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Informations générales

Événement : 92e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 500 - Éducation

Description :

L’enseignement en milieu défavorisé, particulièrement en contextes urbains, pose des défis importants dans le système éducatif québécois (MEES, 2019). Ce colloque explore ces défis par le truchement d’une approche sociologique, qui révèle les mécanismes par lesquels les inégalités sociales se transforment en inégalités scolaires, soulignant les écarts entre culture scolaire et héritage culturel des élèves de milieux défavorisés (Deniger, 2014).

La sociologie de l’éducation est structurante pour comprendre la complexité des situations d’apprentissage en milieu défavorisé, notamment via le concept de rapport au savoir. Défini comme l’ensemble des relations qu’un sujet entretient avec l’apprentissage et le savoir (Charlot, 1997; Bernard, Savard et Beaucher, 2014), ce concept permet d’analyser les attitudes et dispositions des élèves (et parents) face aux apprentissages scolaires. Les dispositions sociales et culturelles acquises dès le plus jeune âge expliquent les variations entre contextes sociaux (Lahire, 2008). Des malentendus sociocognitifs peuvent surgir quand les dispositions des élèves, notamment ceux issus de milieux défavorisés, ne correspondent pas aux attentes scolaires implicites (Bonnery, 2007). Ce colloque s’articulera autour de quatre axes retenus par Une école montréalaise pour tous (UEMPT) :

  • Axe 1 : Le rapport à la littératie et à la numératie.
  • Axe 2 : Le rapport aux technologies éducatives.
  • Axe 3 : Le rapport à l’art.
  • Axe 4 : Défavorisation et intersectionnalité : l’approche intersectionnelle (Crenshaw, 1989) examine comment des facteurs (origine ethnique, genre, etc.) s’entrecroisent et influent sur le rapport aux savoirs des élèves en milieu défavorisé.

L’objectif est de mieux comprendre les relations entre défavorisation scolaire et rapports des élèves à différents objets scolaires, et de dégager des implications concrètes pour l’enseignement, afin de réduire les inégalités scolaires et adapter les pratiques aux réalités des milieux défavorisés.

Dates :

Format : Sur place et en ligne

Responsables : Partenaire :
  • Une école montréalais pour tous

Programme

Communications orales

Ouverture du colloque sur le rapport aux savoirs

Salle : D-4017 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Conférence d'ouverture : Rapport aux savoirs, rapport aux situations
    Christophe Roine (Université de Bordeaux)

    La conférence d'ouverture explorera la pluralité des rapports aux savoirs en contexte d'enseignement en milieu défavorisé.

    Les savoirs littéraires, scientifiques ou artistiques (etc.) ne s'inscrivent pas dans les mêmes rituels de travail, approches pédagogiques et modalités d'évaluation. Dans un premier temps, nous examinerons comment ces différents savoirs s'actualisent concrètement dans des situations d'apprentissage.

    Ensuite, nous explorerons des pistes méthodologiques qui permettent aux enseignants de développer une véritable posture d'enquêteur face aux difficultés d'apprentissage : comment observer les interactions entre l'élève et la situation? Quels indices permettent de comprendre les obstacles? Comment ajuster les situations sans simplifier les savoirs?

    Enfin, nous montrerons comment cette approche situationnelle des rapports aux savoirs renouvelle notre compréhension de l'enseignement en milieu défavorisé. En déplaçant l'attention des caractéristiques des élèves vers les propriétés des situations, nous ouvrons de nouvelles perspectives d'intervention qui réaffirment le rôle central des enseignants comme concepteurs de situations d'apprentissage adaptées aux réalités des élèves en milieu défavorisé.

