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Informations générales

Événement : 92e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Face aux approches biomédicales standardisées, culturellement réductrices et imposées de manière verticale qui prédominent dans les systèmes de santé publique, un nombre croissant de voix critiques appellent à la décolonisation des politiques de santé publique qui ont historiquement marginalisé les pratiques alternatives en matière de santé et de bien-être des populations (Cevallos et Amores, 2009; Deloach et Swaroop, 2014; Kirmayer et al., 2014; Greenwood, 2018; Affun-Adegbulu et Adegbulu, 2020; Abadia-Barrero, 2023; Pemunta et Tabenyang, 2023; Ridde et al., 2023; Ssennyonjo et al., 2023). En réponse à ces critiques, l’adaptation des systèmes de santé aux attentes et aux besoins particuliers de populations diversifiées sur le plan culturel, social et religieux est récemment devenue un enjeu prioritaire dans le champ de la santé globale (Organisation mondiale de la santé, 2014, 2021, 2024).

Ce colloque offre l’occasion de discuter des controverses, des défis, des obstacles et des opportunités liés à l’élaboration et à la mise en œuvre de programmes de santé publique inclusifs, respectueux de la diversité des besoins, des conceptions et des pratiques relatifs à la santé et au bien-être. Il sera également l’occasion de reconnaître et de mettre en lumière les savoirs des populations et des personnes praticiennes de la guérison non biomédicale sur ce que devraient constituer des interventions et des politiques de santé publique prioritaires, culturellement sécuritaires et inclusives. Les personnes participantes sont invitées à explorer ces thématiques à partir d’études de cas qualitatives ou mixtes, centrées sur des contextes socioculturels, religieux et/ou sociopolitiques particuliers.

Remerciements :

Les personnes organisatrices de ce colloque remercient le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le Fonds de la recherche scientifique de Belgique pour leur appui financier.

Dates :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Inclusivité en santé publique : entre savoirs locaux, médecines alternatives et reconnaissance des diversités

Salle : B-3432 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    Ethnomédecine et décolonisation des politiques de santé publique. Un exemple réunionnais
    Laurence Pourchez (INALCO, Groupe Paris Sorbonne)

    Il s’agira, dans cette communication, de revenir sur plus de trente années de recherche en anthropologie de la santé et en ethnomédecine à La Réunion et à Mayotte afin d’analyser les retombées des recherches menées, l’impact de ces recherches tant sur la formation des étudiants (cursus de médecine et cursus infirmiers et de sage-femme) que sur une prise en compte des travaux publiés pour la mise en place des politiques de santé publique, le tout dans une optique de décolonisation, de prise en compte des contextes anthropologiques, des dimensions culturelles et religieuses des pratiques locales de soin.

    Du point de vue de la formation, deux niveaux d’analyse sont à considérer :

    • L’apport des recherches aux étudiants, la manière dont ils vont pouvoir intégrer les apports à leur propre pratique et dans la relation soignant-soigné ;
    • La prise en compte de l’importance des formations en anthropologie par les décideurs (directeurs -trices- d’IFSI, doyen -ne- d’UFR santé) dans une optique de décolonisation des politiques de santé et des pratiques de soin afin que celles-ci mettent le patient et sa culture au centre de la relation soignant-soigné.

    Nous interrogerons également les politiques de santé publique mises en place. Quelle est, finalement, au sein des politiques mises en œuvre tant à La Réunion qu’à Mayotte, la place de la culture des patients, de leurs représentations de la santé, du bien-être tant social que religieux ou culturel ?

  • Communication orale
    La médecine traditionnelle à l’aune de la décolonisation de la santé mondiale : un exemple ivoirien
    Véronique Duchesne (Université Paris Cité)

    La notion de « décolonisation » est désormais utilisée en santé mondiale pour évoquer le besoin de mieux lutter contre l’influence des oppressions sociales qui influencent directement la possibilité, pour certaines populations, de participer dans les décisions et l’organisation des interventions en santé. L’intégration de « la médecine traditionnelle » aux soins de santé primaires engagée par l’OMS à la fin des années 1970 constitue une étape importante concernant la légitimité des thérapeutes africains dont les savoirs ancrés dans des traditions orales ne concordent pas avec une approche biomédicale de la santé. Cette institutionnalisation est venue inscrire de nouveaux acteurs, pratiques et produits thérapeutiques au sein des systèmes de santé nationaux et étendre le rôle des instances régionales et mondiales (OMS, OMC, OOAS, OAPI) dont le rôle est, en principe, d'accorder l'homogénéisation internationale des régulations les concernant.

