Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Dans des contextes où de nombreuses personnes sont confrontées à des difficultés d’accès à un logement, comment se déroulent les trajectoires résidentielles des jeunes et leurs parcours de transition vers la vie adulte? Les jeunes sont de plus en plus exposé·es à la crise du logement, qui rend leurs trajectoires résidentielles diverses et incertaines, flexibles et réversibles. Quels actions, stratégies, relations, ressources et soutiens mobilisent-ils et elles? Que signifie pour eux et elles le logement indépendant? Qu’en est-il des pratiques d’hébergement? Des inégalités sociales se creusent alors que les jeunes n’ont pas accès aux mêmes relations, soutiens et ressources pour faire face à ces difficultés. Les trajectoires résidentielles permettent d’analyser les transformations des parcours juvéniles, car l’accès à un logement fait partie des transitions importantes dans les passages vers la vie adulte. Comment les relations d’interdépendances entre les sphères de vie se conjuguent-elles avec les trajectoires résidentielles et les passages vers la vie adulte? De quelles manières les marqueurs de la diversité, comme la région, le genre, l’origine ethnique, l’appartenance à une classe sociale, la situation économique, entrent-ils en interaction avec les trajectoires résidentielles et les parcours de transition vers la vie adulte? Ce sont à ces questions que ce colloque cherche à répondre en proposant trois axes de réflexion : 1) les trajectoires résidentielles (la recherche d’une résidence, l’accès au logement ou à l’hébergement, la stabilité et la précarité résidentielle); 2) les rapports au logement et à l’habitat (les expériences d’habiter [ou de non habiter], le sentiment et les pratiques du chez-soi et de l’autonomie, l’accès et le rapport à la propriété privée); 3) les soutiens et les contraintes au logement (les politiques publiques et les acteurs privés ou communautaires, les difficultés financières, l’isolement).
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Emmanuelle Maunaye (Université de rennes)
- Jonathan Binet (Université Laurentienne de Sudbury)
Programme
Conférence d’ouverture
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Communication orale
Jeunesse et habitat: ce que le logement étudiant nous apprend sur une relation bidirectionnelleNicholas Revington (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Étudiants et précarités résidentielles
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Communication orale
Le rôle du logement dans les différentes formes de précarités étudiantes, Typologie et analyse biographique à partir de méthodes mixtesFanny Bugeja-Bloch (Université Paris Nanterre), Leïla Frouillou (Université Paris Nanterre)
Dans le contexte français actuel de difficultés de logement particulièrement fortes, notamment dans les grandes villes qui concentrent l’offre de formation supérieure, cette contribution vise à analyser les trajectoires résidentielles des étudiant-es en situation de précarité.
Pour ce faire, nous mobilisons des méthodes mixtes. Nous combinons des matériaux quantitatifs tirés d’enquêtes par questionnaires réalisées à deux échelles (locale dans une université francilienne et nationale - Conditions de vie des étudiant-es de l’Observatoire de la vie étudiante de 2023), à des entretiens réalisés auprès d’étudiant-es en situation de précarité de cette même université et auprès de jeunes en difficultés ayant quitté ou repris les études.
À partir de la construction statistique d’une typologie des étudiant-es précaires qui déconstruit l’image dominante de l’étudiant-e précaire, l’enjeu est d’analyser grâce aux matériaux qualitatifs et quantitatifs, le rôle du logement dans les différentes classes de la typologie. Différents aspects du logement (rapport subjectif au logement, statut d’occupation, (dé)cohabitation, coût, usages, conditions de logement et d’études en son sein, etc.) sont analysés et pensés dans une perspective biographique, en tenant compte de la porosité des classes de la typologie, les étudiant-es passant souvent d’une classe à l’autre au fil de leurs trajectoires résidentielles.
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Communication orale
Le logement CROUS : la chance dans la solitudeSandra Gaviria (Université Le Havre Normandie)
Cette communication propose une analyse du ressenti des jeunes vivant en logement CROUS dans le nord de la France. Si les difficultés liées au logement étudiant font l’objet d’une médiatisation croissante en France, peu d’études se penchent spécifiquement sur l’expérience des étudiants résidant dans les logements du CROUS financés par l’État (Moreau, Pecqueur et Droniou, 2012).
L’objectif est d’interroger le vécu des étudiants en résidence universitaire : comment perçoivent-ils leur logement ? Quelles difficultés rencontrent-ils au quotidien ? L’hypothèse centrale est que, malgré divers défauts (insécurité, solitude, manque de confort…), ces logements sont perçus comme une opportunité en raison de leur accessibilité financière.
