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Léa-Isabelle Renaud, Université du Québec de Trois-Rivières

En 2018, Pascal Adam était le mentor du cours de biologie moléculaire médicale du Pr Éric Asselin à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Son rôle était d’approfondir les notions théoriques abordées en classe lors de séances de révision hebdomadaires.

Pascal Adam et eprouvette
Pascal Adam au laboratoire / Crédits photo : Léa-Isabelle Renaud

À première vue, mes camarades et moi pensions qu’il était un étudiant de notre groupe. Il paraissait aussi jeune que nous, et il était assis dans le fond de la salle.

Dès le début de la première séance, Pascal a brisé la dynamique traditionnelle du cours en s’installant parmi nous, en centrant ce moment sur l’entraide et la discussion. D’emblée, cette expérience fut très déstabilisante.

Je suis originaire de France, et dans ma précédente université, le mentorat n’existait pas. Les cours étaient toujours très théoriques, et très peu de questions pouvaient être posées au professeur. C’était à nous de faire nos propres recherches après les cours.

Pour ma part, j’étais inscrite à ce cours dans le cadre de mon baccalauréat, car je cherchais à comprendre les applications médicales de la biologie, ainsi que les possibles débouchés sur le marché du travail. À ce moment de mon parcours, la recherche ne m’avait pas encore tapé dans l’œil et j’étais très réticente à choisir ce domaine.

Durant les séances de mentorat, au-delà du contenu du cours et des examens, on se concentrait aussi sur l’importance de l’application des techniques de biologie moléculaire. Dans ce cours, on avait abordé jusqu’alors que de la théorie sur les tests en laboratoire avec de l’ADN, de l’ARN ou encore des protéines. Nous ne comprenions pas encore comment différencier les tests, ni à quoi servaient ceux-ci dans un contexte de recherche. Pascal a donc pris le temps de donner des exemples concrets de sa propre expérience de laboratoire en expliquant ce qu’il faisait dans ses propres travaux.

Sa motivation à nous enseigner la biologie moléculaire et le plaisir qu’il prenait à parler de ses expériences m’ont donné envie de postuler auprès de son directeur de thèse, pour obtenir un stage dans son laboratoire. J’avais déjà eu plusieurs expériences en recherches qui ne m’avaient pas convaincues, mais j’avais réellement l’impression qu’il serait différent des maîtres de stage précédents. J’ai été acceptée pour y travailler un après-midi par semaine durant la session suivante, puis à temps plein pendant l’été.

À première vue, mes camarades et moi pensions qu’il était un étudiant de notre groupe. Il paraissait aussi jeune que nous, et il était assis dans le fond de la salle. Dès le début de la première séance, Pascal a brisé la dynamique traditionnelle du cours en s’installant parmi nous, en centrant ce moment sur l’entraide et la discussion. D’emblée, cette expérience fut très déstabilisante.

L'expérience en laboratoire... des études graduées

Lors de la session d’hiver, j’ai côtoyé Pascal régulièrement et découvert sa gentillesse. Étant étudiante étrangère tout juste arrivée au Québec, il m’a prodigué de précieux conseils pour démarrer ma nouvelle vie à Trois-Rivières. Rapidement, il m’a parlé du colloque interdisciplinaire des cycles supérieurs de l’UQTR, organisé pour le mois de la recherche auquel il a été invité afin d’y présenter son projet. Cet événement regroupait plusieurs disciplines; il était donc très important de vulgariser son sujet pour rendre accessible ses travaux à une grande variété de spécialistes. J’ai accepté, car j’y voyais une occasion en or d’en apprendre plus sur son sujet, mais je n’étais que très peu convaincue par la dimension vulgarisation, et je craignais de m’ennuyer.

Lors de sa communication scientifique, Pascal était assuré sans être arrogant, son support visuel était simple et sa présentation, très bien articulée. Son projet était colossal : il consistait à étudier le rôle d’une protéine, Akt, et de ses trois versions (Akt1, Akt2, Akt3) dans l’infertilité féminine. Pour cela, il a créé des génotypes de souris où soit l’une, les deux ou les trois versions d’Akt étaient absentes. L’objectif final de sa thèse est de comprendre l’implication d’Akt et de ses diverses versions dans le processus d’implantation de l’embryon selon différentes combinaisons de génotypes. Ces données pouvant être éventuellement transposées pour une étude chez l’humain. Ces travaux pourraient ainsi aider des femmes à surmonter leurs problèmes d’infertilité à l’aide de traitements alternatifs. Dans son exposé, il a aussi mis en lumière la patience et la détermination requises pour réaliser son projet. En effet, travailler avec des souris peut être compliqué, car lancer une expérience veut souvent dire attendre plusieurs mois, notamment par le fait que le génotype de la souris arrive à maturité. À ce moment-là, j’ai réalisé sa passion et sa dévotion pour son travail, et j’ai su que je souhaitais suivre ses traces en m’investissant dans la recherche. 