  • Communication orale
    Expérimentation d’un dispositif de développement professionnel favorisant une réflexion sur sa pratique éducative en service de garde scolaire en milieu défavorisé
    Isabelle Archambault (Université de Montréal), Janie Comtois (Université du Québec à Montréal), Johanne Cyr (Une école montréalaise pour tous), Anne-Sophie Denault (Université Laval), Vicky Lafantaisie (Université du Québec en Outaouais), Marie-Claude Salvas (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Le service de garde scolaire offre des activités en soutien au développement positif et global des enfants. Si les enfants sont susceptibles de profiter des activités, la recherche montre que ceux issus de milieux défavorisés en bénéficient davantage, pour autant que des pratiques éducatives efficaces soient déployées. Le but de la recherche était de documenter le processus d’expérimentation d’un dispositif de développement professionnel coconstruit avec des personnels éducateurs, et visant à encourager le maintien d’attentes élevées eu égard au potentiel de réussite des enfants en milieu défavorisé. Le dispositif est une démarche de formation et comprend des outils pour réfléchir à sa pratique et la bonifier en s’appuyant sur le modèle des attentes élevées. Deux équipes de service de garde (N = 29 acteurs incluant des éducatrices, conseillères pédagogiques et direction) ont participé à 4 rencontres de formation dans leur école respective. La participation, les apprentissages et les effets perçus ont été évalués tout au long du processus et lors d’une rencontre bilan. Les résultats de l’analyse thématique mettent en lumière la volonté des acteurs scolaires d’appuyer le service de garde dans sa mission éducative. Les résultats suggèrent également que le dispositif soit envisagé comme une avenue prometteuse et réaliste pour les appuyer en ce sens. Ce projet invite à réfléchir aux dispositifs à favoriser en milieu défavorisé pour favoriser la réussite éducative des enfants.


Communications orales

Axe 1 : Le rapport à la littératie et à la numératie

Salle : D-4017 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Rapport à la littératie dans les milieux défavorisés : les pratiques parentales
    Julie Myre Bisaillon (UdeS - Université de Sherbrooke), Sandy Nadeau (Université de Sherbrooke), Charlotte Tremblay-Lemieux (Université de Sherbrooke)

    La recherche dans le domaine de la littératie familiale montre que le niveau socioéconomique des familles constitue le principal déterminant des variations observées chez les enfants en matière de compétences langagières, en plus d’être corrélé aux disparités dans la fréquence et la nature des activités de littératie familiale (Ducharme et al., 2023; Myre Bisaillon et François-Sévigny, 2023; Poissant, 2016; Zeraatkar et al., 2020). Les enfants de milieux défavorisés vivent généralement moins d’expériences familiales impliquant la lecture et l’écriture (Poissant, 2016; Simard et al., 2013), les familles possèdent moins de matériel touchant à la littératie et plusieurs parents entretiennent un faible sentiment de compétence en lecture (Dulay et al., 2018), sentiment étroitement lié à l’engagement parental (Hoover-Dempsey et Sandler, 2005). La présente communication a pour objet de présenter les pratiques parentale (N=166) en littératie familiale dans les mieux défavorisés. Considérant les différences importantes entre les milieux urbains et ruraux sur les plans matériel, social et culturel, il apparaît pertinent de les distinguer (Betancur et al., 2023; Bratsch-Hines et al., 2019; Ouellet, 2021). Enfin, une discussion sera entamée sur l’idée de croiser les cadres théoriques de la littératie familiale et de l’engagement parental dans une perspective socioculturelle de la littératie familiale.

  • Communication orale
    Le développement de la sensibilité lexicale en milieu défavorisé : une avenue prometteuse
    Dominic Anctil (Université de Montréal), Caroline Proulx (UdeM - Université de Montréal)

    La sensibilité lexicale renvoie au développement d’un rapport positif aux mots qui agit comme moteur aux apprentissages lexicaux (Tremblay, 2021). Inspiré des travaux de Scott et Nagy (2009), ce concept met de l’avant l’importance de développer une curiosité pour l’apprentissage des mots, une capacité à les apprécier et un plaisir à les utiliser habilement.

