6 - Enjeux actuels de la diffusion des savoirs en musique

Accueil des participants et allocution d’ouverture

• Communication orale 09 h 00
  Mot d'ouverture : Pour une collaboration éditoriale en musique
  Ariane Couture (UdeS - Université de Sherbrooke)

Diffusion et rayonnement des revues savantes en musique : libre accès, pratiques éditoriales et perspectives francophones

• Communication orale 09 h 30
  Évolution de l’écosystème des publications savantes avec le libre accès - cas des revues en musique
  Hocine Chehab (Érudit)

  Le passage au libre accès transforme en profondeur le paysage des publications scientifiques au Québec, au Canada et dans le monde. Les nouvelles politiques de libre accès mises en place par les organismes subventionnaires (FRQ, CRSH) influencent directement les différents acteurs de l'écosystème de la publication savante. Dans ce contexte, le Partenariat de soutien au libre accès mis en place par Érudit et le Réseau canadien de documentation pour la recherche apparaît comme une alternative intéressante pour assurer un accès ouvert et éthique aux contenus scientifiques.

  Les services d’Érudit jouent un rôle clé dans la diffusion des savoirs. Ils offrent aux communautés de la recherche et aux revues scientifiques un accès simplifié à leurs publications tout en assurant une meilleure visibilité grâce aux mécanismes d'indexation et d’archivage pérenne. Ils jouent également un rôle pivot dans la diffusion des savoirs en libre accès : collaboration avec le DOAJ, divers types de traitements numériques et de formats de diffusion, accès pérenne aux publications, meilleure visibilité, service d’indexation et d’archivage pérenne, pour ne nommer que ceux-là.

  Afin de bien illustrer les possibilités qui s’offrent aux revues diffusées sur Érudit, nous présenterons une analyse des revues savantes en musique basée sur les éléments suivants :
  ● modes de diffusion adoptés (sous commercialisation ou en libre accès)
  ● volume des articles diffusés sur la plateforme Érudit
  ● nombre de téléchargements

• Communication orale 10 h 30
  Qu’en est-il de la diffusion musicologique francophone ? Présentation des résultats d’une enquête menée auprès des revues savantes francophones de musicologie
  Solenn Hellégouarch (UdeM - Université de Montréal)

  L’équipe de la Revue musicale OICRM a été mandatée en mai 2020 par le réseau international Épistémuse pour participer à un grand projet d’enquêtes sur les musicologies francophones. Concernant les revues francophones, l'objectif principal était de brosser un large portrait du fonctionnement de ces revues, de leur diffusion et de leur rayonnement national et international. Plus précisément, il s’agissait, entre autres, d’observer la place du français et de la francophonie au sein de ces publications (politique linguistique/bilinguisme/langue de publication, répartition géographique des membres et auteurs), puis de réfléchir au rayonnement de cette musicologie francophone à travers le monde (répartition géographique/linguistique du lectorat, etc.).

  Afin de présenter les résultats de cette enquête, je commencerai, dans un premier temps, par en détailler la mise en place (critères de sélection des revues, période de référence, nature des données à collecter). Je dresserai dans un second temps la synthèse des résultats, laquelle permettra de formuler quelques observations et pistes de réflexion sur le fonctionnement de nos revues francophones et leur rayonnement.

• Communication orale 11 h 15
  Faire découvrir la découvrabilité
  Elsa Fortant (Institut national de la recherche scientifique), Sylvain Martet (Artenso - Centre collégial de transfert en pratiques sociales novatrices)

  Dans le cadre d’un partenariat de recherche franco-québécois sur les politiques publiques et la découvrabilité, nous avons documenté les pratiques des professionnel·les de la musique concernant la découvrabilité de la musique québécoise. Nous avons rencontré huit personnes employées principalement à Montréal dans des postes stratégiques en maisons de disques ou à leur compte, ainsi que trois représentant·es d’associations professionnelles impliqué·es dans ces enjeux, en plus d'analyser les mémoires pertinents déposés pour la consultation du MCCQ sur la découvrabilité (juin 2024).

  Les entretiens ont permis de cerner plusieurs stratégies et tactiques pour optimiser la mise en ligne des œuvres des artistes. À partir des positions des professionnel·les, notre travail invite à considérer la dimension technique de la découvrabilité comme un élément parmi d’autres dans la circulation de la musique. Ce constat contraste avec la place centrale souvent accordée à cette dimension dans les politiques publiques et les discours médiatiques. Une question émerge : comment valoriser les savoirs pratiques des acteur·rices pour nuancer le discours dominant sur le poids des algorithmes ? Dans cette optique et afin de transférer ces connaissances, des outils de vulgarisation ont été créés : carrousels, mèmes, guide pratique sous forme de zine. Nous proposons d'explorer ces différents formats afin de réfléchir aux enjeux actuels de la diffusion des savoirs en musique.

Dîner libre

Réinventer les espaces de publication en musique : nouvelles plateformes, nouveaux défis

• Communication orale 13 h 30
  Le DAW et l’apprentissage de la production musicale
  Thomas Michel (Université Paris Cité)

  Cette communication explore le rôle de la tradition et de l'innovation dans l'apprentissage et l'utilisation des DAW (Digital Audio Workstations). Elle s'appuie sur les perspectives de Marcel Mauss et d'autres théoriciens pour souligner que la technique, même moderne, est enracinée dans des traditions sociales et culturelles. Les DAW illustrent cet amalgame entre innovation technologique et savoirs hérités, nécessitant une combinaison de connaissances prescrites (manuels, tutoriels) et de savoirs acquis (pratiques et expérimentations personnelles).

