Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Ce colloque réexamine les paradigmes dominants de la recherche-création, encore largement ancrés dans une épistémologie eurocentrée, en développant une méthodologie décoloniale valorisant les savoirs du Sud global. Nous mobilisons des approches féministes et épistémologiques décoloniales, en nous appuyant sur les travaux de Gloria Anzaldúa, Maria Lugones, Chandra Talpade Mohanty, bell hooks et Françoise Vergès. Bien que la recherche-création, développée en Occident depuis les années 1990 (Borgdorff, Chapman et Sawchuk), ait souvent exclu les perspectives du Sud global, des critiques (Mignolo, Smith, Loveless) appellent à repenser cette approche en reconnaissant les dynamiques coloniales. Ainsi, le colloque s’articule autour de deux axes :
- Fondements théoriques et pratiques : Nous analyserons comment les épistémologies du Sud global enrichissent et redéfinissent la recherche-création en remettant en question les récits eurocentrés et les structures coloniales de production des savoirs.
- Perspectives collaboratives et communautaires : Nous mettrons en lumière des initiatives du LabARD telles que l’écoute participative décoloniale et l’exploration des expériences diasporiques, lesquelles amplifient les voix marginalisées et les transforment en discours reconnus dans les épistémologies occidentales.
Ce colloque vise à élargir les horizons méthodologiques et épistémologiques de la recherche-création, en valorisant des pratiques collectives et participatives. En encourageant la création de nouveaux discours par la désobéissance épistémologique, il redéfinit la recherche-création comme un outil de transformation sociale, épistémique et politique. Le manque de littérature francophone sur la recherche-création décoloniale souligne l’urgence de créer un corpus valorisant ces savoirs. Inscrit dans la mission du LabARD de décolonialiser les savoirs et pratiques artistiques, ce colloque comble ce vide universitaire et crée un espace de dialogue entre chercheur·ses, artistes et communautés.
Le colloque répond à l’urgence de décolonialiser les approches scientifiques et artistiques dans le milieu universitaire francophone, historiquement dominé par une épistémologie eurocentrée qui a longtemps marginalisé les savoirs du Sud global et les perspectives féministes décoloniales. En ce sens, il vise à repenser en profondeur les fondements théoriques et pratiques de la recherche-création.
En mobilisant des figures majeures comme Gloria Anzaldúa, Maria Lugones, bell hooks, Chandra Talpade Mohanty et Françoise Vergès, ce colloque instaure une rupture épistémique avec les récits dominants, remettant en cause les hiérarchies de pouvoir dans la production et la légitimation des connaissances. En s’appuyant sur les épistémologies du Sud global, il enrichit et redéfinit la recherche-création en intégrant des savoirs historiquement marginalisés, tout en remettant en question les structures coloniales persistantes.
Remerciements :Le LabARD remercie les conférencier·ères, chercheur·e·s, artistes et participant·es, ainsi que l’ACFAS et le FRQSC pour leur soutien. Nous soulignons le travail des coorganisateur·rices Michèle Magema, Constanza Camelo, Romeo Gongora, ainsi que Reine Esther Toué pour la coordination. Enfin, nous honorons les luttes et pensées des intellectuel·les, artistes et militant·es qui nous ont précédé
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Romeo Gongora (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Constanza Camelo (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
- Michèle Magema (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Mot d’ouverture et introduction
Fondements des approches décoloniales et de la recherche-création décoloniale
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Communication orale
Propositions théoriques et méthodologiquesFrançoise Vergès (Autonome)
Qu’entend-on par colonialité dans la recherche-création ?
- Comment ce concept s’applique-t-il aux pratiques artistiques et aux méthodologies de recherche-création actuelles ?
Cette question s'inscrit dans le cœur même du colloque et permet de mobiliser votre pensée critique sur les héritages coloniaux dans les institutions culturelles et académiques, sur la colonialité dans les arts et la culture.
Quels sont les principaux défis pour une véritable décolonialisation des savoirs dans la recherche-création ?
- Quelles résistances institutionnelles et conceptuelles demeurent ?
Cette question donne l’occasion de partager votre analyse des mécanismes de pouvoir institutionnels et des résistances à la décolonialisation.
Quels outils méthodologiques proposez-vous pour intégrer une approche décoloniale dans la recherche-création ?