    Cette communication vise à présenter des pistes didactiques qui ont permis un développement de la sensibilité lexicale d’élèves de milieu défavorisé (MD). Ces pistes ont été documentées dans un contexte d’accompagnement (1) d’enseignant.es de préscolaire et de premier cycle participant à un projet de recherche collaborative (Anctil et al., 2023) visant à développer le vocabulaire et la sensibilité lexicale des élèves et (2) de deux équipes écoles de la région de Montréal qui ont placé le développement du vocabulaire au cœur de leur projet éducatif (Ministère de l’Éducation du Québec, 2022). Les préoccupations des enseignant.es (le profil langagier des élèves, le choix des mots à cibler, la part du contexte plurilingue en milieu défavorisé), des pistes didactiques concrètes mises à l’essai pour développer la sensibilité lexicale et des effets observés chez les élèves par le personnel scolaire seront abordés. Nous dégagerons ainsi en quoi le développement d’un rapport positif face à l’apprentissage des mots est une pratique à considérer pour tous les élèves, mais particulièrement auprès de ceux de milieu défavorisé.

  • Communication orale
    Co-enseigner les mathématiques en contexte inclusif : analyse d'une séquence didactique adaptée aux écarts de niveau en milieu défavorisé
    Rose Laberge (Centre service scolaire de la Pointe de l'île)

    En milieu défavorisé, les élèves développent souvent un rapport fragilisé aux savoirs mathématiques, marqué par des malentendus sociocognitifs qui entravent leur engagement et leur réussite (Bonnery, 2007) Ces écarts, amplifiés par des différences dans l’accès au langage scolaire (Charlot, 1997), rendent nécessaire l’expérimentation de nouvelles approches pédagogiques.

    Cette communication présente une expérience de co-enseignement en mathématiques menée dans un dispositif inclusif : une classe de 6e année du primaire en milieu défavorisé, réunissant des élèves aux niveaux d'apprentissage hétérogènes (10 élèves en grande difficulté, 10 élèves au niveau attendu), encadrés par une enseignante et une orthopédagogue à Montréal.

    Notre proposition s’inscrit dans la problématique du rapport au savoir mathématique des élèves en situation de difficulté scolaire ainsi qu’en situation de défavorisation. Ainsi, notre démarche vise à explorer sur le plan expérientiel comment le dispositif de co-enseignement peut contribuer à réduire les malentendus sociocognitifs (Bonnery, 2007) souvent observés en contexte défavorisé.

    Nous proposons d’étudier cette séquence didactique spécifique en mathématiques qui utilise le jeu éducatif et l’APL (apprentissage par la lecture). Nous examinerons comment le coenseignement ainsi que les modalités de différenciation pédagogique mises en œuvre par l'équipe enseignante peuvent soutenir l'engagement de tous les élèves, et notamment des plus vulnérables.


Dîner

Dîner

Salle : D-4017 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D

Communications orales

Axe 1 : Le rapport à la littératie et à la numératie

Salle : D-4017 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    La philosophie pour enfants en milieu défavorisé : un espace pour révéler et interroger nos rapports au savoir
    Mathieu Gagnon (Université Laval), Éveline Mailhot-Paquette (Université de Montréal)

    Dans cette communication, nous souhaitons présenter le potentiel de la philosophie pour enfants (PPE) pour mettre à jour et interroger nos rapports aux savoirs (RS), et ce, particulièrement en milieu défavorisé. En premier lieu, nous introduirons notre conception des RS (Gagnon, 2011) et montrerons l’importance d’y réfléchir, notamment puisqu’ils influencent les interventions éducatives et sont considérés comme des facteurs de persévérance et de réussite scolaire (Charlot et al., 1992; Lenoir, 2000). Dans un second temps, nous présenterons la PPE, une pratique qui repose sur une conception inclusive de la communauté et qui part du principe que les élèves sont des interlocuteurs valables pour aborder des questions centrales de l’existence (Lipman/Sharp, Levine, Fletcher, Haynes). Finalement, nous examinerons l’hypothèse que la PPE, grâce à ses fondements (faillibilisme, conception non-déficitaire de l’enfance, diversification des perspectives, etc.) est un espace prometteur pour interroger nos RS, notamment car les élèves y développent une prise de parole dialogique et divergente et car l’enseignant.e y met en place une posture de questionnement réflexif. Appuyés par quelques témoignages d’enseignant.es, nous montrerons alors la pertinence d’intégrer la PPE en milieu défavorisé, un contexte caractérisé par une diversité de bagages socioculturels qui façonne les épistémologies personnelles, où l’importance d’interroger les RS est particulièrement saillante (Lahire, Charlot).


