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Christian Dagenais, Université de Montréal, Esther Mc Sween-Cadieux,

La Revue TUC a comme objectif d’attirer une large variété de contributions : des recherches empiriques, des études de cas, des validations d’instruments de mesure, des recensions d’écrits (par ex. des revues systématiques ou des études de portée) ainsi que des travaux de nature théorique.

TUC

Les connaissances issues de la recherche contribuent indéniablement à l’amélioration des pratiques, des interventions ou encore des politiques sociales. Beaucoup d’efforts sont consacrés partout dans le monde pour que ces savoirs soient pris en compte. Toute une panoplie d’approches et de stratégies de transfert de connaissances est ainsi mise en œuvre1. Toutefois, les études montrent que le processus menant à l’utilisation de ces connaissances est si complexe qu’elles sont encore aujourd’hui trop peu considérées dans les milieux de pratique et de prise de décisions2.

Un domaine de recherche en pleine effervescence

Un domaine de recherche toujours en pleine effervescence travaille sur cette question : le transfert de connaissances3. Sa croissance rapide a donné lieu à un foisonnement de termes pour qualifier le processus menant de la recherche à l’action : application des connaissances, mobilisation, transfert, échange, partage et utilisation, etc. Au-delà des termes utilisés, ce processus a généralement comme objectif d’amener les connaissances issues de la recherche à produire un « changement qui répond à des préoccupations, besoins ou problèmes des milieux en lien avec l'objet de la recherche » (Fonds de recherche du Québec, 2014-2017). Ainsi, ce champ de recherche étudie toutes les étapes liées au processus de transfert de connaissances, de la production de la recherche à son utilisation, et il inclut tous les efforts favorisant l’application, que ceux-ci soient interactifs ou non (Fonds québécois de recherche sur la société et la culture, 2011-2014).

Des enjeux, questions et débats toujours d’actualité

Plusieurs questionnements et débats4 traversent toujours ce domaine de recherche. Par exemple, bien qu’il soit maintenant reconnu que le processus de transfert ne soit pas unidirectionnel, allant directement des producteurs d’une connaissance vers ses utilisateurs potentiels, encore bon nombre d’initiatives se contentent de disséminer linéairement. Cette approche est importante, mais il est très rare qu’elle puisse à elle seule mener à une utilisation optimale des connaissances. Le paradigme positiviste qui est sous-jacent à cette approche est donc questionnée. Un autre débat est celui de la nature des connaissances à mobiliser et on assiste de plus en plus à une remise en question de la hiérarchie des données probantes. Ainsi, la priorité accordée aux savoirs produits via des devis expérimentaux est discutée, puisqu’ils ne permettent pas toujours de bien comprendre la complexité des phénomènes sociaux. De plus en plus, la pertinence des connaissances produites par d’autres approches méthodologiques est mise de l’avant pour informer le développement des pratiques et politiques. Il ne suffit donc pas de connaitre l’efficacité d’un programme, nous devons aussi comprendre comment, pourquoi, pour qui et dans quelles circonstances ce programme fonctionne et à quelles conditions? Ces débats ont permis à d’autres approches, partant davantage de la base, de voir le jour. De ce fait, une multitude de types et de sources de connaissances sont de plus en plus prises en compte. Aussi, on expérimente davantage de processus collaboratifs misant sur une implication égalitaire des différents acteurs concernés dans la production et la mobilisation des connaissances.

En résumé, bien que le transfert de connaissances ait été initialement conceptualisé comme un processus unidirectionnel allant des producteurs aux utilisateurs potentiels de ces connaissances, il est maintenant davantage compris comme un processus complexe misant sur une réciprocité entre les différentes parties prenantes impliquées ou concernées par un enjeu. Le transfert de connaissances est un processus complexe puisqu’il ne peut être isolé du contexte dans lequel il se déploie (Holmes et coll., 2017). Ainsi, la nature des connaissances à transférer, les individus impliqués dans la démarche ainsi que les stratégies mises en place sont tous des éléments pouvant influencer les retombées du processus, tout comme les contextes organisationnel, social et politique en place. Nous avons encore du chemin à faire pour mieux comprendre comment circulent les connaissances issues de la recherche dans un système. Davantage d’études sont nécessaires pour peaufiner notre compréhension des interactions entre la production des connaissances, leur mobilisation et les particularités contextuelles.

