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Sarah Lafontaine, Université de Sherbrooke

Vers la fin de ma deuxième année au doctorat en sciences infirmières, j’ai décidé, sur un coup de tête, de m’inscrire au concours Ma thèse en 180 secondes. J’ai ainsi eu l’occasion de présenter mes recherches portant sur le développement d’une intervention éducative individualisée destinée aux personnes vivant avec le diabète de type 2. Ce concours créé ici, au Québec, par l’Acfas (Association francophone pour le savoir) en 2012, est inspiré de Three minute thesis né en Australie en 2008. Depuis, une vingtaine de pays se sont joints à l’aventure. Le but du concours : vulgariser son projet doctoral devant public, et ce, en 180 secondes et pas une de plus. Tout un défi pour un étudiant ou une étudiante au doctorat qui a l’habitude d’utiliser un langage de « chercheur » pour décrire ses travaux.

Sarah
Sarah Lafontaine lors de la finale nationale à l'Université du Québec à Chicoutimi.

On pourrait comparer ce concours à une course olympique de 500 mètres – rien de moins : plusieurs années de recherche et d’efforts pour en arriver à une performance de quelques minutes dans laquelle chaque seconde compte. Lorsque le chronomètre est déclenché, le niveau d’adrénaline est à son sommet, et on n’a plus qu’un seul objectif : parvenir à la ligne d’arrivée sans faux pas. Une seule hésitation peut nous amener à perdre quelques précieuses secondes et faire en sorte qu’on arrive trop tard à la fin de la course.

« Alors, pourquoi participer, me direz-vous? »

Demandez à tous les participants : qu’on arrive premier, deuxième ou dans la mêlée, l’expérience en soi demeure extrêmement enrichissante. Ce concours nous permet de sortir de notre zone de confort et de nous surpasser. Il nous amène à mieux cerner le cœur de notre projet et à nous y centrer. De plus, les rencontres avec des doctorants de divers domaines entraînent des collaborations et des amitiés qui perdurent. On dépasse le cercle restreint de la communauté scientifique pour rejoindre un vaste public de tous les horizons. Toute la médiatisation entourant l’événement amène des chercheurs, mais aussi des professionnels, des gestionnaires et même des patients, dans mon cas, à prendre connaissance de notre projet de recherche. Cela en fait un tremplin idéal pour nous faire connaître et graduellement plonger dans notre future carrière de chercheur. J’ai d’ailleurs reçu plusieurs courriels de professionnels et de gestionnaires désirant en savoir plus sur l’intervention développée dans ma thèse afin de l’intégrer dans leur milieu clinique. J’ai également récolté des témoignages de personnes vivant avec le diabète, mentionnant avoir été touchées par mon message et par le fait que quelqu’un s’exprime enfin sur la façon dont elles expérimentent cette maladie.

Enfin, ce concours nous aide à mieux vulgariser nos idées. Peu importe que nous soyons un auditeur profane ou un chercheur chevronné possédant 30 ans d’expérience, les termes simples, les exemples et les analogies nous aideront pratiquement toujours à mieux comprendre l’essence d’un projet.

« Un peu comme les fourmis charpentières qui peuvent gruger toute la structure en bois de notre maison sans même que l’on s’en rende compte, le diabète affectera sournoisement nos yeux, nos reins et notre cœur, jusqu’à ce qu’il soit trop tard et que notre maison s’effondre. » Cette analogie qui dure 14 secondes reflète la réalité de certains patients vivant avec le diabète de type 2. Contrairement à d’autres maladies chroniques, le diabète se développe parfois insidieusement en l’absence de symptômes physiques incommodants. Toutefois, les dommages aux organes sont bien réels et peuvent survenir à long terme si la maladie n’est pas adéquatement contrôlée. Lorsque le patient en prend conscience, les complications sont souvent déjà entamées. Voilà alors tout un défi pour les professionnels de la santé : sensibiliser les patients aux conséquences possibles de la maladie alors que cette dernière n’a pas encore beaucoup d’impact sur leur quotidien.

L’apprentissage efficace passe souvent par l’émotion, l’humour et le fait de se sentir interpellé par la situation. L’aptitude à vulgariser est un atout indispensable à posséder dans notre coffre à outils d’étudiant chercheur, que ce soit pour présenter un projet de façon convaincante à des collègues ou des décideurs, pour se faire remarquer lors d’un entretien d’embauche ou pour enseigner plus efficacement. Alors, je crois que pour toutes ces raisons, participer à « Ma thèse en 180 secondes » est une occasion et même un privilège à saisir. En plus, contrairement aux 1500 mètres aux Olympiques, le risque de blessure est quasi inexistant.

Alors, oserez-vous tenter l’expérience?

Ce concours nous aide à mieux vulgariser nos idées. Peu importe que nous soyons un auditeur profane ou un chercheur chevronné possédant 30 ans d’expérience, les termes simples, les exemples et les analogies nous aideront toujours à mieux comprendre l’essence d’un projet.

 

Note de la rédaction : Les textes publiés et les opinions exprimées dans Découvrir n’engagent que les auteurs, et ne représentent pas nécessairement les positions de l’Acfas.


  • Sarah Lafontaine
    Université de Sherbrooke

    Sarah Lafontaine, étudiante au doctorat en recherche en sciences de la santé (cheminement en sciences infirmières) à l’Université de Sherbrooke et gagnante du 1er prix du jury et du prix du public lors de la finale nationale du concours « Ma thèse en 180 secondes » (édition 2018).

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