Communications orales

Axe 2 : Le rapport au numérique

Salle : D-4017 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Rapport au numérique : enjeux de continuité – discontinuité dans les habitudes attentionnelles des jeunes
    Charles Bourgeois (Université de Sherbrooke), Jean Gabin Ntebutse (UdeS - Université de Sherbrooke)

    L’omniprésence du numérique contribue au développement d’une culture caractérisée par une volonté d’instantanéité et de multitâche (Boyd, 2015). La forme scolaire, impliquant une attention plus soutenue, se retrouve souvent en dissonance avec les habitudes attentionnelles des jeunes, particulièrement dans les milieux défavorisés (Gui et al., 2017). Delamotte (2014) affirme que certaines habitudes adoptées au quotidien ne devraient pas se voir encouragées à l’école. Le multitâche serait nuisible à l’apprentissage. Le sociologue Hartmut Rosa (2023) suggère que la situation n’est pas aussi simple. Une attitude que l’apprenant jugerait hostile envers sa culture amène le risque d’un repli de sa part. Comment établir une continuité sans encourager des habitudes attentionnelles nuisibles à l’apprentissage?

    Cette communication vise à présenter une recension des écrits sur les habitudes attentionnelles des jeunes du secondaire comme manifestation de leur rapport au numérique (Collin, 2017). Elle mobilise un cadre issu de la cognition située pour démontrer qu’un apprenant doit prendre conscience de son rapport au numérique pour pouvoir s’ajuster aux contraintes physiques et sociales de la forme scolaire (Bourgeois et Ntebutse, 2021). Le regard de l’apprenant se révèle un facteur plus déterminant que les caractéristiques dites objectives de la situation. Cette communication offrirait des pistes pour combler l’écart entre l’école et la culture numérique des jeunes.

  • Communication orale
    Le rôle des technologies éducatives dans la réduction des inégalités scolaires en milieu défavorisé : une étude de cas dans les écoles de la Rive-Sud de Montréal
    Youssef Kasmi Bakkali (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Cette communication propose d'explorer le rôle des technologies éducatives dans la réduction des inégalités scolaires en milieu défavorisé, en se basant sur une étude de cas menée dans trois écoles situées sur la Rive-Sud de Montréal. L'objectif principal est d'analyser comment l'intégration des outils numériques dans les pratiques pédagogiques peut influencer le rapport au savoir des élèves issus de milieux socio-économiquement faibles.

    L'étude s'appuie sur des entretiens semi-directifs avec des enseignants et des élèves, ainsi que sur des observations de classe, pour comprendre les mécanismes par lesquels les technologies éducatives peuvent soit renforcer, soit atténuer les inégalités scolaires. Les résultats préliminaires suggèrent que, bien que les technologies offrent des opportunités pour personnaliser l'apprentissage et engager les élèves, leur efficacité dépend largement de la formation des enseignants et de l'accès équitable aux ressources numériques.

    Cette communication s'inscrit dans l'axe 2 du colloque, "Le rapport aux technologies éducatives", et vise à contribuer au débat sur les pratiques pédagogiques adaptées aux réalités des milieux défavorisés. Les implications pour la formation des enseignants et les politiques éducatives seront également discutées.

  • Communication orale
    Le rapport au numérique des élèves de milieux défavorisés : un enjeu d’équité
    Geneviève Audet (Université du Québec à Montréal), Dominique Chouinard (Une école montréalaise pour tous), Simon Collin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Denise Nelly (Une école montréalaise pour tous), Martin Roussel (Une école montréalaise pour tous)

    Cette communication a pour but de présenter quelques pistes d’intervention prometteuses et de prolonger la réflexion collective entamée avec des acteurs scolaires sur la question de l'équité numérique en éducation. Il s'agira plus précisément d'interroger le rapport au numérique des élèves (et de leur famille) en milieu défavorisé, à travers le prisme du rapport aux savoirs. Nous aborderons notamment les points suivants:

    • Place du numérique en éducation
    • Inégalités numériques: avoir, savoir, pouvoir
    • Diversité des outils numériques et regard critique
    • Regard capacitant sur les familles des élèves issus de milieux défavorisés
    • Les écarts entre les différents milieux socio-économiques dans l'accès et l'usage du numérique
  • Communication orale
    L’accès au numérique en milieu scolaire, une perspective communautaire
    Thilini Weerathunga (Jeunesse unie), Élisabeth Atchadé (Afrique au féminin)

Communications orales

Axe 3 : Le rapport à l’art

Salle : D-4017 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Pour un rapport au savoir créatif en éducation : l'apprentissage comme mode de création et de transformation sociale.
    Kevin Naimi (Université Laval)

    Cette communication souligne la nécessité d'un rapport au savoir créatif, non seulement dans les arts, mais aussi au cœur même de l'apprentissage. S'appuyant sur des méthodes de recherche (Greenwood, 2019) et des épistémologies (Brinkmann & Tanggaard, 2010) inspirées des arts, je propose une conception créative de l'apprentissage et la nécessité d'un rapport au savoir créatif en éducation pour la justice sociale. Cet exposé débutera par une réflexion sur les fondements épistémologiques de l'éducation contemporaine (Biesta, 2015). Selon cette perspective, les élèves sont vus comme des réceptacles passifs d'un savoir préétabli. Ce modèle cultive un rapport au savoir passif (Freire, 2000) et, ce faisant, réduit l’agentivité des élèves dans le processus d'apprentissage. Par contraste, et en s'appuyant sur les penseurs sociomatérialistes (Tanggaard, 2013) et de la sociologie relationnelle (Roudavski, 2016), cette présentation proposera une conception de l'apprentissage comme un type d'engagement créatif (Adams, 2018) où les élèves s'engagent dans un travail symbolique important et participent aux processus essentiels la reproduction interprétative (Corsaro, 2014) de la société et la fabrication du monde (Gergen, 2015). Après avoir abordé les principes clés et les implications de la création éducative (Naimi, 2021), je terminerai par une réflexion sur les approches artistiques en éducation qui créent un environnement plus créatif et juste.

  • Communication orale
    Réfléchir le rapport aux savoirs par l’éducation esthétique
    Marika Crête-Reizes (Terrain de jeu)

    Comment la rencontre avec une œuvre d’art peut-elle participer positivement au rapport qu’a l’élève aux savoirs? Qu’active-t-elle chez lui·elle qui puisse le·la rendre disponible et disposé·e à apprendre? Comment considérons-nous le bagage social et culturel de l’élève, et quelle place y accordons-nous en salle de classe? L’éducation esthétique est une approche qui met à l’avant-plan les arts en éducation. Théorisée par la philosophe américaine Maxine Greene, cette approche a trouvé écho dans les milieux artistique et scolaire québécois que récemment. Si l’éducation esthétique offre une perspective innovante sur le rapport culture-éducation et la posture enseignante adoptée en milieu scolaire, elle soulève aussi d’intéressantes questions quant à notre contexte scolaire québécois et à notre vision de l’éducation. Dans le cadre de ma communication, je prendrai appui sur un extrait de l’ouvrage phare de Greene (Variations on a Blue Guitar, 2001), afin de mettre en lumière de façon concrète la portée qu’ont les expériences sensibles avec et par les arts dans les chemins d’apprentissages des élèves, et le rapport positif qu’elles activent face aux savoirs. Des ressources liées à mes expériences et travaux seront également partagées.

  • Communication orale
    L'éducation esthétique comme levier d'engagement et d’évolution du rapport aux savoirs : une étude de cas en milieu scolaire montréalais
    Marie-Christine Beaudry (UQAM - Université du Québec à Montréal), Sylvain Brehm (Université du Québec à Montréal), Isabelle Carignan (TÉLUQ), Sarah Hammoun (Université du Québec à Montréal), Kathleen Sénéchal (Université du Québec à Montréal)

    Cette communication analyse le rôle de l'éducation esthétique (Greene, 2001) dans le rapport aux savoirs d'élèves du secondaire par une étude de cas menée auprès d'élèves ayant participé à une médiation culturelle sur le slam proposée par la Place des Arts de Montréal. Nous examinerons comment une médiation privilégiant l'expérimentation, la créativité et la participation active peut favoriser l'engagement et une certaine évolution du rapport à l’écrit et à l’art poétique.

