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Informations générales

Événement : 92e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

Ce colloque réunit, dans une perspective transdisciplinaire, des spécialistes de sciences humaines et sociales impliqués dans l’évolution de l’intelligence humaine (IH) en contexte IA. Nous plaçons l’échange sous le signe des réalisations en recherche et en enseignement, dont les applications concrètes relient l’université, les collectivités et la société. Le développement de l’IH est loin de susciter le même intérêt et d’engager les mêmes ressources que l’IA, face à laquelle elle se place, sans s’y opposer nécessairement (Barad, Vitali-Roseti). L’IA est institutionnalisée, avec statut de discipline autonome, bénéficiant de ressources substantielles. En revanche, l’IH – aspect fondamental de l’humain – demeure un thème étudié de manière transversale depuis différents champs de savoir, sans bénéficier des avantages réservés à l’IA (Detterman). Nous nous proposons de comprendre cet état de choses en partant du concept moins étudié de l’exosomatisation, processus par lequel l’humain externalise ses attributs et facultés hors corps, dans des objets technologiques (Stiegler, Lotka). Dans le passage du corps humain à la machine, l’IH change de statut. Les outils de la transdisciplinarité, notamment la pensée complexe (Morin) et les niveaux de réalité (Nicolescu), font voir que l’IH n’est plus la voie principale de transposition du Réel, mais un attribut dont la machine copie une partie, que l’on déclare suffisante et à laquelle l’humain se rapporte dorénavant. L’exosomatisation de l’intelligence certifie la refabrication du Réel (Nicolescu, Sadin), où l’origine s’efface, nous plaçant constamment dans la copie d’une copie. Comment l’humain peut-il y demeurer créatif? Quelles actions concrètes permettent le développement de l’IH en contexte IA, dans nos cours, recherches ou initiatives citoyennes? Qu’est-ce qui constituerait un « apprentissage profond humain »? Quels effets sociaux, culturels, politiques et écologiques aurait un développement paritaire de l’IH et l’IA?

Dates :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Présentations d'ouverture

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    Allocution d'ouverture - Isabelle Dostaler, Vice-rectrice aux études et à la recherche, Université de l'Ontario français
    Isabelle Dostaler (Université de l'Ontario français)
  • Communication orale
    Conférence inaugurale : Capital algorithmique, temps et subjectivité
    Jonathan Martineau (Université Concordia)

    Cette présentation fait l’hypothèse qu’un nouveau stade du capitalisme, caractérisé par la prédominance du capital algorithmique, a des conséquences importantes sur le temps social et le temps vécu. Deux arguments principaux sont développés. Premièrement, les technologies algorithmiques accélèrent le temps et brouillent la distinction historique entre temps de travail et temps de loisir. Deuxièmement, les technologies algorithmiques façonnent désormais les trois dimensions du temps, passé, présent et futur, et configurent ainsi les rapports au temps individuel et collectif. La conscience du temps humaine est largement extériorisée dans des technologies algorithmiques qui automatisent une temporalité pressentie. La présentation soulignera en conclusion les enjeux politiques de ces développements.


Communications orales

L’intelligence Æn Soi, une écosystémie de la création (accompagnée d’une exposition immersive en art visuel ouverte au public) - salle B-3404

Salle : B-3404 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    L'intelligence Æn Soi, une écosystémie de la création
    Julia Hall (Atelier Vaentral), Matisse Makwanda (Atelier-entreprise VÆNTRAL)

