472 - Approches biopolitiques des âges de la vie

Cette communication entend croiser le modèle socio-économique du cycle de vie et l’étude des profilages en contexte québécois. Dans une société color-blind et supposément post-raciale, comment les pratiques ordinaires de discrimination raciale envers les personnes issu×es de l’immigration et racialisé×es amènent à repenser ce modèle classique?

La présentation repose sur les résultats d’une étude inspirée des méthodes ethnographiques cherchant à documenter les pratiques de profilage racial et social dans la vie quotidienne des jeunes issu×es de l’immigration et racialisé×es dans le quartier Vanier, à Québec. Il est notamment possible de voir que les discriminations ordinaires impactent les possibilités de s’inscrire dans la triade normative formation, activité professionnelle et retraite chez ces jeunes.

La communication se décline en trois parties. Vanier s’apparentant à un territoire dit de relégation, nous nous intéresserons d’abord au contexte social et territorial particulier avec lequel ces jeunes doivent composer. Ensuite, nous verrons comment leur avenir peut être profilé sur la base de critères administratifs, qui les empêchent de sécuriser leur propre trajectoire. Finalement, nous aborderons les manières dont cette relation différenciée au temps dépendamment des rapports de domination de race et de classe nous amène à (re)questionner de façon plus large la conception ternaire des âges de la vie.

En raison du vieillissement croissant de la population, les processus de développement régional impliquent des acteurs d’âges de plus en plus variés. Malheureusement, cette collaboration est encline à des conflits intergénérationnels qui empêchent de fructifier la richesse humaine qu’elle pourrait générer. En réponse, des chercheurs développent des dispositifs de partage intergénérationnel de connaissance. Cependant, ces travaux s’inscrivent dans des contextes organisationnels isolés, laissant un vide à explorer quant à la valorisation de cette dynamique dans des processus plus larges de développement régional.

Ce travail propose un cadre conceptuel pour comprendre comment des acteurs de générations différentes peuvent mutualiser leurs savoirs pour générer une intelligence collective dans le cadre du développement d’une région. Le modèle socialisation-externalisation-combinaison-internalisation, largement utilisé dans les sciences organisationnelles pour comprendre les processus de génération des connaissances, sert de cadre d’analyse. Il sera adapté pour modéliser les mécanismes pouvant permettre la création, le partage et la circulation des savoirs entre des personnes d’âges différents, dans une logique de génération d’intelligence collective pour l’action régionale. Non seulement le modèle développé contribue à la littérature sur l’intelligence collective des territoires, il constitue également un outil potentiel pour les décideurs et au maintien actif des personnes âgées.

En 2023, le gouvernement français alors en place a imposé une nouvelle réforme paramétrique de la retraite, déplaçant l’âge légal de liquidation des droits à la retraite de 62 à 64 ans pour l’ensemble des travailleurs français, à l’exception de celles et ceux qui parviennent à accéder au dispositif de « carrières longues ».

Cette réforme intervient dans un contexte de forte dégradation des conditions de travail en France, à des niveaux nettement plus marqués que dans d’autres pays d’Europe. Comment les travailleurs et travailleuses envisagent-ils ce recul de leur départ à la retraite ?

Pour le comprendre, je propose dans cette communication de présenter d’abord les mesures qui encadrent en France l’emploi des personnes qui vieillissent sur le marché du travail. À la suite, à partir d’une enquête menée au printemps 2024 auprès de 27 personnes âgées de 40 à 50 ans, je présenterai d’abord la manière dont est envisagée l’allongement de la durée de vie active, puis les tactiques, éminemment individuelles, mises en place pour y faire face.

Dans les dernières années au Québec, la transition vers l’âge adulte des jeunes en situation de vulnérabilité a fait l’objet d’une attention politico-médiatique accrue, notamment pour a protection de la jeunesse. Bien que majoritaires parmi la population pénale, les 16-29 ans dans le système pénal (SJ) ne suscitent pas une telle attention. Pourtant, pendant l’âge de la jeunesse, les jeunes judiciarisé·e·s rencontrent divers défis biographiques liés à la transition vers l’âge adulte. Par ailleurs, l’âge structure le SJ, notamment avec la majorité pénale : dès 18 ans, les jeunes sont considéré·e·s comme adultes malgré l’allongement de la jeunesse au-delà de cet âge. Ils et elles sont suivi·e·s dans le SJ pour adultes, plus punitif que le SJ des mineur·e·s et où l’âge ne module plus le traitement pénal. Cette communication vise alors à comprendre comment le SJ adresse la situation complexe des jeunes en transition vers l’âge adulte, et ce que cela produit en termes de traitement pénal de l’âge de la jeunesse. À partir d’une étude de la portée (scoping review), elle mettra en regard l’organisation du SJ au Québec avec les débats internationaux sur le seuil de la majorité pénale. En présentant trois adaptations du SJ préconisées pour considérer la transition vers l’âge adulte, elle montrera que les discussions sur l’âge et la majorité pénale, peu présentes au Québec, s’inscrivent surtout dans une visée de gestion des risques et alimentent des rapports sociaux d’âge particuliers.