Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :L’enseignement supérieur (ES) est un champ d’études et de pratique qui s’est développé au fil des siècles notamment grâce aux collaborations internationales (Lafont, 2016) et à la mobilité des savoirs et des savants (Spychala, 2022). Même si, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les collaborations et la mobilité encouragent l’utilisation de l’anglais (Bégin-Caouette et coll., 2023), le français demeure une langue d’enseignement et de communication scientifique qui rassemble 321 millions de locuteurs, dont 132 millions de personnes apprenantes (OIF, 2022). Les États francophones et leurs établissements multiplient d’ailleurs les ententes de coopération et de mobilité (Burgun, 2023) afin de contribuer à l’émergence d’une Francophonie scientifique (AIFS-AUF, 2022). La consolidation de cet espace doit reposer sur des collaborations réciproques entre le Sud et le Nord, ce qui constitue un défi alors que l’on note que les collaborations sont marquées à la fois par des déséquilibres structurels (Garneau et Bouchard, 2013) et des dynamiques néocoloniales (Haag, 2012). Malgré la fracture numérique (Lythreatis et coll., 2022), les technologies émergentes pourraient encourager des mobilités internationales plus accessibles et inclusives (Selmer et coll., 2021). Le présent colloque vise à explorer les dimensions et enjeux des collaborations internationales en ES. L’on invite les chercheur·ses, les étudiant·es et les praticien·nes à communiquer les résultats de leurs travaux et leurs réflexions sur l’un ou l’autre des thèmes suivants : l’importance de l’ES pour le développement des sociétés francophones; les dynamiques de pouvoir dans les collaborations scientifiques et les mobilités, notamment Sud-Nord; les mécanismes favorisant une internationalisation éthique et transformatrice de l’ES; la promotion du français en ES et en recherche; les collaborations transnationales au service de la formulation de réponses aux grands défis du 21e siècle.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Olivier Bégin-Caouette (UdeM - Université de Montréal)
- Jason Luckerhoff (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
- Neerusha B. Gokool (UdeM - Université de Montréal)
- Martin Maltais (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
- Florent Michelot (Université Concordia)
- Eya Benhassine (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Cocktail du LIRES
- Mots de bienvenue du LIRES et de ses partenaires
- Annonce du lancement de l'ouvrage collectif L'université au Québec
- Remise du Prix Michel-Umbriaco et des bourses de l'équipe RIMES
Mot de bienvenue
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Communication orale
Mot de bienvenueOlivier Bégin-Caouette (UdeM - Université de Montréal)
La promotion du français en enseignement supérieur : responsabilité locale, nationale et internationale
La promotion du français en ES constitue un enjeu critique au moment où plusieurs observent une anglicisation croissante des publications scientifiques, des collaborations internationales et des programmes universitaires (Ammon, 2012). Elle soulève également des questions sur la place qu’occupe cette langue en enseignement et en recherche, notamment dans les pays francophones. Alors que sa promotion fait face à de nombreux défis (Gingras, 2014; Larivière, 2018), des acteurs à l’échelle locale, nationale et internationale développent et mettent en œuvre diverses initiatives permettant de soutenir son usage : les politiques institutionnelles prescrivent son usage (Bégin-Caouette et al., 2023); les plans stratégiques la promeuvent; plusieurs instances et programmes sont développés afin de renforcer la diversité culturelle et linguistique. À l’échelle nationale, des associations comme l’Acfas (2021) accompagnent les communautés dans la création, la diffusion et la valorisation des savoirs scientifiques en français, en plus d’encourager les acteurs gouvernementaux à se montrer plus actifs dans le soutien direct à la science en langue française (FRQ, 2023 ; Canada, 2024). Enfin, à l’échelle internationale, des organisations comme l’AUF (2022) et son AIFS (2024) travaillent activement à soutenir les collaborations internationales et la coopération scientifique. Ce panel souhaite faire état de ces initiatives et examiner les interrelations entre elles.
