549 - Construction identitaire et didactique(s) : quels leviers pour amorcer un dialogue entre disciplines?

Communications orales 09 h 00 → 11 h 30

Didactiques, interdisciplinarité et identité professionnelle

• Communication orale 09 h 30
  Articulation des cadres didactiques et de l’évaluation des apprentissages : l’exemple d’une recherche collaborative pour ouvrir le dialogue entre chercheurs en éducation
  Christine Couture (UQAC), Christian Dumais (UQTR), Catherine Duquette (UQAC), Nicole Monney (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Thomas Rajotte (UQAR), Laura Soulat (UQAC)

  Cette communication propose d’explorer les dynamiques de dialogue entre différentes didactiques disciplinaires à travers le prisme de l’évaluation des apprentissages. Cette réflexion émerge d’un projet de recherche collaborative impliquant cinq chercheurs universitaires et portant sur les pratiques évaluatives d’enseignantes du primaire en français oral, mathématiques, sciences et technologie, et univers social. L’évaluation, intrinsèquement liée à la situation didactique, constitue un point de convergence et de tension entre les cadres théoriques propres à chaque discipline. Cette communication met en évidence comment l’articulation entre didactiques disciplinaires et théories de l’évaluation des apprentissages permet de mieux accompagner les enseignants dans l’adoption de pratiques évaluatives en soutien à l’apprentissage. Les résultats montrent que cette approche interdisciplinaire favorise une réflexion enrichie sur l’évaluation et ouvre des perspectives pour un dialogue fécond entre chercheurs en éducation, mais aussi une meilleure compréhension des visées didactiques chez nos enseignants du primaire.

• Communication orale 10 h 00
  L’identité disciplinaire enseignante et l’interdisciplinarité en sciences et technologies
  Sarah Dadi (UdeS - Université de Sherbrooke), Abdelkrim Hasni (Université de Sherbrooke), Patricia Marzin-Janvier (INSPE Brest)

  Notre recherche doctorale en didactique des sciences examine le lien entre l'identité disciplinaire enseignante et la compréhension et la mise en œuvre de l’interdisciplinarité chez les enseignants de ST au secondaire inférieur, dans une perspective comparative France-Québec. L'opérationnalisation du concept d'identité disciplinaire enseignante a nécessité une analyse des différents rapports à la discipline identifiés dans la littérature didactique. Ces rapports se manifestent notamment à travers des conceptualisations comme celles de l'affinité et l'intérêt disciplinaire (Alturkmani, 2015), la conscience disciplinaire (Reuter, 2007) et l'identité disciplinaire (Rouxel, 2002; Sedooka et al., 2015; Simonneaux, 2000). Tout en nous appuyant sur ces travaux, nous proposons une conceptualisation qui intègre également des fondements de l'identité (Dubar, 1991, 2010, 2015; Ion, 2000), en passant par l'identité professionnelle (Audigier, 1997) et l'identité professionnelle enseignante (Cattonar, 2001), pour aboutir à l'identité disciplinaire (Sedooka et al., 2015; Simonneaux, 2000). La conceptualisation proposée renvoie à trois dimensions : 1) la dimension biographique des enseignants ; 2) la dimension des critères d'appartenance et 3) la dimension des critères de différenciation. Nous examinerons aussi dans cette communication la pertinence et la cohérence de cette conceptualisation tant du point de vue de la didactique des sciences que de l'interdisciplinarité.

• Communication orale 10 h 30
  Quand le coenseignement parent-enseignant bouscule les approches didactiques : vers une hybridation des savoirs scolaires et non formels ?
  Awa Ndiaye (Université d’Ottawa)

  Le coenseignement parent-enseignant ouvre de nouvelles perspectives en hybridant savoirs scolaires et savoirs non formels issus de la famille. Cette communication explore les implications didactiques de cette dynamique, en interrogeant la structuration des savoirs et les pratiques pédagogiques. En mobilisant le double triangle pédagogique (Humbeeck et al., 2006) et le paradigme des douze besoins (Pourtois et Desmet, 2004), nous analysons comment la complémentarité parent-enseignant peut enrichir les apprentissages. Ce modèle souligne l’importance d’un cadre éducatif commun et partagé pour soutenir la construction identitaire de l’élève (Lahaye et Pourtois, 2000). Par ailleurs, les recherches sur le rapport au savoir (Charlot, 1997) et les relations école-famille (Deslandes, 2019) montrent que l’apprentissage est indissociable du développement affectif, social et cognitif. L’inclusion des savoirs familiaux peut ainsi favoriser un climat scolaire plus inclusif. Cette réflexion s’appuie sur un projet pilote ayant expérimenté le coenseignement parent-enseignant en milieu scolaire (Ndiaye et Ruminot, 2024), révélant ses effets sur le développement professionnel enseignant et la transformation des pratiques. En confrontant ces observations aux cadres théoriques existants, nous interrogerons les enjeux didactiques et les défis épistémologiques liés à l’intégration des savoirs familiaux dans les curricula (Vygotsky, 1934), en vue d’un modèle didactique enrichi.

