515 - L’argumentation à apprendre et pour apprendre : approches disciplinaires interdisciplinaires et transversales

Session 1

• Communication orale 09 h 15
  Argumentation en classe de français au secondaire : la croisée des chemins
  Marie-Hélène Forget (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)

  L’enseignement de l’argumentation en classe de français au secondaire est fortement empreint de la culture éducative qui s’est installée au Québec dans ces classes depuis le programme d’études paru en 1995. Dans ce programme et le suivant, les connaissances sont organisées à partir de l’approche par texte qui met l’accent sur la structure prototypique des textes. Ce choix a participé à une dérive didactique : la coupure entre les textes les contextes qui les rendent vivants. Ainsi désincarnés, ils sont devenus des objets inanimés.

  Les conséquences de cette dérive sont grandes pour l’apprentissage de l’argumentation qui souffre, de surcroit, du joug qu’infligent deux épreuves ministérielles en écriture. À l’heure actuelle, on enseigne l’argumentation essentiellement pour préparer les élèves à ces épreuves. Dans les meilleurs cas, on élude la grande variété des discours argumentatifs en se limitant à l’argumentation persuasive comme modèle à suivre.

  Cette communication propose une conceptualisation de l’enseignement de l’argumentation pour la classe de français ancrée aux principes des «éducations à». Ce faisant, l’argumentation passerait d’un objet à une pratique, offrant un pouvoir d’agir, un regard critique, pluriel et interdisciplinaire et un sens aux apprentissages. Cette proposition, assez radicale, ne vient pas sans de nombreux défis. Mais le statu quo est grave pour nos jeunes qui naviguent dans un monde où de solides compétences argumentatives sont devenues capitales.

• Communication orale 10 h 15
  L’argumentation dans la démarche de réécriture accompagnée de lettres d’opinion au 3e cycle du primaire
  Hélène Makdissi (Université Laval), Laura Parent (Université Laval)

  Le langage écrit porte une valence épistémique et devient un moteur d’apprentissage pour toutes les disciplines scolaires (Blaser et Chartrand, 2009; Pomerleau et Makdissi, 2023). Malgré des pratiques décontextualisées souvent centrées sur l’orthographe (Prince, 2011), les recherches convergent sur la nécessité de favoriser l’écriture de textes par les élèves afin qu’ils s’approprient les caractéristiques liées aux genres discursifs (Adam, 2015; Allal, 2015; Dolz-Mestre et Abouzaid, 2015). Un des genres permettant de raffiner l’argumentation est la lettre d’opinion. Si la fonction de cette dernière est de convaincre un destinataire (Chartrand et Elghazi, 2014), sa rigueur reposera sur l’organisation de l’argumentation ancrée dans un raisonnement causal entre prémisse, raisons, faits mettant en relief une prise de position univoque. Le but de la présente communication est de décrire la capacité des élèves à s’exprimer sur et par des arguments en contexte d’écriture de lettre d’opinion dans une telle démarche d’écriture. La démarche de réécriture accompagnée adaptée de Prince (2011) a été réalisée et filmée dans une classe de 20 élèves d’une classe jumelée de 3^e cycle primaire. À partir des transcriptions verbatim, des analyses qualitatives du discours, de nature inductive, catégorisent les interactions enseignant-élèves et élèves-élèves en fonction des éléments constitutifs du genre incluant la construction de l’argumentation à même l’acte d’écrire.

• Communication orale 11 h 00
  L’argumentation en enseignement des mathématiques pour construire des savoirs et déconstruire des fausses conceptions avec les trucs mathématiques
  Adolphe Adihou (UdeS - Université de Sherbrooke), Jeanne Koudogbo (Université de Sherbrooke), Patricia Marchand (Université de Sherbrooke)

