Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 500 - Éducation
Description :Le colloque Kiskêyihtamowin : résurgence des pédagogies autochtones se penche sur les défis et les occasions liés à la revitalisation des systèmes éducatifs autochtones au Canada. Historiquement, l’éducation autochtone a été marquée par des tentatives d’assimilation, notamment par l’entremise des pensionnats, où des générations d’enfants ont été privés de leur langue, de leur culture et de leurs racines. Ces pratiques ont laissé des cicatrices profondes dans les communautés autochtones, mais aujourd’hui un mouvement de réappropriation des systèmes d’éducation, des pédagogies et des savoirs est en cours.
Ce colloque vise à explorer comment l’éducation peut devenir un vecteur de guérison et d’émancipation pour les peuples autochtones. Nous aborderons la question de la revitalisation linguistique, les efforts pour intégrer les savoirs traditionnels dans les programmes scolaires ainsi que les approches innovantes pour soutenir les enseignants autochtones. De plus, le colloque examinera comment l’éducation autochtone peut enrichir le système éducatif canadien dans son ensemble, en proposant une perspective ancrée dans des valeurs communautaires, le respect de la terre et la transmission intergénérationnelle.
Au moyen de discussions entre chercheurs, étudiants, éducateurs et leaders autochtones, ce colloque entend encourager un dialogue qui met l’accent sur la réconciliation, la décolonisation des systèmes éducatifs et la valorisation des différents systèmes de savoirs. Il s’agit non seulement de réparer les injustices du passé, mais aussi de construire un avenir où les voix autochtones occupent une place centrale dans le paysage éducatif canadien.
Remerciements :Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à toutes les personnes qui participeront à ce colloque. Leur engagement, leur créativité et leur passion pour l’éducation autochtone seront essentiels à la réalisation de cet événement.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables : Partenaires :Programme
Éducation autochtone et décolonisation : enjeux et perspectives
Ce bloc met en contexte les dynamiques de la réconciliation et la transformation des systèmes éducatifs autochtones, à travers des analyses critiques et comparatives.
Nous commencerons par une cérémonie de purification (smudge) et un chant d'honneur cri.
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Communication orale
La transition aux études collégiales chez les Naskapis: vers une offre de services culturellement pertinentsJean-Luc Ratel (Université Laval)
En vertu de la Convention du Nord-Est québécois (1978), le Naskapi Education Committee gère une partie du curriculum de l’école Jimmy Sandy Memorial (JSM) et soutient les étudiants postsecondaires en collaboration avec la Commission scolaire Central Québec (CSCQ). Bien que certaines formations collégiales et universitaires soient offertes à Kawawachikamach, la plupart des étudiants doivent poursuivre leurs études à l’extérieur, souvent dans des établissements anglophones au Québec et en Ontario.
Dans un contexte où la transition postsecondaire est marquée par des défis culturels, géographiques et financiers, l’école JSM prépare les élèves de 4e et 5e secondaire à ces réalités. Dans le cadre d’un projet de recherche mené avec le Naskapi Education Committee, j’ai réalisé 21 entrevues auprès de jeunes Naskapis ayant étudié au collégial et 11 entrevues avec le personnel de JSM et de la CSCQ.
Cette communication explorera les parcours des étudiants naskapis, les services offerts par des organismes autochtones et allochtones, et le rôle crucial des établissements d’enseignement pour améliorer la persévérance et la réussite éducatives dans une perspective de décolonisation et de réparation des injustices historiques.
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Communication orale
Le Programme de Transition Axé sur les Autochtones : Réflexion critique sur l'impact, les défis, la résistance institutionnelle et l'évolution de l'éducation autochtoneRobert Falcon Ouellette (Université d’Ottawa)
Cette présentation examine de manière critique le Programme de Transition Axé sur les Autochtones de l’Université du Manitoba, mettant en lumière ses réussites et les obstacles institutionnels rencontrés. Destiné à préparer les étudiants autochtones au succès postsecondaire, le programme intégrait connaissances autochtones et rigueur académique, soutenant ceux éloignés de l’école ou manquant de prérequis. Malgré son impact positif sur la confiance, les compétences académiques et le développement personnel des étudiants, il a été brusquement annulé en 2014 pour des raisons budgétaires et administratives.
