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Informations générales

Événement : 92e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

L’essor du numérique, et notamment des réseaux sociaux, a transformé les modes de communication et d’organisation tout en redéfinissant les répertoires d’action collective des mouvements sociaux. Parmi ceux-ci, les mouvements féministes n’ont pas manqué à l’appel de l’activisme numérique et de nombreuses initiatives locales et globales se sont propagées au cours des 15 dernières années à travers des blogs, des campagnes numériques et la création de mots-clics (hashtags). Le mouvement #MeToo, popularisé en 2017, en est une illustration emblématique. Il a démontré la capacité du numérique à amplifier les revendications féministes, permettant de toucher une audience internationale à une vitesse inédite. Les nouvelles technologies numériques représentent à la fois un outil permettant de reproduire les pratiques militantes hors ligne, tout en offrant des possibilités d’innovation et de transformation des stratégies militantes en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes. La numérisation du féminisme a également accéléré la transnationalisation des mouvements féministes, en accroissant leur diffusion et en renforçant les interconnexions entre différents acteur·trices à l’échelle globale. Alors que les formes de féminisme numérique sont bien documentées dans les pays des Nords, elles sont aussi de plus en plus présentes dans les Suds, soulevant la question de possibles lignes de fracture ou de convergence entre ces différents espaces féministes. Ce colloque propose ainsi d’explorer les enjeux, défis et opportunités liés à la numérisation des mouvements féministes dans un contexte globalisé, en mettant en lumière à la fois les similitudes et les pratiques transnationales, mais aussi les particularités et les divergences dans les pratiques numériques des mouvements féministes des Nords et des Suds.

Remerciements :

Fonds de Recherche du Québec

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsable :

Programme

Communications orales

Féminisme numérique aux Nords

Salle : B-3418 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
Discutant·e·s : Sophie Barel (Université Rennes 2), Lena Alexandra Hübner (Université d’Ottawa)
  • Communication orale
    Résister à la violence genrée et racisée au quotidien : le cas de la consommation d’actualité en ligne
    Lena Alexandra Hübner (Université d’Ottawa)

    Cette communication s’inscrit dans un projet financé par l’Université d’Ottawa sur les stratégies de résistance aux violences genrées et racisées dans la consommation d’actualité en ligne. Contrairement aux formes de militantisme plus visibles, ces pratiques sont souvent banalisées. En comparant ces dernières aux stratégies féministes, le projet révèle des résistances inédites. Axée sur les expériences de femmes racisées au Québec et en Ontario, cette recherche repose sur une méthodologie intersectionnelle combinant groupes de discussion, récits de vie et un dispositif d’exposition virtuelle.

    La conférence, fondée sur deux séries de récits de vie menés auprès de 11 femmes à Montréal et Ottawa en 2024, présentera une typologie de leurs stratégies de résistance. Celles-ci se divisent en deux sous-champs: 1) les stratégies pour contrer les violences liées aux supports numériques d’accès à l’information (commentaires haineux, infox discriminatoires, ...) et 2) celles luttant contre les violences médiatiques associées au contenu même de l’actualité, telles que les biais journalistiques influençant la (non-)couverture d’enjeux genrés (ex. féminicides) et racisés (ex. profilage). Ensuite, un regard autoréflexif sera porté sur l’exposition virtuelle (Voix-plurielles) qui présente ces résultats sous forme de portraits narratifs et d’infographies, en articulant ces connaissances avec des savoirs artistiques et communautaires.

  • Communication orale
    Des ''murmurations''. Mise en scène de soi et expression politique féministe : dire et montrer le corps sur les réseaux sociaux numériques
    Sophie Barel (Université Rennes 2)

    Ce travail doctoral s'est penché sur la représentation du corps, en images et en textes, sur les médias sociaux numériques, dans le cadre de revendications féministes contemporaines en France.

    Avec une étude longitudinale (d'environ 2013 avec des éléments de corpus datant de début 2025), c'est près de 5000 captures d'écran qui permettent de faire un état des lieux de ces pratiques en ligne, où nous avons pu voir émerger ce que nous appelons désormais « la quatrième vague féministe » et qui a été le terreau d'importants mouvements militants tel que #MeToo, en 2017.


    Déplacements entre la sphère publique et intime, ambivalence du morcellement du corps (tantôt critère sexiste selon les grilles de lectures féministes, tantôt élément de réappropriation du corps militant cyberféministe), cartographie d'un corps militant comme un territoire à reconquérir à force de hashtags, cadre communicationnel récurrent proche d'une publicisation de la lutte, « esthétique de l'émancipation », « female gaze » et « feminist gaze », perte du secret et retournement du pouvoir...

    Certaines de ces pratiques s'inscrivent dans l'Utopie Internet, mais que reste t-il finalement de cette utopie ? Comment les médias sociaux numériques ont permis une organisation, non prévue initialement, de contre discours et de contre représentations, où des internautes isolées se sont regroupées grâce aux fonctionnalités des plateformes pour faire groupe, pour faire corps et faire entendre leurs voix, comme une murmuration.


