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« Un enfant qui pose problème peut renvoyer l'enseignant à un échec, et si par cumul de malchance, un élève un peu difficile tombe sur un enseignant un peu plus intolérant à l'hétérogénéité, cela stigmatise encore davantage le jeune », fait remarquer Lise Gremion.

[Colloque 503 - Une réflexion décloisonnée sur les échecs et les réussites de l’école contemporaine : en quoi la recherche peut-elle poser problème ou être porteuse de solutions]

Un quart des colloques du congrès de l'Acfas concerne l'éducation. Ce chiffre témoigne d'un milieu de recherche extrêmement dynamique. « Tout ce beau monde travaille avec volonté depuis des années. Il offre des solutions et consent. Mais finalement quand on regarde comment l'école se porte, autant au Québec, qu'ailleurs en Occident, pourquoi alors est-ce qu'on n'arrive pas à faire mieux? », questionne la professeure au Département des sciences de l’éducation de l’UQAC et directrice du Consortium régional de recherche en éducation (CRRE), Catherine Dumoulin.

Décloisonner le regard

Le colloque organisé en collaboration avec Lise Gremion, la responsable de la filière Pédagogie spécialisée de la Haute école pédagogique de Vaud, offre une réflexion décloisonnée sur les échecs et les réussites de l’école contemporaine.Pour Mme Dumoulin, il est important que la recherche en éducation soit participative, qu'elle ne se fasse pas sur, mais avec les acteurs du milieu. « Tout au long d'un processus collaboratif, le praticien oriente la construction du savoir. Pour sa part, le chercheur forme les praticiens en même temps qu'il réalise sa recherche. Il y a donc une coconstruction de la recherche. » Cette démarche, qui peut-être très exigeante pour le professeur, émane d'une volonté de transférer les connaissances dans la pratique à partir de problèmes réels.

Pour Lise Gremion, il est important que le chercheur réponde à un besoin du terrain. Selon elle, il faut unir les forces, les regards, les perspectives géographiques, mais aussi des expertises différentes. « C'est ce regard décloisonné que nous voulons mettre au service du sujet qui nous préoccupe, encore et toujours, la réussite scolaire ou la problématique de l'échec scolaire » souligne-t-elle.

École inclusive

L'enjeu central de la recherche de Lise Gremion concerne la question de l'inclusion scolaire. « C'est récurrent. On n'arrive pas à éradiquer le problème de la discrimination et de l'exclusion », constate-t-elle. Sa communication expose comment la cumulation de désavantages arbitraires entraîne une discrimination injustifiée à l'école. Les données recueillies montrent, par exemple, que la date de naissance résulte en iniquités. De fait, la date d’entrée à l’école induit une différence de 20% entre les enfants les plus jeunes et les plus âgés. « Les enseignants appellent cela les mois creux ou les mauvais mois. C'est le phénomène birthdate effect bien connu dans le sport. Les plus âgés sont plus grands et plus forts, ils ont donc plus d'encouragement et plus de chance d'avoir du succès dans leur milieu».

Lise Gremion constate aussi que les enseignants jouent un rôle, car ils n'osent pas dénoncer ces injustices d'ordre arbitraire, telle la classe sociale. « Les normes familiales des classes défavorisées ne correspondent pas aux normes de l'école. La classe moyenne correspond bien aux attentes de l'école, car les enseignants sont de classe moyenne. Il y a donc une identification "naturelle" » dit-elle. De plus, un enfant qui pose problème peut renvoyer l'enseignant à un échec, et si par cumul de malchance, un élève un peu difficile tombe sur un enseignant un peu plus intolérant à l'hétérogénéité, cela stigmatise encore davantage le jeune.

Selon Catherine Dumoulin, il s'agit de déficiences construites et non innées. « Il y a des élèves qui deviennent en échec au moment où il entre à l'école. Quand l'école se termine, ils n'ont plus aucun problème. À force d'aller à l'école, on peut devenir démotivé d'aller à l'école. »

«Il y a des élèves qui deviennent en échec au moment où il entre à l'école. Quand l'école se termine, il n'ont plus aucun problème», de dire Catherine Dumoulin en parlant des déficiences construites et non innées.

Les deux chercheuses s'entendent. En Suisse comme au Québec, on retrouve de la ségrégation même dans les tentatives d'inclusion. « Ce qu'on voit présentement, c'est l'adaptation de l'enseignement aux besoins particuliers. On offre un service, par exemple, à l'enfant en difficulté, mais en invitant un technicien d'éducation spécialisé dans la classe, ce n'est pas de la vraie inclusion », remarque Catherine Dumoulin.

Pour Catherine Dumoulin et Lise Gremion, les praticiens doivent croire en l'éducabilité de chacun, avec l'idée que tout enfant qui veut apprendre peut apprendre. Il s'agit de viser le développement du plein potentiel de chaque individu. À l'instar de la recherche, le regard de l'école doit se décloisonner.


  • Geneviève Quevillon
    Journaliste
    Présentation de l’auteureGenevieve Quevillon est étudiante en dernière année de baccalauréat de journalisme à l’Université du Québec à Montréal. Impliquée dans plusieurs médias étudiants et communautaires, son approche est collaborative et ses savoirs multidisciplinaires. Autonome et créative, Genevieve aime trouver des angles originaux qui font comprendre le plus aisément possible l’essentiel d’une information à ses publics.

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