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Informations générales

Événement : 92e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 400 - Sciences sociales

Description :

Les pratiques numériques des jeunes suscitent de vives inquiétudes dans plusieurs pays occidentaux et donnent lieu à des projets de réglementation institutionnelle allant du bannissement des téléphones cellulaires dans les classes à la mise en place d’un âge minimal pour accéder à des sites et à des applications numériques. La caution scientifique dont ces initiatives se réclament parfois s’appuie néanmoins sur un ensemble restreint de disciplines scientifiques, comme les sciences de la santé et la psychologie, qui préconisent une perspective analytique centrée sur les notions de risque et de santé publique. Dans le but d’élargir cette problématisation des pratiques numériques des jeunes à d’autres disciplines et perspectives interprétatives, ce colloque réunit une diversité de points de vue théoriques et analytiques issus des sciences sociales pour se concentrer sur les connaissances entourant les usages pluriels et agentiques que font les jeunes, adolescents et jeunes adultes des outils de communication numérique, tels les réseaux sociaux et les appareils électroniques. Ce faisant, ce colloque favorise le partage de connaissances et la confrontation de perspectives à partir d’une sensibilité éthique aux perspectives des jeunes et aux significations qu’ils investissent dans leurs pratiques numériques. Ces pratiques peuvent inclure des formes de présence et de sociabilité maintenues à travers des applications telles qu’Instagram ou Snapchat, la production de voix publiques par l’entremise de médiums tels que la vidéo (YouTube) ou l’image fixe (Instagram), les jeux, les pratiques informationnelles, le témoignage en ligne, l’aide entre pairs ou le militantisme.

Les travaux accueillis dans ce colloque s’inscrivent en sociologie des médias et de la communication, en sociologie de la jeunesse, en anthropologie, en éducation, en travail social ou émergent de toute autre discipline pertinente.

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Accueil et ouverture

Salle : D-3019 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D

Communications orales

Panel 1 – Consommation culturelle et informationnelle

Salle : D-3019 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Les pratiques culturelles et informationnelles en ligne chez les jeunes dans la francophonie canadienne : des pratiques innovantes à documenter
    Josée Guignard Noël (Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques), Anne Robineau (ICRML - Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques), Sylvain St-Onge (Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques)

    Au sein des communautés francophones en situation minoritaire (hors Québec), plusieurs politiques d’aménagement linguistique provinciales prônent une meilleure littératie numérique et médiatique chez les jeunes. Outre les approches pédagogiques visant l’éducation aux médias et à l’information, le développement de compétences langagières en français sont essentielles pour stimuler de meilleures pratiques culturelles et informationnelles liées à des contenus francophones. À l’initiative du personnel enseignant, d’organismes communautaires et aussi des jeunes, des pratiques innovantes émergent dans ces communautés, mais très peu sont documentées et encore moins évaluées. L’absence de données et le manque de diffusion de ces pratiques constitue, selon nous, un frein à des stratégies porteuses pour l’apprentissage des jeunes de façon critique et créative avec le numérique. Pour cerner cette problématique, nous exposerons les données d’une enquête menée auprès des 16-25 ans sur leurs usages des médias sociaux dans la francophonie canadienne (St-Onge et al., 2023). Puis, nous présenterons des exemples de pratiques encouragées par une approche « Par et Pour les jeunes » issues de partenariats entre des institutions d’enseignement et des organismes communautaires. Enfin, nous souhaitons amorcer une réflexion sur les éléments d’un cadre conceptuel permettant d’établir un futur portrait des pratiques culturelles et informationnelles en ligne chez les jeunes des CFSM.

  • Communication orale
    « C'est mon interprétation […] qui m'influence plus que le film en soi » : appropriation des scripts dans les fictions romantiques par des jeunes femmes aux intérêts hétérosexuels
    Juliette Chevet (UQAM - Université du Québec à Montréal), Julie Lavigne (UQÀM), Christine Thoër (UQÀM)

    Les fictions romantiques construisent une image idéalisée du couple et des relations amoureuses, où sont réaffirmés des rôles de genre stéréotypés. Ces représentations sont en partie intégrées par leurs audiences. Aussi nous a-t-il semblé important de comprendre comment ces scripts étaient intériorisés par les femmes et mobilisés dans leurs propres relations. Cette étude qualitative répond à la question suivante : Comment les jeunes femmes ayant eu au moins une relation hétérosexuelle s’approprient-elles les scripts culturels romantiques présents dans les films et séries romantiques qu’elles consomment ?

