Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Ces dernières années, un discours critique a émergé sur le genre et les transitions de genre, en particulier pour les jeunes trans et non binaires (TNB). Alimentant une panique morale, plusieurs articles et reportages suggèrent que les jeunes TNB accèdent trop rapidement aux soins médicaux d’affirmation du genre (SMAG). La théorie controversée de la « dysphorie de genre à déclenchement rapide » (ROGD) a aussi gagné en visibilité. Elle suggère que des jeunes filles vulnérables entreprennent une transition de genre sous l’influence d’une « contagion sociale » et d’un mauvais diagnostic de dysphorie de genre, puis le regrettent. Cette théorie, bien que très contestée par les chercheur·ses, est largement médiatisée. Paru en 2024, le rapport Cass, lui aussi très critiqué, remet en question les bénéfices des SMAG et les standards de soins de l’association mondiale des professionnel·les en santé trans.
Dans ce contexte, l’idée de regret est souvent mise de l’avant pour souligner le danger d’effectuer une transition. On voit d’ailleurs une multiplication des narratifs sur la détransition souvent présentée de façon alarmiste comme une erreur à prévenir en restreignant l’accès aux SMAG. Bien que les recherches montrent des parcours de détransition nuancés, les controverses sur l’accès aux SMAG et le risque de regret ont déjà des effets tangibles. D’une part, elles menacent les droits des communautés trans, comme en témoignent les restrictions ou interdictions des SMAG qui se multiplient dans plusieurs pays. D’autre part, les personnes détrans subissent souvent du rejet attribuable à l’instrumentalisation de leurs expériences.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Annie Pullen Sansfaçon (UdeM - Université de Montréal)
- Morgane Gelly (UdeM - Université de Montréal)
- Tommly Planchat (UdeM - Université de Montréal)
- Sei Laroche-Tanguay (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Conférence d’ouverture avec Florence Ashley
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Communication orale
Vers une alliance Dé/Trans : favoriser l’autonomie et l’autodétermination dans la diversité des parcours de genreFlorence Ashley (University of Alberta)
Les communautés trans et détrans sont souvent représentées comme des voix à intérêts divergents sinon pleinement opposés sur le plan médical. Si les personnes trans se voient bénéficier de l’accès aux soins de transition de genre, ce seraient plutôt les barrières aux soins qui bénéficieraient aux personnes détrans. Dans cette présentation, Florence Ashley suggérera que, bien au contraire, les intérêts des personnes trans et détrans sont alignés quant à l’accès aux soins de transition de genre puisque les barrières aux soins ne préviennent pas les regrets et peuvent même être détrimentaires aux personnes détrans. Se faisant, la présentation s’ouvre à la vision d’une alliance dé/trans qui place l’emphase sur l’autonomie, l’autodétermination du genre, et la diversité des parcours du genre.
Bloc 1 – Contexte sociopolitique et ses impacts sur les jeunes de la diversité de genre
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Communication orale
Comprendre l’impact du climat politique sur les jeunes TNB : une analyse croisée des données d’InterligneDess Brault (Interligne), Marc-André Collin (Interligne), Marie-Sandra Coudert (Interligne), Mathé-Manuel Daigneault (Interligne), Véronique Giroux (Interligne), Camille d’Albronn Allexandre (Interligne)
Les données des lignes d’écoute destinées aux jeunes LGBTQ2+ aux États-Unis au moment de l’élection et de l’intronisation de Trump montrent une explosion des recours aux services directement liée au contexte politique. THEM.us rapportait en ce sens une augmentation de près de 200% des appels auprès du Trevor Project lors des 2 jours précédents l’élection du 5 novembre et de 700% le lendemain. Mais qu’en est-il de notre côté de la frontière ?
Les décrets américains et les discours clivants influencent-ils les demandes d’aide et la détresse des jeunes trans et non-binaires au Québec et au Canada? Le climat social actuel met-il en péril leur santé mentale et leur quotidien?
Cette communication explore l’impact du climat sociopolitique sur la santé mentale des jeunes TNB à travers les statistiques de la ligne d’écoute et de renseignements d’Interligne, les signalements anonymes d’actes de discrimination et de violence via la plateforme ALIX, ainsi que les résultats d’une récente étude pancanadienne sur la santé mentale des personnes 2ELGBTQIA+ menée par la firme Léger pour Interligne.
