Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.
Jessie Morin, Université du Québec à Trois-Rivières

Du 26 au 29 octobre 2022, les Journées de la relève en recherche (J2R) célèbreront leur dixième anniversaire. Une belle occasion de remonter le temps…

Petit saut de puce en 2017, alors que Philippe-Edwin Bélanger, agissant comme corédacteur d’un dossier Relève du Magazine de l’Acfas (Parcours multiples), exposait deux constats : « [I]l est pertinent pour nos sociétés de former des individus ayant des compétences avancées en recherche, et il faut moduler les manières de former ces individus afin que l’adéquation entre université et société soit la plus optimale et la plus adaptative possible. »1

Eh bien, voilà! C’est exactement ce à quoi répondent les J2R depuis 10 ans, en proposant un événement multidisciplinaire réunissant la communauté étudiante des cycles supérieurs de toutes les universités2.

Dans le cadre de cette dixième édition, le Magazine de l’Acfas m’a invitée à retracer l’historique de l’événement. Je brosserai ici un portrait des étapes marquantes de l’évolution des J2R, et je décrirai leur pertinence au sein de notre écosystème de recherche. Dans le cadre du présent article, j’ai eu la chance de rencontrer deux personnes dynamiques et engagées : Julie Dirwimmer, la fondatrice de l’événement, ainsi que la coordonnatrice actuelle, Sabrina Giroux. Je tiens à les remercier pour leur générosité, et pour leurs commentaires et anecdotes qui enrichiront mes propos.

Une remise de prix trop longue

En 2013, au congrès de l’Acfas, les organisateurs constatèrent que l’événement de remise de prix annuel, le Gala de l’Acfas, ne réussissait plus à présenter de manière adéquate les nombreuses récompenses qui s’étaient cumulées au fil des ans. L’Association exprima alors le souhait de créer un événement spécifique pour la remise de prix aux lauréat·e·s étudiant·e·s. Le défi était lancé.

Julie Dirwimmer fut chargée de concevoir une rencontre mettant certes en valeur les récipiendaires des récompenses étudiantes, mais qui se révélerait aussi un événement attirant et stimulant pour cette communauté. La première source d’inspiration fut l’École d’été doctorale de l’INRS et de l’Université Concordia, qui offrait des ateliers aux nouveaux chercheur·se·s visant à développer leurs compétences transversales et à favoriser leur employabilité. L’idée avait beaucoup plu à Julie, qui trouvait dommage que ce type d'apprentissages ne soit pas offert plus largement.

Plusieurs relevaient à l’époque l’inadéquation entre le nombre de diplômés des cycles supérieurs et le peu d’emplois disponibles au sein du milieu universitaire.  En 2012, par exemple, Maude Benoît mentionnait que la « professionnalisation des doctorants repose […] sur l’initiative personnelle des individus. […] En regard des perspectives d’emploi des diplômés de troisième cycle, il semble pourtant que la formation doctorale gagnerait à être adaptée à cette réalité du monde du travail de l’après-thèse. »3 À cette situation s’ajoutait la plus forte concentration de la recherche en milieux urbains, marginalisant celle effectuée en région4.

Julie Dirwimmer disposait de trois mois pour réaliser le nouvel objectif, soit « d’offrir le meilleur du Québec aux étudiants en matière de formation aux compétences transversales »5. Elle a d’abord consulté toutes les universités en les invitant à présenter des propositions. Puis, les Fonds de recherche du Québec (FRQ) manifestèrent leur intérêt à bonifier et à diversifier le parcours de la relève en recherche. À la suite d’une rencontre avec le scientifique en chef du Québec, les Journées de la relève (J2R) ainsi créées venaient de trouver un précieux complice, avec qui le partenariat se poursuit encore aujourd’hui.

Une première édition bêta

Le 26 septembre 2013, la première édition des J2R est lancée sous forme d’une journée d’ateliers se concluant par une soirée festive autour d’une remise de prix. Cette version avait été pensée comme une version bêta à bonifier. Trois thématiques figuraient à l’horaire :

  • la mobilité des étudiant·e·s-chercheur·se·s
  • la valorisation et la reconnaissance de l’apport scientifique des étudiant·e·s-chercheur·se·s
  • la formation aux compétences transversales pour les étudiant·e·s à la maîtrise et au doctorat6.

Les trois thèmes étaient issus de la consultation auprès des universités, qui souhaitaient outiller les chercheur·se·s de la relève durant et au-delà de leur parcours d’études. Cette première édition comptait 150 participant·e·s. Très satisfaite de la formule, l’Acfas décida de renouveler l’expérience en 2014, et finalement, d’en faire une activité annuelle.

Un événement en évolution et à l’écoute

En 10 ans, les J2R ont grandement évolué, et, victimes de leur succès, les ateliers s’étalent désormais sur plusieurs jours. La volonté s’est rapidement affirmée d’en faire un lieu de rencontre annuelle pour les chercheur·e·s de la relève, et d’offrir un accompagnement répondant à la diversité de leurs besoins, et ce, tout au long de leur parcours de recherche, tant universitaire que professionnel2. Plusieurs thématiques émergeront de cet objectif au fil du temps.