  Dans le cadre de nos travaux (Adihou & Marchand, 2010; 2024; 2018) nous avons étudié les trucs mathématiques (TM). Ce sont des raccourcis utilisés en classe et des procédés astucieux, économiques et faciles pour résoudre des activités mathématiques et réaliser des tâches mathématiques (Loock, 2006). Ils engendrent des fausses conceptions et des difficultés en enseignement-apprentissage s’ils sont utilisés d’une manière « mécanique » sans compréhension. Nos travaux ont permis de démontrer le potentiel des TM en enseignement-apprentissage par des analyses mathématiques et des activités mathématiques riches avec l’argumentation. Des types de tâches pour développer des compétences argumentatives ont été conçus (Adihou & Marchand, 2018). L’argumentation est au cœur des savoirs mathématiques et a nourri plusieurs recherches en didactique des mathématiques (Balacheff, 2022). Pour raisonner, expliquer, valider, prouver, démontrer, etc, l’argumentation est nécessaire avec les outils et objets mathématiques que sont les propriétés, les définitions, les théorèmes, les axiomes etc. La proposition se situe dans les axes 1 et 3. À partir de TM, nous expliciterons des contenus mathématiques et montrerons comment nos tâches conçus valorisent l’argumentation pour développer des compétences à argumenter ou à contre-argumenter; et à déconstruire des fausses conceptions dans l'acquisition et la construction des savoirs mathématiques, leur évolution et le développement de la pensée mathématique.

Dîner

Session 2

• Communication orale 13 h 00
  L’argumentation en sciences : compte rendu d’une communauté d’apprentissage professionnelle en émergence
  Félix Boisvert (Séminaire de Sherbrooke), Jean Bossé (Séminaire de Sherbrooke), Nancy Dumais (Université de Sherbrooke), Hakim Harzoun (Collège Français, Longueuil), Abdelkrim Hasni (UdeS - Université de Sherbrooke), Younes Yazza (Université de Sherbrooke)

  Alors que l’argumentation est au cœur des sciences comme elles se font et qu’elle est nécessaire pour apprendre les sciences et pour l’exercice d’une citoyenneté scientifique éclairée, de nombreux travaux montrent qu’elle n’occupe pas la place qu’elle mérite dans les écoles. C’est dans ce contexte que nous avons mis en place une communauté d’apprentissage professionnelle (CAP) visant le développement de la compétence d’argumentation chez les élèves. Dans un premier temps, nous avons partagé, dans des ateliers, un cadre conceptuel didactique de l’argumentation qui mobilise trois dimensions : sa signification; la diversité des contextes de sa mobilisation (ex. : apprendre les sciences ou comprendre les controverses socioscientifiques); la nature des justifications mobilisées (scientifiquement validées - comme les savoirs ou les démarches - ou encore socialement partagées comme les valeurs). Des séquences ont été par la suite planifiées et expérimentées en classe de trois enseignants, et accompagnées de recueils de données auprès des élèves, en considérant les contenus suivants : la conservation de la masse; la nutrition des plantes; les forces. Les résultats montrent, entre autres, que les justifications formulées par les élèves permettent de révéler les obstacles à l’apprentissage de certains contenus et que celles-ci ont connu une évolution à la suite d’un enseignement où l’argumentation fait explicitement partie des visées éducatives.

• Communication orale 13 h 45
  Effet des pratiques de reformulation et de justification à l’oral sur le changement conceptuel des élèves de premier cycle du secondaire en science et en technologie
  Bénédicte Boissard (UQAM - Université du Québec à Montréal), Nancy Granger (Université de Sherbrooke), Patrice Potvin (Université du Québec à Montréal)

  Les modèles de changement conceptuel visent à faciliter le passage des idées intuitives des élèves aux idées scientifiquement acceptées. Bien que les discussions (entre élèves, avec l’enseignant, etc) soient reconnues comme essentielles à cet apprentissage, leur utilisation reste rare en classe de sciences. Habituellement associées à l’épistémologie des sciences, la justification et la reformulation permettent en effet aux scientifiques de soutenir leurs propositions, de négocier le sens et de tenter de convaincre, et de formuler des prédictions pouvant ensuite être éprouvées. Cette étude vise à déterminer si l’utilisation de la justification et de la reformulation à l’oral favorisent de la même manière la compréhension conceptuelle pour des élèves du secondaire. À l'aide d'un devis quasi-expérimental de type compensatoire, 487 élèves ont participé à des séquences d'enseignement mobilisant de telles pratiques pour deux contenus typiques des programmes scolaires: la masse et le volume; et la photosynthèse. Les résultats montrent que la condition expérimentale a entraîné une légère amélioration de la compréhension de la masse et du volume, mais uniquement dans les post-tests différés. Pour la photosynthèse, aucune différence significative n’a été enregistrée entre les conditions. Les résultats soutiennent néanmoins en partie le potentiel des stratégies de justification et de reformulation à l’oral pour le changement conceptuel, mais également la complexité de leur intégration.