Nous analyserons les tendances des demandes d’aide et leurs liens avec les discours anti-trans et les restrictions sur les soins d’affirmation. En mettant en lumière ces données, nous souhaitons sensibiliser aux impacts concrets des débats politiques sur les jeunes TNB et proposer des pistes d’action pour mieux les soutenir.
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Communication orale
Grandir trans : Perceptions des jeunes trans et non binaires – Contexte sociopolitique et accès aux soins d’affirmation de genre (2022-2024)Annie Pullen Sansfaçon (Université de Montréal), Naomie-Jade Ladry (UdeM - Université de Montréal), Edward Ou Jin Lee (Université de Montréal)
Bien que de nombreux pays aient adopté des lois protégeant les droits des personnes trans et non binaires (TNB), certains ont vu émerger une montée de la droite politique, avec des politiques répressives et des manifestations anti-trans. Au Canada, malgré des progrès législatifs et sociaux, l’accès aux soins d’affirmation de genre (SMAG) varie d’une province à l’autre, créant un climat d’incertitude, car les protections légales ne sont pas toujours garanties. Or, les SMAG, tels que les bloqueurs de puberté et l’hormonothérapie, sont essentiels au bien-être psychologique et physique des jeunes, réduisant la dysphorie de genre et en améliorant leur qualité de vie. Comment le contexte sociopolitique entre 2022 et 2024 influence-t-il ou non le bien-être des jeunes TNB et leur accès aux SMAG? Cette présentation s’inscrit dans le cadre du projet Grandir Trans, une enquête longitudinale internationale sur les SMAG, centrée sur l’évolution des parcours de soins et leur impact sur le bien-être des jeunes TNB canadien·ne·s âgé·e·s de 11 à 17 ans. Les données montrent que l’accès aux SMAG et la transition légale ont amélioré le bien-être général des jeunes, en réduisant la dysphorie de genre. Malgré des reculs dans certaines provinces, les familles restent confiantes quant au soutien disponible, même face aux informations parfois négatives des politicien·ne·s, projets de loi et médias.
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Communication orale
Régression des niveaux d’aise des jeunes face aux personnes LGBTQ+ : des données tirées de la salle de classeAmélie Charbonneau (GRIS-Montréal), Alexis Graindorge (GRIS-Montréal), Marie Houzeau (GRIS-Montréal), Gabrielle Richard (GRIS-Montréal), Olivier Vallerand (Université de Montréal)
Le GRIS-Montréal est un organisme qui démystifie l’orientation sexuelle (depuis 1994) et l’identité de genre (depuis 2019) en milieu scolaire. Les interventions répondent aux questions des élèves, avec des bénévoles LGBTQ+ partageant leur vécu personnel. Depuis 2021, les intervenant.es du GRIS observent une hausse des discours haineux et des attitudes de fermeture à l’égard de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres chez les élèves qu’iels rencontrent. Cette impression est confirmée par ses questionnaires d’enquête, qui montrent un déclin significatif récent du sentiment d’aise des jeunes face à ces réalités. Cette communication s’appuie sur les données issues de questionnaires (n= 35 705), complétés par des élèves de l’école secondaire lors de 1 512 interventions réalisées entre 2018-2023, dans une diversité de régions du Québec. Ces questionnaires sondent le niveau d’aise des jeunes face à une série d’énoncés sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Parmi les hypothèses permettant de rendre compte de ce déclin dans les sentiments d’aise des jeunes, on peut penser à la structure des médias sociaux exacerbant la présence de chambres d’écho, à l’écosystème journalistique néolibéral accentuant les processus de désinformation, à l’efficacité avérée des paniques morales autour des personnes LGBTQ+ pour distraire des véritables enjeux sociaux et rassembler des franges diversifiées de la population autour de valeurs communes, souvent nationales.
