Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 600 - Colloques multisectoriels
Description :Depuis le début du siècle, l’enseignement postsecondaire (EPS) a été l’objet de plusieurs débats et a traversé des crises qui ont conduit à des transformations institutionnelles et organisationnelles. Le siècle s’est amorcé sur un débat sur les cégeps qui s’est déroulé jusqu’à un sommet organisé en 2005 par le Ministère. Encore aujourd’hui, leur pertinence est toujours discutée, malgré le renforcement de leur identité comme établissement d’EPS.
Le financement des établissements d’EPS a également été à l’ordre du jour de manière récurrente. La volonté d’augmenter les droits de scolarité a conduit en 2012 à une crise majeure, le « printemps érable » et, par la suite, à de nouvelles politiques de financement des universités, à l’augmentation de leur autofinancement et à l’aménagement des droits de scolarité. Par ailleurs, les écarts financiers se creusent entre les « petits » cégeps de région et les cégeps urbains. Le recrutement à l’étranger devient essentiel à la survie de plusieurs établissements.
Les modifications apportées à la cote R, outil de sélection des étudiant·es dans les programmes universitaires contingentés, relance le débat sur son rôle dans l’inégalité d’accès aux études universitaires. Si cet instrument a été créé afin d’éliminer les contingences des évaluations, variables selon les écoles, les cégeps, les classes, etc., son usage devient-il véritablement plus juste.
Un dernier événement majeur, la pandémie de la COVID-19, a frappé l’EPS de plein fouet. La majorité de ses activités a basculé en ligne du jour au lendemain. Les étudiant·es ont perdu leur emploi. On a constaté que la pandémie et la manière d’y faire face affectaient leur santé mentale. On a craint leurs effets sur la poursuite des études.
Toutefois, l’effet de ces changements sur les parcours scolaires demeure nettement peu connu. Ce colloque vise justement à éclairer les liens entre les débats et les transformations institutionnelles, d’une part, et les parcours scolaires, d’autre part. L’intérêt et la pertinence du colloque résident dans le dévoilement de résultats de recherche et dans la mise en commun d’expertises complémentaires portant sur les politiques éducatives, les parcours étudiants dans l’EPS et leurs liens. L’objectif est de mieux comprendre les articulations établies entre les dynamiques institutionnelles et organisationnelles présentes dans l’EPS et leurs effets sur les étudiant·es et leurs parcours. Le colloque est structuré autour de ces différentes dimensions.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Pierre Doray (UQAM - Université du Québec à Montréal)
- Pierre Canisius Kamanzi (UdeM - Université de Montréal)
- Pascale Saint-Denis (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Accueil des participant·es et mot d’introduction
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Communication orale
Introduction: Assistons-nous une recomposition des inégalités et des parcours scolaires?Pierre Doray (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Session 1 : Les conditions de vie et d’études dans l’enseignement postsecondaire
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Communication orale
Conditions financières et résidentielles des populations cégépiennes : comparaisons entre les « jeunes » et les « adultes »Éric Richard (Cégep du Vieux Montréal)
Quelles sont les conditions dans lesquelles les cégépiens.nes entreprennent leurs parcours d’études collégiales ? Quelles sont leurs conditions résidentielles ? Quelle est leur situation financière ? Comment les populations cégépiennes financent-elles leurs études et quelles inquiétudes financières vivent-elles ? Les données provenant du Sondage sur la population étudiante des cégeps (SPEC) sont mobilisées pour décrire ces réalités. Des comparaisons sont proposées entre les cégépiens.nes « plus jeunes » (23 ans et moins) et les « adultes » (24 ans et plus) basées sur les données du SPEC et approfondies par les données d’une enquête longitudinale réalisée sur cinq semestres entre 2020 et 2023 auprès de 1 015 étudiants.es adultes de 25 collèges. Les résultats mettent en évidence des distinctions importantes entre les deux groupes d’étudiants.es qui vivent des défis particuliers et qui expriment des besoins fort différents pour la poursuite de leur parcours d’études collégiales. Les résultats mettent en exergue les enjeux relatifs à la diversification de la population étudiante dans le réseau collégial et à l’hétérogénéité de chacune des populations étudiantes qui se distinguent selon les antécédents scolaires, les groupes d’âge, le genre, la situation parentale, les ressources financières, le lieu de naissance. Nous posons aussi un bref regard sur les responsabilités et actions institutionnelles des collèges afin de répondre aux besoins des populations cégépiennes adultes.
