429 - Discours haineux, tensions intergroupes et résistances : repenser l’inclusion des jeunes minorisés
- Mardi 12 mai 2026
Responsables
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Marianne Chbat
GRIS-Montréal
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Olivier Vallerand
UdeM - Université de Montréal
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Annie Pullen Sansfaçon
UdeM - Université de Montréal
Depuis quelques années, les discours haineux envers les personnes LGBTQ+ et autres groupes minorisés reprennent de l’ampleur, accentuant les divisions sociales et politiques (Kingsbury et al., 2024). Ces discours construisent une vision dichotomique des «bons» versus «mauvais» jeunes Québécois·es, fondée sur des critères normatifs liés au genre, à l’origine ethnique, à la classe ou à la religion (Geoffroy, 2025). Les personnes migrantes, racisées et musulmanes se trouvent vulnérabilisées par ces mécanismes de stigmatisation, qui alimentent les formes renouvelées d’exclusion (Chbat et al., 2023). Amplifiée par les réseaux sociaux, la circulation de ces discours influence les attitudes du grand public et les pratiques institutionnelles et éducatives. Cette polarisation a des effets tangibles sur la santé mentale, l’intégration sociale et l’accès aux droits des jeunes minorisé·es, tout en complexifiant l’accompagnement par les intervenant·es scolaires et communautaires, souvent peu outillé·es pour intervenir de manière critique et inclusive (INSPQ, 2023). En l’absence de cadres sensibles aux rapports de pouvoir, les pratiques peuvent, bien malgré elles, reproduire la précarité sociale et symbolique. Enfin, ce contexte s’inscrit dans un régime d’hypervisibilité et d’invisibilité : certains groupes sont surmédiatisés comme «menaces», tandis que les jeunes migrant·es queers, trans ou musulman·es demeurent effacé·es. Par ailleurs, certains discours pro-LGBTQ+ sont instrumentalisés pour renforcer des hiérarchies sociales et culturelles, opposant un «Québec égalitaire et laïc» à des groupes perçus comme «rétrogrades», des jeunes trans et non binaires aux «droits des femmes», ou encore les jeunes trans aux jeunes qui détransitionnent (Gelly et al., 2025). Ces tensions imposent aux jeunes minorisé·es des injonctions contradictoires : être visibles, mais seulement dans des formes socialement acceptables, perpétuant la précarité symbolique et les inégalités structurelles.