    Les résultats, issus de données qualitatives et quantitatives, révèlent une modification significative de la perception des élèves vis-à-vis des activités culturelles, particulièrement chez ceux initialement désintéressés par ce genre d’activités en contexte scolaire. L'éducation esthétique, combinée à la rencontre avec des artistes, a aussi favorisé la confiance en soi, la découverte de talents cachés et une ouverture à de nouvelles formes d'expression. En explorant les dimensions affectives, sociales et cognitives de l'éducation esthétique, cette communication soulignera le potentiel de cette approche, notamment pour renforcer l'estime de soi en offrant aux élèves un espace d'expression libre et valorisant, pour développer la cohésion sociale et l'ouverture aux autres en encourageant la collaboration, l'écoute et le respect des différences. Enfin, en favorisant l’exploration de formes artistiques contemporaines et accessibles, elle peut contribuer à modifier le rapport à l'écrit des élèves.

  • Communication orale
    Stratégies pour vivre pleinement une sortie culturelle signifiante à l'école primaire
    Manon Claveau (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Les enfants, notamment ceux et celles issus de milieux défavorisés, sont généralement considérés comme des publics éloignés des arts. Ceci a assurément des effets sur leur rapport à la fréquentation et à l’appréciation de spectacles de théâtre professionnels en tant qu’objet de savoir culturel (Nadeau et al., 2021) et sur l’expérience esthétique que celui-ci pourrait induire. Ce type fondamental d’expérience attentionnelle, sensible et transformatrice participe au développement intellectuel et émotionnel des élèves ainsi qu’à celui de leur goût pour l’art et amène la confiance en soi, la persévérance, la pensée critique et l’empathie (Mendonça et Mayrand, 2025 ; Aghaosa, 2015 ; Greene et al., 2013, 2014). Une expérience esthétique ne pourrait advenir que si les spectateurs et spectatrices adoptent une forme de pratique de soi dans un cadre collectif (Villagordo, 2018) qui n’est pas innée et dans certaines conditions souvent hors du contrôle des enfants. Cette communication, échafaudée à partir des résultats préliminaires d’un projet de maîtrise en didactique et d’une quinzaine d’années de pratique en médiation culturelle dans le domaine du théâtre jeunesse, avance des propositions de stratégies pour que les élèves du primaire soient à même de se constituer une expérience esthétique et de lui donner du sens et de la valeur (Dewey, 1934 ; Lemonchois, 2018) avec confiance afin de vivre pleinement une sortie culturelle signifiante et de développer un rapport au théâtre positif.

  • Communication orale
    Quand le jeu raconte !
    Sandy Bessette (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette communication explore comment les pratiques artistiques participatives peuvent transformer le rapport au savoir des élèves du primaire en milieux défavorisés.

    Avec le projet Quand le jeu raconte, en collaboration avec l’organisme Une école montréalaise pour tous, la compagnie La marche du crabe cherche à rejoindre les jeunes dans leurs environnements. Les 6 rencontres de médiation culturelle ainsi que la représentation du spectacle Amarelinha se déroulent dans leur cour d’école.

    Par des jeux ludiques aux règles très strictes, les élèves sont amenés à découvrir des mécanismes de jeux théâtraux, mais également à conscientiser leurs mécanismes relationnels en groupe. À travers le spectacle, ils sont amenés à vivre une expérience kinesthésique des thèmes en enjeux de l’œuvre.

    Ce projet cherche à déplacer le cadre traditionnel d’acquisition de connaissance et en valorisant d’autres formes d’intelligence, usant de la contagion kinesthésique, l’implication physique et le ludisme, mais surtout en utilisant les jeux – auxquels chacun tente de gagner – afin d’adresser la partie réactive et animale du cerveau, pour ensuite poser un regard plus analytique sur nos choix en état d’alerte.