Communications orales

Féminisme numérique aux Suds

Salle : B-3418 — Bâtiment : ETS - Bâtiment B
  • Communication orale
    Le féminisme en ligne en Côte d’Ivoire
    Nakanfè DAGNOGO (Université Côté d'Azur)

    Ces cinq dernières années, les féministes ivoiriennes se sont emparées des réseaux sociaux numériques pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes ainsi que pour revendiquer une amélioration des conditions de vie des femmes ivoiriennes. Le hashtag #VraieFemmeAfricaine lancé par Traoré Bintou Mariam, une activiste féministe ivoirienne, sur Twitter en 2020, a connu un succès sur les réseaux sociaux numériques en Côte d’Ivoire. Cela a libéré la parole en ligne et a permis à de nombreuses femmes de rejoindre la lutte féministe. En outre, les féministes ivoiriennes affirment leur identité noire, célèbrent la journée internationale de la femme africaine et lèvent le tabou sur de nombreux sujets tels que l’inceste. Cependant, elles sont parfois incomprises et qualifiées péjorativement de féministes 2.0. Nous nous posons donc la question suivante : quels sont les enjeux du féminisme en ligne en Côte d’Ivoire ? Le but de cette étude qui s’inscrit en Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) est d’identifier les enjeux et les contraintes du féminisme en ligne en Côte d’Ivoire à travers des entretiens semi-directifs qui seront menés avec une dizaine de web activistes féministes ivoiriennes.

  • Communication orale
    Le mouvement féministe ivoirien : entre engagement en ligne et actions sur le terrain
    Désirée Deneo (Institut national de la recherche scientifique)

    La quatrième vague du féminisme qui a émergé au niveau mondial au cours des années 2000-2010 n’a pas laissé la Côte d’Ivoire en marge. Avec internet et les réseaux sociaux, des jeunes femmes ivoiriennes se revendiquant totalement féministes feront entendre leurs voix. Actives au sein de la société civile ivoirienne, elles poseront le fondement d’une nouvelle lutte féministe orientée contre les violences sexuelles et sexistes.

    Elles aborderont sur les réseaux sociaux des sujets tabous tels que la soumission, le viol conjugal, le consentement et le plaisir sexuel féminin. En 2020, l’hashtag #VraieFemmeAfricaine lancé par Traoré Bintou Mariam deviendra viral, tournat en dérision des idées reçues sur les femmes.

    Si les réseaux sociaux ont permis de réunir les féministes ivoiriennes, ils ont favorisé la création d’associations comme La Ligue Ivoirienne des droits des femmes, première organisation ivoirienne à se revendiquer et à être déclarée féministe au niveau administratif. Cette organisation s’appuiera sur les réseaux sociaux pour mener des plaidoyers et obtenir des actions concrètes du gouvernement ivoirien concernant les violences faites aux femmes.

    Il s’agira de présenter dans le cadre de ce colloque le mouvement féministe ivoirien actuel construit à partir d’Internet à travers l’exemple de La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes, dont les membres ont bouleversé l’espace numérique en portant la lutte contre les violences faites aux femmes en Afrique de l’Ouest francophone.

  • Communication orale
    L’activisme féminisme en Afrique francophone : deux initiatives sénégalaises de lutte contre les violences sexuelles
    Louise-Andrée Boudreault (UdeM - Université de Montréal)

    À l’automne 2017, le mot-clic #Nopiwouma (« je ne me tairai pas ») a émergé sur les réseaux sociaux, suivi en octobre 2018 de #Doyna (« ça suffit ») en wolof.

    Ces deux initiatives sénégalaises de lutte contre les violences sexuelles s'inscrivent dans le contexte du mouvement #MeToo, qui a déclenché un vaste mouvement mondial visant à libérer la parole des femmes sur les violences sexuelles et, plus généralement, sur les violences faites aux femmes. Au Sénégal, comme dans de nombreux autres pays, le sujet des violences sexuelles demeure tabou. Les concepts wolof masla, muñ et sutura, qui encouragent une culture du silence en prônant la tolérance des difficultés avec dignité et discrétion, sont profondément enracinés dans la culture sénégalaise. Ainsi, dénoncer les violences sexuelles en ligne constitue un défi aux normes culturelles établies.

    Peu de recherches existent sur les initiatives dénonçant les violences sexuelles contre les femmes sur les réseaux sociaux en Afrique francophone.

    Cette recherche sociologique examine les profils des utilisatrices de ces mot-clics et l'utilisation des réseaux sociaux par les femmes sénégalaises pour dénoncer ces violences.

  • Communication orale
    Plateformes d’entrepreneures au Sénégal : vers un féminisme numérique entrepreneurial décolonial et contextualisé
    Sadio Ba Gning (Université Gaston Berger, Saint-Louis)

    Au Sénégal, l’essor des plateformes numériques dédiées aux femmes entrepreneures marque une transformation majeure dans les dynamiques d’autonomisation économique et sociale des femmes. Ces espaces, en rupture avec les cadres féministes traditionnels souvent influencés par des modèles occidentaux, s’inscrivent dans une perspective décoloniale et contextualisée du féminisme africain. Ils prennent en compte les réalités culturelles locales et articulent leurs stratégies autour d’une revalorisation des savoirs et des pratiques enracinés dans les structures sociétales sénégalaises. En mettant en lumière les obstacles spécifiques des femmes – accès limité au financement, stéréotypes de genre, discriminations institutionnelles –, ces plateformes renforcent leur plaidoyer pour des politiques plus inclusives et équitables.

    Cette communication vise à explorer les interconnexions et les divergences entre les modèles d’entrepreneuriat classique et numérique au Sénégal. À travers une étude comparative des stratégies adoptées par ces deux dynamiques, nous nous appuyons sur des données de terrain collectées entre 2016 et 2021 auprès de femmes entrepreneures, ainsi que sur une analyse approfondie des plateformes numériques dédiées à l'entrepreneuriat féminin. Le cas spécifique de la plateforme « Femme Entrepreneure Africaine, Ma Féminité » sera étudié afin d’illustrer les mécanismes de construction d’un féminisme entrepreneurial numérique et son impact sur l’autonomisation des femmes.