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Communication orale
Exploration de la prédominance transmasculine à l’adolescence : le rôle des politiques LGBT aux États-Unis et en EuropeClaire Vandendriessche (Trajectoires Jeunes Trans)
Les enquêtes sur les jeunes trans révèlent une prédominance d’individus assignés fille à la naissance (i.e. personnes transmasculines) par rapport aux individus assignés garçon à la naissance (i.e. personnes transféminines), un phénomène encore inexpliqué. Cette étude examine si cette prédominance transmasculine à l’adolescence peut être liée à des facteurs macro-sociaux, tels que les politiques LGBT, en analysant des données des États-Unis et de l’Europe. Nous avons utilisé l’enquête U.S. Transgender Survey de 2015 (N = 27 715 individus trans), l’enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) de 2019 (N = 118 945 individus LGB cis et 18 608 individus trans). Les scores des politiques ont été obtenus auprès du Movement Advancement Project (États-Unis) et de l’ILGA-Europe Rainbow Index (Europe). Nos résultats révèlent une prédominance constante des adolescents transmasculins, avec un partage d’identité plus tardif pour les jeunes transféminins dans l’ensemble des 50 États américains (2015) et des 30 pays européens (en 2019). Bien que les différences d’âge de déclaration d’identité ne soient pas corrélées aux politiques de genre aux États-Unis, elles le sont significativement avec les politiques LGBT en Europe. La prédominance des adolescents transmasculins est étroitement liée aux plus grandes difficultés rencontrées par les adolescentes transféminines pour partager leur identité.
Bloc 2 – Familles et milieux de vie : influences, défis et perspectives
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Communication orale
Défis du rôle parental en réponse à l'identité transgenre de l'enfant : Perspectives sociétales et implications pour la santé publiqueIsabelle Godin (Université Libre de Bruxelles), Julie Servais (Ecole de Santé Publique de l'Université Libre de Bruxelles), Bram Vanhoutte (Université Libre de Bruxelles)
La découverte de l'identité transgenre d'un enfant remet en question les représentations genrées des parents, les poussant à reconsidérer leurs rôles. Cette étude explore comment ils naviguent entre le soutien familial et les normes sociétales, redéfinissant leur perception de l'identité et du rôle parental. 21 entretiens semi-structurés ont été réalisés avec des parents d'enfants transgenres en Belgique francophone, analysant les processus de déconstruction et de reconstruction identitaire en réponse aux attentes sociales. En réponse à la découverte de la transidentité de leur enfant, les parents revisitent et réajustent leur identité parentale. Cette transition conduit à une réévaluation profonde de leurs rôles, où le soutien à l'identité de genre de leur enfant devient central. Leur parcours est ponctué de multiples "coming-outs" dans divers environnements (école, famille élargie, etc.), plaçant les parents dans un rôle de médiateurs. Cette redéfinition de leur rôle met en lumière les défis et les adaptations nécessaires pour naviguer entre identité personnelle et acceptation sociale. Ces résultats mettent en lumière le besoin accru de soutien pour les parents, qui doivent constamment ajuster leur propre identité tout en défendant celle de leur enfant Cette présentation abordera des pistes de solutions visant à renforcer la résilience familiale et à contribuer à une acceptation sociale élargie des diversités de genre.
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Communication orale
Parentalités trans-affirmatives : la réalisation d'une vie psychologiquement richeManvi Arora (Université Concordia), Nyasha Hillary Chibaya (Stellenbosch University), Francesco MacAllister-Caruso (Université Concordia), Kimberley Manning (Université Concordia), Annie Pullen Sansfaçon (Université de Montréal), Julie Temple (Memorial University of Newfoundland), J Wallace-skelton (Université de Regina)
Alors que la littérature scientifique sur la relation entre les enfants trans et non binaires et leurs parents met surtout l’accent sur le rôle des figures parentales dans le développement de leur enfant, peu d’études examinent comment cette relation transforme les parents eux-mêmes. Comblant cette lacune, cet article explore comment le militantisme en faveur des enfants trans et non binaires façonne la vie des parents affirmatifs, renforçant les liens de confiance et élargissant leur compréhension de la diversité humaine et des luttes qui l’accompagnent. À partir d’une analyse préliminaire de 62 entretiens menés auprès de parents affirmatifs au Canada, nous opposons la vision du mouvement des droits parentaux, qui cherche à contrôler la non-conformité de genre des jeunes, à celle des parents affirmatifs qui considèrent la parentalité comme une pratique relationnelle. Cet article réaffirme le constat bien établi que le soutien parental améliore la santé mentale des jeunes trans et non binaires, mais montre aussi comment les parents affirmatifs vivent une transformation personnelle à travers leur engagement. En mobilisant le concept de « vie psychologiquement riche » (Oishi & Westgate, 2021), nous suggérons que l’affirmation d’un enfant trans incarne la complexité et le changement de perspective caractéristiques d’une telle vie, offrant ainsi un cadre alternatif pour une parentalité créative du genre fondée sur l’ouverture, la transformation et une éthique du soin.