    Ma présentation propose d’examiner comment ces régulations sont dominées par les « régimes biomédicaux » et dans quelle mesure elles engendrent une transformation des produits et des pratiques des praticiens de médecine traditionnelle désireux de s’impliquer dans le système de santé publique de leur pays. Un exemple ivoirien sera développé avec un extrait de mon film de recherche intitulé Comme un arbre dans la ville (2023).

    Lien vers le film: https://filmfreeway.com/Likeatreeinthecity
    Mot de passe: koff333

  • Communication orale
    Immunité et communauté dans la survie aux maladies infectieuses : une étude du COVID-19 chez les juifs orthodoxes de Montréal intégrant anthropologie, épidémiologie et immunologie
    Tracie Barnett (Université McGill), Fernanda Claudio (Université McGill), Jorg Fritz (Université McGill), Peter Nugus (Université McGill), Ciro Piccirillo (Université McGill), Tibor Schuster (Université McGill)
  • Communication orale
    Agir en faveur de la santé de la minorité LGBTI : entre intérêts collectifs et intérêts particuliers
    Anne-Sophie Grenouilleau (Haute Autorité de Santé)

    Les politiques publiques françaises pêchent d’un manque d’inclusivité en faveur de la santé globale des personnes LGBTI, même si certains de leurs besoins en santé sont mieux considérés. Beaucoup reste à faire pour améliorer les savoirs et agir en leur faveur.

    S’intéresser au sexe et au genre en santé publique nécessite une approche bio-sociale, en dépassant la binarité, et une attention rénovée aux croisements entre les déterminants sociaux.

    Nous proposons d’interroger la tension entre politique universelle à l’égard de tous les groupes de sexe et de genre avec un risque d’amalgame, et catégorielles avec un risque de discrimination, et souvent limitées à des questions de santé spécifiques. Nous poserons ce débat dans une perspective générale de politique publique, et dans une perspective particulière d’espace critique au sein de la minorité LGBTI, elle aussi plurielle avec des intérêts parfois divergents.

    Si disposer de données permettrait a priori d’améliorer la connaissance et in fine les prises en charge ou l’action publique, la collecte de ces données sensibles se heurte à des obstacles techniques et juridiques et leur usage à des questions éthiques. Le droit français et les normes administratives ne permettent pas de reconnaître les personnes pour ce qu’elles sont.

    Sur ce point aussi nous proposons de questionner l’articulation entre la préservation de l’intérêt général et des intérêts particuliers au sein des communautés elles-mêmes, sans préjudice ni privilège.


Communications orales

Santé mentale, représentations de la maladie et diversité des parcours de soins

Salle : B-3432 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
Présidence : Boris Koenig (UCLouvain)
  • Communication orale
    Documentation des thèmes religieux dans les références à un service de consultation culturelle
    G. Eric Jarvis (Université McGill)

    Hall (1997) souligne que les représentations culturelles et les pratiques de signification sont essentielles pour comprendre les concepts, idées et émotions. Si ces représentations ont été étudiées en santé mentale, les représentations religieuses demeurent peu explorées.

    Cette étude exploratoire analyse la présence et l’importance des thématiques religieuses chez les patients orientés vers un Service de Consultation Culturelle (SCC) à Montréal. Ses objectifs sont :

    1. Déterminer la proportion de patients pour lesquels ces thématiques sont cliniquement significatives.

    2. Proposer une classification des thématiques religieuses pour orienter les cliniciens travaillant avec une clientèle culturellement diversifiée.

    3. Examiner leur influence sur la prise en charge psychiatrique.

    L’analyse des dossiers cliniques du SCC de 2015 (N=41) a permis d’extraire des tendances descriptives et thématiques. Jarvis a procédé à une analyse en identifiant et définissant des thèmes. Ces thématiques religieuses se sont révélées significatives dans la majorité des références, réparties en quatre catégories : cause, solution, réconfort et difficulté sociale. Elles sont omniprésentes dans les récits des patients issus de divers horizons culturels. Leur prise en compte ouvre la voie à des approches thérapeutiques mieux adaptées aux réalités culturelles des patients.