- Comment transformer en profondeur les structures de production et de validation des savoirs ?
Il s’agit ici de proposer des pistes critiques sur les approches méthodologiques à partir de vos travaux sur les politiques culturelles, les archives et les pratiques mémorielles.
Comment les pratiques féministes décoloniales et les épistémologies du Sud peuvent-elles enrichir la recherche-création ?
- Quels exemples ou initiatives vous semblent particulièrement significatifs dans cette perspective ?
Cette question permet d’ancrer votre réflexion dans les perspectives transnationales et diasporiques que vous développez depuis longtemps.
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Communication orale
Récit Infongible, un défis de la recherche-création : Trajectoire de validation et d'invalidation du corps noir.Eddy Firmin (Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD University))
Pause
Définir les contours des méthodologies de la recherche-création décoloniale
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Communication orale
La voix des conteuses et conteurs minoritaires dans le monde du conte au Québec : Stigmatisation, discriminations et folklorisationMyriam Martineau (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication se veut une réflexion féministe, critique et décoloniale du monde du conte au Québec, où les artistes minoritaires (Autochtones, immigrant.e.s et femmes) ont non seulement une moindre place sur les scènes instituées de la culture, mais aussi font face à plusieurs stigmates, discriminations et folklorisation de leur parole conteuse. Qui devient légitime à porter le conte dans l’espace public au Québec ? Comment peut-on s’ouvrir à cette altérité qui ne concerne pas uniquement le propos du conte mais aussi la corporéité, la durée « autorisée », la forme sensible, multidisciplinaire de la performance conteuse, notamment chez les Autochtones et les immigrant.e.s, dans leur pratique contemporaine ? À partir d’une enquête réalisée auprès de 80 conteuses et conteurs au Québec, je propose de penser ces « minoritaires » qui présentent à travers leur art des formes de résistance et de transgression du discours dominant sur ce qui est raconté et les manières de le raconter dans cet espace public. Quelles sont les contraintes et opportunités auxquelles ils/elles font face pour faire entendre leur voix, souvent déniée, voire parfois silenciée ?
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Communication orale
Ma mère peut-elle parler ?Nadia Abiad (artisane), Mirna Abiad-Boyadjian (UQAM - Université du Québec à Montréal)
En 1982, ma mère, Nadia Abiad, réfugiée libanaise, mère monoparentale et couturière, a témoigné de sa situation pour l’Association de la Défense des Droits Sociaux (ADDS). Son récit, publié en 1987, témoigne de réalités invisibilisées : l’exil, la précarité et la marginalisation des femmes racisées et déscolarisées.
Comment redonner vie à ce témoignage, à la fois intime et politique ? Depuis plusieurs mois, je collabore avec ma mère à travers des lectures filmées et des discussions sur son histoire et les conditions de son témoignage. Cette communication présentera notre démarche, illustrée par des extraits vidéo.
Longtemps relégué au second plan, le récit de vie – surtout celui d’une femme du Sud global – est souvent exclu de l’Histoire et de la littérature. Pourtant, il ne se limite pas à une anecdote, mais permet d’articuler subjectivité et structures sociales. Inscrit dans un féminisme décolonial (Vergès, 2019), ce projet honore la mémoire de ma mère et la lutte des femmes dont je suis l’héritière.
Lunch
Lunch
Les dimensions collaboratives et communautaires
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Communication orale
Écoute décoloniale ou réapprendre à écouter ? Créer à partir des témoignages des aînés et des aînées des Premières NationsFelippe Martin (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Je voudrais revenir sur les différentes étapes de collaboration avec certains aînés et aînées des Premières Nations du Québec avec qui j'ai appris à travailler pour mon projet final de maîtrise en art à l'UQAC. Ce projet se construit à partir des témoignages filmés avec des aînés et des aînées Cri, Innus, Black Foot, Atikamekw, Anishinaabek et Maya, autour de la notion d'objet sacré. C'est un processus de création d'environ 4 ans à travers lequel j'ai pu comprendre certains protocoles, être exposé et manipuler certains objets sacrés, suivre les aînés et les aînées dans certaines cérémonies, mais surtout réapprendre à écouter, comprendre la place de l'écoute dans la tradition orale.