• Communication orale 14 h 45
  Éduquer à l’argumentation socioscientifique en sciences : simulation de sommet international et problématisation des savoirs
  Marco Barrocca-Paccard (Haute Ecole Pédagogique Vaud)

  Cette communication propose une réflexion sur l’enseignement de l’argumentation dans le cadre des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), à travers une séquence pédagogique intégrant une simulation de sommet international sur la protection de l’Arctique (Barroca-Paccard, Hasni, Bestaoui, Soumis). Ce dispositif mobilise à la fois les concepts de services écosystémiques et les espaces de contraintes pour l’éducation au développement durable (Barroca-Paccard, 2021). Les élèves, répartis en délégations (États, ONG, entreprises), ont dû argumenter et négocier une résolution, combinant des connaissances scientifiques et des considérations politiques et éthiques.

  Les résultats montrent que, bien que les élèves aient été sensibilisés à des perspectives écocentrées, leurs débats ont majoritairement mobilisé des arguments anthropocentrés, avec une place centrale accordée aux intérêts économiques. Ce constat interroge sur les tensions entre les objectifs d’un enseignement scientifique neutre et une éducation politique impliquant des valeurs. En nous appuyant sur les cadres théoriques de la problématisation des savoirs (Fabre, 2021) et des compétences argumentatives pour des questions socioscientifiques (Pallarès, 2019), nous discuterons les défis et les potentialités de telles approches pour favoriser une citoyenneté éclairée.

• Communication orale 15 h 30
  Des outils pour développer des savoirs de métier sur la pratique argumentative chez de futurs enseignants du primaire dans le cadre d’une éducation à la biodiversité
  Bertrand Gremaud (HEP - Haute école pédagogique - Fribourg), Pitt Hild (HEP Fribourg), Patrick Roy (HEP Fribourg)

  L’argumentation est une compétence fondamentale en éducation scientifique, car elle favorise la résolution de problèmes, le débat et l’expression de la pensée critique (Bisault & Le Bourgeois, 2006). Son développement pose néanmoins de nombreux défis aux enseignants (Wess et al., 2023), en particulier dans le cadre des éducations à où ceux-ci sont engagés dans des approches éducatives transversales pour traiter des problématiques complexes (Fabre, 2021). Dans cette contribution, nous nous intéressons à l’acquisition de savoirs de métier (Brière & Simonet, 2021) sur la pratique argumentative chez de futurs enseignants du primaire, en nous focalisant sur l’utilisation d’outils culturels et sémiotiques (OCS) (Roy et al., sous presse) façonnés pour une éducation à la biodiversité (EB) (Barroca-Paccard, 2022) dans une double visée d’instruction et de socialisation émancipatrice (Roy & Gremaud, 2017). Nous présentons les fondements et les modalités opératoires de communautés de pratiques professionnelles au sein desquelles divers OCS ont été partagés aux acteurs afin de soutenir la formulation d’arguments complexes, dont la matrice interdisciplinaire pour réaliser une analyse a priori de questions socialement vives et une grille d’analyse pour une mobilisation réfléchie de savoirs de métier sur une EB. Les traces de l’activité des futurs enseignants mettent en exergue le potentiel des OCS transmis pour l’acquisition de savoirs de métier sur la pratique argumentative.

Session 3

• Communication orale 09 h 00
  Pensée critique et processus argumentatif en philosophie pour enfants : une analyse de dialogues en classe primaire
  Mathieu Gagnon (Université Laval), Olivier Michaud (Université du Québec à Rimouski)

  La philosophie est, depuis ses origines, considérée comme l’une des disciplines par excellence pour maitriser les rouages du bien penser. D’où l’attention dirigée, notamment, sur les principes de logique, les processus argumentatifs ou encore la pensée critique. La formation philosophique aboutit d’ailleurs régulièrement à la production d’un texte argumentatif, principalement sous la forme de la dissertation. Plus récemment, des études (essentiellement menées par Marie-France Daniel) ont montré que la pensée critique des enfants, à partir d’un jeune âge, se développe lorsqu’ils sont mis au défi de réfléchir ensemble à l’intérieur de dialogues philosophiques (Daniel, 2005; Daniel et al., 2017). Ces études ont permis de remettre en cause les idées reçues selon lesquelles la pensée critique est inaccessible aux enfants. En revanche, celles-ci ne permettent pas d’examiner si et dans quelle mesure la pensée critique mobilisée en philosophie pour enfants est alimentée par des processus argumentatifs. Or, en théorie, ceux-ci sont parfois considérées complémentaires en tant que les arguments figurent parmi les objets sur lesquels porterait la pensée critique, de nature plus évaluative. C’est au regard de ces relations entre processus argumentatif et pensée critique en situation de pratique de la philosophie avec les enfants que sera structurée notre communication. Pour ce faire, nous prendrons appui sur l’analyse de 12 ateliers de philosophie menés en classe primaire.