    ÆN SOI est une œuvre écosystémique : évolutive, multidimensionnelle, transdisciplinaire, transmédiatique. Elle propose une esthétique de la co-naissance facilitant l'émergence du savoir en soi. ÆN SOI est une recherche-création fondamentale, libre et nomade, créative et engagée, subtile et intègre. C'est un mode de vie dont la vidéopoésie est le vecteur; voyager ÆN SOI pour co-naître, se saisir. La proposition de l’œuvre est de passer par l’apprivoisement du monde intérieur et donc de l’invisible qu’il constitue, comme lieu-ressource fécond et nécessaire, entre autres pour assumer ou perfectionner notre pouvoir de création - qui n'est pas réservé aux artistes. Quand on crée du sens, on cultive cet espace à soi, en soi. La vidéo-poésie est une recomposition de la réalité et forme une interface : l’expérience suprasensible des artistes invite celui ou celle qui visionne à une expérience similaire. L’art supra-sensible donne une visibilité à l'invisible, en dépliant les niveaux de réalité, en ralentissant le débit du réel, en focalisant, puis en invitant les visiteurs à entrer en résonance, à contempler ou interroger, à compléter l'action des images, des mots et de la musique. L'intelligence ÆN SOI, c'est l'intelligence humaine vécue à travers une posture de responsabilité créatrice.

    ▶ Vidéo

Communications par affiches

Création d’affiches assistée par l’intelligence artificielle : un enjeu de communication?

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
Discutant·e·s : Amir Ghorab (Université de l'Ontario français)
  • Communication par affiche
    Création d'une affiche assistée par l'IA générative : un enjeu de communication ?
    Amir Ghorab (Université de l'Ontario français)

    Cette communication par affiche explore l’utilisation de l’IA générative pour la conception d’une affiche dans le cadre de notre colloque. À travers cette expérience, je questionne la place de l’IA dans ma propre pratique de création de l'affiche : facilite-t-elle ou contraint-elle mon expression artistique ? Quels ajustements sont nécessaires pour obtenir un rendu fidèle à mes attentes ? Je discuterai des défis liés à mon intention visuelle initiale confrontée au processus de communication assisté par l'IA générative.


Panel / Atelier

Table ronde : Synergie créative intelligence humaine (IH) et intelligence artificielle (IA)

Les thèmes envisagés incluront :

  • La sensibilisation et la compréhension des enjeux de l’IH face à l’IA
  • L’évaluation des initiatives actuelles IH et IA en synergie
  • Les obstacles, les solutions et/ou les fatalités ?
  • Le cadre éthique et responsable des IA génératives - régulation et gouvernance
  • L’éducation aujourd’hui et la prise de conscience continue
Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B

Dîner

Dîner

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B

Communications orales

Séance 1 : Vers une profonde prise de conscience de la relation entre intelligence humaine et intelligence artificielle

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    La transtechnologie, des humanités numériques à la technontologie
    Florent Pasquier (Sorbonne Université)

    Les humanités numériques, à la croisée des sciences humaines et des technologies, ont émergé dans un contexte de croissance technologique immodérée. Cette évolution, impulsée par la révolution numérique, a permis le déploiement d'outils et de méthodes innovants qui transforment la recherche et l'enseignement de façon transdisciplinaire. Au fil des années, les humanités numériques se sont diversifiées, englobant un large éventail de domaines d'application, allant de l'analyse textuelle à la visualisation de données. Cette explosion d'outils et de techniques soulève des questions sur l'efficacité des usages. Les chercheurs cherchent à optimiser leurs pratiques, en naviguant dans un paysage technologique complexe. Parallèlement, l'informatique évolue vers des concepts plus radicaux comme le transhumanisme, qui interroge les limites de l'humain à travers l'intégration de technologies avancées dans le corps et l'esprit. Cette dynamique suscite des interrogations comme celles de "golems cybernétiques", entités qui pourraient dépasser les capacités humaines. En réponse, des résistances émergent contre les artefacts technologiques, soulignant des préoccupations éthiques et sociétales. Enfin, les liens entre humanités numériques et spiritualité, à travers un prisme évoluant du transhumanisme à la technontologie, interrogent notre rapport à la transcendance et à l'humanité elle-même, naviguant vers un futur où technologie et humanité semblent s'entrelacer de manière inextricable.