Cette recherche repose sur une enquête récente menée auprès de 20 étudiants résidant en cité universitaire, majoritairement en début de vie autonome. L’analyse se concentre sur leur quotidien et les défis qu’ils rencontrent dans ce cadre de vie.
Cette communication s’inscrit dans l’axe 2 du colloque en explorant le rapport des jeunes à leur logement : Comment s’approprient-ils cet espace malgré ses contraintes ? En quoi ces conditions influencent-elles leur transition vers l’autonomie ? Ce travail contribue ainsi à une meilleure compréhension des trajectoires résidentielles étudiantes et de leur impact sur la construction de l’autonomie.
Parcours résidentiels et instabilités
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Communication orale
L’entrée dans l’âge adulte dans un territoire français des Outre-mer au prisme du départ du logement familial. Le cas de la MartiniqueMichel Tondellier (Université des Antilles)
À partir d’une enquête qualitative menée à la Martinique en 2024-2025 (une cinquantaine d’entretiens semi-directifs menés avec des jeunes de 18 à 35 ans), portant sur la décohabitation parentale, la communication propose d’étudier ce que l’accès à l’âge adulte des jeunes des jeunes Martiniquais doit aux trajectoires d’accès au logement autonome.
Les parcours des jeunes vers l’âge adulte connaissent, dans le Outre-mer français des caractéristiques distinctes de celles des jeunes de l’Hexagone mais aussi d’un territoire ultra-marin à l’autre (Floury et al., 2023). Si l’on s’en tient à la situation martiniquaise et aux principaux « seuils » identifiés par Galland (2011), les recherches rendent compte d’une mobilité d’études et d’accès à l’emploi vers la France Hexagonale ou l’étranger qui draine les forces vives de l’île (Marie, 2014), un accès à l’emploi moindre pour « ceux qui restent » sur le territoire martiniquais, une entrée précoce dans la fécondité, des décohabitations bien plus tardives et une mise en union moins fréquente (Drajes, 2024). À cela s’ajoute une surreprésentation des familles monoparentales qui cohabitent plus durablement avec les parents (Régnier-Loilier, 2022).
Les trajectoires de sortie du logement familial et d’entrée dans l’âge adulte seront analysées à l’articulation de tendances structurelles lourdes (marché du logement, développement économique, démographie) et des influences culturelles marquées, notamment, dans les rapports intra-familiaux.
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Communication orale
Comprendre les vulnérabilités vécues par les jeunes ex-placés durant la pandémie de COVID-19 : Une discussion sur la précarité résidentielleVictor Fernandes (ENAP - École nationale d'administration publique), Annie Fontaine (Université Laval), Martin Goyette (École nationale d’administration publique)
Déjà aux prises avec des risques accrus de vivre l’instabilité résidentielle et l’itinérance (Goyette et coll., 2022), les jeunes sortant de la protection de la jeunesse ont vécu des pressions additionnelles sur leur situation résidentielle lors de la pandémie de COVID-19 (Greenson et coll., 2022; Roberts et coll., 2021). À partir des résultats issus d'entretiens semi-dirigés réalisés auprès de 48 jeunes âgés d’environ 20 ans, nous discuterons des conséquences perçues de la pandémie de COVID-19 sur la situation résidentielle de ces jeunes au Québec. Nous verrons comment d’un côté, les difficultés à trouver un logement durant cette période peuvent obliger certains jeunes à s’appuyer sur leur réseau pour se loger. D’un autre côté, nous verrons comment les mesures sanitaires mise en place durant cette période peuvent avoir mené à un effritement de leurs relations avec les membres de leur réseau, soit à travers des conflits avec leurs co-résidents les poussant à déménager, soit par une réduction de la volonté de ceux-ci de les accueillir chez eux si nécessaire. En regardant comment cette réalité diverge en fonction de facteurs de vulnérabilités présents chez ces jeunes, nous discuterons de l’importance de déployer des mesures afin de soutenir les jeunes en cas d’effritement de leurs relations sociales qui leur permettent de se loger.
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Communication orale
Précarité et instabilité résidentielle pendant les étudesAnne-Cécile Caseau (INJEP)
Cette intervention portera sur les trajectoires résidentielles d’étudiant⸱es décohabitant⸱es en France, et la manière dont les expériences de précarité pendant les études sont imbriquées avec des difficultés à trouver un logement autonome, et à vivre dans ce logement.
Cette communication s’appuiera sur une enquête qualitative réalisée en 2023, auprès de 43 étudiant⸱es dans des établissements d’enseignement supérieur en Ile-de-France. L’enquête cherchait à mettre en évidence comment les étudiant⸱es opèrent des hiérarchisations de leurs besoins dans des contextes d’insuffisance et d’instabilité de leurs ressources : le logement est présenté comme le premier poste de dépenses pour les décohabitante⸱s, et une priorité.