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Communication orale
Renforcer la Francophonie scientifique : les initiatives de l’AUF et de l’AIFSSlim Khalbous (Agence universitaire de la Francophonie)
À l’échelle internationale, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et son Académie Internationale de la Francophonie Scientifique (AIFS) jouent un rôle clé dans le soutien des collaborations et de la coopération scientifique en français. L’AIFS, lancée en 2024, structure ses activités autour de trois pôles principaux : 1) Pôle 1 : Observatoire de la Francophonie scientifique, qui développe des outils d’analyse et de prospective pour anticiper les évolutions du champ scientifique francophone ; 2) Pôle 2 : Publication et valorisation de la recherche et de l’édition scientifique, visant à renforcer la production, la diffusion et la visibilité de la recherche francophone ; et 3) Pôle 3 : Gouvernance des établissements de la Francophonie scientifique, visant à soutenir et à accompagner les structures éducatives et universitaires pour améliorer leur gouvernance et favoriser les collaborations internationales. Ces initiatives s’inscrivent dans une démarche visant à renforcer la place du français dans le paysage scientifique mondial et à promouvoir des collaborations dynamiques entre les institutions francophones. La présente communication a pour objectif de présenter les initiatives mises en place par l’AUF et l’AIFS, en expliquant leurs retombées sur la communauté universitaire dans la francophonie.
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Communication orale
Défis de la recherche en contexte francophone minoritaire au Canada : le rôle de l’Acfas dans le soutien de la vitalité de la science en françaisMartin Maltais (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
En juin 2021, l’Acfas a fait paraître le rapport Portrait et défis de la recherche en contexte minoritaire au Canada. À l’appui d’une analyse de bases de données et d’un sondage, ce rapport met en évidence que la place du français est en déclin presque partout dans le système de la recherche au Canada, tant du point de vue de la diffusion que du financement de la recherche. Cette intervention portera sur les représentations subséquentes effectuées par l’Acfas auprès de diverses instances pour contrer ce déclin et mettra en lumière deux réalisations innovantes menées par l’organisation en soutien à la vitalité des sciences en français.
Les collaborations internationales en soutien à l’innovation en enseignement supérieur : perspectives francophones croisées
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Communication orale
Coopération internationale en enseignement supérieur et ouverture du Master FOAD. Formation et éducation au développement durable (Master FEDD)Serge Bouaffou (Université de Bondoukou), Marcelline Djeumeni Tchamabe (Université de Yaoundé I), Didier Mulnet (Université Clermont Auvergne)
Former au monde de demain requiert des compétences en formation et en éducation au développement durable (DD) (Djeumeni, 2019). Outre les compétences génériques liées à la formation de formateurs, notamment en DD, il s’agit de rendre accessibles des phénomènes complexes (Mulnet, 2024) tout en proposant une vision critique et constructive. Il convient de déconstruire les idées reçues et de reconstruire des idées novatrices, d’articuler les sciences sociales avec une pensée scientifique moderne associant recherche et action. D’ici 2030, la plupart de métiers vont se verdir, exacerbant la question de la formation des formateurs. Or, dans l’espace francophone, ce manque de compétences est criant (Djeumeni, 2019). Pour y remédier, un Master International FOAD a été conçu et mis en œuvre en collaboration avec l’Université de Clermont Auvergne à travers le REUNIFFED, l’Université de Bondoukou en Côte d’Ivoire, l’Université de Yaoundé I (Cameroun) et l'Université de Lubumbashi et de Kinshasa (RDC), et la FASTEF (Sénégal), et l’appui de l’AUF et le RUFIFESE. Le projet a mis en exergue l’influence de facteurs comme le cadre institutionnel, les communautés impliquées, leur diversité culturelle, leur environnement socioéconomique, les infrastructures technologiques mobilisées et les stratégies organisationnelles adoptées. Il soulève enfin la question des enjeux, contraintes et ressources indispensables à une mise en œuvre pérenne.
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Communication orale
Les collaborations transnationales au service de la formulation de réponses aux grands défis du 21e siècle : le cas de l’université franco-haïtienne du Cap-Haïtien (UFHC)Sem Supré (Université de Lille)
Les universités sont une source d’enrichissement incontournable pour la solidarité internationale. Entre théories, analyse de l’environnement international, travaux de recherche et formation, les collaborations transnationales nourrissent les liens entre les professionnels de l’éducation et les acteurs internationaux, nationaux et locaux. C’est ainsi que la solidarité internationale a été identifiée comme un secteur clé par les professionnels de la formation supérieure, les chercheurs et les étudiants en Haïti après le séisme du 12 janvier 2010, qui a causé plus de 280 000 morts et 1,3 million de sans-abris (BINUH, 2010). Ces collaborations se sont articulées autour de deux axes : construire des parcours de formation ciblés pour répondre aux besoins locaux et développer la recherche et l’innovation en Haïti. Notre objectif est ainsi de mettre en lumière le lien entre collaborations transnationales et formation des enseignants, en tenant compte des enjeux nationaux et internationaux dans une perspective historique et empirique. L’élargissement de nos travaux ouvre des perspectives philosophiques sur les questions de droits humains, de citoyenneté et de gouvernance, obstacles à la circulation des savoirs dans l’enseignement supérieur en Haïti.
