Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :Depuis plusieurs décennies, la place du français dans le champ scientifique est en déclin. Ce déclin, amorcé dans les disciplines des sciences naturelles au milieu du siècle dernier, s'est poursuivi dans les disciplines médicales durant les années 1970 et 1980, puis dans les sciences sociales et humaines il y a environ trente ans. Ce recul s'accompagne de défis significatifs concernant l'accessibilité des contenus scientifiques pour les communautés non anglophones.
La recherche diffusée en français est confrontée à un double problème : une production scientifique réduite et une visibilité amoindrie dans les environnements numériques académiques, qui privilégient largement la littérature en anglais. C'est précisément à ces enjeux que s'intéressera le premier colloque de la Chaire de recherche du Québec sur la découvrabilité des contenus scientifiques en français.
Le colloque abordera ces questions selon diverses approches (sociologie des sciences, bibliométrie, technologies de la traduction, recherche d'information) et pratiques (journalisme scientifique, participation à l'encyclopédie Wikipédia, ateliers collaboratifs). L'objectif sera d'explorer les multiples facettes de la découvrabilité des contenus scientifiques en français dans un environnement de recherche multilingue.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Vincent Larivière (UdeM - Université de Montréal)
- Marie-Jean Meurs (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Émilie Paquin (UdeM - Université de Montréal)
Programme
Accueil et Mot de bienvenue
Conférence d'ouverture
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Communication orale
Pour une approche écosystémique de la découvrabilité : du livre à la science, ou de la théorie appliquée à l’approche généraleJoanie Grenier (UdeS - Université de Sherbrooke)
Le concept de découvrabilité suscite un intérêt croissant en raison des transformations engendrées par la numérisation et la plateformisation des milieux culturels et scientifiques. Pourtant, rares sont les travaux qui l’abordent sous un angle théorique. En examinant les dynamiques de découverte des productions éditoriales en ligne, ma thèse propose une conceptualisation approfondie de la découvrabilité. J’y soutiens qu’elle est un phénomène global (touchant toutes les composantes d’un milieu), transversal (couvrant divers aspects interdépendants) et structurant (pouvant transformer les pratiques et usages). Pour analyser cette dynamique, j’ai développé le modèle de l’«écosystème du livre», qui examine la découvrabilité sous trois dimensions interconnectées: les pressions régulatrices (les contraintes économiques, technologiques, politiques, socioculturelles façonnant le monde du livre); les cycles de vie du livre (les processus de production, distribution et consommation/réception); la translation (une forme émergente de diffusion articulant la curation, la valorisation et la prescription des contenus). La présente communication explore la possibilité de transposer ce modèle au milieu universitaire, en tenant compte des spécificités des publications savantes et de leur circulation au sein de l’écosystème de la recherche scientifique. Elle mettra en lumière les continuités et les ajustements nécessaires pour penser la découvrabilité en science selon une approche holistique.
Recherche sur la recherche
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Communication orale
Publication savante en français au Canada : thématiques locales, rayonnement internationalSimon Van Bellen (Consortium Érudit)
Bien que la publication savante canadienne soit dominée par l’anglais, des milliers d’articles sont publiés en français chaque année au pays. Sur près de 1000 revues canadiennes actives aujourd’hui, environ une centaine publient uniquement en français, autour de 350 revues permettent l’anglais et le français et une trentaine acceptent d’autres langues, en plus des deux langues officielles.
Nous présentons certaines caractéristiques des périodiques savants canadiens ainsi que de leurs contenus, notamment en ce qui a trait à la composition de l’autorat et aux thématiques de recherche. Basé sur l’analyse des tendances de consultations effectuées sur la plateforme d’Érudit, nous présentons également un aperçu du rayonnement de ces contenus auprès des lectorats canadiens et internationaux. La langue de publication est la variable principale expliquant l’origine du lectorat, et le français n’a rien à envier à l’anglais pour ce qui est des consultations répertoriées. Nous concluons que l'emploi du français permet d’atteindre un lectorat national francophone, et qu’elle a un rayonnement bien au-delà des frontières canadiennes, tout autant que les publications en anglais.
