Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Apprendre à écrire est un facteur important pour la réussite scolaire et, ultimement, pour l’épanouissement des citoyennes et citoyens au sein de la société (Spinillo et Sotomayor, 2023). L’écriture permet non seulement de communiquer avec ses pairs, mais aussi de diffuser ses idées, de défendre ses opinions, d’informer la population et d’inventer des histoires (Graham et Harris, 2019). Or, atteindre une certaine expertise scripturale ne se fait pas en un jour, comme en témoignent, année après année, les taux de réussite aux épreuves certificatives d’écriture au secondaire et au postsecondaire (Boivin et coll., 2022; Dion-Viens, 2024; Morasse, 2022). Du point de vue cognitif, écrire serait « la plus coûteuse des activités mentales humaines » (Favart et Olive, 2005, p. 278), en raison notamment de la gestion en mémoire des différents traitements nécessaires à l’élaboration du contenu, aux choix lexicaux, syntaxiques et orthographiques, et à la mise en œuvre de stratégies rédactionnelles (Alarmargot et Chanquoy, 2011; Berninger et Amtmann, 2003; Berninger et Winn, 2006; Dabène, 1995). Du point de vue affectif, les élèves n’entretiennent pas tous un rapport positif à l’écriture, ce qui nuit à leur engagement dans cette tâche (Barré-de-Miniac, 2015; Chartrand et Blaser, 2008). En effet, leur motivation à écrire et leur sentiment de compétence en écriture déclinent significativement au fil de leur scolarité, notamment lors de la transition du primaire vers le secondaire (MEESR, 2015, p. 66). Pour le corps enseignant, ces aspects cognitifs et affectifs, conjugués aux attentes élevées de la société envers la maîtrise de la langue et à l’évolution des pratiques d’écriture numérique, font en sorte que l’évaluation de l’écriture vient avec un lot considérable d’enjeux didactiques. Ce colloque portera un regard actuel sur l’évaluation de l’écriture en croisant les constats issus des plus récents travaux de recherche grâce à des contributions ancrées dans divers milieux scolaires.
Cette 2e édition du colloque sur le thème de l’évaluation de l’écriture se veut une occasion de réunir des contributions de recherches ancrées dans deux axes principaux.
Axe 1 : Portrait des pratiques actuelles d’évaluation de l’écriture du préscolaire à l’université (recensions, sondages, observations, récits de pratique, etc.).
Axe 2 : Innovations en évaluation de l’écriture émergeant, entre autres, de projets de recherche-action, de recherche-développement ou de recherche quasi expérimentale.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Katrine Roussel (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Marie-Pier Godin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Kathleen Whissell-Turner (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Regards croisés sur l’évaluation de l’écriture en contexte scolaire
-
Communication orale
Pratiques évaluatives de l’écriture: résultats d’une recherche écocollaborative au secondaire québécoisCamille Puel (UQAM), Katrine Roussel (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Pour le personnel enseignant le français au secondaire, l’évaluation de l’écriture comporte plusieurs enjeux, dont celui d’amener les élèves à réussir les épreuves certificatives de fin de cycle. Même si l’écriture ne se résume pas qu’à ces tâches fortement paramétrées, il est fréquent que les épreuves dites à enjeux forts influencent les pratiques évaluatives, peu importe la discipline enseignée (Bélair et Dionne, 2009; Merle, 2012; Mottier Lopez et Crahay, 2009; Rozenwajn et Dumay, 2014; Yerly, 2017). Dans ce contexte, nous cherchons à répondre à la question suivante : quels facteurs orientent les pratiques évaluatives de l’écriture d’enseignant·es de français du secondaire québécois ? Durant une année scolaire, une enquête qualitative de terrain a été conduite en écocollaboration (Lessard et coll., 2017) avec cinq enseignantes (entretiens individuels et collectifs, observations en contexte écologique). Nous présentons les résultats préliminaires liés. Le codage des données qualitatives s’est appuyé sur une grille thématique construite de manière déductive et inductive. L’analyse a notamment permis de relever des contraintes prescriptives et structurelles ainsi que des facteurs d’influence individuels prépondérants, comme l’épreuve ministérielle, la charge de travail associée à la correction ainsi que la formation antérieure. Nous discuterons des retombées de ces résultats pour les milieux de pratique et la formation en enseignement du français au secondaire.