...bien que le transfert de connaissances ait été initialement conceptualisé comme un processus unidirectionnel allant des producteurs aux utilisateurs potentiels de ces connaissances, il est maintenant davantage compris comme un processus complexe misant sur une réciprocité entre les différentes parties prenantes impliquées ou concernées par un enjeu.

Publier sur le transfert de connaissances en français

Les débats sont riches et il y a une grande mobilisation du milieu de la recherche à l’échelle mondiale pour explorer toute la complexité du processus de transfert de connaissances. Cependant, la très grande majorité des écrits scientifiques sont publiés dans des revues anglo-saxonnes.  Il nous parait important de publier en français afin de vitaliser la recherche francophone, mais aussi de partager la recherche réalisée en contexte québécois dans notre langue nationale. Aussi, il ne faut pas oublier le fait que plusieurs pays francophones sont confrontés à une barrière linguistique pouvant limiter leur accès à la recherche publiée en anglais. C’est donc dans l’optique de valoriser les avancées de la science sur l’utilisation de la science à un lectorat francophone qu’est née la Revue TUC – la première revue francophone de recherche sur le transfert et l’utilisation des connaissances.

La Revue TUC a comme objectif d’attirer une large variété de contributions : des recherches empiriques, des études de cas, des validations d’instruments de mesure, des recensions d’écrits (par ex. des revues systématiques ou des études de portée) ainsi que des travaux de nature théorique. Accessibles gratuitement sur le web, les articles sont publiés en continu. Tous sont soumis aux critères rigoureux de la recherche scientifique ainsi qu’à un processus de révision par les pairs en double aveugle. La Revue TUC vise à publier les travaux de l’ensemble de la francophonie internationale et à favoriser notamment les publications des chercheurs et chercheuses de la relève.

La gestion scientifique de la revue est actuellement assurée par l’Équipe RENARD. Cette équipe, dirigée par Christian Dagenais (Université de Montréal), constitue le premier regroupement transdisciplinaire québécois consacré à la recherche sur le transfert de connaissances dans le domaine des interventions sociales, notamment dans les secteurs éducatifs, sociosanitaires et communautaires. Cette équipe, financée par le Fonds de recherche du Québec – Société et Culture (FRQSC), a pour mission de produire de nouvelles connaissances sur le transfert de connaissances en favorisant la collaboration entre les chercheurs et les organisations qui œuvrent dans le domaine afin d’enrichir leurs projets respectifs.

Un objet complexe, une approche transdisciplinaire

La Revue TUC entend valoriser les travaux qui s’intéressent aux façons de promouvoir et soutenir efficacement le transfert et l’utilisation des connaissances issues de la recherche et qui visent à améliorer notre compréhension de ce processus. Les articles peuvent porter sur plusieurs enjeux ou thématiques clés par exemple, l’évaluation de différentes initiatives pour favoriser l’utilisation de la recherche, l’analyse de l’influence des facteurs contextuels sur le transfert et l’application des connaissances, les meilleures pratiques pour l’accompagnement au changement, les processus de coproduction des connaissances et d’intégration des connaissances tacites et scientifiques, les défis et les impacts de la fonction de courtage de connaissances, la mise à profit des technologies de l’information et des communications, les avancées méthodologiques, etc.