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Communication orale
Influence des milieux de vie sur les parcours des jeunes transgenresIsabelle Godin (Université Libre de Bruxelles), Julie Servais (Ecole de Santé Publique de l'Université Libre de Bruxelles), Bram Vanhoutte (Université Libre de Bruxelles)
Introduction : Basée sur le modèle bioécologique de Bronfenbrenner, cette étude explore l'influence des environnements de vie sur le développement des jeunes transgenres, spécifiquement leur capacité à exprimer et explorer leur identité de genre.
Méthodes : La méthode Photovoice a été utilisée pour collecter les expériences de jeunes transgenres âgés de 11 à 22 ans. Les créations des jeunes ont été analysées et ont pu mettre en évidence quelles interactions entre microsystèmes (famille, école) et mésosystèmes influencent leur bien-être.
Résultats : Les jeunes ayant un soutien solide de leur entourage direct montrent des trajectoires de vie plus stables et épanouies. Toutefois, dans les milieux scolaires secondaires, où les attentes de genre sont particulièrement strictes, ces jeunes se heurtent à des normes rigides qui compliquent leur exploration identitaire. Les situations de déménagements fréquents exacerbent ces défis, privant ces jeunes d'un ancrage social nécessaire pour tester sereinement leur identité de genre.
Discussion : Cette étude souligne l'importance de créer des réseaux de soutien robustes et de former les intervenant·es à une prise en charge inclusive, en mettant un accent particulier sur les environnements scolaires. L'école, milieu de vie prépondérant chez les jeunes, se doit d'être sécurisante, particulièrement lorsque le soutien familial est insuffisant ou absent.
Dîner et session d’affiches
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Communication par affiche
Langue et transition : ressource linguistique d’aide à la communication neutre pour une meilleure reconnaissance des identités non-binaires dans le domaine de la santéMylène Larivière (UdeM - Université de Montréal)
La reconnaissance est un enjeu central dans la transition des personnes non-binaires, particulièrement en raison du manque de ressources conceptuelles qui permettent de comprendre et de communiquer ces expériences (Fricker, 2007). Sur le plan linguistique, si la langue est un outil fondamental d’affirmation et de construction identitaire, elle peut aussi être un facteur d’exclusion sociale. En français normatif, la bicatégorisation du genre grammatical invisibilise les identités qui échappent au cadre binaire. Ce frein à l’affirmation a des répercussions notables sur les parcours de transition des personnes non-binaires, notamment dans le domaine de la santé où la reconnaissance est essentielle pour garantir des soins de qualité.
Mon projet de recherche vise à développer une ressource linguistique d’aide à la communication neutre, adaptée aux réalités et aux besoins des personnes non-binaires dans le domaine médical. La démarche repose sur la consultation et sur l’analyse d’un corpus de textes dans le domaine de la santé rédigés par des personnes concernées. Des groupes de réflexion seront menés avec des personnes non-binaires afin de recueillir leurs perspectives et leurs attentes en matière de communication neutre. Cette ressource linguistique vise à favoriser la reconnaissance des identités non-binaires et à améliorer l’accès à des soins de santé adaptés.
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Communication par affiche
Trajectoires des attentes et projections des jeunes trans et non-binaires en contexte de transition médicaleSamuel Champagne (Université de Montréal), Morgane Gelly (UdeM - Université de Montréal), Annie Pullen Sansfaçon (Université de Montréal), Charles-Antoine Thilbeault (Université de Montréal)
La recherche sur le développement de l'identité de genre en lien avec les soins médicaux d'affirmation de genre en est encore à ses débuts. Nous avons documenté les attentes des jeunes trans et non-binaires qui commencent ou s'apprêtent à entamer ce processus, ainsi que l'impact de la satisfaction de ces attentes sur leur parcours.
Les données recueillies proviennent d’entrevues effectuées à un an d’intervalle auprès de sept jeunes Canadien·ne·s TNB dans le cadre de l’étude Grandir Trans. Les données ont été codées à l’aide de MAXQDA et analysées suivant la méthode d’analyse longitudinale Saldaña (2014).
