Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 100 - Sciences de la santé
Description :Ce colloque offre la possibilité de présenter des résultats de recherche portant sur la prise en compte de la langue dans l’organisation et l’offre des services de santé, ainsi que les effets de la langue des services offerts sur la qualité des services et sur la santé des patients. Dans un contexte canadien où le français et l’anglais font l’objet d’une reconnaissance variable selon les provinces, mais aussi où la diversité linguistique ne cesse de croître, il demeure hautement pertinent de nous interroger sur la manière dont les systèmes de santé prennent en compte les langues minoritaires dans l’offre de services de santé, sur les bonnes et moins bonnes pratiques en la matière, sur l’accès des groupes linguistiques minoritaires aux services de santé, sur les effets de la langue des services sur la qualité des services et la santé des patients. Des travaux issus du réseau des chercheuses et chercheurs qui gravitent autour de l’Institut du savoir Montfort ont montré les effets que peuvent avoir des services de santé linguistiquement discordants sur la santé des patients. Ce champ de recherche en émergence sur la concordance linguistique des services de santé donne lieu à plusieurs analyses prometteuses pour mieux comprendre l’importance de l’accès à des services dans la langue du patient. Cependant, tout chercheur qui s’intéresse à ces questions se heurte à la difficulté d’obtenir des données sur la langue des services. Dans le cadre de ce colloque, les chercheurs pourront discuter de ces défis et des solutions employées pour mener leurs analyses. L’accès aux données sur la langue des services et la santé des patients est essentiel pour faire progresser nos connaissances sur l’offre des services dans les langues minoritaires (officielles ou non) et pour mieux comprendre la santé des groupes linguistiques minoritaires.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Eric Forgues (Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques)
- Sharon Johnston (Institut de Savoir Montfort)
- Sathya Karunananthan (Université d’Ottawa)
- Lise Bjerre (Institut du savoir Montfort)
- Mwali Muray (Université d’Ottawa)
- Alice Jeanningros (UQO - Université du Québec en Outaouais)
- Anne Beinchet (Université de Moncton)
Programme
Arrivée
Communications orales : première partie
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Communication orale
Analyse de la concordance linguistique dans les soins : barrières et facilitateurs rencontrés par les infirmières praticiennes (IP) et les infirmières dans la région de ChamplainKrystal Kehoe MacLeod (Bruyère Health Research Institute and Ottawa Hospital Research Institute), Marie-Ève Tittley (Université d'Ottawa), Victoria Wicks (Hospital)
Cette étude explore les expériences des IP et infirmières face à la discordance linguistique dans les soins de la région Champlain. En Ontario, la qualité des soins de santé est affectée par des obstacles linguistiques et culturels, soulignant la nécessité d’une communication efficace entre les IP et infirmières, et les patients issus de diverses origines. Cette étude, menée par des entrevues semi-structurés avec 12 IP et infirmières de différents milieux, vise à comprendre et à aborder les défis rencontrés lors de la prestation de soins concordants en termes de langue et de culture. Malgré l’utilisation de services d’interprétation professionnelle et de solutions comme Google Translate, les IP et infirmières sont confrontés à des défis tels que le coût, l’accès incohérent aux services d’interprétation et la nécessité d’une adaptation constante aux besoins culturels et linguistiques variés de leurs patients. La recherche souligne l’importance de la sensibilité culturelle, de la formation continue et du mentorat pour mieux répondre aux complexités des soins aux populations minoritaires. Cette étude vise à favoriser un environnement de soins intégrant des outils pour offrir des services linguistiquement concordants, des stratégies de compétence culturelle et des opportunités de mentorat. Ces éléments visent à devenir une composante standard de la pratique clinique, contribuant ainsi à un système de santé plus équitable et à une amélioration de la qualité des soins en Ontario.
