Goldstyn, portrait
Jacques Goldstyn lors du lancement de son ouvrage Les étoiles, le 24 aout 2019. Source : Wikimedia Commons, photo : Marie D. Martel.

[Cet article paraîtra sous peu dans le numéro 111 de la revue À rayons ouverts sur les sciences et les savoirs publiée par Bibliothèque et Archives nationales du Québec.]

Tout jeune, Jacques Goldstyn explore le monde naturel en compagnie de son père. Déjà, curieux des arbres et des animaux, il dessine. Avant de se consacrer entièrement à son art, il fait un détour par des études de géologie, question d’avoir un métier dit « sérieux » comme le lui conseille le directeur d’école, qui lui prédit un avenir de misère s’il persiste dans le dessin. Étudiant à Polytechnique Montréal, il réalise des caricatures pour Polyscope, le journal étudiant, étonné de faire rire dans un domaine si spécialisé.

Il pratique un peu le métier de géologue, mais la surspécialisation l’embête. Cependant, avoue-t-il, c’est pendant cette période qu’il développe des méthodes qui lui seront toujours utiles : rigueur dans la cueillette des données, observation fine et capacité à décortiquer des articles scientifiques1.

En parallèle, Félix Maltais est en train de fonder ce qui deviendra au fil des ans l’univers des Débrouillards : magazines, ateliers, émissions de télévision, etc. Un des collègues de Polytechnique de Jacques s’étant joint à l’équipe de Maltais l’invite alors à illustrer un ouvrage pour les jeunes.

On est en 1982. Il n’en faut pas plus pour que le parcours du talentueux dessinateur bifurque vers la vulgarisation. Invité à illustrer mille et un domaines, il est heureux de retrouver son plaisir de jeunesse, soit de se laisser aller à toutes les curiosités. Le métier s’ancre peu à peu, et il le résume ainsi aujourd’hui : « Il faut d’abord que je trouve un angle ou un thème. Je scénarise ensuite cette idée, je fais des croquis au crayon qui sont repris à l’encre, puis coloriés : aquarelle, gouache, feutre ». Sa recette?  « Des traits simples, un minimum de mots, une touche d’humour et une dose de réflexion. Le dessin doit être autonome, compréhensible par lui-même ».

Dans les années 1980, les Débrouillards partagent des bureaux sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine avec l’Agence Science-Presse, l’Association des communicateurs scientifiques et l’Acfas, dont le directeur, Guy Arbour, est un grand amateur de bandes dessinées. Jacques Goldstyn, Félix Maltais et Guy Arbour partagent cette même culture, entre Tintin, Spirou, Pilote et Hara-Kiri. C’est là que l’illustrateur se met à l’œuvre pour capter l’esprit d’une quarantaine de colloques du congrès de l’Acfas, de la pédologie à la sociologie, en passant par la philosophie et la gérontologie. Chaque fois, il se plonge dans les résumés des colloques et interroge les chercheurs. « On allait manger ou je leur téléphonais, je discutais de l’angle. J’allais parfois faire des croquis sur place, au labo. Les chercheurs étaient très heureux de voir leur sujet de recherche prendre une forme humoristique ».

Le dessin devient en règle générale une affiche de colloque et puis, parfois, certaines affiches se retrouvent sur des couvertures de publication. C’est le cas pour une quinzaine de colloques dont les actes sont publiées. L’illustration du numéro 20 des Cahiers de l’Acfas - Informatique et société (1984) est particulièrement intéressante parce qu’elle résonne encore fortement. On y voit que notre inquiétude face au numérique et à la robotisation s’exprimait déjà il y a 40 ans. Quatre humains et trois « machines » font la queue pour les mêmes emplois au centre de main-d’œuvre, et c’est l’ordinateur, rapide et efficace avec ses chenilles, qui prend la tête. Pour Jacques Goldstyn, en témoignant de notre vie matérielle comme de nos sensibilités, les dessins racontent non seulement une histoire, mais aussi l’Histoire.

Cahiers scientifiques, Jacques Golstyn

 

  • 1Les propos de Jacques Goldstyn sont issus d’un entretien réalisé avec le dessinateur le 18 mai 2023.

  • Johanne Lebel
    Acfas

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