302 - Avis de recherche : création et humanités numériques (Colloque GREN-CRIHN)

Mot de bienvenue et café

Séance 1

• Communication orale 13 h 30
  L'imagination artificielle. Agents conversationnels et fictions artificielles en culture de l'écran
  Bertrand Gervais (UQAM - Université du Québec à Montréal)

  L'imagination artificielle est une notion relativement nouvelle, tout aussi nouvelle évidemment que la diffusion à grande échelle des réseaux récursifs de neurones qui en sont à la base. Elle se présente comme une manifestation de l'intelligence artificielle, dans sa capacité à générer, par le biais d'agents conversationnels (ChatGPT) et de générateurs d'images (Stable Diffusion, Midjourney, Dall.e), des créations à caractère littéraire ou artistique, des textes de fiction, des représentations iconiques, des simulations, rivalisant du coup avec nos propres productions et créations.Cette situation est inédite. Si nous avons longtemps rêvé d'une intelligence et d'une imagination artificielles, dans le cadre de récits de science-fiction, peuplés de figures anthropomorphes (robots, cyborgs, androids) et de machines pensantes (ordinateurs, calculateurs et autres interfaces), ces anticipations sont devenues depuis peu une réalité. De la fiction nous sommes passés aux faits, à une réalité technologique avérée, aisément disponible et déjà en partie intégrée à notre quotidien. Nous sommes dorénavant engagés dans une culture de l'écran...

  
  

• Communication orale 14 h 15
  Œuvres sans terreur
  Ollivier Dyens (Université McGill)

  Que deviendrons-nous dans un monde où le sacré, le sublime, l’art et l’émouvant seront engendrés par des entités sans intention, sans angoisse et sans regrets, des entités qui ne lèvent pas les yeux au ciel, qui ne demandent pas d’être secourus, pour lesquelles la mort n’est pas la plus grande terreur?

  
  

Séance 2

• Communication orale 15 h 30
  Une lecture programmatique de l’œuvre « Naufrages » chez Abrüpt
  Louis-Olivier Brassard (UdeM - Université de Montréal)

  Nous proposons d’examiner l’œuvre Naufrages (Beata Raoul, 2019) publiée aux éditions Abrüpt, une maison d’édition qui explore les potentialités créatives des écritures numériques. Naufrages est un recueil qui aborde la souffrance et l’altérité anonymes à travers une série de «messages» fictifs. Cette «œuvre-programme» est proposée en plusieurs formats (numérique et imprimé); nous montrons qu’une herméneutique computationnelle permet d’en faire émerger un surcroît de sens. Notre analyse, qui prend notamment la forme d’une visualisation interactive, emprunte autant à la théorie critique qu’aux pratiques de programmation.

• Communication orale 16 h 15
  Recherches, créations, humanismes : compositions de rapports au creux de l'écriture
  Margot Mellet (UdeS - Université de Sherbrooke)

  Cette communication souhaite adresser l'espace commun dans le traitement de l'écriture entre les humanités numériques et la recherche-création. Au-delà des recherche scientifique et du développement de projets d'édition savante (comme le projet de l'Index Thomisticus de Busa ou le Mundaneum de Otlet et La Fontaine qui sont habituellement cités comme point de départ [Schreibman et al. 2011 ; Wright 2014]), les écritures numériques ont aussi émergé par le développement de communautés artistiques, par l'expérimentation autour du texte comme un objet visuel et plus largement plastique. Exploration et manipulation à l'écran, l'écriture dans ses nouvelles modalités émerge d'une composition de rapports où le but n'était pas tant de produire une connaissance que de saisir comment se façonne un texte dans les nouveaux territoires techniques. La présentation proposera une approche conjointe entre recherche-création et humanités numériques cristallisé autour de la question de la matérialité technique de l'écriture.

  
  

Fin de première journée

Événement artistique

• Communication orale 09 h 00
  Un générateur d’images dans l’atelier : entre répétition et singularité
  Sébastien Cliche (Collège Lionel-Groulx)

  Sébastien Cliche se rend perméable au flux génératif par de multiples cycles de rétroaction entre la création assistée par IA et le travail en atelier. Dans Fluctuation du semblable, la frontière entre production algorithmique et artefacts façonnés à la main devient poreuse. L’installation accumule images et sculptures, mettant en lumière la logique compulsive des variations générées et l’étrangeté d’objets dont la fonction reste insaisissable.

