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Ted Hewitt, Président du CRSH
Les chercheurs québécois sont depuis longtemps en faveur d’un libre accès, d’une pensée avant-gardiste et de l’inclusion. À bien des égards, ils ont porté le flambeau qui a guidé les chercheurs du reste du Canada dans ce dossier important.

Plus tôt cette année, les trois organismes subventionnaires du Canada – le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG)et les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) – ont accompli un pas important pour élargir l’accès à la recherche canadienne. Dans le sillage du mouvement mondial en faveur d’un accès en ligne gratuit et illimité à la recherche et aux données, ces organismes ont lancé une politique sur le libre accès aux publications de recherche mise à jour et harmonisée.

En vertu de cette politique révisée, les résultats découlant de toute recherche financée par les trois organismes subventionnaires après le 1er mai 2015 doivent être accessibles en ligne gratuitement dans les 12 mois suivant leur publication. Ces résultats devront paraître dans une revue spécialisée offerte en libre accès ou ils devront être versés dans un répertoire de publications choisi par le chercheur. 

Éliminer les obstacles et donner aux citoyens accès aux connaissances issues de la recherche

Les trois organismes ont entrepris un processus de consultation élargie, y compris la tenue de consultations en ligne, pour élaborer cette politique. Ils ont reçu des commentaires de plus de 200 personnes et groupes affiliés à la communauté de recherche, aux bibliothèques institutionnelles, à des associations savantes, à des organisations non gouvernementales, à des maisons d’édition et à des revues spécialisées.

Une constatation principale s’est dégagée de ce processus : il est essentiel de rendre les résultats de la recherche aussi accessibles que possible pour faire avancer les connaissances et optimiser l’impact de la recherche faisant l’objet d’un financement public. Les publications spécialisées gratuites et illimitées sont plus souvent citées et utilisées dans le cadre d’autres projets de recherche. Cette pratique permet d’accroître la visibilité des chercheurs, de leurs établissements, et à vrai dire, des organismes gouvernementaux qui financent leur travail.

Des valeurs bien connues de la communauté des chercheurs du Québec

De nombreuses personnes participant ce mois-ci au Congrès de l’Acfas tenu à Rimouski connaissent les avantages du libre accès à la recherche et aux données. Les chercheurs québécois sont depuis longtemps en faveur d’un libre accès, d’une pensée avant-gardiste et de l’inclusion. À bien des égards, ils ont porté le flambeau qui a guidé les chercheurs du reste du Canada dans ce dossier important. Grâce au libre accès, les résultats de recherche peuvent avoir un plus grand impact, car ils permettent à d’autres chercheurs, spécialistes, cliniciens et responsables des politiques ainsi qu’à des organisations des secteurs privé et sans but lucratif et au public d’utiliser les connaissances acquises et de s’en servir comme base.

Comme l’expliquera Vincent Larivière de l’Université de Montréal au cours du colloque Une plateforme de recherche et d’expérimentation pour l’édition ouverte qui aura lieu le 25 mai prochain lors du congrès, les chercheurs de toutes les disciplines des sciences humaines découvrent des occasions exceptionnelles de recherche nouvelles et stimulantes. M. Larivière donne bien entendu pour exemple Érudit, répertoire en ligne de connaissances qui compte plus de 3 000 documents savants mis à la disposition du grand public.

Érudit, consortium sans but lucratif formé de l’Université de Montréal, de l’Université Laval et de l’Université du Québec à Montréal, constitue la plus importante plateforme numérique de résultats de recherche canadiens parus en français et dans les deux langues officielles au pays. Quatre-vingt-quinze pour cent de son contenu est accessible en libre accès. Cet outil offre un énorme potentiel de recherche en biométrie, en linguistique informatique et en Web sémantique, de même que dans les domaines de l’histoire et de la sociologie des sciences. Le reste du pays pourrait tirer des leçons de cette expérience qui, nous l’espérons, s’étendra bientôt au-delà des frontières du Québec

Le libre accès et l’explosion d’information

Le libre accès n’est toutefois qu’un aspect d’une question bien plus vaste : la façon dont les chercheurs canadiens géreront leurs données, aujourd’hui et demain, surtout dans le contexte de l’explosion de l’information, en cette époque de données massives.