Mon but initial c'était d'utiliser l'académie comme "excuse", comme outil ou comme véhicule qui me permettrait d'aller à la rencontre des savoirs qui persistent à l'extérieur de l'académie. Quelle ironie avoir à passer par l'académie pour s'éloigner d'elle, mais surtout quel danger : en faisant cela suis-je en train d'assimiler, d'adapter, de réduire ces nouveaux savoirs aux paramètres, aux standards, à la compréhension de l’académie ? De l'académie occidentale ?
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Communication orale
PORTAILS DU PASSÉ À VENIR, Une uchronie de fiction spéculative pour démontrer l'hégémonie du récit ou comment penser la culture mexicaineMel izanami Cano Flores (Moviendo Monos)
Portails du passé à venir est un projet de recherche et une série de pièces que j'ai commencé dans le cadre de mon projet de mémoire de maîtrise. Développer un corpus d’œuvres axé sur une uchronie de fiction spéculative qui interroge les récits hégémoniques de l’histoire de la culture occidentale, avec une approche simple mais avec une prémisse puissante : à quoi ressemblerait le Mexique dans un monde imaginaire où la conquête n’a jamais eu lieu ? Sous cette prémisse, j’ai exploré de multiples possibilités d’expression. Avec des outils comme WebAR et la création de signets qui imitent les codex mexicains, j'ai transformé les smartphones et les tablettes en visualiseurs de passés et de présents alternatifs où sont montrés différents espaces spéculatifs créés avec une animation 3D.
Pièces littéraires sur une histoire uchronique sur la façon dont les événements contemporains de la conquête se sont développés mais avec un nouveau résultat, présentés sur un FakeWeb comme un univers parallèle.
Je pense qu'il est pertinent de diffuser ces récits perturbateurs et ces discours non hégémoniques sous d'autres latitudes, pour briser le paradigme eurocentrique et présenter des alternatives qui nous font réfléchir sur les cultures précolombiennes.
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Communication orale
« Barzakh urbain – Transontologise·s du rêve et onirisme·s cinématographique·s »Léo Yonis Henni (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication aura pour but de présenter une démarche de recherche-création audiovisuelle explorant la porosité entre corps, rêves et urbanités sur l’île de Montréal-Tio’tià:ke-Mooniyang. Inspirée du concept soufi de *barzakh*, repris par Mohamed Amer Meziane (2023), elle capte un « monde imaginal » dans les espaces urbains souvent ignorés. Le *barzakh*, espace-temps entre le physique et l’immatériel, inverse le schéma colonial et abolit les frontières entre humain et non-humain, vivant et non-vivant. Meziane conçoit le rêve comme un phénomène influençant concrètement le monde social, ancré dans une « anthropologie métaphysique » qui dialogue entre rêve et réalité.
Cette démarche s’intègre à un projet doctoral sur une « ontologie du·es seuil·s », explorant les espaces transitoires urbains pour matérialiser, par l’image fixe et mouvante, une réalité à la frontière des mondes et identités (Muñoz 1999). À partir d’une expérience personnelle de pluralité, la photographie et la vidéographie servent à explorer ces espaces interstitiels. Avec des collègues aux identités entremêlées, nous arpentons ces lieux, y laissant des traces photographiques, préludes à des récits cinématographiques déconstruisant les oppositions entre ces mondes.
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Communication orale
Décoloniser les espaces artistiques à Tiohtià:ke/Montréal : Peripheral Hours, art, guérison et souveraineté narrative des voix BIPOCVictoria Catherine Chan (Peripheral Hours)
Peripheral Hours incarne un espace artistique insurgé, un lieu de souverainetés narratives, de guérison collective et de réappropriation pour les artistes BIPOC à Tiohtià:ke/Montréal. À rebours des logiques extractivistes et normatives des institutions culturelles dominantes, ce sanctuaire décolonial propose un autre mode d’être, de créer et de raconter — en dehors des prismes coloniaux et oppressifs.
Dans un territoire marqué par la dépossession et l’effacement systémique des voix autochtones, afrodescendantes et racisées, Peripheral Hours ouvre un espace vivant où l’art devient langage de survie, acte de résistance et outil de souveraineté identitaire. Ici, les récits ne sont plus tolérés : ils sont recentrés, amplifiés, honorés. Les artistes y convoquent la mémoire, les ancestralités, les douleurs et les joies, dans un processus de guérison à la fois individuel et collectif.