Leurs attentes visent une diminution de la dysphorie et l’augmentation de leur confiance en soi. Après un an, les jeunes, lorsque possible, ont obtenu les soins désirés – bloqueurs de puberté et/ou hormonothérapie. Leurs attentes s’en trouvent actualisées et les souhaits qu’iels émettent pour les prochaines années de leur transition comprennent différentes interventions médicales, notamment chirurgicales, et se centralisent dorénavant vers le désir d’une sociabilité accrue.
Les jeunes ont conscience des effets normalement obtenus face aux soins médicaux d’affirmation de genre. Malgré tout, certaines zones d’ombres persistent, notamment en ce qui a trait aux alternatives offertes. Pour permettre une meilleure formation et réalisation des attentes des jeunes TNB, un accompagnement pluridisciplinaire et des informations claires s’avèrent nécessaires.
Bloc 3 – Dysphorie, euphorie, satisfaction et regret : pluralité des vécus des jeunes de la diversité des genres
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Communication orale
Grandir trans : L'influence des soins médicaux d’affirmation de genre sur le bien-être des jeunes trans et non binaires au CanadaMorgane Gelly (Université de Montréal), Naomie-Jade Ladry (UdeM - Université de Montréal), Annie Pullen Sansfaçon (Université de Montréal), Charles-Antoine Thibeault (Université de Montréal)
Malgré les avancées législatives et sociales pour les droits des personnes trans et non binaires (TNB), l’accès aux soins médicaux d’affirmation de genre (SMAG) pour les mineur·e·s demeure débattu. Si certains plaident pour un accès dès la puberté, d’autres appellent à la prudence, estimant les données insuffisantes. L’émergence de narratifs sur la détransition et les regrets post-transition nourrissent aussi les inquiétudes. Pourtant, lorsque les soins sont adaptés, des bénéfices notables sont observés, comme la réduction du stress minoritaire et l’amélioration de la qualité de vie des jeunes TNB. Quels sont donc les effets de l’accès aux SMAG sur le bien-être des jeunes TNB au Canada ? Cette présentation s’inscrit dans le projet Grandir Trans, une enquête longitudinale internationale sur les SMAG, axée sur l’évolution des trajectoires de soins et leur impact sur le bien-être des jeunes TNB âgé·e·s de 11 à 17 ans. La présentation explore l’évolution du bien-être physique, psychologique et social de 7 jeunes TNB cannadien·ne·s ayant débuté un suivi médical d’affirmation de genre. Les données montrent que si les bloqueurs peuvent diminuer le stress lié à la puberté, l’hormonothérapie a un impact plus fort sur la réduction de la dysphorie et la confiance en soi. Par ailleurs, les SMAG semblent améliorer les relations sociales et familiales malgré quelques appréhensions. Cependant, des défis demeurent face à des environnement peu soutenants ou adaptés à leur identité de genre.
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Communication orale
Transidentité et patrons de transition sociale, légale et médicale : une analyse de classes latentes des démarches de transition de genre entreprises par les jeunes TNBMartin Blais (Université du Québec à Montréal), Fred Dion (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Au Canada, on compte plus de 62 000 jeunes trans et non binaires (TNB) de 15 à 34 ans. Or, leurs profils de transition restent peu documentés. Cette étude a identifié, via des analyses de classes latentes, cinq profils de transition parmi 671 jeunes TNB de 15 à 29 ans, en fonction de leurs démarches de transition socio-médico-légales et de leurs caractéristiques sociodémographiques. Les cinq patrons sont : Contemplation (16%; peu de démarches); Non-conformité (13%; démarches sociales modérées, rares démarches légales, faible intérêt médical); Intention médicale (38%; démarches sociales répandues, quelques démarches légales, fort intérêt médical); Objectifs chirurgicaux (27%; démarches sociales, légales et hormonothérapie répandues, fort intérêt pour les chirurgies); Antécédents socio-médico-légaux (7%; démarches de tous types très répandues). Les patrons où plusieurs démarches étaient voulues et entreprises démontraient une grande satisfaction quant à leur transition, un meilleur bien-être et étaient davantage "out". Ceux qui comptaient moins de démarches entreprises ou un fort intérêt envers de futures démarches présentaient des scores moindres de satisfaction et de bien-être et plus de dissimulation. Ces résultats soulignent la nécessité de soutenir les jeunes TNB dans leurs démarches de transition, d’améliorer le soutien social à leur égard et de garantir l’accès aux démarches légales et médicales désirées pour favoriser leur épanouissement et reconnaissance en société.