    Nos résultats s’appuient sur 12 entrevues semi-dirigées et sont interprétées à l’aune des concepts de scripts sexuels et d’appropriation. La connaissance préalable du scénario par les participantes (ceux-ci étant très souvent similaires) leur permet d’utiliser l’expérience de visionnement comme un espace cathartique où exprimer ou revivre des émotions. Par identification, les participantes s’impliquent émotionnellement dans les scénarios. Cela leur permet de préciser ce qu’elles souhaitent dans leurs propres relations ou de reproduire certains comportements. Malgré tout, elles restent critiques à l’égard de ces contenus et lucides sur leur caractère fictif. Les résultats questionnent la nécessité d’offrir des espaces d’éducation relationnelle aux jeunes et la dépréciation sociale des contenus dits féminins.

  • Communication orale
    L’effet Spotify : l’impact des technologies de streaming sur les pratiques de consommation de musique des jeunes
    Juliette P. Gagné (UdeM - Université de Montréal)

    L’écoute de musique est la pratique culturelle la plus populaire chez les jeunes qui en sont les plus grands consommateurs (Lapointe 2011). Or, l’écoute de musique a subi de profondes transformations avec l’avènement des plateformes de streaming telles que Spotify et Apple Music, qui ont mené à une accessibilité et une mobilité accrue de la musique (Nag 2018). S’appuyant sur les théories des pratiques culturelles et le concept d’affordances appliqués aux plateformes numériques, je propose d’explorer comment les fonctionnalités techniques des plateformes de streaming influencent les modes de consommation musicale, en me penchant plus spécifiquement sur les usages concrets que les jeunes en font. La recherche combine deux récoltes de données qualitatives par entretiens semi-dirigés. Une auprès de 15 participants âgés de 17 à 19 ans en 2021, et une seconde en cours auprès de participants de 15 à 29 ans (21 participants en date d’aujourd’hui). Les résultats préliminaires révèlent que les pratiques d’écoute et d’interaction avec les plateformes sont plus diversifiées que ne le laisse entendre la littérature actuelle, qui met surtout l’emphase sur la construction de listes de lectures (Hagen 2015; Lüders 2021). Une diversification des goûts et de la relation avec la musique écoutée est également soulevée. Les résultats mettent aussi en lumière l’émergence de nouveaux modes de découverte musicale, par exemple via TikTok et les algorithmes de recommandation.


Communications orales

Panel 2 – Regards croisés sur des pratiques numériques

Salle : D-3019 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Les stratégies socialement différenciées de protection de la vie privée des adolescent·es
    Nicole Boubée (Université Toulouse Jean Jaurès), Sophie Jehel (Université Paris 8), Jean-Marc Meunier (Université Paris 8)

    Les adolescent·es utilisent intensivement les plateformes numériques pour exercer leurs droits culturels, informationnels et sociaux. Leurs pratiques en ligne sont influencées par le milieu social, le genre (Le Mentec, Plantard, 2014; Dahan, Detrez, 2020), et par les stratégies des plateformes et leurs algorithmes (Jehel, 2015). Ce contexte crée une tension entre le désir des jeunes de protéger leur vie privée et les exigences des industries numériques. Pour mieux en comprendre la dynamique, 36 entretiens collectifs ont été réalisés avec 197 jeunes de 12 à 22 ans dans plusieurs régions françaises dans le cadre de l'enquête Adoprivacy. Nous montrerons que les adolescent·es élaborent diverses stratégies socialement différenciées de protection de la vie privée en s’appuyant sur les fonctionnalités des plateformes, l’obfuscation de leur image et la gestion de l’accès à leurs comptes. Leur conception de la vie privée, de nature relationnelle, est fondée sur des choix individuels complexes nécessitant un travail émotionnel (Jehel, 2022). La gestion collective de la vie privée est également cruciale bien que le non-respect de certaines règles, comme le droit à l'image, entraîne des conflits. Ces résultats confortent une approche éducative plus réflexive que prescriptive à la manière du dispositif des microfictions (Jehel et al., 2024).