• Communication orale 11 h 00
  « Notre méthode est à la camerounaise », construction de l’identité professionnelle des futur.e.s enseignant.e.s des mathématiques
  Carolina Ruminot (Université d’Ottawa)

  Dans mes cours de didactique des mathématiques, j’ai questionné mes étudiants pour connaître les défis qu’ils/elles pensaient devoir surmonter en tant qu’enseignants débutants. Parmi les plus récurrents : le stress et l’anxiété, la mise en place de stratégies adaptées aux élèves et au curriculum, ainsi que le changement de leurs conceptions de l’enseignement des mathématiques. Pour certains, il s’agit d’un véritable processus de déconstruction et de reconstruction de leur identité professionnelle enseignante des mathématiques. À cet égard, Blin (1997) souligne que l’identité professionnelle est « un ensemble d’éléments particuliers de représentations professionnelles, spécifiquement activé en fonction de la situation d’interaction et pour répondre à une visée d’identification/différenciation avec des groupes sociétaux ou professionnels. » Notre réflexion s’inscrit précisément dans la mobilisation des composantes théoriques vers la pratique, pour conceptualiser les savoirs et savoir-faire en jeu dans ce cours de didactique. Plus concrètement, la modélisation de situations d’interaction à la lumière des principes de la théorie de l’objectivation (Radford, 2022) est perçue et vécue, au sein de notre communauté professeure-étudiants, comme un levier pour créer des scénarios propices à la construction identitaire de l’enseignant de mathématiques. Quels scénarios sont construits ? Et, quel est le lien entre la didactique des mathématiques et l’identité des futurs enseignants ?

Dîner 11 h 30 → 12 h 30

Dîner

Communications orales 12 h 30 → 15 h 00

Contexte minoritaire | régional : didactiques et identité(s)

• Communication orale 12 h 30
  Le développement d’une identité d’artiste pédagogue dans un contexte interdisciplinaire en région
  Marie-Eve Skelling (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

  Cette communication fera référence au programme de Baccalauréat en enseignement des arts [BEA] de l’Université du Québec à Chicoutimi qui offre un cadre pédagogique interdisciplinaire permettant d’approfondir sa pratique artistique et de se spécialiser en enseignement des arts plastiques/visuels et de l’art dramatique se familiarisant avec l’enseignement des autres disciplines du domaine des arts. Contrairement aux autres programmes de formation en enseignement – à une exception – qui se donnent au Département des sciences de l’éducation, le BEA est offert au Département des arts, des lettres et du langage. Son cheminement mène les étudiants à côtoyer leurs collègues du Baccalauréat interdisciplinaire en arts et, dans une moindre mesure, ceux de différents programmes en éducation. Cette communication traitera du développement d’une identité d’artiste pédagogue dans ce contexte interdisciplinaire en région. Elle abordera des expériences de formation misant sur une approche interdisciplinaire ainsi qu’une récente initiative invitant les étudiants à participer à des colloques professionnels afin d’enrichir leur formation au regard des enjeux propres à leur domaine d’enseignement. La communication présentera en quoi ces expériences les conduisent à approfondir leur compréhension du métier, à se projeter en tant que futur.es enseignant.es spécialistes, à s’outiller au regard de leur intégration professionnelle et, ce faisant, à développer leur identité d’artiste pédagogue.