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Communication orale
La place du partenariat dans la formation des enseignants à l’éducation au DD : expérience d’un projet de formation des enseignants du primaire en gestion des déchets au CamerounFranck Bengono Kono (Université de Yaoundé I), Marcelline Djeumeni Tchamabe (Université de Yaoundé I), Eddy Giresse Kenfack Dzefack (Université de Yaoundé I), Brikissou Youmdingouotmoun (Université de Yaoundé I)
La formation des enseignants est un facteur incontournable dans la réussite de l’éducation au développement durable (EDD). Elle permet en effet aux praticiens de développer et de mobiliser des compétences qui les rendent capables de concevoir, mettre en œuvre, réguler et évaluer des activités pédagogiques répondant aux enjeux de l’EDD. Cependant, très peu de recherches se sont intéressées à l’impact du partenariat dans le renforcement des capacités des praticiens pour une implémentation réussie de l’EDD. Cette communication analyse donc l’influence du partenariat dans un programme de conception de guides de formation en gestion des déchets destinés aux enseignants d’une école primaire au Cameroun. Les organismes impliqués notamment le Programme de coopération volontaire Compétences, Leadership, Éducation et l’Association des formateurs pour la formation de la jeunesse en technologies de l'information et de la communication en éducation permettent d’explorer les nouvelles formes de collaboration Nord-Sud qui sont transférables en coopération pour l’enseignement supérieur. Les résultats montrent une influence significative de facteurs tels le cadre institutionnel, les infrastructures technologiques mobilisées et les stratégies mises en œuvre au niveau organisationnel pour la réussite du projet. L’étude soulève enfin des discussions sur les enjeux, les contraintes et les ressources indispensables à l’implémentation pérenne et à grande échelle des projets de formation en EDD.
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Communication orale
L’enseignement supérieur en RDC face aux défis linguistiques : enjeux de la langue française et de la FrancophonieDidier Pidika Mukawa (Université de Kinshasa)
En RDC, le français occupe une position dominante dans le système éducatif supérieur. Langue des élites, symbole de pouvoir et de promotion sociale depuis l’époque coloniale, le français est la langue d’enseignement officielle dans les universités et l’administration, mais son usage engendre aujourd’hui un paradoxe majeur. La difficulté à maîtriser le français dans le cadre de l’enseignement supérieur touche à la fois les étudiants et les enseignants. Des enseignants éprouvent des difficultés à transmettre leurs connaissances dans un français correct et accessible aux étudiants. Afin de pallier ces difficultés, certains enseignants se tournent vers les langues locales pour expliquer certains concepts, mais cette approche introduit des incohérences et des problèmes supplémentaires. Quel rôle concret la Francophonie pourrait-elle jouer pour améliorer la maîtrise du français dans l’enseignement supérieur congolais ?
Dîner
Vivre les collaborations internationales et interculturelles dans la classe : le cas des milieux d’apprentissage en réseau international (MARI) au cégep
Ce panel présente les MARI, soit des milieux d’apprentissage en réseau international (Bégin-Caouette, Khoo et Afridi, 2015). Dans un MARI, des enseignant(e)s de pays différents créent ensemble un espace numérique d’apprentissage expérientiel et internationalisé à l’intérieur duquel les étudiant(e)s collaborent à des projets communs (Bégin-Caouette, Hazoume et Berthiaume, 2022; de Castro et coll., 2019). Les retombées des MARI pour les enseignant(e)s et les étudiant(e)s demeurent toutefois peu étudiées (Rubin, 2017).