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Communication orale
Les paradoxes des politiques d’attractivité : entre promesses d’accueil et obstacles à l’insertion des étudiants internationauxSabruna Dorceus (Université de Sherbrooke), Claudia Gagnon (Université de Sherbrooke), Hyppolyte Kouao (UdeS - Université de Sherbrooke), Lauren Stark (Université de Sherbrooke), Eddy Supeno (Université de Sherbrooke)
Cette communication analyse les paradoxes des politiques d’attractivité des étudiants internationaux, en soulignant l’écart entre les dispositifs d’accueil universitaire et les défis de leur insertion professionnelle. Si le Québec recrute activement des étudiants internationaux pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, l’intégration en entreprise, notamment via les stages en alternance études-travail (aussi appelée éducation coopérative), demeure problématique.
À l'Université de Sherbrooke, la proportion de stagiaires issus de l’immigration est passée de 5,63 % en 2023 à 8,28 % en 2024 (SSDP), illustrant un accès accru à ces dispositifs. Pourtant, ces étudiants se heurtent à des obstacles, notamment une reconnaissance limitée de leurs compétences, un accès restreint aux réseaux professionnels et un manque de formation des employeurs à la gestion de la diversité (CAPRES, 2021 ; Dioh et Racine, 2018). Pour analyser ces dynamiques, cette recherche repose sur une méthodologie mixte (questionnaires et focus groups) menés auprès d’étudiants internationaux. En mobilisant la sociologie des épreuves, elle examine comment les stages deviennent des espaces d’inégalités au sein des parcours éducatifs. Ce faisant, cette recherche souligne les tensions entre attractivité universitaire, encadrement institutionnel et marché du travail, questionnant l’efficacité des politiques d’immigration et de formation pour une intégration durable des étudiants internationaux.
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Communication orale
Bien-être et comportements alimentaires des populations cégépiennes : un angle mort dans la compréhension des enjeux de réussite au cégep ?Éric Richard (Cégep du Vieux Montréal), François Régimbald (Cégep du Vieux Montréal)
Se pencher sur les enjeux liés à l’alimentation des populations cégépiennes, c’est s’intéresser à un angle mort concernant la persévérance et la réussite des études et à une réalité quotidienne qui affecte l’expérience scolaire. Des travaux sur d’autres populations étudiantes montrent que l’insécurité alimentaire a un impact négatif sur l’apprentissage, la persévérance et la réussite (Brownfield et al., 2023), sur le ralentissement du rythme de progression académique et le risque de décrochage (Bessey et al., 2020). Dans ces travaux, les défis alimentaires sont abordés en termes d’insécurité alimentaire, un regard incontournable, mais réducteur. Notre démarche vise à élargir ce regard en mobilisant la notion de bien-être alimentaire (McAll et al., 2014) et ses cinq dimensions : matérielle, relationnelle, corporelle, décisionnelle et temporelle. Une enquête réalisée dans six cégeps révèle que 43,9 % des étudiantes et étudiants vivent de l’insécurité alimentaire (dimension matérielle) (Richard et al., en évaluation). Une analyse croisée de journaux de bord, d’entretiens semi-dirigés (n=28) et d’une enquête par questionnaire (n=2 127) permet d’approfondir les dimensions relationnelle, corporelle, décisionnelle et temporelle et de dégager des défis alimentaires marqués par la désorganisation temporelle, la transition à nouvel ordre d’enseignement et la mise en œuvre de rituels alimentaires adaptés au quotidien des populations cégépiennes (Régimbal et al., accepté A et B).