Dîner

Dîner

Salle : D-4017 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D

Communications orales

Axe 4 : Intersectionnalité

Salle : D-4017 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Se construire comme élève lorsqu’on vit dans un logement de transition : une exploration
    Alegria Erika (University Brock), Diane Farmer (University of Toronto), Frederick Oppong (University Brock), Rebecca Raby (University Brock), Christine Tardif-Williams (University Brock), Dawn Trussell (University Brock)

    Cette communication s’intéresse aux enfants (familles) vivant dans des logements transitoires (abris, hôtels). Comment se construisent-ils comme élèves dans ces circonstances alors qu’ils doivent changer d’école fréquemment ? Nous privilégions l’expérience des enfants dans l’étude des conditions matérielles et symboliques qui façonnent le rapport au savoir (Charlot,1997). L’analyse s’inscrit au carrefour de la sociologie de l’éducation et des recherches sur l’enfance en sciences sociales (James, 2007 ; Tisdall et Punch, 2012; Christensen et James, 2008; Drachici et Garnier, 2020; Garnier, 2015; Lahire, 2019; Leroy, 2020; Sirota, 2015; Spyrou, 2018; Sutterlüty et Tisdall, 2019). Des pistes exploratoires tirées de deux études sont proposées. La première étude
    (Raby, Tardif-Williams, Alegria, Oppong et YWCA Niagara) permet de contraster un discours stigmatisant en illustrant les capacités des enfants à naviguer des situations difficiles (Fairchild et coll., 2017). Le secret entourant le logement, les défis matériels, mais aussi les liens d’amitié et le fait d’aimer l’école sont parmi les thèmes traités. La deuxième étude (Farmer) nous renseigne sur le sens donné par les élèves migrants au fait de changer d’école. La proposition contribue à l’axe défavorisation et intersectionnalité où sont mis en valeur les effets de précarité du logement, l’origine sociale et ethnique, et l’immigration. L’étude s’inscrit dans une nouvelle recherche partenariale (Tossutti, CP, CRSH, 2024-2027).

  • Communication orale
    La construction des familles « les plus éloignées culturellement de l’école » : une lecture intersectionnelle des asymétries familles-école
    Corina Borri-Anadon (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Marie-Pascale Béland (Université de Montréal), Roberta Soares (Université d'Ottawa)

    L’institutionnalisation de la norme partenariale dans la collaboration ÉFIC, conçue d’entrée de jeu comme étant symétrique, repose sur l’idée que tous les parents adhèrent et détiennent les ressources pour répondre aux attentes de l’école, ce qui non seulement remet en cause le rapport d’égalité qu’elle promeut, mais risque de contribuer à accentuer les inégalités vécues par les familles « les plus éloignées culturellement de l’école » (Périer, 2008, p.1).

    À partir d’une démarche ethnographique réalisée auprès des acteurs et actrices scolaires et familles impliquées dans un modèle hybride de services d’accueil et de soutien à l’apprentissage du français, les points de vue des parents et les pratiques des acteurs et actrices scolaires à leur égard ont été documentés (Béland et Borri-Anadon, 2024; Soares et al., 2023). Ces données permettent de mettre en évidence différentes asymétries dans le rapport des parents à l’école. Cette contribution tentera, par le biais d’une lecture intersectionnelle, à dégager comment la construction des familles comme étant « les plus éloignées culturellement de l’école » participe, voire légitimise ces asymétries.

  • Communication orale
    Les élèves immigrants issus de pays hispanophones de l’Amérique latine et leur vision critique du savoir en milieu scolaire québécois
    Fabiola Melo (UdeM - Université de Montréal)

