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La solution, c’est l’adoption de politiques obligatoires de la part des commanditaires et des universités, qui n’offriraient des subventions qu’aux chercheurs qui s’engageraient à publier leurs études en libre accès.

[Colloque 49 - La révolution de la science ouverte et de l'accès libre. État des débats et des enjeux]

« Cela fait 25 ans que l’on aurait dû faire quelque chose », lance Stevan Harnad au sujet du libre accès aux publications scientifiques, lors de sa présentation au congrès. Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en sciences cognitives de l’Université du Québec à Montréal, ce professeur en informatique à Southampton en Angleterre est aussi spécialiste de la communication scientifique.

Depuis 1994, date à laquelle il publia sa « proposition subversive », M. Harnad prône le libre accès aux publications savantes. Selon lui, tous les articles validés par les pairs devraient être publiés gratuitement sur Internet. Environ 2 millions d’études deviendraient ainsi accessibles à tous, chaque année, plutôt que d’être publiées dans des revues dont les abonnements sont souvent très coûteux. Toute une révolution!

L’accès libre en deux étapes

Le chercheur d’origine hongroise propose deux modèles pour réussir cette transition. Selon le premier, tous les articles révisés par les pairs seraient publiés en libre accès dans des bases de données publiques : c’est le « chemin vert ». Selon l’autre modèle, le « chemin doré », les auteurs paieraient des frais de publications pour que des comités valident les articles et les publient ensuite gratuitement : « Mais je ne pensais pas qu’au bout de 25 ans, on en serait encore aux premiers pas... », s’inquiète Stevan Harnad qui a notamment travaillé aux côtés du fondateur d’Internet, Timothy John Berners-Lee.

À l’image des États-Unis qui viennent d’adopter l’obligation de publication en accès libre des études subventionnées par le gouvernement, le chercheur penche vers des directives communes pour encadrer les publications scientifiques : « La solution, c’est l’adoption de politiques obligatoires de la part des commanditaires et des universités, qui n’offriraient des subventions qu’aux chercheurs qui s’engageraient à publier leurs études en libre accès ». Sa position ne fait pas l’unanimité.

En effet, le libre accès aux recherches scientifiques fait l’objet de débats accrus depuis une dizaine d’années, comme le précise Jean-Claude Guédon, professeur à l’Université de Montréal et membre de l’Internet Society : « On voit que la communication scientifique, à cause du numérique, passe par une mutation profonde, traversée de fortes crises, où les acteurs traditionnels et puissants – les maisons d’édition particulièrement – font tout pour conserver leur position privilégiée dans le processus de la recherche ». Les bibliothèques, elles, rechignent de plus en plus à payer les abonnements, devenus scandaleusement prohibifs, aux revues savantes payantes.

Des chercheurs trop frileux

Selon Stevan Harnad, ce ne sont pas les maisons d’édition qu’il faut combattre, mais bien les chercheurs, trop frileux pour publier leurs études en accès libre. « Ils s’inquiètent du plagiat et considèrent que libre accès et validation des pairs sont incompatibles, ce qui est faux ». Plusieurs publications gratuites, comme celles de la Public Library of Science, ont d’ailleurs déjà acquis une solide réputation.

"Ce ne sont pas les maisons d’édition qu’il faut combattre, mais bien les chercheurs, trop frileux pour publier leurs études en accès libre", Stevan Harnad

Les deux chercheurs s’accordent pour dire que les citoyens sont les grands perdants du modèle actuel, puisqu’ils doivent payer deux fois. Une première fois par le biais des subventions d'État aux chercheurs et une seconde fois, pour consulter les résultats de ces études pourtant financées publiquement.

La question de l'accès libre a été discutée dans le cadre du colloque intitulé « La révolution de la science ouverte et de l’accès libre. Ce mouvement de « science ouverte » (Open science) entend proposer plus qu'un accès libre aux internautes à des articles scientifiques « expertisés », ils ont aussi dans leur mire la possibilité de partager des données de recherches en ligne, l’intégration de collaborations extérieures dans les recherches, mais aussi l’existence des réseaux sociaux comme lieu de débats scientifiques. D’autres aspects comme la science collaborative et citoyenne, ou l’évolution des pratiques scientifiques, ont aussi été abordées lors du congrès.


  • Bérengère Capdequi
    Journaliste
    Présentation de l’auteure :Un goût prononcé pour la biologie amène Bérengère Capdequi à entamer ses études à Bordeaux, en France, par un diplôme en science. Très vite, elle se passionne pour le journalisme qui lui permet de conjuguer sa curiosité, son sens de l’analyse et son goût pour l’écriture. Elle termine aujourd’hui une maîtrise en journalisme international à l’Université Laval. Bérengère a fait ses armes dans un journal régional avant d’intégrer la production d’une radio nationale, en parallèle de son baccalauréat en information et communication. Aujourd’hui, le congrès de l’Acfas lui permet de réunir ses envies : le journalisme et les sciences. Un mélange de rigueur et de créativité dans lequel elle se retrouve particulièrement.

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