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Communication orale
Effets des mesures institutionnelles et du contexte sociopolitique sur le parcours de personnes étudiantes internationales dans les cégeps de régionAline Niyubahwe (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Maryse Potvin (Université du Québec à Montréal), Isabelle Vachon (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
La population étudiante internationale du réseau collégial a triplé au cours des dix dernières années (Fédération des cégeps, 2021, 2024). Davantage touchés par la dénatalité et la baisse de leurs effectifs, les cégeps de région ont beaucoup misé sur le recrutement international (Bégin-Caouette, 2018). Des données montrent que les personnes étudiantes internationales vivent divers défis au cégep, et ce, particulièrement en régions éloignées à faible diversité ethnoculturelle (Bikie Bi Nguema et al., 2020 ; Gallais et al., 2020). Or, peu d’études ont décrit leurs parcours dans ce contexte. Ainsi, une recherche qualitative (Savoie-Zajc, 2018) a été réalisée avec les objectifs de décrire les types de parcours éducatifs (Doray, 2023) de ces personnes ; d’identifier les différents facteurs qui influencent leurs parcours (Potvin et al., 2014); et de relever les stratégies qu’elles mettent en œuvre pour surpasser les défis rencontrés. À l’automne 2024, 32 personnes étudiantes internationales de quatre cégeps de région ont raconté leur vécu lors d’entretiens semi-dirigés (Boutin, 2018)1. Cette communication présentera des résultats issus de cette recherche. Le récit de leur expérience (Bertaux, 2016 ; Dubet, 2014) dévoile entre autres l’influence de politiques institutionnelles, éducatives et sociales sur leurs conditions d’études, leur réussite éducative, leur santé mentale, leurs aspirations après diplomation et, plus largement, sur leurs parcours.
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Communication orale
La cote de rendement au collégial : de nouvelles iniquitésStéphane Moulin (UdeM - Université de Montréal)
Le processus d’admission universitaire, déterminé au Québec par la cote de rendement au collégial (CRC), soulève des enjeux cruciaux d’équité. En 2017, la formule de calcul de la cote R a été révisée par le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI) pour corriger des problèmes identifiés en 2014 et offrir des chances égales d’accès aux programmes contingentés. Toutefois, cette réforme a généré de nouvelles iniquités. Des analyses quantitatives des CRC avant et après la réforme (sessions d’automne 2016 et 2018), ainsi que des entretiens qualitatifs avec des conseillers d’orientation, des étudiants et des enseignants, révèlent des disparités importantes. Certains collèges enregistrent une hausse des cotes R élevées, tandis que d’autres constatent une baisse marquée, compliquant l’accès aux programmes contingentés pour certains étudiants. Les iniquités incluent des étudiants performants pénalisés par un faible indice de force de groupe, tandis que d’autres, avec des performances pourtant moyennes, bénéficient d’un avantage grâce à des indices de force de groupe élevés. Ces changements accentuent l’opacité mais aussi le stress et l’impuissance, particulièrement parmi les étudiants les plus forts des collèges moins sélectifs. En somme, si la réforme a corrigé certains problèmes, elle en a créé d’autres, soulignant la nécessité de réviser le système pour garantir une meilleure équité dans l’accès aux études universitaires.