L’auteur du programme, qui en était responsable, a résisté à sa fermeture, révélant une dynamique plus large de résistance institutionnelle au changement. Avant la Commission de vérité et réconciliation (2015), l’éducation autochtone n’était pas une priorité. Après 2015, il est devenu politiquement incorrect de fermer ces programmes, mais leur financement reste dépendant de sources extérieures. La suppression du programme et le travail institutionnel visant à empêcher son développement constituent une forme de violence structurelle, privant les étudiants autochtones d’un accès équitable à l’éducation et perpétuant les inégalités systémiques.
Cette présentation analysera les dynamiques politiques et financières ayant conduit à cette suppression et évaluera ses implications pour l’avenir des initiatives éducatives autochtones.
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Communication orale
Réseau de connaissances : Expériences des universitaires autochtones du sud du Brésil dans les politiques publiques d’éducation autochtoneClarissa Rocha de Melo
Cette présentation explore l’expérience des Autochtones au Brésil à travers deux politiques publiques majeures : la Licence Interculturelle Autochtone (UFSC) et l’Action Savoirs Autochtones à l’École (ASIE), qui renforcent l’identité, la culture et la langue autochtones.
Ma recherche doctorale s’est concentrée sur la présence autochtone à l’université, en étudiant l’expérience des universitaires Guarani et l’importance du chamanisme dans l’enseignement supérieur. J’ai ensuite travaillé sur l’ASIE, une politique du Ministère de l’Éducation du Brésil, facilitant le dialogue entre l’université et les communautés autochtones. Cette initiative a permis l’élaboration de matériels pédagogiques autochtones, intégrant l’oralité et la transmission intergénérationnelle.
Grâce à mes recherches ethnographiques dans les Terres Guarani, Kaingang et Laklanõ-Xokleng, j’ai analysé comment ces politiques soutiennent les enseignants et les élèves autochtones dans la lutte pour leurs droits en matière d’éducation, de santé et de langue.
Dans mon postdoctorat (2025) au CIERA de Montréal, j’examine les dynamiques de circulation des savoirs entre l’école autochtone et l’université, en comparant les politiques éducatives autochtones du Brésil et du Québec pour mieux comprendre les stratégies d’affirmation linguistique, culturelle et territoriale.
Formation des enseignants et transmission des savoirs autochtones
Ce bloc explore des initiatives concrètes visant à adapter la formation des enseignants aux réalités et aux besoins des peuples autochtones.
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Communication orale
Anicinabenisation d’un programme de formation à l’enseignement à l’UQAT: processus collaboratif mis en œuvre et exemples de réalisationLily Bacon (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Gaby Brazeau (UQAT), Carole Dumont (UQAT), Sammy Kistabish (UQAT), Élyane Lizotte (UQAT), Julie Mowatt (UQAT), Marguerite Mowatt-Gaudreau (UQAT), Maureen Papatie (UQAT), Glorya Pellerin (UQAT), Suzie Ratté (UQAT)
Depuis 2022, une équipe composée de partenaires anicinabek et de l’UQAT révise le baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire, grâce au soutien du Programme de Partenariat Post-secondaire (CEPN/Institut Tshakapesh). Cette anicinabenisation vise à répondre aux besoins des communautés en intégrant la langue et la culture anicinabek dans l’offre des cours, rendant ainsi le programme plus pertinent et sécurisant pour les étudiants autochtones.
L’objectif est double : intégrer les perspectives anicinabek dans chaque cours pour mieux refléter les valeurs et visions du monde des étudiants et décideurs autochtones, et outiller les formateurs pour concevoir leurs enseignements autour de ces perspectives.