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Communication orale
Expériences, défis et besoins des jeunes ayant vécu un parcours de détransition socialeMorgane Gelly (Université de Montréal), Noémie Lambert (UdeM - Université de Montréal), Annie Pullen Sansfaçon (Université de Montréal)
Après une transition de genre, certain·e·s jeunes l’interrompent, temporairement ou définitivement. Ce phénomène de détransition est souvent perçu négativement et utilisé pour justifier des restrictions dans les politiques d’affirmation du genre. Cependant, peu d'études s'intéressent au vécu des jeunes ayant détransitionné après une transition sociale uniquement (JDS). Cette présentation explore les expériences de détransition des JDS et leurs ressentis après cette interruption. Nous nous appuyons sur une recherche qualitative internationale, avec des entrevues semi-dirigées menées auprès de 25 jeunes de 16 à 25 ans ayant discontinué une transition. Un sous-échantillon de 8 JDS a été constitué. Concernant leur rapport à soi, certain·e·s JDS continuent de ressentir un inconfort corporel, des doutes identitaires, tandis que d’autres connaissent un sentiment d’épanouissement et une libération. Quant à leurs relations sociales, les JDS font état de soutiens conditionnels ou inconditionnels, mais aussi d’incompréhension de la part de leurs proches. D’autres préfèrent vivre leur détransition en secret. Ces résultats illustrent la diversité des expériences de détransition sociale. Il est essentiel de fournir un soutien psychologique adapté et de renforcer l'éducation sur les détransitions dans la société.
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Communication orale
Cannabis et parcours trans : une exploration de l’autonomie corporelle et de l’agentivité selon la perspective des technologies de soiJoão Barbosa (Université Concordia/Project VoxCann), Laura Bernal (Project VoxCann), Sean Bristowe (University of Calgary), Natalie Castellanos Ryan (Université de Montréal/CHU Sainte-Justine), Nicholas Chadi (Université de Montréal/CHU Sainte-Justine), Leila Afra Akira Clelia Da Costa De Carlos (Université Concordia/École sans police), Heath D’Alessio (The Get Sensible Project), Kiah Ellis-Durity (The Get Sensible Project), Olivier Ferlatte (Université de Montréal), Rebecca Haines-Saah (University of Calgary), Robert-Paul Juster (Université de Montréal), Connor Lafortune (Nipissing University), Mélodie Lemay-Gaulin (Université de Montréal/CHU Sainte-Justine), Kira London-Nadeau (UdeM - Université de Montréal)
Comment la consommation de substances psychoactives est-elle liée à la diversité de genre? Il est déjà bien connu que les personnes de la diversité de genre rapportent des taux de consommation élevés. En revanche, il est bien moins fréquemment discuté que certains principes éthiques cruciaux, dont l’autonomie corporelle et l’agentivité, lient également la consommation et la diversité de genre. Compte tenu de la répression grandissante face à ces principes, il est important de mettre en lumière ces liens.
Afin de nourrir une réflexion approfondie à ce sujet, cette communication présentera une analyse appliquant la perspective des Technologies de soi, originalement articulée par Foucault en 1988, à des données d’entrevues qualitatives examinant la consommation de cannabis auprès de jeunes de la diversité sexuelle et de genre au Québec. L’analyse explore les parallèles et les expériences interreliées entre la consommation de cannabis et la diversité de genre. En particulier, on y retrouve l’approfondissement de l’euphorie corporelle, l’ouverture à la fluidité et au questionnement, ainsi que l’exploration du monde des possibles. À travers ces mécanismes d’imagination et de transformation de soi, les résultats soulignent comment la consommation et le genre se positionnent comme des terrains de lutte connexes (personnels, mais tout aussi politiques) dans le contexte actuel de répression et d’atteintes aux libertés de la personne
Bloc 4 – Reconnaître, soutenir, affirmer : repenser les récits sur la santé mentale, la détransition et l’accès aux soins
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Communication orale
Comprendre les discours sur la détransition au regard du concept d’injustice épistémiqueSidonie Atgé-Delbays (Université de Montréal), Morgane Gelly (UdeM - Université de Montréal), Mélanie Millette (Université du Québec à Montréal), August Paradis (Université de Montréal), Edith Paré-Roy (Université de Montréal), Annie Pullen Sansfaçon (Université de Montréal), Olivier Turbide (Université de Québec à Montréal)