  Aussi, l’auto-apprentissage et le DIY (Do It Yourself) dominent les méthodes d'acquisition des compétences, notamment grâce à des plateformes comme YouTube et des forums en ligne. Cependant, ces ressources sont souvent influencées par des biais culturels, rendant l'accès à certains styles musicaux, comme la musique arabe, plus complexe pour les producteurs non anglophones. La transmission des savoirs se fait également par le biais de cercles sociaux locaux, qui jouent un rôle essentiel dans l'apprentissage collaboratif.

  Enfin, le savoir-faire est au cœur de la créativité musicale, combinant maîtrise technique et improvisation. L'échec et les bugs sont perçus comme des opportunités d'innovation, permettant aux producteurs de repousser les limites de leurs créations. Cette dynamique met en évidence l'interdépendance entre tradition, technologie et expression individuelle dans la production musicale contemporaine.

• Communication orale 14 h 15
  « Cette ville étrange »: une périphérie pour musicologues ?
  Michel Gonneville (Conservatoire de musique de Montréal)

  Cette ville étrange: Chroniques de la création musicale est un site web qui, en 2010, est né de la frustration de constater le déclin de l’espace alloué à la création de « musique de concert » dans les médias traditionnels (journaux, radio) au Québec. Co-fondé par Julien Bilodeau, Michel Gonneville et Patrick Saint-Denis, qui en ont pensé la « charte » éditoriale, il a été investi dans ses premières années par de nombreux auteurs, dont certains musicologues. Depuis, si le site est moins achalandé, il est cependant toujours ouvert à la fréquentation!

  Du point de vue des musicologues, CVÉ n’apparaîtra probablement pas comme un autre lieu de diffusion de ses propositions habituelles, marquées au sceau de la rigueur scientifique. Il s’agirait plutôt d’une périphérie habitée d’expressions plus libres que dans les revues consacrées; un quartier singulier où le lien passionnel qui unit le musicologue à son objet d’attention, la musique, pourrait se manifester. Après tout, il s’agit ici de témoigner de sa propre plongée dans la nouveauté de ce qui se crée maintenant, chez nous.

  À partir de l’histoire de Cette ville étrange, qui s’inscrit dans les mutations récentes de l’écosystème de l’édition en musique, je voudrais instiller l’idée que l’on puisse, en tant que musicologue, s’approprier ce lieu, le reconfigurer au besoin (en balados? en vidéos?) et y bâtir ainsi une résidence secondaire, où voir croître son propre plaisir, au plus grand profit de la création musicale québécoise.

Musique et savoirs en transformation’: pratiques numériques et inclusivité

• Communication orale 15 h 15
  Pour une meilleure inclusion des questions de genre dans la publication scientifique en musique
  Anthony Grégoire (Université Laval)

  Depuis Feminine Endings (McClary 1991) jusqu’à The Gendered Society (Kimmel 2000), en passant par des revues telles que Women & Music, la question du genre en musique n’est pas nouvelle. Depuis l’exploration du rôle du genre et de la sexualité en musique et la façon dont la partition genrée de nos sociétés façonne nos savoirs, savoir-faire et savoir-être, les problématiques liées à l’inclusivité musique se sont complexifiées, notamment par le décloisonnement des identités de la dualité homme-femme.

  Mais la diffusion de la recherche en musique n’est pas toujours ancrée dans cette réalité. Dans notre engagement envers l’inclusivité et la diversité, Musiques : Recherches interdisciplinaires a adopté une approche rédactionnelle progressiste utilisant la typographie post-binaire (Circlude 2023). Cette présentation misera sur cette décision et ce travail novateurs afin de présenter les possibilités et les limites de la typographie et du design de caractères dans le contexte de l’écriture inclusive, tout en offrant une réflexion sur la manière dont le langage visuel peut s’adapter pour mieux refléter la diversité des identités de genre.

  Souhaitant aller au-delà de la simple reconnaissance des genres traditionnels, nous présenterons comment l’utilisation de l’écriture post-binaire est le reflet de notre conviction que le langage a le pouvoir non seulement de décrire, mais aussi de façonner une réalité plurielle contribuant à un dialogue plus inclusif et représentatif en musique.

• Communication orale 16 h 00
  Vers une pédagogie de la diffusion para-universitaire des savoirs en musique : la revue L’Écouteur et Wikipédia
  Sandria P. Bouliane (Université Laval)

  Cette communication examine l’intégration de nouvelles modalités de diffusion des savoirs dans la formation universitaire en musique et en musicologie. Avec la multiplication des plateformes d’édition et de diffusion numériques, la reconfiguration des formats de publication et la redéfinition des cadres de légitimation du savoir nécessitent l’acquisition de compétences nouvelles.

  Deux initiatives serviront d’étude de cas : 1) la revue L’Écouteur (www.lecouteur.ca), un espace éditorial au croisement des pratiques journalistiques et scientifiques, qui offre une expérience encadrée et plus accessible du processus éditorial; et 2) l’intégration de Wikipédia en classe, qui développe une littératie numérique critique et une autonomie dans la diffusion des connaissances en musique.

  Ces alternatives aux modèles de publications scientifiques et aux formats de travaux universitaires traditionnels favorisent une pédagogie active où les étudiant·es ont l’occasion d’acquérir des compétences en rédaction, en vulgarisation et en médiation des savoirs. Elles contribuent également à accroître la pertinence et la visibilité des travaux étudiants, tout en diversifiant la transmission des savoirs auprès d’un public élargi.

Lancement des carnets Dialogues et Réseautage

L'ensemble de la communauté est chaleureusement invitée au lancement des carnets Dialogues, une nouvelle initiative de publication du Comité éditorial conjoint Dialogues pour soutenir la collaboration dans la diffusion des savoirs en musique. Le lancement sera suivi d'une activité de réseautage.