  • Communication orale
    Une pédagogie de l'Intelligence Humaine et ses multivers ?
    Sylvie Bergeron (Observatoire de psychologie évolutionnaire)

    Nous sommes sur le point de basculer dans un omnivers sans y être préparés. Nos ancêtres nous ont parlé de l’illusion de la forme, avec les IA aujourd’hui, nous enlisons l'humanité dans une simulation. Nous risquons de nous projeter dans un écosystème bionumérique qui nous gardera prisonniers du matérialisme, au prix de perdre l’esprit de nos Lumières. Développer une pédagogie de l’intelligence humaine (IH) intégrale apparaît comme l’étude essentielle à la revalorisation de notre humanité. Dans cette communication, je présenterai les résultats des observations liées à l'IH (niveau individuel et collectif), qui fondent aussi notre programme de psychologie évolutionnaire Le Créateur, et qui pourraient inspirer d'autres pratiques pédagogiques. L’humain possède des composantes plus profondes que la seule intelligence cognitive ; elles lui octroient des capacités psychiques sur lesquelles l'éducation doit se pencher. Nous examinerons la manière dont les IA nous conduisent vers une impasse créative. Si rien n'est fait pour l'éviter, la singularité (Irving John Good) risque de nous détruire (Geoffrey Hinton). Nous sommes arrivés à un point où nous devons renouveler nos méthodes, où notre conscience de chercheur devra couvrir d’autres niveaux de réalité pour dépasser la subjectivité des limitations matérielles et atteindre à l’objectivité des mondes subatomiques multivers.

  • Communication orale
    La boucle des intelligences : humaine (IH) et artificielle (IA). Que peut la transdisciplinarité ?
    Mirella Tarmure Vadean (Université de l'Ontario français)

    Cette communication se propose d’analyser le lien IH - IA depuis la position de personne frontière (Vadean) qui nous décrit mieux actuellement comme chercheurs-euses, professeur-e-s, étudiant-e-s ou professionnel-les. La personne frontière permet de comprendre l’exosomatisation - processus par lequel l’humain externalise ses attributs et facultés hors corps, dans des objets technologiques (Stiegler). Créée comme une extension de l’intelligence humaine, l’IA devient partie intégrante de notre esprit (Clark & Chalmers) et modifie la manière dont nous percevons et interagissons avec le monde (Andler). La frontière entre notre esprit conscient et les algorithmes que nous avons créés pour le refléter inconsciemment devient floue (Vallor). Et l’image qui nous est constamment renvoyée est celle d’un « humain défaillant » devant l’efficacité des opérations algorithmiques d’une IA « surhumaine », creusant ainsi la polarisation IH/IA impossible à dépasser (Vitali). Nous verrons comment les concepts transdisciplinaires de « niveaux de réalité » et de « tiers inclus » (Nicolescu), repositionnent l’humain et son intelligence face à l’IA. Le résultat relève d’une pensée complexe qui distingue connaissance, savoir et information dans nos démarches pédagogiques (Pasquier) ou de recherche et souligne l’importance des apprentissages profonds humains (McGregor). Ceux-ci visent le développement intégral de l’IH, qui dépasse de loin une « connaissance finalisée » (Morin) propre à l’IA.

    ▶ Vidéo

Communications orales

Séance 2 : Rencontres multiréférentielles des intelligences IH-IA au niveau de l’être humain

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    Du monde physique à l'infosphère : une réévaluation de la critique de l’IA de Hubert Dreyfus à l’ère des grands modèles de langage
    Greg Dinsmore (Université de l'Ontario français)

    Les dix dernières années ont été marquées par des avancements étonnants dans les techniques d’apprentissage automatique – surtout les méthodes d'apprentissage profond. Les grands modèles de langage (LLM) - ChatGPT et Claude ont renouvelé les débats sur la nature de l'intelligence ainsi que sur le potentiel des ordinateurs à développer une intelligence artificielle générale (AGI). Dans une série de livres et articles commençant avec Alchemy and AI en 1965, le philosophe Hubert Dreyfus, a critiqué le programme de recherche émergent en IA pour sa compréhension limitée de la nature de l'intelligence humaine. S'appuyant sur la pensée de Martin Heidegger et Maurice Merleau-Ponty, Dreyfus soutenait que le programme de recherche en IA méconnaissait la nature fondamentalement située et incarnée de l'intelligence humaine. Cette communication propose de réexaminer la critique de l'IA par Dreyfus afin de l'adapter aux modèles contemporains d'intelligence artificielle et aux enjeux de notre monde de plus en plus numérisé. Si l’intelligence humaine est conditionnée par notre incarnation dans un monde humain, il est peut-être possible de la comprendre comme étant située dans un monde numérique (une infosphère selon Luciano Floridi). Les grands modèles de langage sont mieux compris non pas comme une étape dans le processus de développement d’une intelligence artificielle générale, mais comme un outil d’orientation dans un monde de plus en plus transformé par les technologies numériques.