C'est dans ce contexte que des chercheur(e)s de 4 établissements collégiaux et 3 établissements universitaires se sont associé(e)s afin de documenter la création des MARI et d'analyser leurs retombées (CRSH, Subvention de développement de partenariats, 2022-2025).
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Communication orale
Conceptualisation des milieux d'apprentissage en réseau international (MARI) et état de la question sur leurs retombéesOlivier Bégin-Caouette (UdeM - Université de Montréal)
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Communication orale
Expériences de co-création d'un milieux d'apprentissage en réseau international (MARI) en milieu collégialMathieu Chevalier (École nationale d\'aérotechnique), Nathalie Roussin (Collège Ahuntsic)
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Communication orale
Analyses qualitatives et quantitatives des retombées des milieux d'apprentissage en réseau international (MARI) sur la sensibilité interculturelle des étudiant(e)sOlivier Francis Hazoume (UdeM - Université de Montréal)
Assemblée générale des membres du LIRES
Les collaborations internationales dans l’enseignement supérieur québécois
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Communication orale
Du Conseil supérieur de l’éducation au Conseil de l’enseignement supérieur du Québec : regards rétrospectif et prospectif sur sa présence internationaleMonique Brodeur (Conseil supérieur de l'éducation), Mélanie Bédard (Conseil supérieur de l'éducation)
Le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) a pour mission de collaborer avec les ministres de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Il s’appuie sur la recherche, la consultation d’experts et d’acteurs de l’éducation, et sur les délibérations de ses membres. Depuis sa création, l’international a marqué ses travaux, dans un contexte défini par la communauté scientifique et la doctrine Gérin-Lajoie : il a consulté la documentation scientifique, participé à des événements, établi des partenariats pour des projets concrets, puis étudié des enjeux internationaux, dont l’internationalisation de l’enseignement supérieur, la francophonie scientifique et l’intelligence artificielle (CSE, 2005; CSE, 2023 ; CSE-CEST, 2024). Avec la transformation annoncée du CSE en Conseil de l’enseignement supérieur (CES), cette communication a pour objectif de poser un regard rétrospectif sur les travaux relatifs à l’éducation en général du CSE, puis prospectif sur ses travaux à venir relatifs à l’enseignement supérieur. Elle rappelle le contexte dans lequel le CSE a réalisé ses activités à caractère international, brosse un portrait de celles-ci et recense ses principaux messages sur des enjeux internationaux en enseignement supérieur, notamment francophone. Enfin, alors que l’UNESCO (2021) convie à plus de justice et d’équité en éducation au sein d’un nouveau contrat social, elle explore le positionnement que devrait poursuivre le CES à l’international et dans la francophonie.
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Communication orale
Tensions dans les politiques universitaires au Québec : effets du retour du globalEtienne Chabot (Université Laval)
La relation entre l’État et les universités québécoises est fondée sur l’autonomie de ces dernières. Depuis la Commission Parent, l’évolution des politiques universitaires témoigne de tensions entre le caractère public des universités et l’autonomie de celles-ci (Bernatchez, 2012; Gingras, 2016; Lucier, 2016). Ces tensions peuvent s’inscrire dans des évolutions politiques plus globales. En ce sens, la littérature fait état de l’émergence d’une nouvelle phase de transformation politique depuis 2015 dont la portée entraine une reconfiguration du rôle de l’État (Hassenteufel, 2021; Lessard et Carpentier, 2015; Muller, 2015, 2018; Pons, 2024). Différents enjeux récents en enseignement supérieur, en lien avec la dématérialisation, l’internationalisation, la création et la circulation des connaissances ainsi que la présence de réseaux d’acteurs mondialisés (Bernatchez, 2019; Cayouette-Remblière et Doray, 2022) soutiennent l’idée de cette transformation politique globale.
Dans le cadre de cette présentation, le concept de référentiel des politiques publiques (Jobert et Muller, 1987; Muller, 1985) est mobilisé afin de caractériser et d’expliquer les changements des politiques universitaires récentes dans ce contexte de transformation politique globale. L’analyse s’effectuera au moyen d’une recension des écrits récents en enseignement supérieur selon les quatre dimensions de ce référentiel des politiques publiques, soit les valeurs, normes, algorithmes et images qu’elles véhiculent.
