Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :La crise de la pandémie de COVID-19 a rappelé l’ampleur des inégalités de genre dans le travail rémunéré et non rémunéré à l’échelle mondiale. En Afrique, si le travail des femmes n’a rien de nouveau, on assiste depuis les années 1990, avec le renchérissement du coût de la vie, la précarisation de l’emploi des hommes, mais aussi la forte progression de la scolarisation féminine, à une « féminisation de la survie » ou à une « féminisation des responsabilités et des obligations ». Pour assurer la survie et le bien-être des familles et des communautés, dans les villes notamment, les femmes ont progressivement intensifié leur présence sur le marché du travail et leur implication bénévole dans les associations et organisations communautaires, tout en continuant de s’occuper de la quasi-totalité des tâches domestiques.
Bien que la question du travail des femmes occupe aujourd’hui une place de choix dans les priorités des agences de coopération, et malgré la disponibilité accrue de statistiques sur les activités réalisées par les femmes, le travail féminin demeure, à bien des égards, sous-évalué, particulièrement dans les pays pauvres. Comme le dénoncent les chercheur·ses féministes, le travail domestique et de soins non rémunéré et le travail communautaire bénévole, notamment, restent encore largement invisibles.
Le colloque s’intéresse à l’articulation des activités professionnelles, domestiques et communautaires réalisées par les femmes, et aux modalités de gestion du cumul de travail dans un contexte de féminisation de la survie en Afrique.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables : Partenaire :Programme
Féminisation de la survie et articulation travail-famille en Afrique
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Communication orale
Mot de bienvenueAnne Calvès (UdeM - Université de Montréal)
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Communication orale
Autonomisation économique des femmes, adoption des foyers améliorés et temps alloué au travail non rémunéré en milieu rural au BéninCharlemagne Babatoundé IGUE (Université d'Abomey-Calavi (UAC)), J. URIELLE TOSSOU (Université d’Abomey-Calavi)
L’objectif de la communication est d’évaluer l’impact des foyers améliorés sur le temps du travail non rémunéré des femmes en milieu rural au Bénin. Conformément à la littérature sur les foyers de cuisson, nous postulons que les foyers améliorés réduisent le temps affecté au travail domestique (Simkovich et al., 2019 ; Biswas et al., 2022) par les femmes en milieu rural au Bénin.
Pour y parvenir, l’étude privilégie une approche basée sur la régression de commutation endogène permettant de contrôler les biais de sélection et d’obtenir ainsi des estimateurs consistants. Les données proviennent de la base de données du projet CRDI n°109623-001 « Impacts de l’introduction de GUEV COOKER sur l’autonomisation économique des femmes au Bénin et perspectives de mise à l’échelle », réalisée auprès de 531 femmes dans cinq communes au Sud-Est du Bénin.
L’analyse des données montre que le temps du travail non rémunéré moyen journalier des femmes utilisant les foyers améliorés est moins élevé que celui des femmes n’utilisant pas les foyers améliorés. Les résultats estimés à l’aide de la régression de commutation endogène révèlent que les foyers améliorés diminuent significativement le temps journalier du travail non rémunéré des femmes.
Ces résultats invitent au renforcement des politiques de promotion des foyers améliorés et des activités économiques des femmes dans les zones rurales du Bénin.
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Communication orale
Articulation travail-famille : l’expérience des femmes salariées de la fonction publique et celles du secteur privé formel de la ville de OuagadougouHonorine Pegdwendé SAWADOGO (Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST))
Le secteur formel offre un travail salarié en exigeant de l'employé.e un esprit compétitif et une entière disponibilité débarrassée de toutes autres contraintes. Toutefois, les femmes salariées qui ont des exigences relatives à la sphère domestique ont du mal à articuler ces exigences professionnelles et leurs obligations familiales et communautaires. L’intérêt de la présente recherche est de comprendre comment les mères et épouses actives du secteur privé formel et de la fonction publique à Ouagadougou gèrent leur quotidien entre contraintes familiales et obligations professionnelles. Une approche mixte alliant méthodes quantitative et qualitative a été mobilisée dans une perspective comparative pour saisir les spécificités de chaque secteur d’emploi en matière de flexibilité et d’exigence.
Les résultats montrent que, la répartition du travail domestique entre femmes et hommes reste inégalitaire dans la ville de Ouagadougou, alors que la contribution des femmes aux dépenses du ménage, grâce aux revenus tirés de leur activité professionnelle, est de plus en plus substantielle. En outre, si les contraintes/défis liés à la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale touchent les femmes salariées de manière générale, elles touchent de manière toute particulière, les femmes du secteur privé formel mettant en jeu le maintien de ces dernières dans leur emploi, leur performance et leur évolution professionnelle.
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Communication orale
Le quotidien des femmes « actives » et mariées à Dakar : une organisation qui rime avec « délégation »Laure Moguerou (Université Paris Nanterre)
L’interrogation sur le travail domestique et son corolaire, la division sexuelle du travail, sont des sujets inscrits à l’agenda des organisations internationales : depuis les années 2000, elles figurent dans les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et depuis 2015, dans ceux du développement durable (ODD). Ces objectifs, et les recommandations qui en sont issues, ont été repris dans les documents de stratégie nationale pour l’égalité et l’équité de genre du Sénégal (SNEEG 1 et 2, signées respectivement en 2006 et en 2016). Mais si la question du partage des tâches domestiques entre membres d’un même ménage fait son entrée sur la scène politique sénégalaise, elle demeure un sujet peu prisé des recherches qui y sont menées.
L’objectif de cette communication est de mobiliser une enquête quantitative inédite conduite à Dakar en 2018 (l’enquête FORTE - Femmes et ORganisation Travail-Familles qui a porté sur 1200 ménages et 1000 femmes mariées) pour proposer un état des lieux de l’organisation domestique des ménages de la capitale sénégalaise. Il s’agit cependant moins de questionner l’inégale prise en charge des tâches domestiques par les femmes et les hommes – un fait désormais établi – que de mettre au jour les pratiques et logiques de l’organisation quotidienne que les femmes mariées et « actives » mettent en place pour tout mener de front, en accordant une attention particulière aux diverses formes de délégation qui structurent ce quotidien domestique.
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Communication orale
Le travail domestique et les dynamiques entre femmes à DakarMadon Awissi (UdeM - Université de Montréal)
Dans cette communication, je présente quelques résultats préliminaires de mon travail de thèse qui porte sur l’articulation travail-famille des femmes dakaroises. Le constat dans la littérature est qu’il y a une spécialisation sexuelle des rôles autour du travail domestique au sein des ménages, les femmes exerçant la majeure partie du travail domestique. Ce constat est souvent avancé pour marquer l’oppression des femmes des SUDS, celles-ci étant présentées comme impuissantes et soumises, puisque confinées à l’espace domestique. De fait, l’expérience des femmes à Dakar est ancrée dans un rapport social de sexe qui en produit à la fois les possibilités et les limites.
Nos recherches montrent que loin d’être cantonnées à un rôle passif, les femmes développent des stratégies de résistance selon leur champ des possibles. Au sein de la sphère domestique, ses stratégies leur permettent de se créer des espaces de pouvoir, structurant ainsi l’organisation du travail domestique, ce qui engendre une hiérarchisation spécifique entre femmes. Ces dynamiques varient en fonction de la situation économique du ménage et du statut socio-économique des femmes, ainsi que des possibilités de délégation auprès des domestiques, entrainant une redéfinition des rôles domestiques entre femmes au sein du ménage.