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Communication orale
Évaluation de la recherche et découvrabilité des contenus scientifiques en françaisJulie Francoeur (Université de Montréal), Émilie Paquin (UdeM - Université de Montréal)
La découvrabilité ne peut exister que si le contenu à découvrir existe. Or les données dont nous disposons sont très claires : autour de 2 % des articles scientifiques, 6 % des monographies, 4,5 % des chapitres de livres et 5,8 % des thèses sont actuellement disponibles en français, pourtant cinquième langue parlée dans le monde. Face au déclin de l’usage du français — ainsi que de toutes les langues autres que l’anglais — dans la diffusion des résultats de la recherche, la question des facteurs qui conditionnent le choix de la langue de publication se pose de façon aiguë. Alors que la littérature sur le sujet nous indique que les critères d’évaluation des professeures et professeurs ainsi que de leurs activités de recherche sont en tête des facteurs qui influencent le plus la désaffection du français en science, une analyse de ces critères nous permet de voir que les chercheuses et chercheurs francophones basés au Québec sont loin d’être les victimes d’un système qui les exclut. Dans cette présentation, il s’agira d’illustrer le fonctionnement du système d’évaluation au Québec et de le comparer avec celui en place en France afin de réfléchir aux enjeux qui sous-tendent les approches québécoises et françaises d’évaluation de la recherche.
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Communication orale
La tour et la bibliothèque : le rôle des infrastructures dans la découvrabilité des publications scientifiques non-anglophonesLucía Céspedes (UdeM - Université de Montréal)
Le Web of Science (WoS) de Clarivate et Scopus d'Elsevier sont depuis des décennies les principales sources d'informations bibliométriques. Bien qu'elles soient très bien gérées, ces bases de données propriétaires et fermées sont largement orientées vers les publications en langue anglaise, sous-estimant l'utilisation d'autres langues dans la diffusion de la recherche. D'autres plateformes, souvent qualifiées d'« alternatives », fournissent quant à elles des informations de recherche complètes, inclusives et libres de droits. Cependant, elles sont souvent affectées par des imprécisions dans les métadonnées et des problèmes d'indexation. Dans cette présentation, nous discutons du rôle des infrastructures telles que OpenAlex, OJS ou DOAJ dans la promotion d'un écosystème de publications scientifiques réellement multilingue et diversifié.
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Communication orale
Essai de prosopographie des scientifiques québécois et canadiens francophonesElisabeth Doyon (UQAM et Anarchéologie), Luc Gauvreau† (Anarchéologie), Julien Vallière (Anarchéologie)
En collaboration avec l’Acfas, nous avons produit une base de données à partir des publications et archives de l’association (imprimées et, pour les années plus récentes, numériques). Cette base est constituée d’un répertoire d’énoncés socio-professionnels portant sur les scientifiques québécois et canadiens francophones. Ces énoncés concernent près d’un siècle d’activité scientifique.
La base de données produite indexe (jusqu’à maintenant) 140 000 communications, recense 80 000 auteurs. Elle fournit des informations sur les domaines de la science auxquels ces auteurs contribuent, leurs objets de recherche. Elle les situe temporellement (leurs années d’activité), socialement (leurs collaborateurs, les collègues avec lesquels ils partagent la tribune, leurs rôles au congrès), professionnellement (leurs affiliations institutionnelles, leurs titres). Elle offre une vue d’une profondeur inédite sur la sociabilité savante au Québec et au Canada. Le pari d’exhaustivité, rendu possible par le numérique, promet de contribuer au renouveau de l’histoire des sciences et, plus largement, de l’histoire culturelle, en dévoilant des voix souvent oubliées, des relations interpersonnelles habituellement insaisissables et des zones sous-documentées de la vie culturelle québécoise.
Trois points de notre exposé. 1. Notre chaîne de traitement, à laquelle ont été intégrées les avancées de l’intelligence artificielle générative. 2. Au regard de la mobilisation des connaissances, le recours aux mêmes avancées pour rédiger des notices biographiques. 3. Comment nous envisageons la suite du développement de la base, en particulier son enrichissement.