-
Communication orale
Les pratiques évaluatives en amont de l’épreuve unique : tensions entre soutien aux apprentissages et exigences certificativesTessa Boie (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Jennifer Smith (Université du Québec en Outaouais (campus de Gatineau))
L’évaluation de l’écriture en 5e secondaire repose sur un équilibre entre le soutien aux apprentissages et la préparation aux exigences certificatives de l’épreuve unique. Cette épreuve structure les pratiques évaluatives mises en place tout au long de l’année scolaire. Cette communication présente les résultats d’une analyse des pratiques évaluatives déclarées par les enseignant.es pour soutenir l’apprentissage de l’écriture en amont de cette épreuve certificative. L’analyse de neuf entrevues semi-dirigées met en lumière diverses stratégies, dont l’enseignement explicite des techniques argumentatives, la rétroaction et l’accompagnement différencié. La réussite à l’épreuve unique constituant un enjeu majeur, elles modulent leurs pratiques afin de répondre aux exigences certificatives. Cette tension s’observe et tend à structurer l’enseignement de l’écriture en fonction des critères ministériels. Prises entre l’accompagnement des élèves et la nécessité de les préparer à l’épreuve, les personnes enseignantes ajustent leurs pratiques, parfois au détriment d’approches plus motivantes. Cette communication s’intéressera aux tensions entre l’évaluation régulatrice et l’évaluation certificative, en mettant en évidence les défis et les compromis qu’implique cette double exigence.
-
Communication orale
Correction de productions écrites d'élèves : analyse des pratiques annotatives d'enseignants de français du secondaireTessa Boies (Université du Québec à Rimouski, campus de Rimouski), Jennifer Smith (UQO - Université du Québec en Outaouais), François Vincent (Université du Québec en Outaouais, campus Gatineau)
La correction de productions écrites est cruciale au développement de la compétence à écrire des élèves, mais celle-ci demeure un défi pour de nombreux enseignants de français du secondaire (Garcia-Debanc, 2022). Les annotations laissées sur les copies, sous forme de commentaires, suggestions et biffures, offrent un guidage précieux aux élèves pour la correction et la réécriture (Doquet et Pilorgé, 2020). Or, de récentes études (Boré et Bosredon, 2018; Moysan et al., 2022) confirment que l'attention des enseignants se porte principalement sur les aspects formels de la correction, une tendance constante depuis plus de deux décennies. À l’instar d’autres chercheurs (Moysan et al., 2022), nous considérons que la focalisation sur ces aspects est réductrice de l’appréciation de la compétence à écrire des élèves.
Cette communication présente les résultats d'une analyse croisée d’annotations écrites laissées sur des copies d'élèves ainsi que de verbatims d'entretiens d'explicitation recueillis auprès de douze enseignants de français du secondaire. Dans un premier temps, les pratiques annotatives préconisées par les enseignants seront décrites. Dans un second temps, l’explicitation du jugement évaluatif des participants, instrumenté par une grille d’évaluation critériée, sera abordée. L’analyse croisée des données mettra ainsi en lumière les distinctions entre les aspects de l’écriture ciblés par les annotations et ceux pris en compte dans l’exercice du jugement évaluatif final.
-
Communication orale
Soutenir les enseignant·es du primaire dans l’évaluation du vocabulaire en écriture : une recherche-développementAya Bouebdelli (UdeM - Université de Montréal)
La production d'un texte écrit est une tâche complexe impliquant divers aspects pour assurer sa qualité, dont les choix lexicaux. Au Québec, le critère « vocabulaire » représente, au primaire, 20 % de la note en écriture (MÉQ, 2012). Pourtant, la recherche démontre que l'enseignement lexical est peu présent dans les classes, ce qui nous amène à nous interroger sur la pertinence des indicateurs du ministère utilisés par les enseignant·es pour évaluer le vocabulaire en écriture, ceux-ci demeurant flous et imprécis.
Bien que peu d’études se soient intéressées aux annotations des enseignant·es en lien avec le vocabulaire au primaire, celles-ci demeurent peu systématiques et souvent vagues dans les classes de français au secondaire (Anctil, 2011), offrant peu de pistes aux apprenant·es pour la correction. Ces constats témoignent d’un besoin chez les enseignant·es, qui souhaitent porter un jugement plus éclairé sur le vocabulaire dans les textes des apprenant·es.
Cependant, peu d’outils sont disponibles pour les aider à évaluer ce critère et à formuler des rétroactions, une tâche souvent perçue comme complexe. Face à ces constats, nous souhaitons développer et tester une grille de correction auprès d’enseignant·es du primaire. Nous réfléchissons à la nécessité d’affiner les indicateurs du MÉQ afin de soutenir les enseignant·es dans l’évaluation plus objective du vocabulaire des apprenant·es et la formulation de rétroactions visant à améliorer la dimension lexicale de leurs textes.