Dîner libre
Session 2 : Les facteurs de modulation des inégalités dans l’enseignement postsecondaire
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Communication orale
Les inégalités d’accès aux études postsecondaires : entre classes sociales, genre et appartenance ethnoculturelleCanisius Kamanzi (UdeM - Université de Montréal)
Suite de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, les gouvernements ont progressivement mis en place un ensemble de mesures visant à démocratiser tous les niveaux d’enseignement. Quelques décennies plus tard, on observe ce que les auteurs ont qualifié massification de l’enseignement de masse, c’est-à-dire une augmentation sensibles des effectifs d’élèves et étudiants, des taux de scolarisation et de l’hétérogénéité sociale dans les établissements. Bien que cette massification soit un indicateur indéniable de la démocratisation, celle-ci reste à, nos jours, inachevée. Suite à l’institutionnalisation de la gratuité et l’obligation des enseignements primaire et secondaire dans plusieurs pays, les inégalités scolaires se sont déplacées et cristallisées aux études postsecondaires. Trois types d’inégalité sociale dans l’enseignement postsecondaires caractérisent presque tous les systèmes éducatifs contemporaines : celles de genre, d’ethnie et d’origine socioéconomique. L’objectif de cette étude est de revisiter cette question. Plus précisément, il s’agit de faire l’état des lieux. Selon les écrits existant, la production de ces inégalités se partage entre les rapports de lutte de pouvoir social et l’action publique. Nous montrons que les mécanismes institutionnels à leur base - par exemple, la sélection, le classement et la compétition entre les élèves - sont aussi balisés de manières différentes par les politiques publiques.
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Communication orale
L’influence de l’origine sociale sur les parcours des étudiants.es dans un système scolaire à double transition : le cas du QuébecNatacha Prats (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
De vives critiques retentissent depuis plusieurs années concernant le modèle de l’école à trois vitesses au Québec. Ce dernier se caractérise par la présence de concurrence entre le réseau public et le réseau privé qui a mené à la création de programmes particuliers sélectifs dans les écoles secondaires. Nombre d’études démontrent que ce système participe à des dynamiques de ségrégation économique et sociale précoce des élèves et ne donne pas les mêmes chances d’accès à l’enseignement postsecondaire.
Cette présentation vise à explorer les effets de l’origine sociale et le rôle de la segmentation scolaire sur le processus d’accès à l’université. Le système scolaire se décompose en trois temps : la fréquentation de programmes particuliers dans l’enseignement secondaire, l’accès au cégep et l’accès à l’université. Il y a donc présence de deux transitions postsecondaires. En mobilisant des données administratives longitudinales permettant de dégager les parcours scolaires d’une cohorte d'élèves dès l’entrée au secondaire en 2002, des méthodes statistiques sont utilisées pour estimer les effets du statut socioéconomique d’origine à chacun des trois moments des parcours scolaires.
Session 3 : Orientation scolaire, parcours scolaires et pandémie
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Communication orale
Les expériences scolaires des cégepiens.iennes en milieu multidisciplinaire combinant les sciences et les artsPascale Saint-Denis (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les rapports sociaux de genre ont fortement façonné le portrait de l’enseignement des sciences et des arts, notamment par la préservation des disciplines dites traditionnellement féminines et masculines. Longtemps conçus en opposition, ces deux champs de savoir ont connu une ouverture dans les trois dernières décennies, suscitant l’intérêt de chercheurs.es quant à l’enseignement combinant les sciences et les arts et les rapports sociaux de genre qui se déploient dans ces milieux scolaires juxtaposés. Nous avons saisi par le biais d’entretiens semi-dirigés, les expériences en enseignement multidisciplinaire au collégial (sciences/arts) qui influencent les orientations professionnelles et scolaires des étudiants.es. Notre analyse révèle que ces étudiants.es ne perçoivent pas que les rapports sociaux de genre pèsent particulièrement sur leurs expériences scolaires et aspirations. L’analyse précise aussi que, bien que les étudiants.es souhaitent s’orienter majoritairement vers les filières scientifiques après le cégep, l’ajout des arts à leur formation scolaire est jugé indispensable à la poursuite d’une profession en sciences en raison des bienfaits sociaux, scolaires, et sur la santé mentale. Un regard précis montre aussi une distinction entre les expériences de pandémie selon les formes d’arts pratiquées par les étudiants.es, soit les arts de nature autodidacte et les arts nécessitant un accompagnement.
