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Informations générales

Événement : 92e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Quel est le rôle de la traduction en recherche-création? Comment la pratique de la traduction peut-elle informer la recherche, comment son concept peut-il éclairer la création? Dans un contexte où la recherche-création fusionne les aspects relevant des arts et de la recherche universitaire, mettant en lumière l’importance de la créativité dans la production de connaissances, cette problématique invite à explorer les interconnexions entre la recherche-création et la traduction conçue au sens large, à la fois comme pratique et comme concept. Cette problématique veut mettre en lumière la manière par laquelle le processus traductif peut être envisagé, analysé et valorisé dans le cadre de la recherche-création, tout en considérant les incidences de cette démarche dans d’autres domaines, comme les études littéraires, les études cinématographiques, etc. En examinant les connexions entre traduction et recherche-création, nous voulons explorer la façon dont la traduction peut être appréhendée comme une forme de recherche-création, et comment la recherche-création peut, à son tour, profiter de la traduction comme concept pour se saisir de manière réflexive. Cette problématique propose de réfléchir aux implications et aux occasions découlant de cette intersection entre traduction et recherche-création en se demandant comment elle peut contribuer à l’avancement à la fois de la réflexion sur la traduction et de celle sur la méthodologie en recherche-création?

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Traduction textuelle

Salle : B-1716 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
Présidence : Sylvano Santini (UQAM - Université du Québec à Montréal)
  • Communication orale
    La danse de la traduction. L’interdisciplinarité comme principe méthodologique pour la recherche-création en traduction
    Jonas Fortier (Université Concordia)

    Envisager la recherche-création en traduction, c’est reconnaître d’emblée la disposition créative de la traduction littéraire. Une fois admis que dans la créativité réside une condition essentielle de la traduction, on remarque que, devant tout texte littéraire à traduire, ce sont les éléments poétiques et culturels jugés intraduisibles qui sont susceptibles d’agir comme des déclencheurs de créativité (Buhl 2022). En traduisant Calamities (2016), de l’écrivaine afro-américaine et lesbienne Renee Gladman, je rencontre certains éléments de résistance dus aux rapports litigieux de deux cultures en conflit. Or ces rapports et cette résistance « ne sont pas à penser seulement comme des problèmes ou des pertes. Ils peuvent déboucher sur une autre politique de la traduction » (Samoyault 2020, 46).

    Ainsi, je me propose d’adopter une pratique de recherche-création et d’investir celle-ci par le biais des théories postcoloniales, afin de chercher des solutions de traduction en outrepassant les frontières disciplinaires (Borgdorff 2012) et en transgressant la relation présumée naturelle entre forme et contenu (de Campos 2018). Autrement dit, ma démarche ne se limite pas au texte écrit, et c’est pourquoi la rencontre interdisciplinaire de la danse et de la traduction me paraît opportune, puisqu'elle invite le corps au centre du processus. Mais concrètement, quelle forme prendra ma traduction de Calamities si elle est issue d’un dialogue entre ces deux pratiques artistiques?

  • Communication orale
    Hêtre pourpre : dialogues entre queer et traduction
    Adèle Rico-Lamontagne (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Hêtre pourpre (2023) – une traduction de Rose Labourie, depuis le suisse allemand, du Blutbuch (2022) de Kim de l’Horizon – est un texte au fond et à la forme queer, ne serait-ce que par sa mise en œuvre de la non-binarité et par son hybridité formelle. Conjuguant la perspective trans au genre, à la classe et à la langue, c’est une œuvre qu’on avait d’abord, pour ces mêmes raisons, dite intraduisible. Ma communication relate une rencontre avec Rose Labourie, durant laquelle nous avons discuté du cas de Hêtre pourpre; de ce que sa prétendue intraduisibilité et sa queerness ont éclairé de sa pratique : « l’absurdité et la créativité de tout processus de traduction » (Labourie, 2023). Comment rendre la fluidité de genre d’une langue (binaire) à l’autre? Comment traduire un dialecte omniprésent au sein d’un texte? Comment transposer, à la traduction, la question du multilinguisme? Les dimensions affectives et performatives des savoirs queers (Baldo, 2018), mobilisées dans la traduction de Blutbuch, seront convoquées, afin de faire apparaître dialogues entre les deux champs.