• Communication orale 09 h 45
  Argumentation philosophique en classe : le savoir en jeu, l’image en tension
  Charlie Renard (Université de Nantes)

  L’enseignement de la philosophie vise à développer les compétences argumentatives des élèves à travers des activités orales collectives. Or, ces situations d’échanges sont traversées par des enjeux interactionnels complexes car elles engagent non seulement leur rapport à eux-mêmes, aux autres et aux savoirs (Charlot, 1997 ; Caillot, 2001 ; Gagnon, 2011), façonnés par leurs expériences antérieures et leurs croyances épistémiques (Kuhn et Dean, 2004), mais aussi leur souci de préserver leur image sociale dans l’interaction (Goffman, 1974), particulièrement saillant dans des contextes pédagogiques où l’exposition de soi, l’évaluation implicite ou explicite par les pairs et l’enseignant, sont omniprésentes. Ce double enjeu peut affecter leur engagement dans l’argumentation, en influençant la manière dont ils prennent la parole, confrontent des idées, justifient leurs positions et gèrent le désaccord.

  Cette communication explore ces dynamiques en analysant un corpus de plusieurs débats filmés en classes de philosophie en terminale, selon une approche interactionniste et discursive inspirée de Mercer (1995). Notre analyse cherche à comprendre comment des interventions épistémiques et épistémologiques peuvent être mobilisées comme stratégies de travail des faces, et inversement, comment la gestion de l’image sociale influence les rapports aux savoirs, en modulant la prise de parole, l’affirmation des positions et l’adhésion aux normes de validité du savoir.

• Communication orale 10 h 45
  D’une dimension politique de l’argumentation, entre rapports agonistiques et relation intersubjective
  Johanna Hawken (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

  La Philosophie pour Enfants et Adolescents (PPEA) repose sur un dialogue intersubjectif favorisant coopération et ouverture d’esprit. Ce dialogue vise à construire collectivement des idées et à reconnaître l’altérité, en déconstruisant les rapports de force. Toutefois, dans la pratique du dialogue philosophique, si la coopération fonctionne pour conceptualiser et problématiser, elle devient plus difficile lors de l’argumentation. Cette dernière tend à être perçue comme un affrontement où chacun cherche à convaincre, soulevant la question d’un lien trop étroit entre argumentation et force. La PPEA, inspirée de Dewey, défend une démocratie coopérative plutôt qu’agonistique. Faut-il alors éliminer les rapports de force ou reconnaître une valeur constructive au conflit ? L’argumentation agonistique est-elle forcément opposée à l’intersubjectivité ? Pour y répondre, une analyse des concepts d’intersubjectivité, d’argumentation et de leur rapport à la coopération et à la démocratie sera menée.

Session par affiches

• Communication par affiche 11 h 01
  L’argumentation face à la complexité de la biodiversité : Quelle prise en charge dans les manuels scolaires de la deuxième année du deuxième cycle du secondaire au Québec ?
  Marco Barroca-Paccard (HEP Vaud), Kheira Bestaoui (UdeS - Université de Sherbrooke), Abdelkrim Hasni (CRIDid, Université de Sherbrooke)