  • Communication orale
    Communauté, foi et guérison : le rétablissement en santé mentale chez les immigrants chrétiens afro-caribéens, juifs et musulmans au Canada
    Malka Reich (Université McGill), Robert Whitney (Institut universitaire en santé mentale Douglas)
  • Communication orale
    Regards croisés sur les réalités parallèles et plurielles au Nunavik (Québec, Canada) : savoirs et expériences inuit en lien avec les phénomènes dits psychotiques
    Dominique Gaulin (UdeM - Université de Montréal)

    Les manières dont les expériences des phénomènes dits psychotiques (PDP) dans le langage dominant de la santé mentale sont vécues et comprises ne sont pas culturellement neutres, et leurs définitions ainsi que leurs interprétations sont loin d’être univoques et figées. Or, la colonialité (Quijano, 2007) et les pratiques normatives en santé mentale contribuent à pathologiser certaines expériences (Linklater, 2014). Cette présentation met en lumière les résultats d’une recherche doctorale réalisée au Nunavik, Québec qui portait, entre autres, sur les conceptualisations et les expériences des PDP chez les Inuit, renommés réalités parallèles et plurielles (RPP) au terme du projet. Au travers les récits d’Inuit, d’intervenants non Inuit et de 224 journées d’observation participantes, les résultats mettent en exergue les dynamiques qui sous-tendent les situations de violence systémiques et épistémiques, qui limitent la capacité des Inuits de mettre à profit leurs savoirs, mais aussi, qui posent barrières aux intervenants non-Inuit qui souhaitent adapter leurs pratiques. À l'issue de cette présentation, les auditeurs pourront mesurer la complexité et la pluralité des RPP au Nunavik, de développer une meilleure compréhension des dynamiques de pouvoir ancrées dans les services de santé mentale et d’adopter un regard réflexif et critique sur les conditions nécessaires à la reconnaissance et à la valorisation des savoirs inuit dans ce domaine.

  • Communication orale
    Rêves et représentation du cancer dans l’itinéraire thérapeutique de certains cancéreux d’Abidjan (début XXIe siècle)
    Élysée Kéassemaé Koui (Université Alassane OUATTARA)

    Le cancer est une maladie grave qui fait penser systématiquement à la mort. L’annonce du diagnostic éveille tout un ensemble de mécanisme psychique et d’interrogations sur l’existence même du malade. Si bien que beaucoup de cancéreux en Côte d’Ivoire font des rêves sur leur maladie. Ces songes ne laissent pas le rêveur indifférent, il cherche bien au contraire à leur donner du sens. Or, en Afrique surtout, les rêves revêtent une dimension spirituelle déterminante dans les croyances populaires. Ils révèlent l’origine de la maladie et conforte le malade sur la nature de sa souffrance au point d’impacter sa représentation. Dans cette contribution justement, nous questionnons cet impact ! Nous analysons comment les rêves que font certains malades du cancer définissent le sens qu’ils donnent à la maladie. Nous voyons comment en retour, ces représentations conditionnent les différents itinéraires thérapeutiques, passant des soins biomédicaux aux soins spirituels ou vice versa. Et, finalement, comment ces recours scellent le pronostic vital du malade. L’étude s’appuie sur l’expérience vécue des cancéreux des Chu de Treichville et de Cocody. Elle repose aussi sur le témoignage d’oncologues et des patients des centres de prière et de guérison de la ville d’Abidjan et ses environs.

  • Communication orale
    Les défis des interprétations de la détresse mystique chez les réfugié.es musulman.es d’origine africaine à Montréal
    Marie Nathalie LeBlanc (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette présentation interroge la notion d’affliction développée par Veena Das (2015) afin d’examiner les défis liés à l’interprétation de la détresse mystique chez les réfugié·e·s musulman·e·s d’origine africaine à Montréal. Mon intérêt pour ce sujet découle de mes travaux sur les marabouts en Côte d’Ivoire, la guérison par la Roqya en Afrique de l’Ouest et mon expérience en médiation interculturelle en psychiatrie à Montréal.