Pendant 150 ans, nos ressources naturelles abondantes sur terre et dans la mer ont assuré la prospérité canadienne. Au cours du prochain siècle, l’information elle-même offrira probablement la même promesse en donnant aux chercheurs le matériel brut renouvelable et durable qui permettra de soutenir l’innovation et d’assurer une vie meilleure. Savoir comment gérer cette information et comment partager les avantages à en tirer, voilà des enjeux critiques pour notre réussite économique et sociale.

Même si la plupart d’entre nous en sommes peu conscients, la quantité et la variété de données portant sur tous les aspects de l’existence sur la planète augmentent de manière exponentielle. Notre capacité de stocker, d’extraire et d’analyser ces données doit évoluer en parallèle.

Tout comme nous voulons optimiser les avantages de la recherche faisant l’objet de financement public, nous souhaitons assurer au pays une solide infrastructure numérique et la capacité de promouvoir la pluridisciplinarité et la collaboration.

«Le libre accès n’est qu’un aspect d’une question bien plus vaste : la façon dont les chercheurs canadiens géreront leurs données dans le contexte de l’explosion de l’information».

Un rôle pour le CRSH

En examinant l’éventail de présentations et de discussions en table ronde qui auront lieu cette année au Congrès de l'Acfas, on remarque l’esprit de collaboration et d’ouverture qui règne au sein des communautés de chercheurs, à l’échelle de la province et dans tout le pays. Comme de nombreux conférenciers l’ont souligné cette année, l’accès accru aux publications et aux données partagées contribuera à accélérer la transition vers un système de recherche canadienne véritablement ouvert, qui permettra d’optimiser les avantages économiques, sociaux et autres de la recherche, pour le bénéfice de nos citoyens.

Qu’il soit question des outils de forage de données de pointe créés par Georges Dionne de HEC Montréal pour analyser les risques et accroître la sécurité financière du Canada ou qu’il s’agisse de la vaste base de données d’information statistique ArcticStat de l’Université Laval, le CRSH appuie l’infrastructure de recherche du 21e siècle du Canada et du Québec.

Le CRSH veille à ce que les investissements nationaux consacrés au réseautage numérique, à la capacité informatique et au stockage d’information soient harmonisés et disposés de manière à optimiser l’utilisation des données générées. Nous appuyons le développement d’aptitudes complexes en gestion des données au sein de notre prochaine génération d’étudiants des cycles supérieurs et de chercheurs. Nous favorisons des partenariats en recherche nouveaux et stimulants; et nous collaborons avec nos propres partenaires des trois organismes subventionnaires afin d’élaborer un cadre politique qui orientera les pratiques de gestion des données de recherche et permettra au Canada de s’ajuster aux pratiques adoptées un peu partout dans le monde.

En fin de compte, le libre accès nous permet d’améliorer la transparence, la responsabilisation et l’efficacité des projets que nous finançons. Pour sa part, le CRSH est prêt à travailler avec les chercheurs en sciences humaines et les parties prenantes d’autres disciplines afin d’atteindre cet objectif.


  • Ted Hewitt
    Président du CRSH
    Présentation de l’auteurTed Hewitt a été nommé président du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) en mars 2015. Auparavant, il était vice-président directeur et chef des opérations du CRSH. De 2004 à 2011, M. Hewitt a été vice-recteur (Recherche et relations internationales) à la Western University de London, en Ontario, où il était professeur de sociologie depuis 1989. M. Hewitt a effectué des recherches sur les politiques publiques au Brazil Institute du Woodrow Wilson International Center for Scholars, à Washington (D.C.). Éminent spécialiste des questions liées au Brésil, il a publié ses travaux dans des monographies, des ouvrages collectifs et diverses revues spécialisées. M. Hewitt est titulaire d’un doctorat en sociologie de la McMaster University.

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