  • Communication orale
    Cheminer dans la plénitude du sens (IH) par une voie psychagogique favorisant la conciliation des opposés.
    Suzanne Blouin (Centre de services scolaire de la Vallée-des-Tisserands)

    À l’aune de la théorie des structures anthropologiques de l’imaginaire (G. Durand, 2016), l’emphase sur l’IA au détriment de l’IH peut être comprise comme un surinvestissement de la pensée dans le régime diurne de l’image symbolique, fait d’une volonté de toute-puissance sous l’égide de la raison et de l’empirisme comme valeurs absolutisées. Ce déséquilibre prive nos sociétés d’une part de la nature humaine en atrophiant la créativité du régime nocturne de l’image où l’équivocité et l’intuition permettent un regard complémentaire sur la vie. Omniprésente dans l’éducation comme dans la société occidentale, cette tendance à la réduction de la personne à sa performance et sa productivité peut cependant être tempérée par une approche du cheminement faisant appel à une troisième voie, transdisciplinaire, où les opposés sont conciliés sans s’anéantir : la psychagogie des valeurs de Laprée (2000) avec notamment l’appui du test At.9 (Y. Durand, 1988). En accompagnement du personnel éducatif (Blouin, 2024) et des jeunes (Laprée et Blouin, 2020), la psychagogie facilite un retour vers la plénitude de soi, actualisant le potentiel humain de sagesse via la structure systémique/synthétique de l’imaginaire. Ainsi, la psychagogie offre un processus pour cultiver sens et équilibre, en soutien au déploiement collaboratif de l’intelligence humaine.

  • Communication orale
    L’intelligence artificielle en psychologie : réflexion exploratoire sur les enjeux éthiques d’une conception de la psychothérapie.
    Florence Vinit (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    L’essor de l’intelligence artificielle (IA) actuellement en pleine expansion (Hand, 1991) est parfois présentée comme une potentialité pleine de promesses pour le domaine de la psychologie, que ce soit dans l’analyse des comportements, l’évaluation clinique ou même l’accompagnement thérapeutique. Dans une réflexion exploratoire autour des apports et limites de l’IA en psychologie (Pierron et Bogaert, (2024)), nous interrogerons la conception implicite de la thérapie et les risques de généralisation d’un tel modèle. Inspirée par les conditions du dialogue (Gadamer, 1960) et la créativité inhérente à celui-ci, nous explorerons à l’inverse la manière dont la psychothérapie entre deux individus participe à une formation de la sensibilité (Léger, 2006), indispensable à un agir éthique, à une compréhension ancrée dans la culture et à une intelligence amoureuse (IA), proprement humaine.


Réseautage

ANNULÉ : Lancement du livre : La quantique des cantiques. Transdisciplinarité, Transpersonnel, Transtechnologie.

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B

Communications orales

Séance 3 : Hybridité intelligence humaine – intelligence artificielle générative dans la création de sens

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    Intelligence humaine et intelligence artificielle dans l’analyse et la genèse d’images environnementales
    Hela Zahar (Université de l'Ontario français)

    Les images du changement climatique jouent un rôle important dans la prise de conscience du processus de la crise environnementale et un éventuel changement vers des pratiques sociales plus écoresponsables (Chapman et all., 2016). Le développement des images génératives soulève plusieurs interrogations quant au processus créatif de l’image et aux capacités d’« analyse » attribuées à l’IA générative (Lee 2022). Ces interrogations ne relèvent pas seulement du développement des technologies, mais aussi des imaginaires sociaux qui alimentent et structurent ces technologies. Au cours des deux dernières années, les modèles d’IA tels que DALL-E, OpenAI ou Midjourney ont explosé en popularité. Ces technologies sont capables de générer des images à partir d’invites ("prompt") textuelles saisies par un utilisateur qui peuvent aller de simples descripteurs à des instructions complexes sur le contenu et le style. Elles peuvent également comprendre des images soumises pour analyse aux modèles d’IA (Bansal et all. 2024).

