Programme préliminaire

Les modifications actuelles de l’ordre politique s’inscrivent dans une remise en question, voire un rejet des principes démocratiques. Les pratiques de communication politique qui se déploient aux États-Unis ont influencé les campagnes menées au sein d’autres démocraties occidentales, dont le Québec et le Canada. Or, à l’égard de plusieurs autres dans le monde, ce pays connaît une montée médiatisée de l’autoritarisme, du pouvoir peu régulé des entreprises numériques et d’une radicalisation souvent violente des discours politiques. Ces transformations s’accélèrent et affectent de manière croissante les pratiques politiques et citoyennes, ce qui n’est pas sans interpeller la recherche et les universités elles-mêmes. S’y ajoutent la désinformation, les « fausses nouvelles » et autres cybermenaces à la démocratie qui accentuent et compliquent ces lignes de fracture politiques et sociales. Ainsi, les dynamiques et les pratiques de la médiatisation de la politique continuent de se transformer de manière à mettre en danger les fondements des régimes démocratiques. Autrement dit, la donne a désormais changé sous l’effet de pratiques numériques visant à fragiliser les régimes démocratiques tels qu’on les connaît aujourd’hui : si les « simples citoyens » peuvent certes être mis à contribution – voire instrumentalisés –, on fait face aujourd’hui à de véritables « ingénieurs du chaos », pour reprendre l’expression de Empoli (2019), qui usent de tactiques numériques (bots et l’intelligence artificielle) pour contrer les discours démocratiques. Ces manœuvres bousculent nos idéaux démocratiques et nous incitent à porter un regard critique sur les enjeux soulevés par ces modifications du paysage politico-médiatique en regardant 1) le rôle des universités dans les démocraties fragilisées, 2) les usages de l’intelligence artificielle et 3) la désinformation et la montée des populismes. Ces trois thématiques seront au cœur de la réflexion de notre colloque Enjeux de la recherche.