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90e Congrès de l'Acfas
Auteur et co-auteurs
Camille Sainson
Université Laval
5a. Résumé

Écrire la mort revient à tenter d’exprimer l’inénarrable, de capturer l’insaisissable, de dire ce qui est autrement relégué à la sphère du silence et à l’absence de toute parole. Afin d’explorer les particularités de la thanatographie, nous allons examiner de quelle manière le narrateur des romans maritimes, survivant au désastre final, deviendra la figure propice à mettre en mots la mort afin de la transcender.

Nous étudierons le personnage de Marlow, narrateur récurrent des romans de Joseph Conrad qui, de la même manière que Michel Picard fait de la mort un « être de langage », décrit Kurtz ainsi : « he was just a word for me ». Absent physiquement de presque l’entièreté de Heart of Darkness, Kurtz se fait être de langage, une Idée qui n’existe qu’à travers le récit du narrateur.  

Selon notre hypothèse, étudier la puissance singulière des mots pour dire l’indicible, et donc la mort, à partir des concepts philosophiques tels que ceux de Vladimir Jankélévitch, Maurice Blanchot ou Emmanuel Levinas, permettra de comprendre le rôle du personnage de Marlow et, ultimement le lien qui s’établit alors entre la parole et la vie, par opposition au silence et à l’anéantissement. Car tant que Marlow énonce son récit, Kurtz ne peut pas mourir. La littérature offrirait au narrateur un moyen d’explorer le concept philosophique de la mort en l’inscrivant dans la sphère du sensible et en l’érigeant en un but à dépasser, permettant à ses personnages d’entrer dans la postérité.