Lors de sa communication scientifique, Pascal était assuré sans être arrogant, son support visuel était simple et sa présentation, très bien articulée.

Je me suis donc inscrite en maîtrise, que j’ai dû compléter en France du fait de la crise sanitaire. Cela dit, il n’y avait aucun doute dans mon esprit que je souhaitais revenir au doctorat dans le laboratoire qui m’avait tant marqué et où la recherche m’avait parue si simple. Au moment de soumettre ma demande d’admission, je n’avais aucune idée que la personne qui m’avait inspiré pour mon choix d’étude était encore là. C’est avec une immense joie que j’ai découvert cela à mon retour, en janvier 2022. Pascal m’a naturellement aidée à me repérer dans ma nouvelle vie de doctorante. Rapidement, il est devenu ma personne référence à qui je pouvais poser toutes mes questions concernant les congrès, les bourses et les différents formulaires à remplir. Mais en plus de tout cela, nous échangions souvent sur nos perspectives de recherches et d’avenir et ce, sur un pied d’égalité.

Notre laboratoire se concentre sur deux grands axes de la biologie médicale, soit l’infertilité féminine et la gynéco-oncologie. Depuis le début de mon doctorat, je m’intéresse aux cancers gynécologiques et l’impact de nouvelles thérapies sur ceux-ci. 

De mentorée à mentore

Maintenant que nous sommes collègues au doctorat, je le côtoie alors qu’il s’investit toujours dans le monde de la recherche, lors des "portes ouvertes" ou encore lorsque de nouveaux étudiants font leur apparition au laboratoire. Et à ma grande fierté, il m’a aussi notamment confié les rênes du mentorat qu’il effectuait lors de notre première rencontre. J’ai pu aussi réaliser que la vulgarisation me plaisait, finalement! Je me suis alors engagée dans différentes initiatives depuis le début du doctorat, comme l’Experimentarium, ou le projet Chercheurs de demain, qui consistent à vulgariser son projet de recherche pour les jeunes du secondaire. 

Au cours de l'une de nos discussions, j’ai fini par lui raconter que sa présentation au colloque avait fait émerger en moi une volonté de poursuivre mes études en recherche. Pascal était très touché, mais comble de l’ironie, il m’avoua qu’il avait vraiment l’impression d’avoir raté sa présentation ce jour-là et qu’il était réellement déçu de sa performance. Nous en rions encore quelques fois autour d’un café entre deux séances de travail.

Cette histoire a dû se reproduire bien plus souvent que nous l’imaginons, que ce soit en congrès ou lors de présentations d’évaluation. Nous pouvons donc tous être l’inspiration de quelqu’un, même lorsque nous sommes durs avec nous-mêmes. Ces souvenirs nous guident et nous motivent dans nos journées de doutes. Je remercie grandement Pascal de m’avoir fait découvrir le monde de la recherche et pour l’énergie qu’il a pu m'insuffler dans la poursuite de mes études. Il a été mon maître de stage et mon collègue, mais il est aussi mon modèle de persévérance et d’engagement pour la recherche. C’est un plaisir quotidien de travailler avec une personne aussi passionnée. 

Je pense qu’il est important de dire aux gens que nous rencontrons, dans la recherche comme ailleurs, à quel point nous avons apprécié leur soutien et ce que celui-ci a réveillé en nous. En partageant ainsi nos émotions et nos ressentis, nous ne pouvons qu'avancer et servir à notre tour d’inspiration pour la prochaine génération de chercheur‧euses.

Je pense qu’il est important de dire aux gens que nous rencontrons, dans la recherche comme ailleurs, à quel point nous avons apprécié leur soutien et ce que celui-ci a réveillé en nous. En partageant ainsi nos émotions et nos ressentis, nous ne pouvons qu'avancer et servir à notre tour d’inspiration pour la prochaine génération de chercheur‧euses.


  • Léa-Isabelle Renaud
    Université du Québec de Trois-Rivières

    Léa-Isabelle Renaud est candidate au doctorat de biologie cellulaire et moléculaire à l’Université du Québec de Trois-Rivières (UQTR) depuis 2022. Originaire de Lille (France), elle a détient un baccalauréat de l’Université de Lille et a effectué un stage en troisième année de baccalauréat à l’UQTR, avant de faire sa maîtrise à Lyon (France) et de revenir au Québec. Ses recherches portent sur la caractérisation de la chimio-résistance dans les cancers de la femme, principalement de l’ovaire et de l’endomètre.

    Pascal Adam est candidat au doctorat de biologie cellulaire et moléculaire à l’Université du Québec de Trois-Rivières (UQTR) depuis 2017. Originaire de Chambly, il a détient un baccalauréat de biologie médicale et une maîtrise en biologie cellulaire. Ses recherches portent sur l’importance  des isoformes de la protéine AKT dans l’infertilité féminine, notamment dans les processus permettant l’implantation de l’embryon.

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