Cette présentation exposera le processus de révision : orientations générales, cadre de référence et travail collaboratif. Ensuite, elle détaillera les rencontres réflexives entre partenaires visant à expliciter les perspectives anicinabek et les ajustements réalisés dans les cours. Des exemples concrets de cours révisés seront présentés. Enfin, la discussion portera sur le processus de validation en cours et les prochaines étapes pour finaliser cette transformation du programme.
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Communication orale
Définir l’humilité culturelle pédagogique par l’expérience de formation de futures personnes enseignantesPatricia-Anne Blanchet (Université de Sherbrooke), Kara Edward (Université de Sherbrooke), Constance Lavoie (Université de Sherbrooke), Alexis Legault (UQO - Université du Québec en Outaouais), Jessie Lepage (Université de Sherbrooke)
Le développement d’une posture professionnelle culturellement appropriée est essentiel pour inclure respectueusement les perspectives autochtones dans le système scolaire québécois. Cette communication s’appuie sur l’expérience d’étudiants analysée dans Marcher vers l’humilité culturelle pédagogique à travers un cours sur les perspectives autochtones en éducation au Québec, Canada (Blanchet et al., 2024).
À travers la lentille du continuum de la sécurisation culturelle, les résultats montrent que la majorité des étudiants ont progressé de la sensibilité culturelle (prise en compte des réalités autochtones) vers la compétence culturelle (adaptation de la pratique enseignante). Toutefois, cette évolution n’a que rarement mené à des actions concrètes.
L’analyse a conduit à une définition et une modélisation de l’humilité culturelle pédagogique, suggérant une posture d’engagement privilégiée pour l’enseignement. Nous espérons que cette contribution inspirera la recherche en éducation autochtone et guidera les enseignants et formateurs dans leur démarche d’inclusion des perspectives autochtones, afin d’avancer humblement sur le chemin de la décolonisation.
Ordre des auteur·trice·s : Patricia-Anne Blanchet, Alexis Legault, Kara Edward, Jessie Lepage, Constance Lavoie
Transmission culturelle, savoirs et décolonisation des disciplines : perspectives autochtones en environnement, philosophie, musique et langue
Des projets innovants qui intègrent la culture et les savoirs autochtones dans différentes disciplines académiques.
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Communication orale
L’apprentissage autochtone comme réponse à la crise climatique : une approche décoloniale en éducation environnementaleMarie-Ève Chartrand (Université d’Ottawa)
Face à l’urgence climatique, les approches pédagogiques en éducation environnementale privilégient la connexion à la nature et l’apprentissage contextuel. Toutefois, la pédagogie du lieu et la pédagogie par la nature, bien qu’efficaces, restent souvent limitées par une perspective anthropocentrée et un manque de critique (Ideland, 2019; Nxumalo, 2019).
L’apprentissage autochtone offre une alternative décoloniale en intégrant une vision relationnelle où la terre est un être vivant et un enseignant (Tuck, McKenzie et McCoy, 2014). En valorisant les récits culturels, la transmission intergénérationnelle et les savoirs holistiques, il relie la crise climatique aux enjeux de justice sociale et de souveraineté territoriale (Calderon, 2014).
Cette communication analysera les forces et limites des différentes approches pédagogiques en éducation environnementale et soulignera la pertinence de l’apprentissage autochtone pour transformer nos relations à la nature. Nous explorerons aussi les possibilités d’hybridation entre pédagogies autochtone et occidentales (Campeau, 2021), pour une éducation plus inclusive et respectueuse des savoirs traditionnels et scientifiques (Barnhardt & Kawagley, 2005; Michell et al., 2008).
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Communication orale
Philosophie pour enfants et perspective autochtone : ses appuis et ses dangers vers une décolonisation des savoirsSamuel Nepton (Université Laval)
La philosophie pour enfants (PPE), ou « pratique du dialogue philosophique », est une approche éducative promue par l’UNESCO pour l’éducation à la paix. Bien qu’américaine à l’origine, elle s’est adaptée à divers contextes culturels. Nous proposons d’explorer son adoption dans un cadre autochtone.