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Communication orale
Quand les réseaux “internationaux“ scientifiques entravent la découvrabilité de la recherche menée par des femmes : le cas de l’Amérique LatineCarolina Pradier (UdeM - Université de Montréal)
La communauté scientifique latino-américaine a réalisé des progrès significatifs vers la parité hommes-femmes, avec une représentation presque égale des femmes et des hommes scientifiques. Néanmoins, les femmes continuent d'être sous-représentées dans la communication scientifique. Tout au long du XXe siècle, l'Amérique latine a établi son circuit universitaire, en se concentrant sur des sujets de recherche d'importance régionale. À travers une analyse des publications scientifiques, cet article explore la relation entre les inégalités de genre dans la science et l'intégration des chercheurs latino-américains dans les circuits académiques régionaux et mondiaux entre 1993 et 2022. Nous constatons que les femmes sont plus susceptibles de s'engager dans le circuit régional, tandis que les hommes sont plus actifs dans le circuit mondial. Cette tendance est attribuée à un alignement thématique entre les intérêts de recherche des femmes et les questions spécifiques à l'Amérique latine. En outre, nos résultats révèlent que les mécanismes contribuant aux différences entre les sexes en matière d'accumulation de capital symbolique varient d'un circuit à l'autre. Le travail des femmes obtient une reconnaissance égale ou supérieure à celle des hommes dans le circuit régional, mais suscite généralement moins d'attention dans le circuit mondial. Nos résultats suggèrent que les politiques visant à renforcer le circuit académique régional encourageraient les scientifiques à se pencher sur des sujets pertinents au niveau local tout en favorisant l'égalité des sexes dans les sciences.
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Communication orale
La langue a-t-elle une influence sur le contenu scientifique ?Éric Charton (Centre de recherche informatique de Montréal)
Dans le cadre de la Chaire de Recherche sur la découvrabilité des contenus scientifiques en français nous réfléchissons à l’influence de la langue sur un contenu scientifique. En particulier, nous cherchons à évaluer à quel point les différences qui peuvent exister d’une langue à une autre (par exemple entre le français et l’anglais ou encore l’anglais et le chinois) peuvent rendre l’expression de résultats de recherche plus ou moins subtilement différents. On sait que les différences entre langues sont nombreuses : certains concepts existent dans une langue et pas dans une autre, les mots décrivant un objet peuvent être plus ou moins nombreux, plus ou moins spécifiques, les règles grammaticales radicalement différentes. Ces subtiles différences ne sont pas uniquement grammaticales, sémantiques et lexicales, elles peuvent aussi être culturelles : on pourrait par exemple se demander si l’usage du tu et du vous en français et du vouvoiement générique en anglais produisent un résultat différent dans un questionnaire. Dans cette présentation, nous dresserons un panorama de ce sujet d’étude et de l’état de l’art dans le domaine.
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Communication orale
Découvrabilité des articles de la plateforme Érudit dans les catalogues de bibliothèques et dans Google ScholarAudrey Laplante (UdeM - Université de Montréal)
Érudit constitue la principale plateforme de diffusion de la recherche scientifique québécoise en français. Toutefois, pour que ces contenus atteignent leurs publics cibles, ceux-ci doivent être visibles et aisément repérables dans les outils de recherche. Cette communication présente les résultats d’une étude exploratoire qui évalue la découvrabilité des publications diffusées sur Érudit dans deux outils de recherche largement employés au Québec : Sofia, l’interface de recherche partagée par l’ensemble des bibliothèques universitaires du Québec, et Google Scholar.
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Communication orale
Science ouverte et découvrabilitéVincent Larivière (UdeM - Université de Montréal)
Pause dîner
Technologies
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Communication orale
L'intelligence artificielle au service de la découvrabilité des contenus scientifiques en français : potentiel, limites et pistes de réflexionMarie-Jean Meurs (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Communication orale
L’intelligence artificielle au service d’Érudit : réflexionsPhilippe Langlais (UdeM - Université de Montréal)
L’intelligence artificielle (IA) ouvre de nouvelles perspectives pour l’enrichissement et l’accessibilité des contenus académiques en sciences humaines et sociales. Je présenterai le fruit d’une réflexion menée au sein d’Érudit visant à encadrer le passage raisonné à l’IA dans la plateforme Érudit. J’articulerai cette réflexion autour de deux axes — l’extraction de méta-données d’un article et la consultation fluide de documents — qui tous les deux amènent leur lot d’opportunités mais également de défis. J’avancerai l’idée qu’une intégration réussie de l’IA dans un environnement comme celui d’Érudit n’est pas tant un enjeu technologique, qu’un enjeu d’évaluation.