  • Communication orale
    Sensibilisation à la protection de la vie privée des adolescents. Perspectives et défis des personnels éducatifs dans les collèges et lycées français
    Valentyna Dymytrova (Université Lyon 3), Laurence Leveneur (Université Toulouse Capitole/IUT de Rodez)

    Dans une approche info-communicationnelle de l’éducation aux médias et à l’information, comprendre les façons dont les personnels éducatifs des établissements secondaires français abordent la protection de la vie privée des adolescents sur les espaces numériques et gèrent les situations conflictuelles qui y sont liées est devenu un enjeu important (Bosler et al., 2019). Pour ce faire, nous avons mené des entretiens semi-directif auprès de 30 personnels éducatifs d’établissements du secondaire dans cinq villes françaises. Nos résultats montrent que les incidents liés à la vie privée poussent les enseignants à penser que les adolescents sont peu conscients des risques (Le Mentec, 2019). Les personnels éducatifs estiment que l'école joue un rôle crucial dans la sensibilisation à la vie privée, mais rencontrent des difficultés telles que le manque de formation et de ressources, et une faible présence de ce sujet dans les programmes scolaires (Boubée, Safont-Mottay et Martin, 2020 ; Cordier, 2020 ; Fluckiger, 2007). Les partenariats avec des intervenants externes sont diversement appréciés. Les usages personnels et professionnels du numérique et l’expérience de la parentalité influencent les pratiques pédagogiques. La responsabilité des plateformes est souvent négligée, l'accent étant mis sur les comportements déviants des élèves.

  • Communication orale
    Rapport(s) contemporain(s) des étudiants aux Intelligences Artificielles
    Stéphanie Marty (universite paul valery)

    Dans un contexte sociétal bousculé par l’expansion des Intelligences Artificielles (IA), nous proposons d’interroger le rapport des étudiants à ces nouvelles technologies. Nous mobilisons une démarche empirico-inductive, prenant appui sur une enquête menée auprès d’étudiants (307 étudiants en Licence et 81 en Master Information-Communication), et sur une expérimentation pédagogique universitaire. Ces investigations esquissent différents usages d’IA déployés par les étudiants (recherche d’informations, traitement de données massives, inspiration/idéation…) et permettent de dresser une typologie de profils d’étudiants selon leur rapport aux IA (les étudiants “réfractaires”, “en fracture”, “désorientés”, “techno-délégateurs”, “inspirés-modérés”…). De plus, ces investigations révèlent des suggestions formulées par les étudiants concernant l’appréhension des IA dans les établissements universitaires. Ces derniers ont évoqué la nécessité de ‘lever le tabou’ sur les IA à l’université et l’importance de les intégrer dans les cours pour dynamiser et moderniser les apprentissages, et pour sensibiliser aux opportunités et aux risques de ces outils. En outre, les enquêtés soulignent l’importance de penser une intégration des IA formative et nuancée (ni strictement techno-optimiste, ni strictement techno-sceptique), ludique et "gamifiée" (ancrée des scénarios pédagogiques stimulants), exemplifiée et illustrée (montrant aux apprenants des exemples et contre-exemples d’usages).


Dîner

Dîner

Salle : D-3019 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D

Communications orales

Panel 3 – Identité, bien-être et santé en contexte numérique

Salle : D-3019 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Grandir inquiet à l’ère des réseaux sociaux
    Jocelyn Lachance (Institut Pierre Bourdieu)

    Depuis la Covid 19, des études soulignent la détérioration de la santé mentale chez les jeunes (Mercier, 2022). Dans ce contexte, des experts examinent les aspects délétères des réseaux sociaux. De notre côté, nous avons interrogé en France 58 jeunes âgés entre 16 et 24 ans, issus de classes moyennes et supérieures, sur le thème de « leurs inquiétudes » (Lachance, 2025) : Quelles sont-elles ? D’où proviennent-elles ? Quelles sont leurs conséquences ?Non seulement les RS ont été systématiquement reconnus pour leur rôle « négatif », leurs usages ont été mis en perspective avec deux normes ; d’une part, la nécessité d’être inquiet comme signe de lucidité favorise la quête d’information « vraie », « brute », au risque de s’exposer à du contenu délétère ; d’autre part, l’injonction à la gestion de son équilibre psychique (Peretti-Watel & Moatti, 2009) (perçue comme un marqueur du grandir) passe par la régulation de ses usages (par exemple, par des épisodes de déconnexions) (Jauréguiberry, 2015). Il en résulte que l’atmosphère émotionnelle (Illouz, 2019) des RS semble répondre à un cadre normatif caractérisé par la délégation à ces jeunes de la nécessité d’une régulation de leurs incertitudes. C’est l’hypothèse que nous défendrons en proposant une lecture socio-anthropologique de leur attachement aux RS.

