5a. Résumé
Le 30 avril 1971, Robert Bourassa annonçait une des plus importantes politiques de développement économique du Québec: le Projet du siècle. Afin de mettre en œuvre cette politique, qui érigeait le plus grand complexe hydroélectrique du Canada, le gouvernement dut créer plusieurs instruments, notamment une société d’État – la Société de développement de la Baie James (SDBJ) – et, curieusement, une municipalité: la Municipalité de la Baie James (MBJ). Comme on le sait, il dut également entreprendre des négociations avec les peuples autochtones occupant le territoire, menant à la signature de la Convention de la Baie James et du Nord québécois. Alors que nombre d’études se sont intéressées au régime de catégories de terres établi dans l’entente, aucune ne s’est jamais attardée à la MBJ, dont le territoire immense englobait pourtant ces terres. Cette communication a pour objectif de dresser pour la première fois un portrait de cette municipalité, qui défie plusieurs dispositions de la Loi des cités et villes. En effet, son conseil municipal est remplacé par le conseil d’administration de la SDBJ, et habilité à règlementer de manière différenciée sur différentes parties de son territoire. Par ailleurs, nous présentons un résultat préliminaire de notre recherche, qui s’appuie sur la méthode généalogique de Foucault. La MBJ n’est pas si unique finalement – si on la compare à une « ville de compagnie ». Elle représente, en fait, la première ville de compagnie publique.