    Cette communication portera sur le rapport au savoir des élèves immigrants provenant des pays hispanophones de l’Amérique latine fréquentant la classe régulière au secondaire à Montréal. Au Québec, 24,1% des élèves de première génération d’immigration proviennent de l’Amérique latine (Statistique Canada, 2022). Des recherches révèlent que ces jeunes font partie des groupes ayant des parcours scolaires fragiles au Québec (Magnan et al., 2019). Notre recherche qualitative inclut des entretiens semi-dirigés (Demazière, 2008) réalisés avec des élèves (n=8) et leurs enseignants (n=3), observés dans 3 classes régulières de secondaire 4 et 5. Une analyse thématique de contenu (Paillé et Mucchielli, 2016) est faite à partir d’un cadre théorique portant sur le rapport au savoir (Charlot, 1994). Les résultats révèlent que les élèves interrogés ont une vision critique du niveau d’exigence à l’école au Québec; pour ceux, les savoirs enseignés ne sont pas très avancés en comparaison à leur pays d’origine. De plus, plusieurs barrières systémiques entravent la capacité des jeunes à accéder aux informations leur permettant de bien décoder le système éducatif québécois. Ainsi, la dimension sociale du savoir (l’accès aux informations du contexte social, ici, l’école à Montréal) semble impacter négativement leurs parcours scolaires. Pour conclure, cette parole des jeunes invite à repenser les pratiques en milieu scolaire afin d’améliorer la dimension sociale de leur rapport au savoir.

  • Communication orale
    L'école alternative comme espace de reconstruction du rapport au savoir : expérience d'élèves en classe d'accueil
    Khalid Gueddari (UdeM - Université de Montréal)

    Cette communication s'intéresse à la manière dont les élèves nouvellement arrivés construisent leur rapport au savoir dans le contexte d'une école alternative. À travers mon expérience à l’école primaire L’envol, la seule école alternative au Québec qui accueillait des classes d'accueil jusqu’en 2024, j’examinerai comment l'approche pédagogique alternative influence le processus d'adaptation scolaire et le rapport aux savoirs des élèves immigrants.

    L'analyse s'appuie sur mes 14 ans d'expérience auprès d'élèves en classe d'accueil et met en lumière les particularités de leur cheminement dans un environnement qui valorise l’autonomie, l’estime de soi, la collaboration, l’équité et les projets, tout cela au rythme de l’enfant. J'expliquerai notamment les défis et les opportunités que présente ce modèle alternatif pour des élèves en apprentissage du français

    Cette présentation s’ancre dans l’axe 4 puisqu’elle permet d'observer comment l'intersection entre le statut d'immigrant, l'apprentissage d'une nouvelle langue et l'adaptation à un modèle pédagogique “innovant” influence le rapport au savoir des élèves. Les observations et réflexions personnelles partagées pourraient contribuer à enrichir la compréhension des pratiques qui favorisent un rapport positif au savoir chez les élèves nouvellement arrivés.

  • Communication orale
    L’ennui comme facteur d’influence sur le rapport aux savoirs des élèves en milieu défavorisé : données empiriques sur la maîtrise de soi, l’alexithymie, l’agentivité et le stress
    Chantal Trudel (University of Waterloo)

    L’ennui chronique, c’est la disposition à ressentir l’ennui plus intensément et plus fréquemment
    que la plupart des gens. Des études menées dans notre laboratoire ont corrélé la disposition à l’ennui avec un faible statut socioéconomique, une faible maîtrise de soi et l’alexithymie, ainsi qu’une diminution du sens de l’agentivité. L’ennui chronique a aussi des liens étroits avec les problèmes d’inattention, les problèmes psychosociaux tels que la consommation de drogues et d’alcool, la dépression et l’anxiété.

    Récemment, mes travaux en laboratoire fondés sur l’analyse de marqueurs physiologiques (c.-à-d., le rythme cardiaque et la conductance cutanée) ont détecté une plus grande réponse au stress chez les participants en situation ennuyeuse que chez les participants en situation intéressante. Ces résultats préliminaires suggèrent que l’ennui a un effet stressant qui cadre bien avec la valence négative attribuée à cette expérience.


    Dans les milieux éducatifs où l’ennui est une expérience courante, reconnaître ses impacts sur le
    bien-être mental peut contribuer à mieux contextualiser les attitudes et dispositions des élèves face à
    leurs apprentissages. Cette présentation visera à ouvrir un dialogue sur les implications concrètes de ces
    données empiriques issues de la recherche fondamentale vers la transformation des savoirs en pratiques
    novatrices.


Panel / Atelier

Table ronde interactive

Salle : D-4017 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D