    Dans cette communication, nous nous interrogeons sur le processus créatif associé à l’utilisation des images environnementales générées par l’IA en comparant une analyse ‘humaine’ à une analyse ‘artificielle’ des images du projet « SINK / RISE » du photographe climatique Nick Brandt (Zahar 2025). Les aspects éthiques et méthodologiques de l’imagerie générative sont aussi abordés, afin de questionner la place de l’humain dans l’analyse et la genèse d’images génératives.

  • Communication orale
    La cocréation artistique en communauté peut-elle soutenir les bienfaits de la créativité humaine alors que les objectifs des médias sont dirigés sur les créations du robot Ai Da?
    Selma Zaiane-Ghalia (Université de Moncton)

    L’artiste façonne l’œuvre d’art en même temps qu’il est façonné par elle (Magrin-Chagnolleu, 2017). Qu’advient-il lorsqu’on ajoute un partenaire dans ce processus pour une cocréation qui engage la personne artiste en apprentissage (Strat, 2019) et l’initie à une interaction en communauté avec des personnes adultes ayant des besoins complexes? La cocréation artistique en communauté peut-elle soutenir la créativité humaine et son importance pour le mieux-être de la personne alors que les objectifs des médias sont dirigés sur les créations du robot Ai Da dont un tableau, supposément représentant Alan Turing et titré “AI God. Portrait of Alan Turing” a été acheté le 7 novembre 2024 pour la somme astronomique de 1,124 million de dollars lors d’une vente aux enchères chez Sotheby’s, à New York ? Il s’agit d’une réflexion qui part d’un projet de recherche en apprentissage expérientiel en communauté, qui a amené sept personnes étudiantes d’un cours d’art à créer manuellement des œuvres s’inspirant de moments de partages avec des personnes adultes ayant des besoins complexes (ataxie, paralysie cérébrale, épilepsie, malvoyance, et autres). Nous allons aborder les commentaires et témoignages des personnes étudiantes en lien avec ces œuvres artistiques de création humaines et les émotions qu’elles ont engendrées. Et nous allons parcourir les réseaux sociaux pour voir l’impact des réalisations de Ai Da, présenté comme un robot capable de créer de façon autonome une œuvre dite artistique.

  • Communication orale
    Mon corps et IA : atelier somatique et discussion sur l’interaction au jour le jour avec l’IA.
    Mattia Scarpulla (USP - Université Saint-Paul)

    Depuis une vingtaine d’années, différents dispositifs d’intelligence artificielle sont exploités comme langages artistiques et pour penser des recherches universitaires et des modalités pédagogiques. Les processus de production et de création changent progressivement et à jamais, parce que tout autour de nous, tout notre environnement nous envoie des impulsions à faire confiance à l’IA, pour de raisons politiques, économiques et sociales. Pourtant, ma recherche-création se situe à l’extrême opposé : je m’intéresse à l’humanité, dans ce qu’elle possède de défaillant, d’émotif, de déséquilibré, de vulnérable. Depuis une dizaine d’années, je perfectionne une méthodologie transdisciplinaire développée entre études en danse, études littéraires et sciences sociales. Ce parcours de recherche explore des ateliers somatiques d’écriture et des pédagogies privilégiant la rencontre des individus au sein d’une formation collective créative. Durant le colloque, je proposerai un court atelier somatique, pour prendre conscience de sa chair profonde, par des respirations et une gymnastique douce assise. Pendant que les participant·e·s garderont les yeux fermés, je lirai deux extraits de textes sur la relation de IH et IA dans les arts. Dans un deuxième temps, je proposerai aux participant·e·s des questions en lien avec l’exploration corporelle vécue et l’expérience réflexive en cours sur le thème du colloque.