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Communication orale
Synergies transfrontalières dans l’enseignement supérieur : un essai d’analyse des collaborations franco-canadiennes comme vecteur d’innovation pédagogique et de durabilitéSalima Cherti (Université de Perpignan Via Domitia (France) - ED544), Marouane Hatim (Université de Montréal)
Cette recherche explore l’innovation pédagogique et la durabilité institutionnelle, deux défis majeurs du 21e siècle, comme cadre d’évaluation des collaborations franco-canadiennes en enseignement supérieur. Elle examine le potentiel de ces synergies à favoriser le transfert de connaissances et à structurer des pratiques éducatives innovantes adaptées aux défis contemporains. Elle vise également à évaluer leur efficacité en analysant leurs impacts sur la production scientifique, la mobilité académique et l’intégration des principes de durabilité.
En mobilisant la théorie des systèmes d’innovation (Lundvall, 2010) et le modèle de la durabilité transformative (Sterling, 2001), nous analysons la structure des collaborations (programmes conjoints, pratiques des recherche et plateformes numériques collaboratives...). Notre approche méthodologique repose sur une analyse mixte combinant des données quantitatives et qualitatives (évolution de la mobilité académique, copublications, financements, rapports institutionnels). Nos résultats préliminaires indiquent une forte concentration des collaborations dans certaines catégories disciplinaires et un besoin d’intégration plus systématique des principes de durabilité et d’accélération de l’efficacité de l’innovation dans les programmes conjoints. De même, il en ressort une mise en évidence des opportunités et défis liés à ces collaborations, en formulant des recommandations pour renforcer l’impact sur l'enseignement supérieur.
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Communication orale
Développement de la formation à distance des enseignant.e.s à l’Université de Quisqueya en Haïti : un programme de formation de formateursIsabelle Savard (TÉLUQ - Université du Québec)
Dans le contexte où il est devenu dangereux de se déplacer en Haïti et où il est essentiel de continuer à former des enseignantes et des enseignants pour assurer l’éducation des enfants, ce programme vise à former des responsables de formation de l’Institut supérieur de formation recherche et innovation en éducation de l’Université de Quisqueya au design pédagogique de formations offertes à distance (FAD), à la planification de la médiatisation des contenus et de la diffusion de ces formations. Ce projet s’inscrit dans le cadre du Plan de soutien à Haïti du gouvernement du Québec. Il est pour l’instant un pilote, développé en collaboration avec les partenaires haïtiens, qui permet de nous ajuster et de poser des bases solides pour une offre de ce programme, très adapté aux réalités du terrain. Dans le cadre du présent projet pilote, nous avons adapté un programme en technologie éducative, déjà offert à l’Université TÉLUQ, afin de permettre à quinze personnes enseignantes d’Haïti de se familiariser avec le processus de design pédagogique. Dans un premier temps, ces dernières ont entamé la planification d’un programme et de certains de ses cours, qui seront éventuellement proposés à distance par InnovEd-Uniq, dans le cadre d’un cours de premier cycle. Dans un deuxième temps, six des quinze personnes enseignantes poursuivent leur formation au deuxième cycle, approfondissant leurs apprentissages sur l’ingénierie pédagogique, la formation à distance et sa diffusion.
Travail professoral : entre concurrence et collaboration
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Communication orale
Les effets des dynamiques de concurrence internationale sur le corps professoral dans vingt pays : l’effet du contexte régionalEya Benhassine (Université de Montréal), Olivier Bégin-Caouette (UdeM - Université de Montréal), Sébastien Béland (Université de Montréal), Silvia Mirlene Nakano Koga (Université de Montréal)
Cette présentation a pour objectif d’examiner les effets des dynamiques mondiales de concurrence dans différents contextes géographiques et politico-économiques. Pour répondre à cet objectif nous avons mené une analyse en composantes principales (ACP) en utilisant les scores moyens par juridiction de 46 227 professeurs issus de 20 pays et juridictions. Selon notre modèle, 54 % de la variance entre les juridictions s’explique par trois dimensions :
- la culture de la performance en recherche;
- la stratification académique;
- le managérialisme.
L’analyse révèle également que certaines juridictions tendent à se regrouper, selon ces dimensions, en fonction de leur contexte géographique, ce qui signale la nécessité de tenir compte des variations contextuelles dans l’évaluation de l’impact des dynamiques concurrentielles mondiales sur l’enseignement supérieur.