Séance 3

• Communication orale 10 h 15
  Données visuelles et visualisation esthétique
  Everardo Reyes (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis)

  Dans cette communication, nous explorons les possibilités plastiques et esthétiques de la visualisation de données à l'aide d'outils informatiques sur le web. Nous présentons une approche, appelée « visualisation culturelle », qui traite plusieurs corpus d'images numérisées, enrichis par des métadonnées subjectives et émotionnelles. Les projets que nous abordons sont principalement des créations interactives, développées dans le cadre d'activités de recherche-création menées en France et à l'international (Royaume-Uni, Mexique, Argentine, Australie).

  
  

• Communication orale 11 h 00
  Phygital Art : L’exposition comme recherche-création en humanités numériques
  Christine Bernier (UdeM - Université de Montréal)

  D'une part, le terme « phygital », qui fusionne les mots physical et digital, vient d'apparaître sur la scène critique dans le monde de l'art. On pense ici à des manifestations matérielles d'oeuvres NFT dans leur version exposée, non pas dans l'espace du Web, mais dans celui d'une galerie ou d'un musée et, d'une manière plus générale, de la matérialité des oeuvres numériques en contexte d'exposition. D'autre part, la notion d'exposition en tant que recherche, telle que récemment développée par Peter Bjerregaard, suppose que la fabrication d'expositions est un processus de génération de connaissances. Il s'agira donc de juxtaposer ces deux idées pour examiner des transformations de l'art numérique en contexte d'exposition physique, comme processus d'expérimentation exploitant les pratiques discursives de manière différente, à partir de cas tels que l'incarnation physique du métavers chez Luc Courchesne et les sculptures NFT chez Beeple.

  
  

• Communication orale 11 h 45
  Du ‘faire soi-même’ (DIY) au faire avec les autres : La collectivité en tant que produit dans la Cryptosphère
  Christine Blais (UdeM - Université de Montréal)

Dîner

Séance 4

• Communication orale 13 h 30
  La recherche-création du Collectif Obèle, en théorie(s) et en pratique(s)
  Priscillia Mateus (UQAM - Université du Québec à Montréal), Gabriel Tremblay-Gaudette (UQAM)
• Communication orale 14 h 15
  Un éloge paradoxal de la recherche-création humaniste en contexte numérique
  Jean-François Vallée (Collège de Maisonneuve)

  La recherche-création numérique et humaniste est-elle une utopie ? À partir de l'exemple de mes travaux précédents dans les domaines des humanités numériques − notamment une édition encodée (TEI) d'un recueil de dialogues satiriques de la Renaissance, le Cymbalum mundi (Paris, 1537) pour les Bibliothèques virtuelles humanistes à Tours − et d'une expérience plus récente de recherche-création − la coédition du recueil hybride Le Novendécaméron (Ramures, Web, 2021 / papier et pdf, 2022) d'oeuvres littéraires et artistiques inspirées par le Décaméron de Boccace et publiées selon les principes du single source publishing −, je présenterai un nouveau projet qui cherchera cette fois à fusionner recherche-création et pratiques savantes de l'édition numérique autour d'une autre œuvre célèbre de la Renaissance, L'éloge de la folie du grand humaniste Érasme, métamorphosée pour les besoins de ce projet hybride en édition numérique critique d'un texte inédit (fictif!) d'Érasme, un très actuel Éloge du mensonge...

  
  

Conférence plénière

• Communication orale 15 h 30
  Ourdir une toile indisciplinée
  Myriam Suchet (Sorbonne Nouvelle)

  Dans le contexte actuel de crise, nombreux sont les collectifs qui s'ingénient à démontrer en actes qu'une "autre science est possible" (Stengers & Drumm) et revendiquent des « reprises des savoirs » comme des terres (https://www.reprisesdesavoirs.org/). Quelles sont les méthodologies à l'œuvre, au sein de l'institution universiTerre comme dans ses lisières avec d'autres espaces ? À quelles conditions les possibilités offertes par le numérique viennent-elles soutenir ces démarches? Ma proposition ne séparera pas la théorie de la pratique, pour articuler la réflexion aux études de cas, donner un panorama de quelques esthétiques, éthiques et boites à outils en cours de co-élaboration côté français. Je partagerai en particulier l'aventure du site www.enfrancaisaupluriel.fr, élaboré avec Figures libres pour ouvrir un espace d'hospitalité radicale en français langue étrangée (FLE).

  
  

Mot de clôture