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Communication orale
Le devenir cardiovasculaire chez les patients atteints d’hypertension artérielle selon la concordance de langueRicardo Batista (Akausivik Inuit Family Health Team), Clara Bohm (University of Manitoba), Mathieu Labossière (UdeS - Université de Sherbrooke), Lisa M. Lix (University of Manitoba), Denis Prud'homme (Université de Moncton), Michael Reaume (University of Manitoba), Claudio Rigatto (University of Manitoba), Navdeep Tangri (University of Manitoba), Peter Tanuseputro (Université de Toronto), Stephanie Van Haute (University of Manitoba)
Les patients issus de communautés linguistiques en situation minoritaire reçoivent souvent des services de santé de moindre qualité et sécurité. La concordance langagière patient-médecin peut atténuer cette réalité. Cette étude vise à déterminer l'association entre cette concordance et le risque d'événements cardiovasculaires majeurs indésirables (ECMI) chez les patients atteints d'hypertension. Cette étude de cohorte rétrospective a identifié des adultes atteints d'hypertension dans l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) entre 2003 et 2014. Les dossiers d'hospitalisation et de mortalité ont été liés aux réponses à l'enquête chez les répondants, et la concordance langagière a été déterminée. Le critère de jugement principal était la survenue d’ECMI dans les 5 ans suivant la réalisation de l'enquête. 124,583 patients furent inclus dans l’étude, dont 114,239 (91,7 %) anglophones, 4,790 (3,8 %) francophones, 325 (0,3 %) parlant une langue autochtone et 5,229 (4,2 %) allophones. Les patients parlant des langues allophones qui ont reçu des soins concordants étaient 36 % moins susceptibles de subir un ECMI (HR 0,64, IC à 95 % 0,51-0,80) par rapport aux patients allophones qui ont reçu des soins discordants. Aucune différence n’a été détectée chez les francophones. Cette étude montre des disparités tant dans l'accès aux soins concordants en matière de langue que dans le risque d'issues cardiovasculaires chez les patients atteints d’hypertension.
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Communication orale
Étude exploratoire de la discordance linguistique en santé chez des patientes et patients francophones au Nouveau-BrunswickShayna-Eve Hébert (Université de Moncton), Isabelle Violette (Université de Moncton)
L’objectif de cette communication est de présenter les résultats d’une recherche sur les expériences de discordance linguistique vécues par des francophones dans les soins de santé au Nouveau-Brunswick (N.-B.). La discordance linguistique est comprise comme étant l’écart entre la langue du patient ou de la patiente et celle du prestataire de santé. Dans cette province officiellement bilingue, l’accès aux services de santé dans la langue officielle de son choix est un droit. Toutefois, en raison du contexte anglodominant, les services de santé en français n’y sont pas toujours offerts (Forgues et Landry, 2014). En Ontario, où le français est aussi une langue minoritaire, des études quantitatives, qui s’appuient sur l’analyse de données administratives, ont montré que la discordance pouvait avoir des effets néfastes sur la santé des patient.e.s (Batista et al., 2021 ; Jutras et al., 2020 ; Seale et al., 2022 ; Sears et al., 2013). Ce phénomène de discordance n’a cependant jamais été exploré au N.-B. Notre étude a examiné la discordance à partir d’une approche qualitative, soit par entretiens semi-directifs, menés auprès de 12 francophones. Dans cette communication, nous identifierons les types de discordance rapportés, pour ensuite en expliquer les conséquences sur la satisfaction des patient.e.s à l’égard des services de santé reçus. Enfin, nous présenterons les pistes de solutions proposées par les personnes interviewées pour augmenter l’usage du français en santé.
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Communication orale
Étude exploratoire de la discordance linguistique en santé chez des patientes et patients hispanophones au Nouveau-BrunswickAnne Beinchet (Université de Moncton), Atilio Erazo (Université de Moncton)
Nous présentons les résultats d’une étude qualitative dont l’objectif est de décrire les conséquences de la discordance linguistique sur les expériences des Hispanophones dans le système de santé au Nouveau-Brunswick. Dans ce contexte, la discordance linguistique est comprise comme étant l’écart entre la langue du patient ou de la patiente et celle du prestataire de santé. Au Nouveau-Brunswick, province officiellement bilingue, la recherche se concentre sur les services en anglais et en français (Forgues et Landry, 2014), les langues non-officielles reçoivent moins d’attention. Grâce à des entrevues semi-dirigés, nous retraçons les expériences vécues de 15 patients et patientes hispanophones dans le système de santé provincial. L’analyse des entretiens montrent qu’il est difficile pour les patients et patientes d’exprimer dans leur langue maternelle leurs besoins médicaux dans les hôpitaux et les cliniques. Ces barrières linguistiques augmentent leur inconfort et leur douleur, entraînant des effets négatifs sur la santé des patients. Cette réalité teinte les perceptions que les usagers se font des soins qu’ils trouvent parfois inadéquats. Ceci confirme les conclusions de Seale et al. (2022) sur la façon dont la discordance linguistique compromet la sécurité et la qualité des services. L’étude permet de réfléchir à des pistes de solution pour améliorer les services et garantir des soins inclusifs et culturellement équitables pour les personnes allophones.