En fonction de l’université hôte de l’événement et selon les champs d’expertise de cette dernière, chaque édition prendra peu à peu sa propre « couleur ». Pour sa part, le Comité des J2R, chapeauté par l’Acfas, est l’instance de décision quant au choix et au développement des thèmes. Certains sont depuis devenus des incontournables : rédaction et communication de sa recherche, aide aux demandes de bourses, gestion de son stress, etc. D’autres vont et viennent au fil des éditions : propriété intellectuelle, mobilité universitaire, recherche responsable, maximisation de sa participation en congrès, etc.  

Au cours de la décennie, d’autres sujets seront introduits, dont les problématiques liées à la santé mentale. Dans cette optique, l’organisme Thèsez-vous se joindra aux J2R, dans le but de réunir entre eux les étudiants·e·s dans un cadre rédactionnel et ainsi contrer les problèmes de santé mentale liés à la réalité universitaire7.

« Que feras-tu après ton doctorat? » On se fait poser cette question  à plusieurs reprises au cours d’un cursus aux cycles supérieurs (voir le dossier que le Magazine de l’Acfas a consacré au sujet). Ce sont là de réelles préoccupations, et les J2R développent des ateliers afin de répondre à de telles angoisses des chercheur·se·s.

L’âme des J2R, c’est d’abord la création de liens entre les membres de la relève en recherche d'un peu partout au Québec, mais aussi entre cette relève et les autres acteurs de la recherche. D’où les activités telles que la table ronde Parcours inspirants et le 5 à 7 de réseautage avec le FRQ.

Entre 2015 et 2017, les J2R sont l’hôte de consultations réalisées par le Comité intersectoriel étudiant du FRQ. Celles-ci visent à « identifier des stratégies afin de promouvoir l’accessibilité des études aux cycles supérieurs, d'œuvrer à l’excellence de la relève en recherche et de participer aux efforts de rayonnement de la recherche »8. En plus d’offrir un moment pour ces discussions, les Journées de la relève seront à l’écoute des conclusions du rapport de la première consultation intitulé Bonifier le doctorat... Que recommandent les étudiantes-chercheuses et les étudiants chercheurs? et organiseront des ateliers en lien avec les différentes préoccupations énoncées.

D’autres consultations auront lieu par la suite. Cette année, en 2022, c’est la mobilisation des connaissances en langue française qui est le thème à l’honneur.

La dixième édition

Toujours en phase avec l’évolution des besoins de la relève en recherche, la formule des J2R s'adapte et se renouvelle chaque année. Le passage en ligne pour cause de pandémie se révéla ainsi une occasion d’expérimenter de nouvelles approches. La version Internet des J2R a permis, par exemple, d’étendre la formule sur une semaine avec un coût d’inscription moins élevé et de mettre les participant·e·s en contact avec d’autres chercheur·se·s même si les communications étaient restreintes. Cependant, le but premier des J2R étant de réunir la communauté issue de divers horizons afin de briser l’isolement, cette dixième édition, de retour en présence, est fort bienvenue!

Les thèmes des ateliers seront de nouveau très diversifiés en 2022 : astuces de rédaction, gérer sa relation avec son directeur ou sa directrice, santé mentale, comment financer sa recherche collaborative, engagement social des chercheur·e·s, mobilité internationale, etc. En plus de ces formations, les participant·e·s pourront se joindre à la deuxième édition du Vulgarisathon (un marathon de vulgarisation).

Quels souhaits pour l’avenir?

Aujourd’hui, l’événement réunit quelque 200 personnes. Comme le mentionne Julie avec fierté, « Mon  petit bébé a grandi »! Lors de mon entrevue avec Sabrina Giroux, je me suis intéressée à ses souhaits pour le futur. En souriant, elle me confia : « La vision globale, c’est que l’événement continue de s’adapter aux préoccupations des chercheurs et chercheuses de la relève, qu’il ne soit pas figé une fois pour toutes, que les participants soient encore plus impliqués dans la programmation. Puis, finalement, élargir encore plus la communauté autour des J2R9.  »

Il y a dix ans, les J2R étaient créées afin de réorganiser le Gala de l’Acfas. Aujourd’hui, elles constituent un lieu de rencontre bien établi où la communauté de la relève en recherche peut s’outiller et développer ses compétences transversales, en plus de partager un moment de rencontre unique au Québec. Mission accomplie! Bonne dixième édition!


  • Jessie Morin
    Université du Québec à Trois-Rivières

    Jessie Morin est étudiante au doctorat en études québécoises à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Elle rédige une thèse ayant pour titre : « Le discours corporel dans la fiction télévisuelle historique québécoise depuis 1990 ». Son mémoire de maitrise en histoire s’intitulait pour sa part : « La représentation du genre féminin et de la sexualité féminine dans les fictions télévisuelles québécoises de 1960 à 2005 » (UQAR, 2019). Ses champs d’expertise sont l’histoire culturelle du Québec contemporain, l’histoire de la télévision au Québec, les femmes et le genre, l’histoire du corps et de la sexualité. Jessie Morin est coordonnatrice du Laboratoire en études féministes (RéQEF/UQTR) depuis 2 ans.

Vous aimez cet article?

Soutenez l’importance de la recherche en devenant membre de l’Acfas.

Devenir membre Logo de l'Acfas stylisé

Commentaires