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Communication orale
Outil d'analyse de la répartition des langues dans les contenus scientifiquesSamy Assouane (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Nous présenterons un outil développé pour analyser la répartition des langues d’articles scientifiques et de monographies du Québec et de France, collectées sur diverses plateformes. Cet outil récupère automatiquement les métadonnées essentielles, telles que la langue de publication, l’année de publication, le domaine et le pays d’affiliation des auteur.e.s, offrant ainsi une vue d’ensemble sur la diversité linguistique des productions scientifiques. Il révèle plus particulièrement l’évolution de la part des contenus scientifiques en français par rapport à d'autres langues, sans nécessiter d’expertise technique. Grâce à une interface conviviale, la personne utilisatrice peut obtenir des statistiques claires à travers différents diagrammes paramétrables, auxquelles il est possible d'appliquer des filtres pour explorer en profondeur les tendances. La plateforme permet également d'afficher les données brutes sous forme de tableaux interactifs, facilitant l'examen direct des informations extraites des différentes sources.
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Communication orale
L’intelligence artificielle pour la traduction et la rédaction scientifique : un premier bilan entre perspectives et réalitésSusanna Fiorini (OPERAS)
Au cours de la dernière décennie, les outils de traduction et de rédaction basés sur l’intelligence artificielle (IA) ont ouvert la voie à de nouvelles opportunités pour favoriser le multilinguisme dans la communication savante. Depuis l’arrivée de la traduction automatique neuronale (TAN) en 2016 à l’avènement plus récent de l’IA générative (GenAI ou IAg), les recherches menées ont permis d’envisager des cas d’usage divers, tels que l’utilisation de la traduction automatique brute ou légèrement supervisée pour traduire les métadonnées et améliorer ainsi la découvrabilité des publications, le déploiement de la TAN comme aide à la rédaction et à la traduction pour les auteurs et les traducteurs, ou encore l’emploi de l’IA générative pour produire des textes multilingues ayant des finalités scientifiques variées. Lors de cette présentation, ces cas d’usage potentiels seront analysés sur la base de données quantitatives et qualitatives obtenues dans le cadre du projet Traductions et science ouverte afin de fournir un aperçu des performances des outils évalués. La discussion portera également sur les méthodes d’évaluation existantes et la mesure dans laquelle elles reflètent la complexité de la production de contenus multilingues dans la communication savante.
Perspectives
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Communication orale
Le rôle des journalistes dans la découvrabilité du contenu scientifiqueGabrielle Anctil (Chaire découvrabilité science en français)
Les journalistes se trouvent tout au bout du processus scientifique, arrivant souvent une fois que l’article est paru pour en relayer les résultats au grand public. Malgré cette relation symbiotique, la communication est occasionnellement ardue. Pour les équipes de recherche, les rouages de la machine médiatique peuvent sembler impénétrables. Pour les journalistes, la quête d’intervenant-es ou l’accès aux publications relève parfois du miracle. Comment faciliter l’interaction entre ces deux mondes, pour contribuer à une meilleure découvrabilité de la science?
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Communication orale
Wikimédia et la découvrabilité des savoirs québécois : enjeux, stratégies et collaborationsLouis Germain (Wikimedia Canada), Michael David Miller (Bibliothèque de l'Univeristé McGill)
Les projets Wikimédia ont un potentiel intéressant pour la découvrabilité des savoirs en ligne, notamment en recherche académique. Cette présentation explorera comment les projets Wikimédia pourraient contribuer à accroître la visibilité des contenus scientifiques, en particulier en français et au Québec. Dans cette présentation, nous aborderons les enjeux liés à la présence des savoirs québécois sur Wikipédia, les stratégies pour améliorer leur diffusion (notamment via Wikidata et les bases de données ouvertes) et nous discuterons des initiatives locales qui contribuent à renforcer la place du Québec dans l’écosystème numérique du savoir.
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Communication orale
Des outils intellectuels pour reconnaître un contenu scientifique en contexte d'incertitudes et de désinformationSophie Bretagnole (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Face aux campagnes de désinformation, il nous semble souhaitable de favoriser la découvrabilité des contenus scientifiques. Cependant, comment chercher des contenus scientifiques si nous ne sommes pas en mesure de les reconnaître ? Pourquoi ces contenus seraient-ils plus fiables que d'autres ? Que faire lorsque des contenus sont contradictoires ou que des incertitudes sont mentionnées ? Afin d’explorer ces questions, notre projet de recherche vise à bâtir des ateliers grand public inspirés de travaux en philosophie des sciences permettant à toute personne intéressée de disposer d’outils pour évaluer la fiabilité des contenus auxquels nous sommes continuellement exposéEs, notamment ceux disponibles en français, tout en encourageant une approche réflexive et nuancée. D’une durée d’environ 1h30, ces ateliers seront ouverts à tout le monde, sans connaissances ni formations prérequises. Nous présenterons le projet et les étapes de validation en collaboration avec le public.