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Communication orale
Le cadre éthique de la recherche, rempart contre les dynamiques de pouvoir dans les collaborations scientifiques Brésil-Québec : présentation de casLigia Calvacante Feitosa (Universidad federal de Santa Catarina), Émilie Doutreloux (Université Laval), Elka Hostensky (Universidad federal de Santa Catarina)
Les collaborations scientifiques Sud-Nord reflètent des asymétries liées aux inégalités historiques et épistémiques. Les financements dominés par le Nord dictent souvent les priorités, marginalisant les besoins des parties prenantes (Crane, 2010) et reléguant les personnes chercheuses du Sud à des rôles subalternes (Gaillard, 1994). Ces dynamiques soulèvent d'importantes questions éthiques, notamment en matière de justice cognitive (Santos, 2014). Le recours aux mécanismes d’éthique de la recherche constitue un rempart intéressant, bien qu’imparfait, assurant la transparence, la valorisation des savoirs locaux et le respect des communautés impliquées, tout en facilitant une gouvernance partagée (Ndlovu-Gatsheni, 2018) au profit d’une science davantage inclusive. Cette communication présente, sous forme de cas, les fondements éthiques sur lesquels se construit une nouvelle collaboration de recherche entre des universitaires du Brésil et du Québec. Par une analyse critique comparée des documents encadrant l’éthique de la recherche au Brésil et au Québec, nous présentons les similitudes et les différences importantes dans les principes, structures, et approches mises de l’avant pour rééquilibrer les dynamiques de pouvoir dans les collaborations scientifiques internationales, tout en soulignant les freins introduits par les organismes subventionnaires de la recherche et les universités elles-mêmes.
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Communication orale
La collaboration professeur·e·s-doctorant·e·s dans la production de recherche universitaire en contexte francophone : le cas du QuébecOlivier Bégin-Caouette (Université de Montréal), Laurence Pelletier (UdeM - Université de Montréal)
La vitalité des sociétés du savoir francophones est tributaire de la production de recherche en français à la fois de qualité et visible. Dans ce contexte, le rôle des doctorant·e·s s’avère crucial, comme en témoigne l’augmentation de 114 % des inscriptions à temps plein au doctorat entre 2003 et 2023, au Canada (Statistique Canada, 2024). Les doctorant·e·s occupent une place centrale dans la recherche universitaire, tant pour les établissements (Belavy et al., 2020) que pour les professeur·e·s, que ce soit pour l’obtention de subventions (Cantwell, 2015) ou l’accroissement général de leur productivité de recherche (Kwon et al., 2015).
Notre étude examine la collaboration professeur·e·s-doctorant·e·s dans la production de recherche universitaire au Québec. Nous répondrons à deux questions :
1) Dans quelle mesure la collaboration avec les doctorant·e·s influence-t-elle la production de recherche des professeur·e·s québécois·es?
2) Comment les acteurs clés du système d’enseignement supérieur québécois expliquent-ils la contribution des doctorant·e·s à la production de recherche universitaire?
Les résultats d’une analyse de variance indiquent que la collaboration avec des doctorant·e·s a un effet significatif sur la production de recherche des professeur·e·s québécois·es, tandis qu’une analyse thématique de 21 entrevues révèle une double contribution des doctorant·e·s : ils agissent d’une part comme moteurs de la recherche et d’autre part comme exécutants.
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Communication orale
Genre et langue : expérience des femmes professeures en contexte de minorité linguistique au CanadaEya Benhassine (UdeM - Université de Montréal)
Premiers acteurs de l’université, les professeurs participent à l’accomplissement de l’ensemble de ses missions fondamentales. Alors que de nombreuses études se sont attardées aux différentes dimensions de la carrière telles que les composantes du travail et sa charge et la répartition des rôles exercés par les professeurs (Bertrand, 2004 ; Schuster et Finkelstein, 2006), d’autres ont plutôt cherché à analyser ce parcours selon le genre (Mitchell et Hesli, 2013 ; Misra et al., 2011). Ces études ont ainsi mis en exergue les difficultés additionnelles ou différentes auxquelles font face les femmes professeures, à savoir les problèmes de conciliation travail-famille, l’intégration au sein de leur unité et la productivité en recherche. Si de nombreuses études ont analysé le parcours professoral selon le genre en le croisant avec d’autres marqueurs de diversité, rares sont celles qui se sont intéressées au croisement du genre et de la langue. Cette communication explore la situation des femmes professeures d’université au Canada évoluant en contexte de minorité linguistique, en comparant leur parcours et leurs expériences avec celles de leurs homologues dans des contextes majoritaires. À partir des données issues de 10 entrevues réalisées auprès de personnes s’identifiant comme femmes et travaillant en contexte de minorité linguistique, nous avons pour objectif de comprendre l’effet de la langue sur leur avancement de carrière et sur l’isolement professionnel qu’elles vivent.