Depuis quelques années un discours très médiatisé a émergé sur les expériences de détransition, dépeignant un phénomène grandissant et propageant l’idée selon laquelle les jeunes trans et non-binaires (TNB) accèdent trop vite à des transitions médicales et le regrettent par la suite. Ce narratif permet de justifier des mesures restreignant l’accès aux soins d’affirmation de genre chez les jeunes TNB et a déjà des effets dans de nombreux pays, états et provinces qui adoptent désormais des politiques restrictives en matière d’affirmation de genre. Cette présentation vise à comprendre en quoi les discours sur la détransition constituent des formes d’injustices épistémiques (Fricker, 2007). Nous croiserons les données de deux volets d’une recherche examinant les discours sur la détransition : une analyse des discours médiatiques à partir d’un corpus de 192 articles de presse et 2 396 tweets publiés entre 2017 et 2020 et une analyse de 25 entrevues menées entre 2020 et 2022 avec des jeunes détrans de 16 à 25 ans. Les données montrent que les expériences de détransition sont dépeintes de façon homogène et sous un prisme négatif, limitant leur intelligibilité sociale et la capacité des personnes détrans à faire sens de leur vécu (injustice herméneutique). L’analyse révèle aussi une instrumentalisation politique de ces expériences, renforçant les stéréotypes et réduisant les personnes détrans à de simples sources d’information plutôt qu’à des informateur·ice·s, ce qui engendre une objectification épistémique et une déflection de leur crédibilité (injustice testimoniale). Nous amorcerons une réflexion sur la reprise de pouvoir face à ces injustices épistémiques.
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Communication orale
Accueillir la diversité : L'approche affirmative en psychothérapie et en santé mentale auprès des jeunes trans et non-binairesWilliam Davidson-Urbain (Université de Montréal), Emmett Rabot (UdeM - Université de Montréal)
Les enjeux de santé mentale et de neurodiversité chez les jeunes trans et non-binaires (TNB) sont souvent présentés comme des facteurs qui limiteraient voire rendraient impossible leur autodétermination. Les vécus traumatiques, les enjeux de personnalité, la suicidalité, mais aussi l’autisme sont régulièrement invoqués pour justifier d’une approche paternaliste ou pour restreindre l’accès aux soins d’affirmation de genre (SAG). Les soins en santé mentale et la psychothérapie sont alors présentés comme une alternative ou un prérequis aux SAG. Les problèmes de santé mentale sont par ailleurs fréquemment mis de l’avant dans les narratifs de détransition relayés dans les médias, renforçant le stigma et l’idée d’une incapacité des jeunes à consentir de manière éclairée aux SAG. Pourtant, faisant face à de multiples stresseurs, certains jeunes TNB ont de réels besoins en santé mentale.
Cette présentation propose une réflexion sur les pratiques psychothérapeutiques affirmatives favorisant le bien-être et l’autonomie des jeunes TNB. La première partie détaillera comment mener une réflexion diagnostique intersectionnelle en santé mentale tenant compte du stress minoritaire, et comment faciliter la communication d’un consentement éclairé. La seconde partie présentera des outils et réflexions à la disposition du thérapeute pour offrir un climat bienveillant en psychothérapie auprès des jeunes TNB et faire de la place à la nuance, au doute et à la diversité des parcours.
Dépolariser les discours : ouvrir un véritable dialogue pour améliorer l’accompagnement des jeunes dé/trans
Les discours sur les besoins d’accompagnement des jeunes trans et détrans prennent souvent la forme de débats polarisants qui les opposent et les stigmatisent. Ce panel de clôture ouvrira une conversation sur les points de convergence entre les jeunes dé/trans ainsi que leurs besoins spécifiques au cours de leurs parcours. Pour ce faire, nous croiserons différents points de vue avec des panélistes ayant des expertises diversifiées sur le sujet : August Paradis, jeune consultante sur le projet Discours (Dé)trans ; Chadi-Ace Matni-Bergeron, jeune membre du Comité de Consultation Permanent de la chaire CRC ReParE ; Emmett Rabot, psychiatre et chercheur spécialisé sur l’autisme ; Morgane Gelly, Conseillèr·e principal·e à la recherche et coordonateur·rice du projet Discours (Dé)trans. Consentement éclairé, autonomie corporelle, enjeux de santé mentale et autres sujets connexes seront abordés afin de faire émerger des pistes de réflexions pour un meilleur accompagnement des jeunes dé/trans.