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Communication orale
Les parcours scolaires des étudiantes de cégep sous l’impact de la pandémie COVID-19 : une comparaison entre la formation technique et la formation préuniversitaireAriela Ionici (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Quels effets la pandémie a-t-elle sur les parcours scolaires et éducatifs des étudiantes? La présente recherche dégage les différents types des parcours scolaires des étudiantes de cégeps qui ont choisi d’étudier dans des programmes au recrutement majoritairement « féminin » (Zolesio, 2013), en formation préuniversitaire (sciences humaines) et en formation technique (technique de soins) dans deux cégeps.
L’analyse vise à dégager les facteurs qui ont influencé le choix de programme ainsi que les ressorts d’action qui donnent sens aux différents parcours. L’analyse vise à saisir dans quelle mesure et comment la crise de la pandémie a influencé l’expérience scolaire et la progression de la scolarité. L’analyse se fonde sur la perspective théorique des parcours scolaires (Doray, 2012, 2023) et des rapports des sexe.
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Communication orale
Au-delà de la crise : Comment la pandémie a redéfini les parcours universitairesSimon Bilodeau-Carrier (Université Laval), Rachel Amenan Kongo (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette étude analyse à posteriori l’effet de la pandémie sur les parcours des étudiant.e.s inscrit.e.s à l’Université au moment de la crise, en dépassant les appréhensions vécues pendant cette période. L’analyse de 36 entretiens semi-dirigés menés auprès d’étudiant.e.s de diverses disciplines dans deux universités urbaines québécoises, permet d’explorer l’impact de la pandémie sur leurs parcours universitaires.
En utilisant le cadre d’analyse de la sociologie des parcours scolaires (Doray, 2024), les résultats montreront les difficultés propres à la situation pandémique, la modulation des effets propres à des cycles d’étude ou de vie, les stratégies mises en place pour y faire face, ainsi que leurs impacts sur les parcours des étudiantes et étudiants.
L’équipe de recherche a identifié plusieurs parcours « types ». Les résultats distingueront les changements liés à la pandémie, des enjeux ou des défis toujours présents dans le passage d’un cycle à un autre et des ajustements dus à des facteurs personnels. Par exemple, certains ont changé de programme après une désillusion avec leur domaine d’étude, d’autres en raison de la transition à l’enseignement à distance. L’étude explorera aussi les processus qui ont mené à ces bifurcations. Ces conclusions permettront d’approfondir notre compréhension des parcours universitaires, en tenant compte des facteurs personnels et des effets des crises sur ces parcours.
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Communication orale
La pandémie de la Covid-19 et l’interruption des études. Le rôle des inégalitésBenoît Laplante (INRS - Institut national de la recherche scientifique), Marie-Pierre Lapointe-Garant (Université de Sherbrooke)
Le confinement décrété pour freiner la Covid a fait de la formation à distance le principal mode d’enseignement et a privé les étudiants du revenu de leur emploi à temps partiel. L’effet de la pandémie les parcours scolaires reste à étudier. Cet effet est vraisemblablement lié aux inégalités.
Nous étudions la variation de l’effet de la pandémie sur l’interruption des études selon l’origine sociale et la position de l’établissement dans la hiérarchie des établissements. Nous utilisons les données administra-tives des ministères de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur pour reconstituer les parcours scolaires de l’ensemble des étudiants inscrits dans un établissement postsecondaire en mars 2020 et les parcours de ceux qui étaient inscrits dans ces établissements au cours des années précédentes. Nous évaluons l’effet de la pandémie sur les événements qui marquent le parcours en comparant les taux qui les régissent dans les cohortes affectées par la pandémie aux taux correspondants dans les cohortes précédentes. Nous analysons séparément six groupes définis par le croisement du sexe et de la nature du programme : collégial technique, collégial préuniversitaire ou université. Nous utilisons l’analyse de survie.
On s’attend à ce que l’incidence de l’interruption des études augmente pendant la pandémie, qu’elle varie en raison inverse de l’origine sociale avant et pendant la pandémie, mais surtout à ce que l’effet de l’origine sociale sur celle-ci augmente pendant la pandémie.