-
Communication orale
L’évaluation à perspective formative en appui au développement de la compétence Écrire des textes variés dans le contexte d’une recherche collaborativeCatherine Provencher (UdeS - Université de Sherbrooke), Myriam Villeneuve-Lapointe (Université de Sherbrooke)
Produire un texte est un acte complexe, qui demande aux élèves de mettre en œuvre une série d’opérations cognitives et diverses habiletés rédactionnelles (MÉQ, 2011). Cela pourrait expliquer que plusieurs élèves québécois n’atteignent pas les seuils minimaux de réussite en écriture (Drainville, 2017; Correnti et al., 2022). Par conséquent, des interventions doivent être ciblées par les personnes enseignantes qui sont responsables de planifier l’apprentissage et l’évaluation de cette matière (MÉQ, 2017). S’inscrivant dans une perspective formative de l’évaluation et ayant comme intention de soutenir l’apprentissage, certaines personnes enseignantes privilégient la rétroaction (Fletcher, 2018). Cela permettrait aux élèves de mieux connaitre leurs forces et leurs défis, en plus d’être guidés dans les actions à entreprendre pour améliorer leurs textes (Mak et Wong, 2018). Or, les personnes enseignantes ont besoin de développer leur capacité à offrir de la rétroaction de qualité à leurs élèves (Parr et Timperley, 2010). C’est donc dans cette perspective de développement professionnel que s’inscrit le projet doctoral pour lequel nous documenterons les pratiques de rétroaction lors de la mise à l’essai d’un dispositif cocréé avec les personnes participantes. L’objectif principal de la communication est de présenter le cadre de référence sur lequel s’appuie le dispositif à cocréer, en considérant les pratiques de rétroaction éprouvées par la recherche.
-
Communication orale
L’évaluation de l’écriture au service des apprentissages dans les cercles d’auteur·esOphélie Tremblay (UQAM - Université du Québec à Montréal), Elaine Turgeon (UQAM)
Un cercle d’auteur·es est un dispositif collaboratif d’enseignement et d’apprentissage de l’écriture, qui mise sur le plaisir d’écrire pour soutenir la motivation et le développement de la compétence à écrire (Vopat, 2009 ; Tremblay, Turgeon et Gagnon, 2020). Dans un cercle d’auteur·es, les participant·es se réunissent en équipe de 4 pour planifier, réviser et corriger ensemble les textes produits individuellement par chacun·e. Neuf enseignantes ayant participé à deux années d’une recherche-action sur les cercles d’auteur·es (Tremblay, Turgeon et Sénéchal, 2025) ont rempli un questionnaire portant sur l’évaluation du processus d’écriture au fil des étapes du dispositif (cercles de planification, de partage, de révision et de correction). Elles ont identifié les éléments de contenu à évaluer en écriture et ont ciblé des outils et des façons de faire pour évaluer la compétence à écrire des élèves aux différentes étapes des cercles d’auteur·es. La synthèse des réponses aux questionnaires montre l’importance d’une évaluation de l’ensemble du processus d’écriture et non pas seulement du produit fini, en plus de mettre en lumière des outils d’évaluation adaptés à la nature collaborative du dispositif. Les données recueillies illustrent enfin le potentiel de pratiques d’évaluation en écriture au service des apprentissages dans les cercles d’auteur·es.
Dîner
Regards croisés sur l’évaluation de l’écriture en contexte scolaire
-
Communication orale
Effectuer une évaluation des compétences en orthographe à l’aide d’une dictée diagnostique à correction et à analyse automatisées pour dresser un profil de scripteur instantanémentMichèle Potvin (UdeS - Université de Sherbrooke)
Des cinq critères d’évaluation de l’écriture, celui de l’orthographe est le plus bas avec un taux de réussite sous les 57 % à l’épreuve d’écriture de 5e secondaire depuis 2009. L’élève traine des lacunes qu’on pourrait repérer avec une évaluation diagnostique de l’orthographe, mais cela exige du temps de correction et d’analyse d’erreurs que les enseignants n’ont pas.
Pour y remédier, l’orthopédagogue Michèle Potvin a conçu et validé un outil numérique qui dicte le texte, corrige et classe les erreurs phonétiques, lexicales et morphosyntaxiques pour donner un profil de scripteur instantané. Cet outil s’insère au niveau 1 de l’approche de réponse à l’intervention, le dépistage universel.
