En 2017, l’organisme Reporters Without Borders a octroyé à Singapour le 151e rang au sein de son classement listant 180 pays du plus ouvert vis-à-vis des médias au plus restrictif. Les moyens empruntés par le gouvernement afin de limiter la liberté d’expression du corps journalistique varient de l’alimentation d’une culture de complaisance et corporative au sein des organes de presse, à la poursuite en justice de travailleurs des médias. Certains outils sont donc subtils et sophistiqués, alors que d’autres sont plus flagrants et même brutaux.
Le présent travail s’intéresse à ce second type de techniques, soit les moyens plus directs de coercition. Cette recherche tente de raffiner la compréhension du phénomène de censure médiatique en contexte autoritaire en divisant le concept de « coercition directe » en deux catégories : la coercition visible du grand public et la coercition invisible aux yeux de la population. Grâce à des entrevues complétées à l’été 2017 à Singapour avec 21 journalistes et éditeurs, le présent travail conclut que la coercition visible, par exemple la tenue d’une conférence de presse par un politicien haut-gradé où le travail d’un journaliste est pointé du doigt, a pour principale conséquence de « signaler » la force du gouvernement, et que la coercition invisible, par exemple l’interdiction pour un journaliste de couvrir certains événements en raison d’articles passés, a pour effet de changer de façon substantielle les pratiques journalistiques.
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