  La biodiversité, essentielle à la santé des écosystèmes, représente un enjeu majeur pour les sociétés actuelles et pour l’éducation. Son déclin appelle à des mesures politiques et économiques pour une conservation durable (Dasgupta, 2021; Mace et al., 2018), mais aussi à une compréhension globale et nuancée, particulièrement chez les jeunes (Manfredo et al., 2016). Cependant, la complexité de la biodiversité pose des défis pour son enseignement et son apprentissage (Barroca-Paccard, 2021; Bermudez et Lindemann-Matthies, 2020) nécessitant la maîtrise de l’argumentation (Lee et al., 2019; Barroca-Paccard, 2015). Pour la développer, il est essentiel d’exposer les élèves à des outils favorisant l’évaluation d’arguments variés. Parmi ces supports, les manuels scolaires au Québec occupent une place centrale (Lebrun et Niclot, 2009). Dans ce contexte, cette étude qualitative analyse deux manuels de sciences et technologies au secondaire à l’aide d’une grille inspirée de Hasni et al. (2005). Les résultats préliminaires montrent que si les enjeux économiques, éthiques et écologiques sont abordés, ils restent cloisonnés à une ou deux perspectives, limitant la compréhension des interdépendances. Les arguments anthropocentrés dominent souvent avec un chevauchement occasionnel des perspectives écocentrées. Les dilemmes éthiques liés à la biotechnologie sont bien justifiés, mais les exercices argumentatifs ouverts et les études de cas impliquant tous les acteurs sont sous-représentés.

• Communication par affiche 11 h 02
  Discours rapporté, procédé argumentatif et pratique réflexive en enseignement-apprentissage : cas des œuvres de Ahmadou Kourouma
  Kouassi N’goran (Université Laurentienne de Sudbury)

  Le discours rapporté se trouve être au service de l’argumentation. En tant que fait de langue, il expose des idées diversifiées tout en mettant une emphase sur le développement de la pensée critique. Dans les récits littéraires, comme c’est le cas chez Ahmadou Kourouma, le discours de l’autre favorise une interruption discursive créant ainsi une polyphonie narrative. Un tel jeu langagier aux enjeux pluridimensionnels invite le lecteur à interpréter des points de vue divergents. Cette contribution propose, également, une méthode pédagogique du discours rapporté en tant qu’outil d’enseignement de l’argumentation en contexte éducatif. S’appuyant sur la linguistique énonciative (Benveniste, 1966), l’étude examine la manière dont le discours rapporté introduit des controverses sous-entendues, suscite des tensions argumentatives et encourage la pensée critique chez les apprenants.

  Le cadre méthodologique est adossé à l’analyse de corpus littéraires, en l’occurrence les œuvres de Ahmadou Kourouma, tout en mettant en relation la perspective polyphonique et la dynamique argumentative. Enseigner donc le discours rapporté revient à renforcer la compétence structurelle des élèves et leur capacité à évaluer des arguments de manière critique.

• Communication par affiche 11 h 03
  Le film comme outil de développement des habiletés de pensée critique et de dialogue au primaire : ancrage dans le nouveau programme de Culture et citoyenneté québécoise
  Simone Foy (UdeS - Université de Sherbrooke)

  Le nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise (CCQ, Gouvernement du Québec, 2024) prescrit le développement des habiletés de pensée critique (PC) et de dialogue au primaire. Le curriculum de plusieurs pays, comme la Pologne, la France et la Suède, mise aussi sur le développement de ces habiletés par le biais de l’éducation cinématographique et d’activités suivant le visionnement des films comme la discussion et le débat. Par une approche dialogique qui engage l’argumentation, le film devient un outil pédagogique efficace pour amener les élèves à développer la PC et le dialogue (Cromarty, Young et Elias, 2023). Or, malgré plusieurs rapports recommandant l’implantation d’un programme d’éducation cinématographique au Québec pour favoriser le développement, entre autres, des habiletés de PC et de dialogue (Décarie, 2011), cette approche reste peu exploitée au primaire. Cela soulève la question suivante: comment le film pourrait-il servir le développement des habiletés de PC et de dialogue des élèves du primaire selon les recommandations du programme CCQ? Cette présentation exposera quelques définitions de la PC et explicitera son rapport avec l’argumentation, puis rapportera les résultats de recherches établissant des liens entre le développement des habiletés de PC et l’éducation cinématographique afin de préciser des interventions éducatives pertinentes pour le primaire (Bácares Jara, 2023; Gołębiowska, Kołodziejczak, Dowgiel et Kanownik, 2017; Janson, 2019).