Coquetel de transition
Session 1 : Enseignement adapté et nouvelles technologies
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Communication orale
Technologies et éducation des adultes en contexte de pandémie : enjeux de disponibilité et d'accessibilité des ressourcesVirginie Thériault (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication explore comment les centres d'éducation des adultes au Québec ont adapté leur enseignement en ligne durant la pandémie de COVID-19. Nous mobilisons les concepts de disponibilité et d'accessibilité proposés par Kalman (2006). La disponibilité fait référence à la présence de ressources écrites dans les environnements fréquentés par des personnes apprenants. L’accessibilité implique un travail plus approfondi pour aider les individus à comprendre et s'approprier le monde écrit qui les entoure. Ces deux notions sont utilisées pour explorer l’utilisation de nouvelles technologies en contexte de pandémie. À partir de l’analyse d'entretiens avec des directions de centres, ainsi que du personnel administratif et enseignant, l’étude montre que la simple mise à disposition de ressources, comme des ordinateurs et une connexion Internet rapide, ne suffit pas à améliorer les compétences des individus. Un accompagnement semble essentiel, particulièrement pour les personnes les moins scolarisées, afin de soutenir leur utilisation d’outils technologiques et leur apprentissage. Les notions de disponibilité et d’accessibilité s’appliquent également au personnel enseignant, qui a dû s’adapter rapidement à de nouvelles pratiques. Finalement, l’analyse relève des inégalités dans certains services d’enseignement, affectant particulièrement les populations vulnérables, dont le parcours éducatif semble avoir été davantage perturbé par la pandémie.
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Communication orale
Évolution des logiques institutionnelles de légitimation de l’enseignement à distance dans les universités québécoises depuis la pandémieLuc Farinas (TELUQ), Anne Mesny (HEC Montréal), Patrick Pelletier (TÉLUQ - Université du Québec)
Relativement marginaux avant la pandémie, l’enseignement à distance (EÀD) et les formes d’hybridité et de comodalité combinant présentiel et distance semblent être en voie de s’institutionnaliser dans les universités québécoises. Alors que les logiques institutionnelles d’internationalisation de la concurrence, de collaboration interorganisationnelle, de réduction des coûts et d’accessibilité ont légitimé l’EÀD depuis les années 1990, une nouvelle logique institutionnelle basée sur la flexibilité et le choix émergerait depuis la pandémie. Cela n’est pas sans soulever des questionnements à propos des transformations à l’œuvre dans les parcours étudiants et les croyances, valeurs, normes et pratiques des universités en matière d’enseignement. Afin d’éviter les simplifications déterministes ou les dérives futuristes à propos de ces transformations, cette communication introduit la notion de métier (Kroezen et al., 2021). Elle permet non seulement de comprendre « pourquoi » et « comment » les enseignants utilisent l’EÀD mais aussi « comment le pourquoi façonne le comment ». Sur le plan méthodologique, nous avons privilégié une approche inductive d’analyse du contenu des publications gouvernementales et parapubliques sur l’EÀD (1994-2024), ainsi que du contenu d’articles de presses publiés depuis la pandémie. La place qu’occupe l’EÀD dans les planifications stratégiques des universités québécoises et une étude de cas sur l’une d’entre-elles complètent l’analyse.
Session 2 : Enjeux méthodologiques de recherche en éducation
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Communication orale
Comprendre les difficultés de recrutement et les refus (tacites ou explicites) de participation en recherche qualitativePierre Doray (UQAM), Claire Moreau (UdeS - Université de Sherbrooke)
Après avoir expérimenté de grandes difficultés de recrutement dans le cadre de leurs recherches respectives, un collectif de chercheurs en sciences sociales s’est rencontré à plusieurs reprises pour étudier la question. Fruit d’une exploration méthodologique, la communication propose de formaliser une première typologie des difficultés de recrutement dans les recherches qualitatives.