    À travers les récits de deux patient·e·s, j’explore les rôles du mysticisme islamique dans la compréhension de la maladie et de la guérison. Ces récits mettent en évidence les dynamiques sociales et croyances mystiques structurant la détresse, notamment le statut précaire des « cadets sociaux » (femmes, jeunes, réfugié·e·s), le rôle des djinns, les pénétrations corporelles des forces maléfiques, la « salafisation culturelle » des pratiques islamiques et la Da’wa individuelle.

    Je conclus sur les tensions entre guérison et croyances mystiques dans un cadre biomédical dominant. Il est essentiel d’aller au-delà des interprétations fonctionnalistes qui réduisent ces récits à de simples idiomes culturels. Cette analyse questionne la « traduisibilité » des croyances mystiques dans les interventions en santé et souligne la nécessité de prendre en compte leurs implications ontologiques et épistémologiques.

Communications orales

Pratiques de santé alternatives et dynamiques de résistance

Salle : B-3432 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
Présidence : Boris Koenig (UCLouvain)
  • Communication orale
    Les grossesses et accouchements non assistés : une démarche de résistance et de décolonisation de la maternité
    Audrey Bujold (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Les grossesses et accouchements non assistés (GANA), c’est-à-dire n’impliquant ni médecin ni sage-femme, constituent une forme de résistance radicale face à un système de santé perçu comme étant normatif et oppressif. À partir d’une analyse qualitative d'entretiens individuels menés auprès de 23 participantes québécoises ayant vécu des GANA, nous explorerons les motivations profondes de ces choix, souvent marqués par des expériences de violences obstétricales ou de négociations infructueuses face à un système perçu comme institutionnalisé et réductionniste. En revenant sur les arguments culturels et personnels qui sous-tendent ces choix, nous mettrons en lumière la diversité des pratiques de soin (p. ex. herboristerie, doula) et de bien-être (méditation, interventions basées sur la nature) des femmes concernées qui se tournent vers ces solutions, souvent perçues comme plus respectueuses de leur autonomie, de leur corps et de leurs croyances. En abordant les tensions entre l’approche biomédicale de la naissance et les GANA, nous interrogerons aussi la manière dont ces choix peuvent être perçus non seulement comme un acte de résistance à la médicalisation, mais aussi comme une forme de décolonisation de la maternité. Cette décolonisation s’opère par la revendication d'une autonomie corporelle et d’une reconnaissance de savoirs ancestraux ou alternatifs qui déjouent les logiques de rationalisation qui régissent la discipline obstétricale.

  • Communication orale
    Analyse socio-anthropologique de la collaboration entre les sages-femmes/infirmiers et les matrones dans le suivi des femmes enceintes en milieu rural Dan (Côte d’Ivoire)
    Sarah N'nan Kané (Université Félix Houphouët-Boigny)

    Cette communication est une analyse des effets de la collaboration entre sages-femmes/infirmiers et matrones1 sur l’intégration effective des femmes enceintes au programme de suivi prénatal en milieu rural Dan. Il porte sur des données empiriques, collectées à l’aide de guides d’entretiens auprès de onze (11) agents de la santé, dont cinq (05) sage-femmes, deux (02) médecins et quatre (04) infirmiers ; douze (12) matrones, six (06) nourrices et six (06) femmes enceintes, ainsi que de la documentation provenant des différents registres des centres de santé. Les résultats indiquent que la collaboration entre sages-femmes et matrones favorise premièrement une fréquentation régulière des centres de santé par les femmes enceintes. Deuxièmement réduit la mortalité maternelle en contribuant à éviter les complications à l’accouchement. Troisièmement, cette collaboration contribue à renforcer la confiance entre les femmes enceintes et le personnel soignant.

  • Communication orale
    L’adaptation et la redéfinition de l’acupuncture chinoise au sein d’un hôpital malgache
    Qiansheng Huang (Inalco)

    Actuellement, l’acupuncture, considérée comme une forme de médecine alternative, reste faiblement intégrée dans le système de santé à Madagascar : seules deux structures hospitalières publiques l’ont officiellement incluse dans leurs services administratifs. À partir d’une enquête de terrain réalisée en 2023 à l’hôpital central de la région d’Antsirabe et en s’appuyant sur l’historique du développement de l’acupuncture dans le pays, cet article analyse la perception et l’acceptation de cette pratique par les patients et les professionnels de santé locaux.