Dîner et rencontre des membres de l’équipe RIMES
La gouvernance de l’enseignement supérieur dans la Francophonie
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Communication orale
Gérer les communications universitaires : analyse de l’évolution du Service de l’information et des relations publiques de l’Université du Québec à Trois-RivièresFrançois-René Lord (TÉLUQ - Université du Québec)
Cette communication présente une analyse de l’évolution des pratiques de relations publiques au sein de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) entre 1969 et 2024; elle examine plus particulièrement leur influence sur l’expérience vécue par les membres de la communauté universitaire. Il s’agit d’un terrain de recherche particulièrement pertinent dans la mesure où l’UQTR s’est créée et développée dans un contexte marqué par les grandes mutations de l’enseignement supérieur et l’émergence des services de relations publiques universitaires (Ferretti, 1993). La méthodologie, fondée sur une approche inductive, (Guillemette et Luckerhoff, 2009) s’appuie sur l’analyse de 48 organigrammes, 54 rapports annuels, 14 plans triennaux ou stratégiques et 811 communiqués de presse, enrichie par l’étude de discours provenant de 8 employés de l’université. Les résultats mettent en évidence une augmentation notable du nombre de parties prenantes impliquées et une diversification des canaux de communication mobilisés par l’UQTR. Cette évolution s’accompagne toutefois d’une certaine désorganisation, notamment dans la diffusion et la gestion des communications dans un contexte de gouvernance par les pairs. Ces travaux soulignent l’importance d’une gestion stratégique adaptée aux contextes institutionnels en mutation. Cette étude s’inscrit dans le cadre de recherches explorant les dynamiques marquant les relations publiques dans le secteur de l’enseignement supérieur.
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Communication orale
Référentiel de compétences pour la gouvernance et le leadership en milieu universitaire : compétences à la gestion d’un établissement d’enseignementYamina Bouchamma (Université Laval), Abdelali Kaaouachi (Université Mohammed Premier), Monique Lambert (Université Laval)
Cette communication présenta les grandes lignes d’un document qui répond aux spécificités et aux exigences particulières des tâches du leader en milieu universitaire. Ce document est composé de dix compétences professionnelles, cinq capacités transversales et 135 actions clés pour la pratique du leadership et de la gouvernance en milieu universitaire, regroupées selon les aspects : 1) stratégiques, 2) relationnels et 3) opérationnels.
Ce référentiel de compétences est issu d’un projet financé en partie par le ministère des Affaires internationales et de la Francophonie dont l’objectif visait l'instauration d'un programme de formation en gestion des établissements d'enseignement supérieur destiné à des gestionnaires marocains en poste et à ses aspirants. Trois étapes ont permis son élaboration :
- une analyse des besoins par le Questionnaire Compétences en Gouvernance et Leadership;
- une analyse de documents pertinents issus des bases de données;
- la validation du référentiel par les participants à ce programme de formation.
Nous présenterons : des exemples de compétences et d’action clés qui sont illustrées par une revue de littérature et par les témoignages des participants; le degré de contribution de l’intelligence artificielle aux différentes compétences et actions-clés qui constituent ce référentiel, en plus de lancer la discussion sur la perte de vitesse du français dans les pays de la francophonie.