• Communication orale 13 h 00
  Minorités de langue officielle et perspectives géographiques et historiques : la double approche de l’Ontario en matière d’élaboration de programmes d’études
  Marie-Hélène Brunet (Université d'Ottawa), Raphaël Gani (Université Laval), Jean-Bernard Giroux (Université Laval), Joanne Pattison-Meek (Bishop’s University)

  Depuis la promulgation de la Charte canadienne des droits et libertés en 1982, le gouvernement fédéral reconnaît le droit des personnes citoyennes canadiennes de voir leurs enfants instruits dans leur première langue officielle, y compris dans les contextes où une minorité de la population parle cette langue. L'Ontario compte deux versions distinctes du programme d'études. S'appuyant sur une analyse qualitative du contenu, cette présentation explore d'abord les deux versions linguistiques du programme d'études à travers le prisme du cours Enjeux de géographie canadienne de 9e. L'étude de la géographie examine la nature des modèles et des relations entre différents lieux et différents peuples, ainsi que les façons dont les lieux sont transformés par des processus culturels et linguistiques. L’analyse donne un aperçu de la manière et de la mesure dans laquelle la double approche de l’élaboration des programmes d’études de l’Ontario soutient les perspectives et les expériences sociospatiales et spatiolinguistiques des francophones en tant que population minoritaire. L’approche double est théorisée comme une dynamique curriculaire noyau-périphérie rapport aux perspectives et aux priorités d’un noyau dominant. Cette analyse du programme d’études en géographie est mise en relation avec une étude du programme d’histoire canadienne de 10e. Quelles similitudes et quels points de divergence entre les deux études en ce qui concerne la double approche du développement curriculaire ?

• Communication orale 13 h 30
  Contribution de l’enseignement des arts visuels à l’amélioration des compétences de l’élève en géométrie
  Faten Trabelsi (Université d’Ottawa)

  Cette communication propose une analyse des liens entre l’enseignement des arts visuels et le développement des compétences des élèves en géométrie. Les difficultés éprouvées par certains élèves dans l’apprentissage de la géométrie (Juman et al., 2022) peuvent diminuer leur engagement envers les mathématiques. Dans ce contexte, il est légitime de penser à une approche interdisciplinaire et de demander si l’enseignement des arts visuels peut contribuer à l’amélioration des compétences des élèves en géométrie. Pour y répondre, nous avons conduit une synthèse narrative de connaissances. L’analyse d’un corpus formé d’une quinzaine d’articles montre qu’effectivement les données de recherche mettent en avant des liens pertinents et significatifs entre les deux disciplines scolaires. Eveline et al. (2019) constatent une progression des compétences des élèves aussi bien au niveau de la compréhension qu’au niveau de la pensée créative en géométrie. Bin et al. (2023) perçoivent que l’intégration des arts visuels est une aide pédagogique visuelle qui permet aux élèves de développer une compréhension plus profonde des concepts géométriques. Ces résultats peuvent inspirer les enseignants du primaire à la planification de situations d’apprentissage interdisciplinaires qui intègrent les arts visuels et la géométrie. Ainsi, l'adaptation des approches didactiques de l'art et de la géométrie pourra contribuer à une éducation plus inclusive, notamment dans le contexte franco-ontarien.

• Communication orale 14 h 00
  Enseigner l’histoire en contexte francophone minoritaire au Canada : construction langagière, identitaire et culturelle
  Marie-Hélène Brunet (Université d’Ottawa), Melissa Daoust (Université d'Ottawa)

  Les recherches pancanadiennes sur l’enseignement de l’histoire se limitent généralement à comparer le Québec et le Canada anglais et délaissent les spécificités de l’enseignement au sein des communautés francophones minoritaires. L’histoire enseignée au Canada varie selon que l’on se trouve en contexte francophone ou anglophone et l’apprentissage de l’histoire joue un rôle particulier dans la construction identitaire. Des travaux s’étant penchés sur les divers programmes provinciaux soulignent des disparités et tensions entre majorité et minorité. Dans cette communication, nous nous intéressons aux enseignant∙es d’histoire en contexte minoritaire. La question centrale qui nous occupe est la suivante : Quelles sont les expériences des enseignant∙es de cette discipline en contexte minoritaire francophone au Canada? Les données discutées sont issues d’un échantillon d’entrevues réalisées au sein du partenariat Penser historiquement pour l’avenir du Canada : cinq enseignant∙es d’histoire œuvrant en contexte minoritaire dans trois provinces ont été rencontré∙es à deux reprises. Cette recherche exploratoire s’appuie une analyse narrative réalisée à partir des catégories proposées par Gauvin (2009) sur la construction langagière, identitaire et culturelle. De nos observations découlent plusieurs constats sur les particularités de l’enseignement de l’histoire en contexte minoritaire francophone. L’analyse révèle l’importance de la réflexion didactique spécifique à ce contexte.