    Les résultats montrent que, dans un contexte biomédical dominé par la médecine dite moderne, l’acupuncture est jugée sûre et efficace, en dépit d’une compréhension souvent très limitée de sa logique culturelle chinoise et de ses fondements théoriques. Dans certains cas, elle est même réinterprétée comme un héritage ancestral malgache. Ce phénomène illustre non seulement les stratégies d’adaptation de l’acupuncture face aux dynamiques de mondialisation et de contextualisation locale, mais révèle aussi comment la crainte de la sorcellerie et le discours scientifique moderne influencent les choix thérapeutiques.

  • Communication orale
    L’intégration des approches complémentaires dans le système de santé, aux côtés des soins conventionnels : facilitateurs et barrières d’implantation
    Sophie Audette-Chapdelaine (CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal), Sébastien Barbat-Artigas (CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal), Vicky Hébert Brassard (CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal), Hinatea Lai (CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal), Claudia Léger (CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal), Walter Marcantoni (CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal)

    Contexte : Les approches complémentaires en santé suscitent un intérêt croissant, mais leur intégration dans les pratiques conventionnelles reste limitée.

    Objectif : Cette revue parapluie vise à identifier les facilitateurs et barrières à l’intégration des approches complémentaires dans le système de santé, aux côtés des soins conventionnels.

    Méthode : Une recherche systématique a été réalisée en août 2024 dans PUBMED, CINAHL, EMBASE et COCHRANE, ciblant les revues systématiques en anglais et en français. Les études ont été sélectionnées selon des critères PICOTS, puis analysées et validées par entente interjuge.

    Résultats : L’analyse des revues systématiques retenues a révélé plusieurs facteurs clés répartis en trois catégories : organisationnels, éducation et collaboration des professionnels, ainsi que connaissances et preuves cliniques. Ces éléments sont essentiels pour favoriser une intégration réussie des approches complémentaires au Québec.

    Conclusion : L’intégration des approches complémentaires exige une coordination à tous les niveaux du système de santé. Un soutien institutionnel, des ressources financières, une formation continue et des pratiques standardisées sont indispensables pour surmonter les obstacles, promouvo


Communications orales

La santé publique en transformations : entre controverses, savoirs invisibilisés et reconfigurations thérapeutiques

Salle : B-3432 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    Guérir l’invisible : santé publique et afflictions spirituelles en Afrique et dans les diasporas
    Boris Koenig (UCLouvain)

    Les enjeux et réalités de la santé publique en Afrique et au sein des diasporas ne peuvent être pleinement compris sans reconnaître les conceptions culturelles du soin et du bien-être, qui sont profondément ancrées dans des dimensions spirituelles et sociales. Or, les institutions intergouvernementales de santé et la plupart des États élaborent leurs politiques selon des approches largement dominées par le réductionnisme biomédical, la hiérarchisation des savoirs médicaux et l’invisibilisation des pratiques thérapeutiques locales. Cette communication explore ces tensions et les reconfigurations émergentes dans différents espaces sociaux en s’appuyant sur un ouvrage à paraître : Healing the Invisible: Public Health and Spiritual Afflictions in Africa and in the African Diaspora (Koenig, B., dir., Routledge). À partir d’études de cas ethnographiques issues de cet ouvrage, la présentation analysera les divers degrés de reconnaissance, de régulation et d’intégration des pratiques de guérison spirituelle dans les politiques et programmes de santé publique en Afrique, en Amérique du Nord et en Europe. En mobilisant des recherches empiriques menées dans plusieurs contextes nationaux, cette contribution proposera une réflexion sur certains défis liés à la décolonisation des politiques de santé globale, et soulignera la nécessité d’adapter les systèmes nationaux de santé aux conceptions culturelles du soin et du bien-être, dans une perspective de justice épistémique et d’inclusivité.