Il est central pour les étudiant⸱es décohabitant⸱es de pouvoir payer leur loyer et éviter de se retrouver sans logement. Pourtant, avec des fins de baux, des demandes de place en résidence CROUS refusées, ou des déménagements dans le contexte d’une mobilité pour ses études, les étudiant⸱es sont exposé⸱es à de multiples reprises à des processus de recherche de logement, et de multiples obstacles pour parvenir à trouver un endroit où vivre.
D’où viennent ces difficultés, et comment est-ce que les étudiant⸱es tentent de les contourner ou d’y faire face ? Cette proposition reviendra en particulier sur la complexité des recherches de logement en Ile-de-France, et le rôle de réseaux de solidarité et d’entraide.
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Communication orale
Comprendre l’imbrication complexe des dimensions subjectives et structurelles de l'absence de chez-soi : un préalable à la prévention de l’itinérance jeunesseAnnie Fontaine (Université Laval), Sue-Ann MacDonald (Université de Montréal)
La trajectoire résidentielle des jeunes en situation ou à risque d’itinérance est marquée par une imbrication complexe d’obstacles, d’écueils et formes souvent invisibles de précarité. Cette présentation partagera des résultats issus d'une recherche-action participative sur la Prévention de l'itinérance jeunesse (PIJ) menée en partenariat avec la Coalition Jeunes+ et qui visait à mieux comprendre les pratiques, les connaissances et les politiques en matière d'intervention précoce et de prévention. Les résultats recueillis à travers les activités menées par les jeunes, des groupes de discussion avec des praticiens, des méthodes d'engagement artistique et des entretiens avec les jeunes a fait émerger la conceptualisation d’une crise en « triple C »: crise de la connexion (manque d'appartenance, de connexion à soi et aux autres), crise de la citoyenneté (déni des droits humains et sociaux des jeunes) et crise climatique (quête de sens lié au sentiment du No-Future-Youth). Alors que ces considérations demeurent occultées dans les paradigmes de prévention actuels basés sur des rationalités et des technologies de santé publique, les résultats pointent l’importance de mieux prendre en compte les dimensions invisibilisées, subjectives et structurelles de l'absence de chez-soi qui façonnent les expériences individuelles d'injustice vécues par les jeunes afin de déployer des réponses mieux adaptées à leur parcours, à leur rapport à l’habiter et à la stabilité résidentielle.
Cocktail
Accompagnement et services publics
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Communication orale
Compréhension holistique et longitudinale des expériences d'itinérance des jeunes sortant de protection de la jeunesseVictor Fernandes (École nationale d’administration publique), Annie Fontaine (Université Laval), Martin Goyette (École nationale d’administration publique)
Pour les jeunes placés, la majorité légale constitue une injonction à devenir complètement autonomes du jour au lendemain. Une des figures ultimes des difficultés d’accès à la continuité des services et des liens concerne les jeunes connaissant des épisodes d’itinérance. L’étude longitudinale sur la devenir des jeunes placés (EDJeP) a permis de suivre une cohorte représentative de jeunes sortant de placement (V1= 1136, V2=839, V3=560) pour comprendre les liens entre le recours aux services, les placements en protection de la jeunesse et les expériences d’itinérance. À 19 ans, près de 20 % des jeunes qui sortent de placement ont connu un ou des épisodes d'itinérance; à 21 ans, c’est près du tiers des jeunes sortant de placement qui ont connu au moins un épisode d’itinérance depuis leur sortie.
Le passage dans l'itinérance visible, d'autant plus s'il se prolonge, risque d'aggraver les difficultés que vivent les jeunes. La discussion montrera comment l'absence de rupture brutale de services grâce à un accompagnement soutenu constitue assurément un facteur de protection dans le cheminement vers la vie adulte en facilitant le processus de transition plutôt qu'en imposant une autonomisation abrupte. Ainsi, dans une perspective intersectorielle, nous verrons qu’un travail préventif pour protéger du passage à la rue, ou pour en faciliter la sortie, est la seule voie envisageable pour donner une véritable chance au droit à un toit stable et sécuritaire pour ces jeunes vulnérables.