  • Communication orale
    Comment j’ai compris que j’étais autiste. L’expérience des séries et des paratextes en ligne comme espace de construction et d’affirmation identitaire pour les femmes autistes
    Sophie Girard (UQÀM), Christine Thoër (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Depuis une quinzaine d’années, les séries intègrent davantage de personnages autistes. Toutefois, les représentations restent majoritairement centrées sur des hommes blancs, cisgenres et s’appuient sur des manifestations spectaculaires et masculines de l’autisme, y compris lorsqu’il s’agit de personnages féminins, limitant les possibilités d’identification des femmes, déjà diagnostiquées plus tardivement. Peu d’études se sont intéressées à la manière dont les personnes autistes s’approprient ces représentations. Cette recherche exploratoire, qui s’appuie sur des récits de vie de huit personnes autistes (18 à 35 ans), s’identifiant comme femmes, analyse comment leur expérience des séries – contenus parmi les plus largement consommés en ligne par les jeunes adultes – s’inscrit dans leur trajectoire identitaire. Mobilisant les Neurodiversity studies et une approche féministe de la réception, nous explorons comment ces jeunes femmes négocient ou contestent ces représentations. Nous prenons en compte le visionnage ainsi que les discussions en ligne et l’usage de paratextes sur les réseaux socionumériques (vidéos, mèmes, interviews, etc.), qui prolongent l’expérience et façonnent le sens attribué aux séries. Nos résultats montrent que, malgré des représentations encore stéréotypées, ces expériences aident les participantes à se reconnaître, à valoriser certains traits autistiques et à affirmer leur identité, sans nécessairement s’inscrire dans une communauté neurodivergente.

  • Communication orale
    Les pratiques numériques ordinaires des jeunes accompagnés en établissements médico-sociaux français : des enjeux de socialisation et d'émancipation
    Xa B (le Patis Fraux), Laurence Jolivet (Association Départementale des Infirmes Moteurs et Cérébraux (ADIMC35)), Véronique Lechêne (Groupement d'intérêt scientique Marsouin (Môle Armoricain de Recherche sur la SOciété de l’Information et les Usages d’INternet)), Laurent Mell (Groupement d'intérêt scientique Marsouin (Môle Armoricain de Recherche sur la SOciété de l’Information et les Usages d’INternet)), Pascal Plantard (Université Rennes 2), Thomas Salaün (SESSAD (Service d’éducation spécialisée et de soins à domicile) des Ajoncs d’or), Guillaume Yan (ALAPH)

    Infiniment complexe et au croisement de multiples enjeux (sociaux, politiques, etc.), la question des pratiques numériques juvéniles est traitée depuis plusieurs décennies (Delaunay-Téterel, 2008; Boyd, 2014; Plantard et al., 2018; Granjon, 2022; Grimault-Leprince et al., 2024). Pourtant certaines populations sont peu investiguées, notamment dans le secteur médico-social. Afin de répondre à ce besoin, la recherche-action collaborative CAPUNI EMS explore les enjeux du numérique dans les établissements et services médico-sociaux (ESMS) en France. La méthodologie déployée combine une enquête qualitative dans quatre ESMS et deux vagues d'enquêtes quantitatives nationales par questionnaires. Dans le cadre de cette communication, nous proposons de discuter les pratiques numériques juvéniles et adolescentes au sein d'un service de Prestations en Milieu Ordinaire (PMO) qui accueille des jeunes présentant une déficience intellectuelle avec ou sans troubles associés (psychique, moteur, sensoriel). À partir des premiers résultats et des observations cliniques, nous verrons comment le numérique fait tiers dans des situations de vulnérabilité et dans quelle mesure il peut être un vecteur de socialisation, d'inclusion et d'émancipation des jeunes accompagnés. Nous verrons également qu'entre un enjeux d'acculturation et la situation de handicap, les usages numériques apparaissent structurants : ils peuvent faciliter la compréhension de l'environnement et dévoiler une identité souhaitée.