En mobilisant une approche ancrée dans les projets de recherche difficilement menés par chacun et un exercice de réflexivité, plusieurs enjeux ont été identifiés dont ceux associés à la scientificité du projet de recherche et aux dynamiques institutionnelles et organisationnelles dans lesquelles se déroulent les recherches. La typologie des difficultés présentées est articulée autour de quatre catégories non mutuellement exclusives : (1) les incidents de parcours au cours de la recherche qui peuvent moduler le recrutement, (2) les structures institutionnelles et les comités d’éthique de la recherche, (3) l’attribution d’identité des éventuels participants associée au désintérêt face à la recherche et (4) le rapport à l’objet d’étude des chercheurs comme des intervenants du milieu de la recherche.
Chaque catégorie sera expliquée et discutée, le tout à l’aide d’exemples issus des difficultés rencontrées lors de projets de recherche.
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Communication orale
L’influence du revenu des grands-parents sur l’accès à l’EPS au CanadaSolène Lardoux (Université de Montréal), Béatrice Morselli (Université de Montréal), Natacha Prats (INRS), Xavier St-Denis (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
Cette étude examine l’influence du revenu des grands-parents sur la participation aux études postsecondaires au Canada, fournissant de nouveaux résultats sur la mobilité sociale multigénérationnelle. En utilisant un échantillon multigénérationnel tiré de données fiscales, nous constatons que le revenu des grands-parents a un effet direct significatif sur la participation des petits-enfants aux études postsecondaires, même après contrôle du revenu parental. Nos données montrent également un effet de compensation : les grands-parents à revenu élevé compensent partiellement le désavantage d’avoir des parents à faible revenu. Cependant, l’ampleur de cette compensation est modeste. Notre contribution méthodologique montre comment les données fiscales peuvent être exploitées pour étudier les réseaux familiaux élargis malgré d’importantes limites de données. Nous détaillons des stratégies pour surmonter les défis liés à la sélection d’échantillons et à la construction de variables lors de l’utilisation de données administratives canadiennes issues des dossiers fiscaux pour une analyse multigénérationnelle. Cette étude élargit notre compréhension des processus de mobilité sociale au Canada tout en soulignant comment les cycles d’avantages et de désavantages persistent sur plusieurs générations. Nos résultats suggèrent que se concentrer uniquement sur la transmission parent-enfant peut sous-estimer l’ampleur de la reproduction sociale et surestimer le degré de mobilité sociale.
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Communication orale
Tableau de bord montréalais sur la transition secondaire-collégial : analyse des parcours et pistes d’interventionPhilippe Allard (Regroupement des cégeps de Montréal), Michaël Gaudreault (ÉCOBES - Recherche et transfert)
En 2016, le Conseil supérieur de l’éducation soulignait l’inégalité persistante d’accès aux études supérieures au Québec. Cette prise de conscience a mené à la création de Trajectoires, un espace de concertation interordres et intersectoriel visant à mobiliser les leaders éducatifs et communautaires montréalais autour de solutions concrètes pour favoriser une transition harmonieuse vers le postsecondaire. Au cours de cette communication, nous présenterons les premiers résultats d’un tableau de bord développé pour suivre la transition entre le secondaire et le cégep de près de 65 000 jeunes de Montréal de six cohortes récentes, tout en mettant l’accent sur la transition de différentes populations étudiantes vulnérables. Nous mettrons l’emphase sur différents enjeux méthodologiques rencontrés pour la mise en commun et l’analyse de ces données, notamment en raison du contexte scolaire durant la période pandémique. Nous discuterons également de dispositifs découlant de la recherche qui ont été mis en place pour favoriser la transition, tels qu'un comité de concertation interordres et intersectoriel, des agents communautaires pour accompagner les jeunes vulnérables, la mise en place de communautés de pratiques interordres et l’organisation de deux évènements de mobilisation régionaux auxquels ont été conviés plus de 500 personnes.
Conclusion
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Communication orale
Conclusion: Que retenir? Quelles voies théoriques empruntées?Annie Pilote (Université Laval)