  • Communication orale
    Traduire la souffrance dans les littératures autochtones : une traduction-création est-elle possible?
    Mélissa Major (Cégep de Saint-Jérôme)

    Pour de nombreux écrivains autochtones, la littérature est l’expression d’une souffrance inscrite dans l’histoire coloniale. Pour la chercheuse Jo-Ann Episkenew (Métis), les littératures autochtones deviennent ainsi souvent un instrument de guérison à large spectre. La littérature représente alors une tentative de guérison personnelle, mais aussi collective, puisque le traumatisme d’un Autochtone est celui de tout un peuple. Or, comment traduire une littérature marquée par la souffrance collective ? La traduction comme acte de création est-elle concevable dans ces circonstances ? Pour certain·es, « la traduction est une recréation, car sa charnière est le sujet-traduisant qui la façonne. » (Jaccon 2022) Pourtant, la notion de fidélité est depuis longtemps au cœur des débats sur la traduction. Catherine Mavrikakis souligne que « [l]a traduction se meut entre un désir d'allégeance totale à l'original et l'impossibilité de définir les critères d'une telle fidélité. » (Mavrikakis 1989) Une traduction-création ne présupposerait pas une transgression ou une trahison, mais plutôt un bénéfice ou, du moins, une autre perspective quant au texte original. Compte tenu de la finalité de la plupart des littératures autochtones, cette liberté, cette créativité infusée dans la traduction ne pourrait toutefois pas ignorer les considérations éthiques. Ma présentation sera le résultat de cette réflexion.


Communications orales

Enjeux méthodologiques

Salle : B-1716 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    L’évaluation du mémoire de recherche-création en traductologie : enjeux méthodologiques
    René Lemieux (Université Concordia)

    J’aimerais aborder la recherche-création dans la perspective méthodologique d’un travail de recherche qui irait au-delà d’un « simple » commentaire sur une traduction faite par un ou une étudiante dans le cadre d’une maîtrise en traductologie, en montrant les différences entre ce que qu’on a coutume d’appeler la « traduction commentée » et ce qu’on pourra appeler la « recherche-création en traductologie ». Phénoménalement, le travail de la traduction ressemble ou apparaît comme une sorte d’écriture abâtardie, une littérature du pis-aller. C’est presque de la littérature, mais pas tout-à-fait. Ontologiquement, toutefois, la traduction, c’est ce que j’aimerais proposer, relève d’un tout autre champ, celui de l’interprétation, au sens où le musicien interprète la partition, et le metteur en scène interprète la pièce du dramaturge. Ainsi, alors que la littérature est un art autographique, la traduction pourrait ainsi se définir comme un art allographique, et répondre à l’exigence du FRQSC qui stipule que « l’interprétation […] est considérée comme une création pourvu qu’elle soit innovante et qu’elle donne lieu à une problématisation » (FRQSC 2024). Se pose ainsi cette question générale sur la traduction, mais qu’on pourrait également appliquer aux recherches à la maîtrise en traductologie : lit-on une traduction pour l’original qu’il transmet (dont on ne peut avoir accès parce qu’on ne connaît pas la langue) ou pour le travail original du traducteur ou de la traductrice?

  • Communication orale
    Fidélité et intraduisibles : dérives réflexives sur la traduction collective de l’ouvrage Search After Method à l’Université d’Ottawa
    Nicolas Cadieux (Université d'Ottawa), Manuel Charette (Université d’Ottawa), Nathan Pécout--Le Bras (Université d'Ottawa)

    S’annonçant comme la plus grande université bilingue (français-anglais) au monde, l’Université d’Ottawa abrite une confluence unique. Il s’y croise non seulement des langues, mais aussi des territoires (deux provinces et une capitale nationale) ainsi que des traditions intellectuelles (nord-américaine et française) qui influencent l’anthropologie canadienne. Dans ce contexte, la posture du département d’anthropologie de l'Université d’Ottawa incarne la nécessité de passages réguliers entre contextes linguistiques, académiques, voire épistémologiques.