Cette communication examine comment une perspective autochtone peut enrichir la PPE. Après une présentation de ses principes, nous montrerons comment elle peut être adaptée aux réalités autochtones, notamment en intégrant la littérature autochtone comme amorce de discussions en cercles de parole bienveillants. Cette approche donnerait une voix aux jeunes et favoriserait l’expression de leur vision du monde, potentiellement en langue autochtone.
Toutefois, nous aborderons aussi les risques potentiels, notamment celui d’un colonialisme implicite par la philosophie occidentale. Nous proposerons des pistes pour éviter ces écueils et tracer les bases d’une véritable philosophie autochtone pour enfants, respectant les valeurs communautaires des Premières Nations comme l’écoute, le respect et l’entraide.
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Communication orale
Décolonisation et autochtonisation de l’éducation musicale au Québec : enjeux et perspectivesVéronique Audet (Université du Québec à Chicoutimi), Gabriel Bordeleau-Landry (W8banaki de Wôlinak), Marie-Claude Mathieu (Université Laval), Nicole O’Bomsawin (Institut Kiuna)
Les curriculums scolaires restent marqués par des perspectives coloniales, et l’éducation musicale perpétue souvent un modèle eurocentré (Hess, 2015; Stark, 2023). L’utilisation de critères occidentaux comme référence pour enseigner toutes les musiques, qualifiée d’impérialisme cognitif (Battiste, 1998), marginalise les pratiques musicales autochtones dans les classes du Québec.
Pour remédier à cette situation, un cercle de concertation a été créé pour favoriser un dialogue entre Autochtones et Allochtones et promouvoir la décolonisation et l’autochtonisation de l’éducation musicale. Cette initiative s’inscrit dans le projet de recherche Drumming in Indigenous Voices to Music Education Circles on Indigenous Terms, visant à soutenir la résurgence et la transmission des pratiques musicales autochtones en Amérique du Nord.
Cette présentation portera sur la cocréation de ce cercle, les motivations et les défis rencontrés par deux chercheuses en éducation musicale et en anthropologie ainsi que deux porteurs de culture de la Première Nation W8banaki.
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Communication orale
Ui ashu-minakanuat auassat innu-aimunnu ‘On veut transmettre la langue innue aux enfants’ : S'approprier les moyens technologiques modernes pour consolider, apprendre & faire vivreGaelle Deblonde (UdeM - Université de Montréal), Isabelle Jourdain (Institut Tshakapesh), Nataly Kurtness (Institut Tshakapesh), Yvette Mollen (UdeM - Université de Montréal)
La langue innue, bien que largement documentée, voit son nombre de locuteurs diminuer. Le mode de vie innu a évolué, et la jeune génération a perdu une partie du vocabulaire lié au territoire, autrefois transmis par leurs grands-parents avant la scolarisation obligatoire.
Pour répondre à cet enjeu, une équipe dirigée par la professeure Yvette Mollen et l’Institut Tshakapesh développe depuis 2021 le projet Nui innu-aimin! (Je veux parler innu), destiné aux enfants innu.e.s de 5 à 7 ans et à leurs milieux éducatifs. Ce projet mise sur le jeu, notamment via des applications sur tablette, pour capter l’intérêt des jeunes et les reconnecter à leur langue.
Un prototype, Kushpitau! (Montons en territoire), a été conçu en co-création avec des éducateurs innus (comités Auetiss et Kaianuet). Le jeu permet aux enfants de vivre des aventures inspirées du mode de vie nomade des Innu·e·s, en réalisant des tâches culturelles (innu-aitun) et en utilisant la langue innue (innu-aimun).
Ce projet vise à renforcer l’apprentissage de la langue tout en appuyant les enseignements scolaires. Cette communication présentera les étapes du projet, ses objectifs, le prototype développé ainsi que les démarches de financement et de collaboration.
Ordre des auteur·trice·s : Yvette Mollen, Isabelle Jourdain
Discussion et clôture
Ce moment final permet de tirer des conclusions, de relier les différentes interventions et de réfléchir aux prochaines étapes pour la recherche et l’éducation autochtone.
Souper ensemble
Souper ensemble si voulu