Bien que la rédaction d’un texte demeure idéale pour évaluer l’écriture, la dictée diagnostique s’avère un excellent moyen d’évaluer la maitrise de l’orthographe, car on contrôle le contenu à évaluer et l’élève ne peut pas contourner les règles comme il le fait dans ses rédactions.
Dans cette conférence, la conceptrice discute de la pertinence d’effectuer une dictée diagnostique pour évaluer l’orthographe. Elle présente l’outil, ses bases théoriques et les résultats probants de l’étude de validation effectuée à l’Université de Sherbrooke en 2017-2020. Elle révèle aussi des constats sur les compétences en orthographe en 1re secondaire, issus de l’analyse des résultats de l’étude et encore observés dans les 65 écoles utilisatrices de l’outil de la 3e année du primaire jusqu’au postsecondaire. -
Communication orale
La syntaxe sous la loupe : vers une évaluation détaillée en écritureMarie-France Côté (UQAM), Line Laplante (UQAM), Audrey Leblanc (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les difficultés syntaxiques au primaire et au secondaire sont fréquentes (Boivin et Pinsonneault, 2018) et elles compromettent la réussite en écriture des élèves. Ainsi, pour intervenir efficacement et favoriser des progrès, il est important d’avoir des outils d’évaluation facilitant l’identification des besoins en syntaxe des élèves. Toutefois, les outils d’évaluation utilisés en milieu scolaire permettent rarement de déterminer avec précision les besoins en syntaxe des élèves ou de pister les progrès réalisés pendant une intervention, proposant généralement une analyse quantitative pour évaluer les performances. Des grilles d’analyse peuvent être disponibles en complémentarité de ces outils, mais elles sont souvent peu informatives ou utiles pour documenter les progrès et les difficultés des élèves ou nuancer les résultats. Cette communication visera à présenter l’outil d’évaluation en syntaxe en écriture et la grille d’analyse développés et utilisés dans le cadre d’une recherche doctorale auprès d’élèves ayant un trouble développemental du langage, des élèves reconnus pour leurs importantes difficultés syntaxiques. Des portraits détaillés des connaissances et habiletés syntaxiques des participants suivant l’utilisation régulière de ces deux outils seront présentés. Enfin, une discussion abordera les avantages et les défis de recourir à ces outils en milieu scolaire.
-
Communication orale
Comment les apprenants L2 utilisent-ils les pronoms objet clitiques à l'écrit ? Une analyse de corpus assistée par l’IAAngel Arias (Université Carleton), Émilie Courteau (Université Dalhousie), Guillaume Loignon (UQAM - Université du Québec à Montréal)
-
Communication orale
Coconstruction d’un code de correction en écritureMartin Bouchard (Collège Sainte-Anne), France Deblois (Collège Sainte-Anne), Geneviève Fortin (Collège Sainte-Anne), Isabelle Gauvin (UQAM - Université du Québec à Montréal), Katrine Roussel (UQAM), Marianne Streicher-Létourneau (Collège Sainte-Anne)
Cette proposition théorique a pour but d’uniformiser un code de correction du français écrit langue d’enseignement au niveau secondaire. Ce travail est une coconstruction entre chercheures et enseignants. L’objectif final de ce code de correction est de fournir une rétroaction descriptive permettant aux élèves de comprendre la nature de leurs erreurs et le processus pour les corriger.
Un constat dans le libellé de la codification antérieure a permis de mettre en lumière des incohérences, des inconsistances dans la formulation et des catégories non hermétiques. Ces failles freinent un apprentissage systématique sur le plan grammatical et nuisent au développement de l’autonomie des élèves. L’un des plus grands changements apportés dans la formulation de la codification a été de pointer une règle, et non une erreur, afin de favoriser l’utilisation d’ouvrages de référence, ce qui amène les élèves à acquérir des réflexes de scripteurs. Ainsi, le métalangage exploité dans le code est non seulement en corrélation avec la nouvelle grammaire, mais également avec leurs outils grammaticaux. De plus, cet effort de transparence didactique est démontré par une hiérarchisation dans la présentation de la codification. Celle-ci permet une différenciation quant à la précision du libellé. Dans le cadre de cette communication, nous mettrons de l’avant les avantages qu’un tel code peut apporter dans le développement de l’autonomie des scripteurs au niveau secondaire.