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85e Congrès de l'Acfas
Auteur et co-auteurs
Jeffrey Lamontagne
Université d'Indiana
5a. Résumé

Ce n’est pas toujours évident si deux sons – sans paires minimales et généralement prévisibles dans le lexique natif – devraient être considérés distincts au niveau phonémique. Tel est le cas des voyelles hautes tendues ([i y u]) et relâchées ([ɪ ʏ ʊ]) en français laurentien, qui sont en distribution complémentaire en syllabe finale dans le lexique natif et qui sont variables en syllabe non-finale (Côté 2006). Étant donné que la similarité phonologique peut favoriser l’harmonie et la coarticulation (Poliquin 2006), il y a une solution possible : une voyelle peut être plus influencée par une autre si les deux ont plus de traits phonologiques en commun, permettant d’établir la représentation phonologique en comparant les traits partagés. Bref, si le relâchement est représenté de façon phonologique, /ɛ œ ɔ/ pourraient être plus fermés si la syllabe suivante contient [ɪ ʏ ʊ] que si elle contient [i y u].

Pour tester cette hypothèse, on a extrait 26 000 voyelles moyennes provenant de pénultièmes syllabes en parole spontanée. Nous trouvons que ces voyelles sont plus affectées par la hauteur de la voyelle suivante si les voyelles ont plus de traits phonologiques en commun (antériorité, arrondissement). Notamment, chez les jeunes adultes, /ɛ œ ɔ/ sont plus fermés devant [ɪ ʏ ʊ] que devant [i y u], ce qui n’est pas le cas pour /e ø o/ et ce qui a lieu malgré que [i y u] soient plus fermés. Ce résultat suggère que les voyelles hautes relâchées sont en train de devenir phonémiques.