Communications orales

Panel 4 – Rapports aux espaces publics numériques

Salle : D-3019 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    S’exprimer en ligne sur sujets de société : une exploration des significations de la pratique du vlogue engagé chez des jeunes du Québec.
    Caroline Caron (UQO - Université du Québec en Outaouais), Normand Landry (Université Téluq), Sophie Théwissen-LeBlanc (Université du Québec en Outaouais)

    YouTube est l’une des plateformes les plus populaires auprès des jeunes, que certaines et certains choisissent d’investir pour y publier du contenu original. Cette communication porte sur une pratique de production médiatique minoritaire mais non moins significative : les vlogues engagés. Produits pour informer le public, défendre une cause, dénoncer des injustices, exprimer des opinions au sujet d’enjeux de société, les vlogues sont des vidéos autoproduits dans lesquels des jeunes prennent la parole sur des sujets qu’ils et elles jugent importants. Après avoir présenté le portrait de cette sphère de prise de parole au Québec, nous présenterons une analyse exploratoire des significations de l’engagement dans cette pratique de production audiovisuelle. Basée sur des entretiens semi-directifs, cette analyse cherchera à répondre à des questions telles : pourquoi choisir de s’exprimer en mode vlogue? Pourquoi choisir de s’exprimer sur des sujets engagés? Pourquoi s’exprimer sur YouTube et en mode vidéo plutôt que toute autre plateforme numérique? Quelles motivations et gratifications justifient de s’investir dans une pratique somme toute marginale, chronophage, et qui expose à la critique, possiblement à la cyberintimidation?

  • Communication orale
    Pratiques numériques et pratiques spatiales : diversité des formes d’engagement civique des jeunes dans la ville
    Annamaria Colombo (HES-SO Haute école de travail social Fribourg)

    Cette contribution vise à discuter la diversité des engagements civiques et politiques des jeunes en les analysant à partir des pratiques spatiales et numériques, considérées de manière étroitement imbriquées. Elle s'appuie sur une étude ethnographique portant sur la manière dont la culture des jeunes se manifeste en ligne et dans l’espace public, menée dans quatre villes suisses, à l’aide d’un dispositif méthodologique en ligne et dans les espaces urbains (Colombo et al., 2021-2025).

    Les données de cette enquête révèlent que la plupart des jeunes s’engagent pour des causes civiques, mais que ces engagements peuvent prendre des formes diverses, allant de la participation à des manifestations publiques à des formes plus discrètes et pragmatiques, voire intimes, passant notamment par les réseaux sociaux numériques. Nous montrerons plus particulièrement que ces engagements sont à comprendre à la lumière des « économies morales » (Fassin, 2009) de ces jeunes, associée à trois critères : se sentir concerné∙e, se sentir à sa place et se sentir légitime. Nous montrerons plus particulièrement comment ces trois critères sont étroitement articulés aux trajectoires sociales des jeunes, imbriquées dans des rapports de genre, de race et d’âge.

  • Communication orale
    Les points de vue (a)critiques des jeunes vis-à-vis des plateformes en ligne
    Nicole Boubée (Université Toulouse Jean Jaurès), Sophie Jehel (Université Paris 8), Lorena Lisembard (Université Paris 8), Jean-Marc Meunier (Université Paris 8)

    Notre proposition s'appuie sur un des résultats de l'enquête qualitative Adoprivacy (2022-2023) basés sur des entretiens en petits groupes avec 197 jeunes (12-22 ans), mais aussi de 20 sessions de formation dans les classes, ainsi que 7 sessions d'enquête-création. Nous y retracerons l'ampleur du questionnement des adolescent.es face au fonctionnement et stratégies des plateformes numériques. Du fait de l'intensité de leurs pratiques numériques (Jehel, Meunier, 2024) et malgré la rareté des formations reçues, les adolescent.es élaborent par l'expérience (Büchi et al., 2021) une compréhension du fonctionnement des plateformes en ligne et de leurs applications, mais aussi du recueil de leurs données personnelles, de la construction des fils de recommandation par leurs algorithmes. Leur compréhension est plus ou moins informée, selon les médiations parentales et marquée par les inégalités sociales (Hargittai, 2008). Les adolescent.es sont ainsi partagé.es entre un point de vue critique - face à des stratégies qui leur semblent particulièrement intrusives, face à l'inefficacité de la modération et des procédures de signalement - et l'intériorisation progressive de leur normalisation et des asymétries de pouvoir usagers/plateformes. La méthode de l'enquête-création (Caillet, 2019; Dewey, 2006) leur permet d'élaborer un point de vue original et documenté, voire d'imaginer des alternatives.


Panel / Atelier

Échanges et bilan

Toutes les personnes ayant présenté une communication sont invitées à discuter et à partager leurs réflexions suite au colloque. Quel bilan tirer des connaissances disponibles sur les pratiques numériques des jeunes dans le présent contexte marqué par les inquiétudes sociétales et parentales? Quels débats sociétaux et intellectuels s'imposent ? Quelles sont les pistes de recherche pertinentes et nécessaires pour le futur?

Salle : D-3019 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D