Ce lieu expérimental cultive l’autonomisation radicale par des pratiques artistiques déhiérarchisées, intersectionnelles et ancrées dans la solidarité. Il forge des réseaux d’alliances durables et réimagine l’art comme un vecteur de transformation sociale. Peripheral Hours refuse les logiques d’intégration symbolique : il œuvre pour des souverainetés pleines, incarnées, enracinées. C’est un espace où les artistes BIPOC ne demandent plus leur place — iels la reprennent, l’habitent et la transforment.
Séance de réflexion collective et compte rendu
Réseautage
Mot d’ouverture et introduction
Fondements des approches décoloniales et de la recherche-création décoloniale
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Communication orale
Titre à confirmerNadia Yala Kisukidi
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Communication orale
(Dé)construire la praxis féministe à travers les contre-récits transatlantiques des femmes communistes martiniquaises pendant l'entre-deux-guerresJacqueline Couti (Rice University)
Au début du XXᵉ siècle, plusieurs projets politiques et culturels menés par des Antillaises d’ascendance africaine se distinguent. Ces initiatives se démarquent par la radicalisation et la racialisation des discussions générées sur les questions féminines, le féminisme (sans pour autant utiliser ce terme) et la nation, dans un contexte de mondialisation croissante. En 1924, la Martiniquaise Suzanne Lacascade, réfléchissant à la condition des femmes de couleur, salue un patriotisme français inclusif sur le plan racial, qui s’étend au-delà des frontières hexagonales. Dans les années 1930, Paulette Nardal, également martiniquaise, s’intéresse aux contributions des femmes afrodescendantes et africaines dans l’histoire et la culture mondiales. Elle souligne l’urgence de proposer des contre-récits et des contre-archives centrés sur ces contributions et de réécrire l’historicité ou l’historiographie de la pensée noire.
Dès les années 1940, en collaboration avec d'autres militantes communistes à l’échelle régionale, nationale et internationale, Jane Léro (1916-1961) et Solange Fitte-Duval (1921-2014) développent un activisme féministe et décolonial. Elles partagent leurs réflexions au sein d’organisations locales telles que l’Union des Femmes de la Martinique (UFM) et à travers des journaux comme Justice : Organe des intérêts du peuple (1920) et Femmes martiniquaises (1947). Bien que méconnues, ces militantes jouent un rôle crucial dans la décolonisation des savoirs. Leur engagement nourrit une praxis féministe libératrice, similaire à la praxis marxiste, visant à provoquer des changements, notamment l’émancipation des individus. L’histoire de ces Martiniquaises, ainsi que leur affiliation avec d’autres militantes communistes et socialistes de la diaspora noire dans les Amériques et au-delà, éclaire un cadre transnational révélant de fascinants enchevêtrements transatlantiques. L’examen de ces dialogues communistes en faveur de la libération des femmes dévoile des lieux de production de savoirs souvent négligés et met en lumière la pluralité des expériences féminines.
Pause
Definir les contours des méthodologies de la recherche-création décoloniale
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Communication orale
(Re)Penser l’altérité à l’épreuve de la recherche-création : parcours réflexif autour du spectacle Altération d’Aly KeitaMonia Abdallah (UQAM - Université du Québec à Montréal), Aly Keita (directeur de la compagnie Kira Arts), Raffaela Siniscalchi (directrice de production.)
Depuis plusieurs années, j’enseigne un cours intitulé Art et Altérité qui propose diverses analyses de représentations visuelles et culturelles de la différence. Ce cours, Art et Altérité, explore les représentations visuelles et culturelles de la différence à travers une analyse critique nourrie des études post-coloniales (Spivak, Luste Boulbina), décoloniales (Quijano, Vergès) et féministes/culturelles (Crenshaw, Williams, Hall). Ces approches ont remis en question la pensée occidentale dominante et renouvelé la compréhension de la différence, traditionnellement construite sur une vision universaliste de l’art, reflet d’une idéologie coloniale et patriarcale. Cette dernière considère l’altérité – raciale, sexuelle ou culturelle – comme une différence irréductible.
