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86e Congrès de l'Acfas
Auteur et co-auteurs
Sophie Boyer
Bishop’s University
5a. Résumé

Nous proposons ici une analyse des tensions à l’œuvre dans Le problème d’infiltration, film de Robert Morin tournant autour du personnage de Louis Richard, chirurgien dont la vie bascule en l’espace d’une journée dans l’horreur. Dès sa sortie, le film est encensé par une critique qui note la forte influence de l’expressionisme allemand, observation d’autant plus pertinente que corroborée par Morin lui-même qui avoue avoir voulu rendre hommage à Murnau et Lang.

La question de l’indéniable influence du cinéma de Weimar sera d'abord abordée mais surtout élargie par-delà sa dimension esthétique afin d’en révéler la dimension socio-politique. L’écran démoniaque (1952) de Lotte Eisner nous servira de tremplin pour analyser le film de Morin qui, à l’instar de ceux de Murnau et de Lang, est issu d’une nation marquée par ses ambiguïtés et campé dans une société bourgeoise où le masque du citoyen modèle cache souvent un monstre ordinaire.

Or, si un regard tourné vers le passé s’avère révélateur des tensions présente dans ce film, un regard porté sur la société contemporaine dans laquelle se situe l’action s’avère tout aussi nécessaire. Les théories de Zygmunt Bauman sur la "modernité liquide" nous permettront de mettre au jour le caractère fragile et fragmentaire d’une société individualiste qui réagit à la perte de solidité des anciens repères (liens affectifs et sécurité professionnelle notamment) par un effort de contrôle compensatoire toujours miné par la menace d’une implosion.