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Communication orale
Les bureaux de professeurs d’université : évolution du rapport à l’institution à travers le rôle symbolique du bureau avant, pendant et après la pandémieFrançois-René Lord (TÉLUQ - Université du Québec), Jason Luckerhoff (Université du Québec à Trois-Rivières), Yves Winkin (Université du Québec à Trois-Rivières)
Le rapport des professeurs d’université à leur bureau a considérablement évolué au cours des dernières années, en particulier depuis la pandémie de COVID-19. Autrefois considéré comme le lieu privilégié pour les rencontres avec les étudiants et les échanges entre collègues (Limberg, 2007), le bureau universitaire est aujourd’hui délaissé par de nombreux professeurs. Une perspective gestionnaire axée sur l’efficience (Tavakoli et al, 2023) peut amener certains acteurs à estimer que ces espaces ne sont plus indispensables, les percevant alors comme des ressources pouvant être réaffectées à d’autres usages. Or, nos analyses montrent que le lien particulier que les professeurs universitaires entretiennent avec leur bureau fait en sorte que les décisions concernant cet espace ne doivent pas être prises à la légère. Il s’agit d’espaces hautement symboliques, qu’ils soient occupés ou non. Nos entretiens avec 18 professeurs d’université mettent en évidence une diversité marquée dans les pratiques de travail des professeurs et dans leur usage des espaces. Certains privilégient des environnements de travail traditionnels, d’autres adoptent des méthodes plus flexibles (domicile, cafés, virtuel).
Nous proposons une typologie des bureaux des professeurs: académique, social, utilitaire, expressif, virtuel, nomade et désinvesti. Cette recherche nourrit une réflexion plus large sur la place du professeur dans la communauté universitaire et dans la société.
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Communication orale
Trois scénarios pour l’avenir de la liberté académique dans les établissements collégiaux du QuébecAnnie Desjardins (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Jason Luckerhoff (Université du Québec à Trois-Rivières), Pierre Michaud (Collège Laflèche)
Le climat socio-politique des dernières années a alimenté de nombreux débats sur la question de la liberté académique (Gingras et Nootens, 2023; Dupuis-Déri, 2022; Frangville, Merlin, Sfeir et Vandamme, 2021). C’est dans ce contexte que le gouvernement québécois a adopté, en 2022, la Loi sur la liberté académique dans le milieu universitaire (Loi 32), laissant toutefois l’ordre
collégial en dehors de son champ d’application. Cette absence soulève des interrogations quant à la place du collégial dans le paysage de l’enseignement supérieur québécois et à la nécessité d’une protection similaire pour cet ordre d’enseignement. Cette communication a pour objectif de présenter les analyses de 19 entretiens animés auprès d’acteurs et actrices des milieux universitaire, collégial et politique. L’analyse de ces entretiens a mis en évidence trois perspectives distinctes quant au rôle et à l’identité des établissements collégiaux: établissements uniques à mi-chemin entre le secondaire et l’université, entités en voie de rapprochement avec l’ordre universitaire, extensions de l’enseignement secondaire. Selon ces perspectives, trois scénarios pour l’avenir de la liberté académique dans le collégial ont émergé : maintenir le statu quo, élaborer une législation spécifique au réseau collégial ou étendre la portée de la Loi 32 aux établissements collégiaux. -
Communication orale
Le financement de la recherche universitaire : quel impact sur les collaborations scientifiques en francophonie ?Emanuelle Maltais (UdeM - Université de Montréal)
Les politiques de financement de la recherche façonnent les dynamiques académiques, influençant les priorités scientifiques, la reconnaissance des productions francophones et les collaborations internationales. Cette communication examine comment les mécanismes d’allocation des fonds publics au Canada influencent la production scientifique des chercheurs et leur participation aux réseaux internationaux. Elle interroge également l’impact de ces financements sur la visibilité de la recherche en français et les collaborations Nord-Sud.
À l’aide d’une analyse par classes latentes, nous explorerons les regroupements de professeurs à travers des universités de recherche canadiennes et proposerons des pistes quant aux facteurs influençant leur perception du financement gouvernemental de la recherche dans la francophonie. Cette étude repose sur des données recueillies auprès de 1045 répondants issus de 9 universités de recherche situées dans 5 provinces canadiennes entre 2019 et 2020. Nous mobiliserons également certains constats issus d’une recherche précédente (Lefebvre et al., 2025) portant sur les caractéristiques sociodémographiques et les collaborations internationales des professeurs canadiens.
Enfin, notre analyse s’appuiera sur les travaux de McGinn (2012) sur l’expérience des chercheurs dans le contexte canadien et d’Antelo (2012) sur l’internationalisation de la recherche.