  • Communication orale
    Nganga et santé publique - Comment gérer les ambiguïtés de la guérison
    Peter Geschiere (Université d'Amsterdam)

    Depuis que j’ai commencé à travailler avec les nganga (guérisseurs) dans la région forestière du Cameroun en 1971, la relation complexe entre ces praticiens et le système officiel de soins de santé est un enjeu récurrent. Dans cette communication, je souhaite mettre en lumière la lutte précaire visant à distinguer les guérisseurs mala fide (de mauvaise foi) des bona fide (de bonne foi), ou, dans une perspective médicale, les « sorciers-guérisseurs » des « véritables guérisseurs ».

    J’aborderai brièvement deux situations spécifiques :

    • Les nganga dans les villages Maka : Dans cette région, il est communément admis que les nganga ne peuvent guérir que parce qu’ils possèdent un djambe (sorcellerie) extrêmement développé dans leur ventre. Cette ambiguïté fondamentale du djambe, capable à la fois de tuer et de guérir, remet en question toute distinction claire entre le bien et le mal (comme le serment d’Hippocrate, fondement de la médecine occidentale).
    • Le comité Ralushai en Afrique du Sud et son projet de législation proposé en 1996 pour réglementer la pratique des guérisseurs traditionnels. Ce texte illustre les efforts visant à institutionnaliser la distinction entre guérisseurs mala fide et bona fide.
  • Communication orale
    Les pratiques de transe issues de traditions chamaniques comme outil thérapeutique sur la scène occidentale contemporaine : dynamiques d’adaptation et processus de légitimation
    Aurélie Giovine (UCLouvain)

    Héritées des traditions chamaniques, les pratiques de transe émergent aujourd’hui sur la scène du bien-être dans nos sociétés occidentales contemporaines et se présentent comme une réponse aux limites de la biomédecine et des approches thérapeutiques classiques.

    Sur base d’une ethnographie menée auprès de collectifs de « transeurs », cette communication analyse d’abord la manière dont ces pratiques corporelles ont été modelées pour répondre aux besoins de la société contemporaine. Un focus est fait sur les critiques émises par les transeurs envers le modèle de soin conventionnel.

    Si ces pratiques visent l’autonomie de la personne, elles nécessitent d’abord un apprentissage au sein de collectifs. Cette présentation explore également la manière dont le groupe façonne et présente les transes, à travers l’instauration d’un dispositif normatif mais également d’un système étiologique. Cette réflexion s'étend sur les stratégies d’institutionnalisation de ces collectifs et la manière dont elles tentent de s’insérer dans le champ de la santé public.

    Enfin, l’intérêt croissant des neurosciences pour les transes est abordé, à travers la mise en place de protocoles pour en tester les effets cliniques. Il s’agit d’analyser comment l’utilisation de ces recherches participent à « dépathologiser » ces pratiques en présentant l’état de transe comme une « capacité naturelle » mais aussi en quoi les neurosciences constituent des leviers de validation et de légitimation auprès de ces collectifs.

  • Communication orale
    Recherche sur le sens de la spiritualité chez les jeunes adultes immigrants dans le processus migratoire au Québec
    Léa Bundic (UdeS - Université de Sherbrooke)

    L’immigration façonne le paysage québécois depuis des centaines d’années et constitue un phénomène complexe, où les individus sont confrontés à une multitude de défis et d'adaptations tout au long de leur parcours. Au-delà des aspects matériels et socio-économiques, leur adaptation repose sur divers facteurs influençant leur intégration.

    Parmi ceux-ci, la spiritualité semble occuper une place significative, influençant les attitudes, comportements et décisions des personnes migrantes, tout en constituant un facteur de protection (Levant, 2022). Cependant, un manque de compréhension de cette dimension dans l’accompagnement des immigrants et des immigrantes peut limiter l’efficacité des interventions en contexte interculturel (Gauthier et al., 2023). Les personnes œuvrant en travail social pourraient jouer un rôle clé en offrant un soutien plus adapté. Ce projet vise donc à combler cette lacune en explorant le sens de la spiritualité dans le processus migratoire.

    Pour ce faire, huit jeunes adultes (18-35 ans) immigré.es depuis moins de dix ans au Québec ont participé à des entretiens semi-dirigés qui ont permis d’explorer leur rapport à la spiritualité et à leurs besoins. Les résultats démontrent que la spiritualité est une source de soutien et de sens pour la majorité des personnes participantes. Toutefois, leurs besoins d’expression spirituelle divergent.