• Communication par affiche 11 h 04
  La recherche comme moyen au développement professionnel en argumentation scientifique : cas du personnel enseignant des sciences et technologies en secondaire au Québec
  Abdelkrim Hasni (Université de Sherbrooke), Patrick Roy (HEP Fribourg), Younes Yazza (UdeS - Université de Sherbrooke)

  L'argumentation constitue l’une des préoccupations majeures de l’éducation scientifique, concrétisée par des efforts de développer cette compétence chez les élèves (Dawson, 2023). Pour se faire, les pratiques d’enseignement jouent un rôle clé (Bächtold et al., 2023). Par ailleurs, maints auteurs montrent que le personnel enseignant éprouve généralement des difficultés avec l'argumentation (ex. Khishfe, 2014; McNeill et Knight, 2013), car il manque de connaissances et de compétences nécessaires pour soutenir son opérationnalisation en classe. Face à ce constat, des travaux de recherche (ex. Dawson et Venville, 2010; Sampson et Blanchard, 2012) recommandent d’accompagner ce personnel, par la recherche, dans son développement professionnel (DP). Dans ce cadre, nous menons actuellement une recherche doctorale, s’inscrivant dans le cadre d’un grand projet CRSH (Hasni et Dumais, 2023-2027), qui vise à accompagner le personnel enseignant des sciences et technologies au secondaire au Québec dans son DP, dans le cadre d'une recherche participative de type Design-Based-Research (Brown et Taylor, 2016). Lors du colloque, nous comptons présenter par affiche 1) la problématique qui justifie notre recherche d’un point de vue scientifique et sociale ; 2) notre cadre conceptuel autour de l’argumentation et du DP, dans une perspective didactique ; 3) des pistes méthodologiques qui s’alignent avec le projet CRSH en question.

• Communication par affiche 11 h 05
  Formation, paradigme et communication dans le contexte d’entrainement de handball en Côte d’Ivoire
  Etchi Marcel Aliman (Université Laurentienne de Sudbury), Georges Kpazaï (Université Laurentienne)

  Cette communication présente les résultats d’une étude pilote sur les paradigmes de formation en entrainement sportif dans lesquels les entraîneurs ivoiriens de handball fondent leurs pratiques pédagogiques auprès des joueurs d’élite de handball. Pour ce faire, deux entraineurs de club dans le championnat de 1^ère division ont participé à des entretiens individuels semi-dirigés d’une durée de quarante minutes environ chacun. Après avoir retranscrits intégralement les entretiens, une analyse de contenu de ces derniers a été effectuée à partir d’une grille d’analyse constituée de principaux éléments caractérisant le behaviorisme et le cognitivisme en entrainement sportif. Les résultats révèlent, de manière globale, que les deux entraineurs inscrivent leurs pratiques d’entrainement dans des paradigmes de formation opposés. Si l’un fonde ses pratiques d’intervention en entrainement dans le paradigme cognitiviste et inclusif impliquant un mode argumentaire participatif et partagé avec les joueurs, l’autre s’appuie davantage sur le behaviorisme lors de l’entrainement de ses joueurs, impliquant un rapport unilatéral et descendant du processus de participation argumentatif.

Dîner

Session 4

• Communication orale 13 h 00
  L'impact des débats en classe sur le développement de la pensée critique chez les élèves de l’élémentaire
  Georges Kpazaï (Université Laurentienne), Edwige Anicette Kra (Université Laurentienne de Sudbury)

  L’éducation vise à développer des compétences essentielles, dont la pensée critique. Les débats, en tant que méthode pédagogique interactive, favorisent cette compétence en exposant les élèves à des perspectives diverses et à des discussions structurées. Ils encouragent la co-construction des savoirs par le dialogue et l’interaction sociale, tout en renforçant les capacités argumentatives.

  Cette communication s’inscrit dans une réflexion sur l’éducation à la citoyenneté et la formation d’un esprit critique chez les élèves du primaire. Notre cadre conceptuel repose sur la philosophie pour enfants de Matthew Lipman, qui valorise le questionnement, l’argumentation et le dialogue démocratique. Cette approche permet aux élèves de structurer leur raisonnement, d’évaluer des idées contradictoires et de s’exprimer avec rigueur.

  Méthodologiquement, nous adoptons une analyse théorique fondée sur une revue de la littérature. Bien que non empirique, cette étude met en lumière les fondements théoriques du débat en classe comme outil d’apprentissage de la pensée critique. Nous identifierons les compétences développées, les défis de mise en œuvre et proposerons des recommandations pédagogiques adaptées.