Dans le cadre du projet Altération, nous explorons comment l’expérience visuelle du spectateur enrichit l’imaginaire du chorégraphe Aly Keita, qui s’exprime à travers des corps traversés par des expériences multiples (somatiques, identitaires). Ces interactions sensibles sont performatives : elles transforment et se transforment, redéfinissant le « vivre ensemble » et ses représentations. Ce processus engage une « praxis anticolonialiste », ouvrant de nouvelles perspectives sur notre rapport à l’autre.
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Communication orale
Résonances situées : Décoloniser l’écoute et les performances poético-musicaleskristine Dizon (Université Concordia)
La recherche de Kristine Dizon remet en question les cadres eurocentriques du son et de la recherche-création en adoptant des méthodologies d’écoute décoloniales. Son travail examine la manière dont le son construit l’identité et interroge les biais coloniaux dans les compositions poético-musicales. En s’appuyant sur des théoriciens tels qu’Anzaldúa, Lugones et Mignolo, elle repositionne la recherche-création comme un outil épistémique de transformation.
Ses recherches explorent comment la race, le genre et les hiérarchies sociales influencent l’écoute. En analysant des performances de spoken word, des enregistrements sonores historiques et des compositions contemporaines, elle met en lumière la manière dont les épistémologies dominantes réduisent au silence les voix marginalisées. Parmi les études de cas figurent "It’s Nation Time" d’Amiri Baraka, la poésie sonore de Kaie Kellough et les pratiques sonores autochtones qui remettent en cause les normes auditives coloniales.
Dizon utilise des études empiriques sur l’écoute, l’analyse d’archives et la recomposition créative pour développer des cadres d’écoute participatifs. Son travail contribue à la décolonisation de la recherche-création en défendant des méthodologies qui privilégient les épistémologies du Sud global, amplifient les récits marginalisés et remettent en cause les hiérarchies sonores coloniales. Cette approche redéfinit la recherche-création comme un acte de désobéissance épistémique et de changement social.
Lunch
Les dimensions collaboratives et communautaires
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Communication orale
Localités de résistance, communités du soin : rencontres collaboratives au Museo de la Ciudad Autoconstruida (Localities of resistance, communities of care)Constanza Camelo (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Jennifer Carter (UQAM)
Cette communication porte sur les résultats du projet Localities of resistance, communities of care: Collaborative (en)counters at the Museo de la Ciudad Autoconstruida (J.Carter, C.Camelo, C. LLeras). Ce projet de commissariat cherchait à confronter la discrimination et la stigmatisation à Ciudad Bolívar, localité historiquement défavorisée dans la métropole deAutoconstruida (J.Carter, C.Camelo, C. LLerasctifs de jeunes leaders communautaires du quartier à collaborer dans la création d’un dispositif muséographique et d’une œuvre d’art axés sur des questions liées à la crise climatique et la justice environnementale.
Foyer du nouveau musée-satellite du musée de la ville de Bogotá, le Museo de la Ciudad Autoconstruida (Musée de la ville autoconstruite) a fourni un terrain de recherche-partenariale pour des créations portant sur les effets sociaux et politiques de l’exploitation extractiviste locale sur les résident.e.s de Ciudad Bolívar. L’approche méthodologique découle des spécificités du contexte local, c’est-à-dire du nouveau Museo de la Ciudad Autoconstruida et de la tradition de l’agentivité citoyenne à Ciudad Bolívar.
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Communication orale
Territoire du Sud : tissu de vies . Nous existons parce que nous résistonsDiana Paola Castillo Herrera (Colombia), Luz Adriana Lozano Espinosa (collectif), Diana Paola Castillo Herrera (collectif), Daniela Arciniegas Quiroga (Collectif), Germán A. Quimbayo Ruiz (collectif)
Cette communication analyse le processus de création et de recherche collaborative ayant mené à l’installation muséographique Territoire Sud : tissu de vies. Nous existons parce que nous résistons. Présentée au Musée de la Ville Autoconstruite (MCA) à Bogotá (Colombie), cette exposition met en lumière les violences, tensions et résistances socio-environnementales qui traversent la localité de Ciudad Bolívar, au sud de la capitale. En documentant cette expérience, cette étude interroge les concepts et pratiques de paix et de réconciliation qui émergent de ces dynamiques de violence et de résistance. Ciudad Bolívar, territoire marqué par des conflits, des inégalités socio-écologiques et des discriminations liées au genre, à l’ethnicité et à la classe, constitue également un espace de réflexion sur des alternatives possibles pour des présents et futurs plus justes. Cette analyse explore comment ce territoire, en contexte de crise climatique, permet d’envisager des processus de réparation et de réconciliation écologique et territoriale face aux défis de l’urbanisation inégalitaire.