Tel que mentionné, la complexité du phénomène du transfert et d’utilisation des connaissances est désormais admise. Face à cet objet difficile à saisir, il apparaît essentiel de réconcilier les concepts, modèles et théories issus de multiples disciplines. Ainsi, la Revue TUC est ouverte aux contributions provenant de divers domaines tels que les sciences humaines et sociales, les sciences de la santé, la santé publique ou communautaire, les sciences de la gestion, les sciences politiques, les sciences de l’éducation, etc. Les articles doivent être d’intérêt pour la communauté scientifique comme pour celle des milieux de pratique et de la prise de décision. À cet effet, la revue est aussi ouverte aux contributions scientifiques provenant des acteurs sociaux tels que les instituts et centres de recherche indépendants, les organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, etc.

Une nouveauté : la publication d’articles traduits déjà publiés en anglais

Afin de favoriser l’accessibilité de la recherche sur le transfert de connaissances dans la francophonie, la revue publiera dorénavant des versions françaises d’articles déjà parus dans des revues scientifiques anglophones, dans la mesure où l’accord écrit de la rédaction de la revue où l’article a été publié est fourni au moment de la soumission. Une section spéciale de la Revue TUC sera donc consacrée à ce type d’articles. N’hésitez pas à nous soumettre vos propositions! Cela permettra de donner une visibilité supplémentaire à vos travaux tout en démocratisant l’accès à la recherche.

Face à [la complexité du phénomène du transfert et d’utilisation des connaissances], il apparaît essentiel de réconcilier les concepts, modèles et théories issus de multiples disciplines. Ainsi, la Revue TUC est ouverte aux contributions provenant de divers domaines tels que les sciences humaines et sociales, les sciences de la santé, la santé publique ou communautaire, les sciences de la gestion, les sciences politiques, les sciences de l’éducation, etc.

Pour en savoir plus sur la Revue TUC ou pour soumettre un manuscrit, veuillez consulter le site web www.revue-tuc.ca. Vous pouvez également consulter le site web de l’Équipe RENARD pour en savoir davantage sur nos projets de recherche.

Références :
  • Boaz, A., & Davies, H. (Eds.). (2019). What works now?: evidence-informed policy and practice. Policy Press.
  • Fonds de recherche du Québec. (2014). Stratégie de mobilisation des connaissances 2014-2017. Repéré à : http://www.frqsc.gouv.qc.ca/mobilisation-des-connaissances
  • Fonds de recherche sur la société et la culture. (2011). Plan d’action en matière de transfert des connaissances 2011-2014.
  • Holmes, B. J., Best, A., Davies, H., Hunter, D., Kelly, M. P., Marshall, M., & Rycroft-Malone, J. (2017). Mobilising knowledge in complex health systems : A call to action. Evidence & Policy: A Journal of Research, Debate and Practice, 13(3), 539‑560.
  • Langer, L., Tripney, J., & Gough, D. (2016). The Science of Using Science: Researching the Use of Research Evidence in Decision-Making. London: EPPI-Centre, Social Science Research Unit, UCL Institute of Education, University College London.
  • 1Langer, Tripney et Gough, 2016
  • 2Boaz, Davies, Fraser et Nutley, 2019
  • 3La rédaction de la Revue TUC a choisi de retenir l’expression « transfert et utilisation des connaissances » (knowledge translation), car elle est la plus communément utilisée dans la littérature.
  • 4Pour un survol complet de l’état des connaissances dans le domaine, consultez le livre What works now? Evidence-informed policy and practice (2019 - Policy Press) – sous la direction de Boaz, Davies, Fraser et Nutley.

  • Christian Dagenais
    Université de Montréal

    - Rédacteur en chef de la Revue TUC
    - Professeur titulaire au département de psychologie de l’Université de Montréal
    - Chercheur principal de l’Équipe RENARD sur le transfert de connaissances

  • Esther Mc Sween-Cadieux

    - Rédactrice adjointe de la Revue TUC
    - Conseillère principale de recherche à l’Université de Montréal
    - Coordonnatrice de l’Équipe RENARD sur le transfert de connaissances

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