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Communication orale
Les soins de santé en concordance avec la langue du patient : redéfinir la façon dont nous mesurons l'accès aux services de santé pour les minorités linguistiquesChristopher Belanger (Université d'Ottawa), Lise Bjerre (Université d'Ottawa), Arlynne Bélizaire (Santé Ontario), Antoine Desilets (Société Santé en français), Jonathan Fitzsimon (Université d'Ottawa), Alain Gauthier (Université Laurentienne), Leanda Godfrey (Institut du Savoir Montfort), Cayden Peixoto (Université d’Ottawa), Patrick Timony (Université Laurentienne de Sudbury)
Des études ont quantifié l'offre et la demande de médecins francophones en utilisant des ratios de médecins francophones à la population francophone comme indicateurs d'accès et en les comparant aux ratios de médecins de toutes langues à la population totale. Cependant, cette approche ne tient pas compte du fait que les médecins francophones desservent également des patients non-francophones et que les francophones sont en compétition avec la population entière pour accéder aux médecins francophones. Par conséquent, ces ratios suggèrent à tort que les francophones ont un meilleur accès à des soins concordants sur le plan linguistique que les non-francophones. Nous proposons une nouvelle approche pour résoudre ce problème. Avec des données publiques, nous avons calculé des ratios ajustés pour la compétition, qui ont révélé qu’il y a, en Ontario, 0.09 médecins francophones par 1000 habitants, comparé à un ratio général de 0.67 médecins par 1000 habitants. Puisque tous les médecins ontariens doivent pouvoir pratiquer en anglais, il y a une probabilité de 100% de recevoir des soins en anglais, comparé à une probabilité de 11.4% qu’un francophone reçoive des soins en français. Cette nouvelle approche, applicable à d’autres juridictions, confirme que les francophones sont beaucoup moins susceptibles d'avoir accès à des soins concordants sur le plan linguistique que les non-francophones, ce qui a des implications pour la planification équitable de ressources humaines en santé.
Pause : présentations par affiches
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Communication par affiche
Les conditions socioéconomiques et de santé des personnes immigrantes francophones en Colombie-Britannique (C.-B) et les barrières pour naviguer le système de santéLily Crist (RésoSanté C.-B.), Nour Enayeh (RésoSanté C.-B.), Aline Faria (SFU - Simon Fraser University), Cynthia Jardine (University of the Fraser Valley), Anne-Marie Nicol (Simon Fraser University), Anh Pham (Simon Fraser University), Nicolas Roux (RésoSanté C.-B.)
Les immigrant⸱e⸱s vivant dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire sont susceptibles de subir à la fois les effets des déterminants sociaux de la santé en raison de leur appartenance à une minorité linguistique et des défis de l'immigration. Les enjeux d’accès aux soins de santé des immigrant⸱e⸱s francophones en C.-B. sont encore peu documentés, malgré leur importance démographique au sein de la communauté francophone dans la province.
Notre proposition porte sur l’étude que nous menons sur la santé des personnes immigrantes francophones vivant en C.-B. et les enjeux qu’elles trouvent pour accéder aux services de santé en français. Menée en partenariat entre Simon Fraser University et RésoSanté C.-B., cette recherche vise à mettre à jour l'étude communautaire menée par RésoSanté en 2018 ainsi qu'à comprendre les impacts de la pandémie de la covid-19 sur la minorité francophone immigrante en C.-B. La recherche présente deux étapes : un sondage auprès de la population francophone immigrante en C.-B. et des entrevues semi-dirigées.
Le sondage, réalisé entre le 1er décembre 2024 et le 6 février 2025, a recueilli 112 réponses. La plupart des répondant⸱e⸱s sont des femmes (75%), proviennent de l’Europe (73%), et sont dans la tranche d’âge de 35-49 ans (49%). Notre but est de réaliser 25 entrevues qui seront analysées par codage thématique. Notre analyse du sondage et des entrevues tiendra compte d’une perspective comparative entre les sexes plus (ACS+).