    Nous proposons d’examiner ces dynamiques à travers la traduction en français de Search After Method (2020), un ouvrage collectif du département d’anthropologie de l’Université d’Ottawa. Dans cette démarche, la traduction dépasse la fonction utilitaire et s’impose comme vecteur de création d’un objet littéraire (la version française du livre), mais aussi d’un pont entre les deux univers constitutifs de notre département. Entendue comme geste de passage entre une chose et une autre, la traduction émerge comme outil médiatique pour naviguer la pluriversalité des existences (de la Cadena & Blaser, 2018), exposant ainsi les difficultés de cet exercice. En adoptant une démarche réflexive, notre communication entend relever les tensions liées à la fidélité, aux intraduisibles et à la colonialité inhérente aux deux langues (Deumert, 2021) que cette instance de recherche-création-traduction met en lumière.

  • Communication orale
    Traduction et non-traduction de cosmovisions autochtones
    Rafael Schögler (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Je propose une réflexion sur la traduction et la non-traduction dans le cadre d’une recherche menée avec les Waoterero, des clans familiaux autochtones du bassin de l’Amazonie équatorienne. Dans notre projet de recherche « Towards a Cosmovision Turn », nous avons envisagé la traduction à la fois comme un concept théorique et une pratique créative. En tant que concept théorique, la traduction a été pensée pour inclure les interactions entre le monde humain et non humain, illustrée en particulier par la re-traduction continue d’une vision du jaguar par un Meñera, un interprète, une chercheuse, etc. (Korak 2020). Par ailleurs, nous avons abordée la traduction comme une pratique de violence épistémique, notamment à travers les pratiques de traduction de textes bibliques par les missionnaires de l’Institut Linguistique d’Été (Summer Institute of Linguistics), qui visent à transformer les cosmovisions autochtones pour imposer une pensée chrétienne aux clans familiaux Waorani.

    En tant que pratique de co-création de connaissances, la traduction a joué un rôle central à plusieurs reprises, soulignant constamment la tension entre ce qui est traduit et ce qui ne l’est pas. Les rencontres effectuées dans le cadre de notre projet, médiées par la traduction, n’ont pas seulement produit des connaissances issu de la création, mais ont également fait de la traduction et de l’interprétation une véritable forme de création-recherche.


Dîner

Dîner

Salle : B-1716 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B

Communications orales

Traduction intersémiotique

Salle : B-1716 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
Présidence : Mélissa Major (Cégep de Saint-Jérôme)
  • Communication orale
    Qu’y a-t-il de « noir » dans le negerhollands? Les enjeux de la traduction d’une langue créole disparue
    Jean-Marc Superville Sovak (Bard College)

    Le cas du negerhollands (créole néerlandais, désormais disparu) tel qu’il a été documenté au XVIIIe siècle par les missionaires néerlandais, qui se servaient de cette « lingua franca » pour christianiser les populations d’origine africaine esclavagisées et transportées aux Antilles par la Geoctrooieerde Westindische Compagnie, présente des enjeux (et nécessite ce que j’appellerai une compétence culturelle) en ce qui concerne la traduction. Trois types de textes ont principalement servi pour l’apprentissage du negerhollands : des textes religieux, des dialogues et des proverbes. De ces trois exemples, c’est la traduction des proverbes qui présentent une problématique à travers le concept glissantien de la créolisation. Comment pourrait-on, à partir d’un document historique écrit dans une langue coloniale, retrouver les sources grammaticales, lexiques et épistémologiques du locuteur colonisé? Le negerhollands présente une occasion irrésistible (surtout pour un artiste d’origine antillaise) de mettre en œuvre un projet de recherche comme création qui a pour objectif de démêler et d’interpréter les origines multiculturelles « rhizomatiques » des proverbes en negerhollands. Cette étude est la suite de mon projet de sculpture publique intitulé Blauvelt Blues, une commande du Rockland County Art in Public Places de l’État de New York.