Pause
Les dimensions collaboratives et communautaires
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Communication orale
Recherche-création en jazz vernaculaire : célébration du cultural party mode comme cadre épistémique d’un jazz situé dans l'afrodescendanteAlice Bourgasser (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le jazz est un courant musical et dansant africain-américain développé au début du XXe siècle aux États-Unis, peu après l’abolition de l’esclavage. Inscrit dans un contexte hautement politique, il porte en son sein des valeurs sociales collaboratives et communautaires caractéristiques des besoins de la population africaine-américaine de l’époque. Dû à un phénomène d’appropriation culturelle centenaire, le jazz vernaculaire se pratique aujourd’hui dans une communauté hégémonique blanche décontextualisé de ses valeurs d’origine. Étant moi-même une artiste blanche qui travaille en jazz, j’ai été confrontée à des enjeux éthiques manifestes, cherchant conséquemment à initier une décolonialité de mes pratiques artistique et pédagogique.
Emprunte des méthodologies noires (McKittrick), j’ai effectué, dans le cadre de mon projet au DEPA, une résidence recherche et création comme plateforme d’expression pour 5 artistes afrodescendant.e.s spécialistes du jazz. Les artistes, sous une épistémologie sociale, ont déployé la notion de cultural party mode, afin de connecter artistiquement et spirituellement aux valeurs d’origines du jazz mettant en lumière les dimensions collectives musicales et dansantes comme agents épistémiques. Dans le cadre de cette communication, je souhaite partager une partie de mes résultats mettant en lumière les voix des artistes collaborateur.ice. s et soulignant la centralité des dimensions collaboratives et communautaires dans mon projet de recherche-création.
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Communication orale
Incarner le verbe, une Poétique de la Relation par le jeuGeneviève Rochette (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication s’appuie sur la pensée d’Édouard Glissant et sa "Poétique de la Relation" pour interroger les récits hégémoniques et les structures coloniales persistantes dans le théâtre occidental, notamment dans les Amériques. Elle questionne la capacité du théâtre à incarner de nouveaux récits et expériences dramaturgiques, répondant ainsi à l’injonction de se réinventer, intrinsèque aux arts vivants.
En tant que praticienne, cette démarche soulève des enjeux, notamment celui de l’appropriation culturelle. Inspirée par Glissant, je cherche à appliquer sa "Poétique de la Relation" au théâtre en dialoguant avec les traditions autochtones et afro-descendantes des Amériques, souvent marquées par une dimension rituelle et spirituelle. En me plaçant au croisement de ces récits et cosmogonies, je m’efforce de reconnaître l’influence de la mythologie occidentale qui m’a façonnée. Cet exercice critique révèle les biais d’une culture dominante sur nos imaginaires. Puisque « la Relation est mouvement » (Glissant), cette poétique invite à un théâtre en perpétuel avènement : "incarner le verbe".
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Communication orale
La résistance par l'existence, la guérison par la communauté.Diego Valera (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Présentation de ma démarche de recherche-création, enracinée dans ma réalité migrante. Description de mes travaux pratiques de reconnexion à ma culture autochtone. Renouement avec le spirituel et le rituel dans une volonté de repenser la recherche et les savoirs scientifiques. Présentation de mes inspirations : les écrits sur la migration de Gloria Anzaldúa, la pensée frontalière de Walter D. Mignolo, la notion de positionalité chez Linda Tuhiwai Smith et les pédagogies de Paulo Freire. Travail de guérison par le chant, la performance, l’artisanat, et la mise en lumière de la tension entre la beauté de ma culture diasporique et les violences systémiques subies par mes semblables. Co-guérison par la conversation avec mes proches et d’autres descendant·e·s nahua-mexica, chicanx, mexicanx, latinx, etc. Usage de la création artistique comme outil de résistance et levier de changement social à travers l’action directe et la médiatisation.