Communications orales

Séance 4 : Intelligence humaine – intelligence artificielle entre mimesis et poiesis : mutation dans la re/présentation

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    Les langages naturels face aux mutations de l’intelligence artificielle
    Laura Ilea (Université Babes-Bolyai)

    Ma conférence abordera la relation entre la manière dont nous nous plaçons en relation avec l’intelligence artificielle et l’ancien problème platonicien de la représentation, tel que souligné par le livre de Mihnea Măruță, L’identité virtuelle (2023). Partant de l’idée que la séduction de l’intelligence artificielle vient de l’illusion de centralité et de pouvoir, je vais également réitérer la menace pour la liberté qu’elle comporte. En se concentrant sur les lignes de faille symboliques explorées par des écrivaines comme Nancy Huston, Ingeborg Bachmann et Elena Ferrante, ma présentation prouvera que les multiples niveaux de sens des langues naturelles, impliquant des ressources « intraduisibles » pour la vérité et la justice, ne devraient pas être réduits aux correspondances transactionnelles d’un hypermoteur puissant. Par ailleurs, le « langage perforant » invoqué par Achille Mbembe, censé créer une « communauté terrestre » (2023), devrait pouvoir exprimer de manière plus créative l’échelle sur laquelle se répand aujourd’hui l’information, grâce à la technologie. Devenant une dernière religion universelle, la technologie implique également l’assèchement des réserves symboliques. Nous pourrions le plus probablement échapper à cet évènement seulement si la parole était encore capable d’exprimer le devenir métabolique du corps planétaire, tel que décrit dans l’œuvre d’Achille Mbembe.

  • Communication orale
    Imaginaire et imagination à l’ère de l’intelligence artificielle
    Marie-Élaine Bourgeosi (Université de l'Ontario français)

    Les notions d’imaginaire, d’imagination, d’image suscitent depuis longtemps l’intérêt des chercheurs. Pensons à Gaston Bachelard avec La psychanalyse du feu (1938), L’eau et les rêves (1942), La poétique de l’espace (1957); à Gilbert Durand et Les structures anthropologiques de l’imaginaire (1969) ou à Jean-Jacques Wunenburger avec L’imaginaire (1991), La vie des images (1995). Les questions touchant l’inconscient collectif, les archétypes, la mythologie fascinent les universitaires parce que les théories de l’imaginaire constituent « un point d’articulation entre le cerveau et l’esprit, entre les neurones individuels et les créations de la culture. » (Wunenburger, 2022) L’imaginaire décrit ainsi peut certainement être perçu telle une matrice, c’est-à-dire un « milieu dans lequel se développe quelque chose ». (le Robert) Mais ne peut-on pas dire la même chose de l’Intelligence artificielle? Ne constitue-t-elle pas, elle aussi, un espace, un milieu intangible ou quelque chose prend forme, se développe? La communication cherchera d’abord à montrer comment mimesis et poiesis travaillent de concert dans les deux matrices pour ensuite questionner leur interrelation et explorer enfin comment elles peuvent se nourrir l’une de l’autre.


Dîner

Dîner

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B

Communications orales

Séance 5 : Enjeux expressifs et éthiques dans la cocréation intelligence humaine – intelligence artificielle

Salle : B-3406 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    Les intelligences artificielles et humaines aux prismes de trois angles morts consitutifs de « l'oubli des langues »
    Sarah Choukah (Université de l'Ontario français)