• Communication orale 13 h 45
  Développer les compétences argumentatives chez les futures personnes enseignantes : une proposition issue d’expériences porteuses en éducation interprofessionnelle
  Emmanuelle Careau (Université Laval), Mathieu Gagnon (Université Laval), Amélie Richard (UdeS - Université de Sherbrooke), Sébastien Yergeau (CSS des Navigateurs)

  Le développement de la compétence argumentative des enseignant·es apparaît incontournable pour leur permettre, par la suite, d’accompagner leurs élèves. Cette communication présente l’élaboration et les retombées de l’approche CREATS (Clinical Reasoning Explicitation And Thinking Skills) (Richard, 2021) et envisage ses implications dans la formation initiale des enseignant·es. Appuyée sur une recension des écrits sur la pratique réflexive en collaboration interprofessionnelle, sur un relevé de littérature sur la pensée critique et son enseignement (Richard et al., 2018; Abrami et al., 2008; Abrami et al., 2015) et sur des analyses empiriques dans un cours d’éducation interprofessionnelle (EIP) (Richard, 2021), l’approche CREATS repose sur les principes suivants : l’enseignement explicite des habiletés de pensée et de raisonnement aux étudiant·es et aux facilitateurs/trices, et l’infusion des apprentissages dans des activités authentiques et significatives. En contexte d’EIP, CREATS augmente la confiance des facilitateurs/trices et favorise un raisonnement collaboratif entre les étudiant·es, qui, par le biais d’habiletés de pensée, explicitent leurs arguments et explorent différentes perspectives pour soutenir une prise de décision concertée. CREATS favorise ainsi la formation des personnes facilitatrices de même que le développement des compétences argumentatives des étudiant·es, ce qui permet de croire en son utilité pour la formation initiale des futur·es enseignant·es.

• Communication orale 14 h 45
  Étude du discours argumentatif des enseignant.e.s associé.e.s francophones sur l'importance et le développement de la pensée critique lors des stages en éducation physique et santé
  Kouame Toussaint Boko (Université Laurentienne de Sudbury), Georges Kpazaï (Université Laurentienne)

  Cette recherche examine la perception des enseignant.e.s associé.e.s francophones de l'Ontario concernant le développement de la pensée critique (PC) chez les étudiant.e.s stagiaires en éducation physique et santé (EPS). La PC est une compétence essentielle pour les futur.e.s enseignant.e.s, favorisant des décisions éclairées et une pratique pédagogique fondée sur l'analyse critique (Bancketh et al., 2024; Kpazaï, 2015; Nziengui et al., 2022). L'argumentation, en tant que processus intellectuel, est au cœur de l'approche pédagogique des enseignant.e.s associé.e.s, permettant aux stagiaires de développer leur capacité à mobiliser des arguments solides dans leurs décisions pédagogiques et à renforcer leur autonomie professionnelle. Cette étude qualitative, combinant questionnaires et entrevues individuelles, vise à comprendre comment les enseignant.e.s associé.e.s perçoivent l'argumentation et son rôle dans le développement de la PC des stagiaires. Les résultats attendus permettront de mieux cerner les pratiques d'argumentation favorisant la PC et de proposer des recommandations pour améliorer la formation des futur.e.s enseignant.e.s d'EPS, les préparant ainsi à une professionnalisation accrue.

• Communication orale 15 h 30
  Développement professionnel des enseignants pour l’argumentation en sciences : Réflexions interdisciplinaires sur la pensée critique en kinésiologie
  Georges Kpazaï (Université Laurentienne), Aboulaye Savadogo (Université Laurentienne de Sudbury)

  La pensée critique est une compétence essentielle dans la formation universitaire, particulièrement en kinésiologie, où les enjeux interdisciplinaires sont omniprésents. Cette communication propose une réflexion sur l’intégration de l’argumentation comme méthode pédagogique pour développer la pensée critique. S’appuyant sur la revue systématique de Wess, Priemer et Parchmann (2023), qui explore les effets des programmes de développement professionnel en sciences, nous analysons les possibilités d’adaptation de ces approches dans le contexte de la kinésiologie en Ontario. Cette réflexion s’ancre dans un cadre théorique interdisciplinaire mobilisant les travaux sur la pédagogie critique et les pratiques argumentatives en classe. Les résultats suggèrent que les approches favorisant l’argumentation ne renforcent pas seulement les connaissances disciplinaires, mais également les capacités réflexives et citoyennes des futurs professionnels. Cette communication mettra en lumière les apports spécifiques et les défis d’une approche argumentative contextualisée dans la formation universitaire en kinésiologie, tout en proposant des pistes pour la conception de programmes pédagogiques intégrant ces pratiques.