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Communication orale
Les espaces associatifs oppositionnels et leurs rôles dans l’accompagnement vers l’âge adulte des jeunes personnes déboutées du droit d’asilePatricia Loncle (Ecole des hautes études en santé publique), France Poisson (Coop Eskemm Arènes)
La présente proposition de communication s’insère dans l’axe 3 de l’ACC : les soutiens et les contraintes au logement. À partir de matériaux qualitatifs (entretiens individuels et collectifs, semi-directifs et biographiques ainsi que des observations) récoltés dans trois villes bretonnes, nous nous intéressons à la question de l’accès à l’hébergement des jeunes débouté.es du droit d’asile. Plus précisément, nous étudions les rôles que jouent les espaces associatifs oppositionnels dans le développement de propositions d’hébergement pour ces jeunes ; ni totalement informels ni structurés par des équipes de personnes salariées, ces espaces prennent en charge les personnes exilées non hébergées dans le cadre des dispositifs publics. Nous analysons leurs actions à travers trois axes. Nous rappelons tout d’abord le contexte de crise de l’hébergement des personnes exilées pour présenter les publics accueillis par les associations, parmi lesquels de nombreux jeunes hommes considérés comme en bonne santé. Nous nous focalisons ensuite sur les contraintes subies par ces espaces associatifs. Nous expliquons enfin les logiques autonomes que les associations peuvent tout de même construire. L’étude de l’action de ces associations permet de comprendre les rôles qu’elles jouent dans l’accompagnement à l’hébergement mais également à de nombreux autres domaines de la vie sociale pour soutenir les passages à l’âge adulte des jeunes personnes déboutées du droit d’asile.
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Communication orale
La transition résidentielle des ex-placé·e·s de la DPJ : enjeux intersectoriels et défis de l'accompagnement vers l'autonomieMarcella Kemeid (Déclic), Marjorie Vidal (EFE - Recherche et consultance)
La transition résidentielle des jeunes issus de la protection de la jeunesse (DPJ) présente des défis particuliers qui s'inscrivent dans un contexte déjà marqué par une crise du logement et des modifications législatives récentes (Loi sur la protection de la jeunesse, 2023). Cette recherche qualitative repose sur des entretiens de groupe mixtes qui réunissent des jeunes adultes ex-placé·e·s (18-24 ans) et des intervenant·e·s, afin de croiser les perspectives et d’enrichir la compréhension des enjeux. La collecte, toujours en cours, comprend quatre groupes de discussion (deux en présentiel et deux en ligne) qui réunissent chacun entre 4 et 6 participant·e·s.
À partir des huit piliers issus des Normes équitables de transition vers l’âge adulte pour les jeunes pris en charge (Doucet, 2023), notre analyse met en lumière les obstacles et défis rencontrés par ces jeunes adultes au niveau de la sphère résidentielle, et les intersections avec d’autres dimensions (finances, éducation et développement professionnel, santé et bien-être, etc.). Nos résultats préliminaires soulignent comment les expériences de placement et la transition au sortir de la DPJ influencent le rapport au « chez-soi » et révèlent les défis d'accès et de maintien en logement pour cette population. La recherche examine également comment les différents intervenant·e·s peuvent soutenir leur autonomisation résidentielle, et identifie les leviers dans l'accompagnement intersectoriel.
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Communication orale
Des inégalités sociales et géographiques chez les jeunes hébergés en FJTJulie Couronné (Institut National de l'Education Populaire et de la Jeunesse)
À partir d’une enquête de terrain (40 entretiens et observations), cet article analyse les parcours résidentiels et les parcours d’insertion professionnelle des jeunes hébergés au sein de deux foyers de jeunes travailleurs (FJT) aux caractéristiques très différentes. Ces parcours sont non seulement conditionnés par les ressources économiques et sociales dont les jeunes disposent mais aussi par les situations géographiques même des foyers étudiés, pourtant dotés d’une même mission : l’insertion sociale et professionnelle des jeunes.
Cet article distingue, selon une série de critères, les conditions sociales des jeunes hébergés en FJT. Alors qu’une partie des résidents et des résidentes de ces structures est issue des fractions des classes populaires les plus stabilisées, une autre provient des franges les plus précaires. Ces distinctions donnent à voir – de manière assez classique - des inégalités fortes en termes de conditions d’emploi et de parcours résidentiels, des inégalités intrinsèquement liées. Néanmoins, ces inégalités sont insuffisantes pour expliquer à elle seules les différences de parcours d’insertion et la variabilité des appropriations par les jeunes du FJT. En effet, la mise en œuvre de ce dispositif apparait comme étant à géométrie (ou à géographie) variable puisque l’emplacement même du foyer s’avère avoir des effets sur les parcours d’insertion professionnelle des jeunes rencontrés, et notamment sur les plus précaires.
Synthèse et perspectives
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Communication orale
Le logement et l'habitat dans les parcours des jeunesses. Propos conclusifs et perspectivesJonathan Binet (Université Laurentienne), Emmanuelle Maunaye (Université de rennes)