    Dans cette communication, je présenterai une problématique articulée autour de trois angles morts sous le thème de « l’oubli des langues ». Dans des enjeux relatifs à l’IA et à l’IH, le premier angle souligne la subordination des langues, comme le français, à des questions relevant de traduction. Une telle subordination implique souvent de regrouper d’autres dimensions linguistiques sous des enjeux relevant de la production culturelle et créative humaine (entre autres : automatisation, futur de l’emploi, sécurité et biais discriminatoires). Le deuxième angle permet de mettre en lumière l’ex clusion de la langue dans les études intersectionnelles anglophones, où genre, origine ethnique, reli gion, statut socio-économique ou orientation sexuelle demeurent souvent privilégiés. Enfin, le troi sième angle relève de la différenciation entre enjeux « propres à l’IA » et « propres à l’humain ». Cet angle nous permet de relever le travail « digital » invisible des humains et de mieux décrire ses apports constitutifs de l’existence même de l’IA. Mon intervention s’appuiera sur une articulation sémio-matérielle des espaces d’usages, de circulation et de marchandisation de l’IA dans des con textes environnementaux à la fois situés et transnationaux.

  • Communication orale
    Le Global Jukebox d’Alan Lomax, un dispositif numérique d’actualisation de l’intelligence humaine.
    Gilles Tassé (Université de l'Ontario français)

    L’IA prend une place croissante dans le domaine musical contemporain. Ainsi, on estime qu'environ 10 % des musiques soumises à certaines chaines musicales de Radio-Canada sont générées par l’IA. Ces compositions, créées grâce à l'apprentissage automatique à partir des musiques disponibles en ligne, illustrent une dynamique complexe de co-création entre l'intelligence humaine (IH) et l'intelligence artificielle. Ce processus d’exosomatisation (Stiegler 2017), de plus en plus bidirectionnel et actualisé (Fu et all 2025), procède de la synergie et des distinctions entre les capacités cognitives humaines et celles des algorithmes. Alan Lomax a collecté pendant plus de cinquante ans des enregistrements de musiques et de chants folkloriques. Au début des années 80, bien avant que les possibilités d’analyse croisée de métadonnées actuelles, il conçoit le Global Jukebox, un dispositif interactif de navigation audiovisuelle et d’analyse socioculturelle. Après plusieurs décennies, le Global Jukebox est maintenant disponible sur internet (https://theglobaljukebox.org). Il apparaît aujourd’hui comme un exemple précurseur et patent de ces capacités de collaboration entre l’humain et une forme d'intelligence artificielle. Ma présentation portera sur la démarche d’Alan Lomax, à partir des premiers enregistrements de chants folkloriques effectués en 1933 avec son père John Avery Lomax, jusqu’à la mise en ligne récente d’une plateforme interactive.

  • Communication orale
    Une autopraxéographie à l’usage de l’IAg : S’aider ou céder.
    Marie-Noëlle Albert (Université du Québec à Rimouski), Nadia Lazzari Dodeler (Université du Québec à Rimouski), Déborah Nourrit (Université de Montpellier)

    L’Intelligence artificielle générative (IAg) est fille de ce que l’on peut qualifier comme le 4e paradigme de la science, « data-intense science » (Hey et coll., 2009). Cette qualification paradigmatique confère à cette intensification des données et de leurs usages, une portée affectant l’ensemble des disciplines scientifiques, mais également la société civile, avec pour tipping point à la fin 2022, l’arrivée sur le marché du premier agent conversationnel ChatGPT. L’outil a suscité des polarisations fortes (Moscovici et coll., 1968) dont on peut observer la dynamique (Treuillier et coll.,2024) au niveau collectif et individuel. À l’échelle collective, des disciplines scientifiques comme la santé (Moulin et coll. 2022 ), la gestion (Godé & Meissonier, 2024 ) … se sont positionnées soit au regard des opportunités ou des menaces que l’IAg représente. C’est à l’échelle individuelle que se situera cette étude qui propose d’investir à partir d’une méthodologie à la première personne (l’autopraxéographie co-constructiviste pragmatique (Albert et al.2023)), l’identification de la complexité et de la dynamique des polarisations et des résistances à l’usage de l’IAg dans la pratique scientifique et pédagogique d’une enseignante-chercheuse. Qu’on qualifie l’IAg de Tsunami ou de révolution, l’ignorer ou la combattre s’avère inutile et nous sommes invités à opter pour une compréhension dialogique (Morin, 1986) et un déplacement vers un tiers inclus (Nicolescu, 1996).