  • Communication orale
    Un projet de recherche-création en traductologie : Traducson de William Shakespeare, la mésentente
    René Lemieux (Université Concordia)

    La communication visera à présenter un projet de recherche-création en traductologie intitulé « Traducson de William Shakespeare, la mésentente ». Le projet a pour objectif de produire une traduction homophonique, aussi appelé « traducson », de la pièce King Lear de William Shakespeare. Le questionnement de cette recherche-création a pour origine la volonté de proposer une méthodologie originale pour traduire de nouveau une œuvre maintes fois traduite. Dans ce cas, il s’agit d’expérimenter le langage shakespearien pour lui faire dire radicalement quelque chose de novateur, c’est-à-dire dans la manière de dire. La méthode qui sera développée dans cette recherche se présentera littéralement comme une « machine interprétative » (Deleuze), puisqu’il s’agira d’utiliser des outils informatiques (dont l’intelligence artificielle) pour créer des hallucinations auditives (appelées en anglais « mondegreen ») qui pourraient être comprises à la fois par des anglophones et des francophones, jouant ainsi sur le translanguaging et les limites de ce qu’est la langue. Localisée à Montréal, cette traduction remettra en scène le problème de l’héritage au cœur de la pièce de Shakespeare, mais aussi les limites de la « folie littéraire », en prenant pour figure tutélaire l’« étudiant de langues schizophrénique » américain Louis Wolfson.

  • Communication orale
    Traduire pour mieux saisir : variations poétiques au sein des casques de réalité virtuelle
    Pasiphaé Leclère (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Depuis peu, les casques de réalité virtuelle sont devenus plus accessibles au grand public et aux artistes. L’objet invite à réinventer notre approche de l’image, de l’espace ou encore, du « spect-acteur ». Or, comment délimiter le langage narratif propre à la RV? L'une des solutions est de s’inspirer d’œuvres et de techniques issues des autres médiums, par la transposition, la variation, l’adaptation, l’imitation. Ces gestes, à maints égards, sont comparables à celui de la traduction, non pas entre deux langues, mais plutôt entre plusieurs arts.

    « Parfois poétique » traduit les gestes poétiques en réalité virtuelle. Deux poésies, une chinoise et une française, sont en dialogue dans cette expérience immersive : « L’Enclos des Cerfs » de Wang Wei et « Un corbeau devant moi croasse » de Théophile de Viau. D’une part, il s’agissait de dépeindre l’absence de sujet, propre à la poésie de Wang Wei, l’élimination de l’esprit du poète, tout en essayant de proposer une alternative aux difficultés de traduction. D’autre part, la tradition baroque nous invitait à penser la fantasmagorie à partir du regard du public. Face aux difficultés de garder l’essence poétique d’une langue à l’autre et face aux cultures et philosophies lointaines, en quoi l'espace immersif change-t-il une traduction?


Panel / Atelier

La traduction interdisciplinaire et collaborative dans le projet de recherche-création Tombeau du vierge (2019) : table ronde précédée d’une projection

Cette table ronde explore les multiples processus de traduction à l'œuvre dans le film Tombeau du Vierge, réalisé par Sylvano Santini à l'UQAM en 2019. Ce film, fruit d'un projet de recherche-création mêlant texte poétique et image cinématographique, offre une réflexion sur la traduction sous toutes ses formes. Autour du réalisateur, deux collaborateurs, Bernard Schütze et Alexandre St-Onge, au projet partageront leurs expériences et leurs perspectives.

Ensemble, ils discuteront de la manière dont la poésie du recueil Le Vierge incendié (1948) de Paul-Marie Lapointe a été traduite à travers différentes pratiques artistiques, allant de la traduction poétique du texte à la création d’images visuelles et sonores. Le film s'inscrit dans une démarche de « tombeau » poétique, hommage à l'œuvre de Lapointe, décédé en 2011. Il s’agit d’un collage du recueil original, une pratique chère au poète, ancrée dans une tradition avant-gardiste. Ce « tombeau » ne se réduit pas à un simple hommage, il propose une traduction poétique, enrichie par un rapport inédit entre texte, image et son. Lors de cette table ronde, Bernard Schütze reviendra sur la traduction du recueil sous forme de collage, en s’éloignant délibéremment de la version déjà existante des poèmes (traduit par D.G. Jones), et Alexandre St-Onge nous parlera de sa contribution sonore au projet en « traduisant », par le son, un assemblage poétique de textes et d'images.

Salle : B-1716 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
Participant·e·s : Sylvano Santini (UQAM - Université du Québec à Montréal), Bernard Schütze (Indépendant), Alexandre St-Onge (Université Laval)

Réseautage

Fin du colloque

Salle : B-1716 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B