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Communication par affiche
Création d'un catalogue de données pour faire progresser l'étude de la langue et de la santé dans les populations québécoisesRicardo Batista (Institut de recherche en santé Bruyère), Clara Bolster-Foucault (Université McGill), Ella Boone (Université McGill), Sharon Johnston (Institut du Savoir Montfort), Sathya Karunananthan (Université d’Ottawa), Mathieu Labossière (UdeS - Université de Sherbrooke), Alixe Ménard (Université d’Ottawa), Peter Tanuseputro (Université de Toronto), Jan Warnke (Centre d'expertise sur l'adaptation pour les communautés anglophones dans les services sociaux et de santé (CE-ACESS))
Contexte et objectifs : Les communautés anglophones du Québec font face à des barrières linguistiques en santé, exacerbant les disparités. Alors que d'autres déterminants sociaux sont étudiés, la langue demeure sous-explorée. Cette a pour but de développer un catalogue de données recensant les variables linguistiques dans les ensembles de données nationales, provinciales et locales pour combler cette lacune. Approche : Nous cataloguons des ensembles de données comme l’ESCC, MED-ECHO, TorSaDE et l’ICLSC, capturant la langue, l'utilisation des soins, les résultats de santé et les variables socio-économiques. L’extraction des données est réalisée par un membre de l’équipe, vérifiée ponctuellement par un second, et révisée en réunions régulières par l’ensemble de l’équipe. Un dictionnaire de données sera validé par des utilisateurs et informateurs clés. Résultats et conclusion : Nous avons identifié de multiples sources de variables linguistiques. Par exemple, MED-ECHO suit les admissions hospitalières avec des variables démographiques spécifiques à la langue. Le couplage d’ensembles de données comme TorSaDE permet d’évaluer les associations entre la discordance linguistique et les résultats de santé (mortalité, morbidité, QALY). Cette infrastructure soutiendra la recherche et éclairera les politiques dans le but d’améliorer les soins pour les minorités linguistiques au Québec.
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Communication par affiche
Différence entre les résultats de l’évaluation du Montreal Cognitive Assessment (MoCA) passée en anglais et en français chez les francophones bilinguesGeneviève Lemay (Institut du savoir Montfort), Annie Robitaille (Université d'Ottawa), Katrine Sauvé-Schenk (Université d'Ottawa), Jacinthe Savard (Université d’Ottawa), Vanessa Taler (Université d'Ottawa)
Notre étude veut vérifier s’il y a une différence entre les résultats de l’évaluation du Montreal Cognitive Assessment (MoCA) passée en anglais et en français chez les francophones bilingues et identifier les facteurs qui influencent ce résultat. Des personnes bilingues ayant le français comme langue maternelle, âgées de ≥55 ans, ont rempli un questionnaire sociodémographique, un questionnaire de changement cognitif perçu et un profil langagier. Elles ont participé à deux rencontres au cours desquelles le test MoCA et des évaluations objectives de compétences linguistiques ont été administrés, en français et en anglais selon un ordre aléatoire. Une analyse descriptive des différences entre les résultats au MoCA dans chaque langue et des items plus sensibles à la langue a été réalisée. Des analyses corrélationnelles pour déterminer l’influence de différentes variables sur la différence de scores sont prévues lorsqu’une centaine de participants auront été recrutés. Les 58 premiers participants ont obtenu, en moyenne, 1.5 point (étendue: -5 à + 11) de plus lors de la passation du MoCA en français. En utilisant le seuil de 26/30 habituellement considéré pour dépister la présence d’atteinte cognitive légère, 24 % des participants ont obtenu un score sous le seuil seulement lors de l’administration du MoCA en anglais. Ce résultat indique qu’une évaluation passée dans la langue qui n’est pas la mieux maitrisée pourrait mener à une mauvaise impression diagnostique.
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Communication par affiche
La santé de la population ainée francophone et anglophone de l’Ontario: portrait régional tiré de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennesRicardo Batista (Université d'Ottawa), Louise Bouchard (Université d’Ottawa), Patrick Duong (Université d’Ottawa), Matthieu Lizotte (Université d’Ottawa), Katrine Sauvé-Schenk (Université d’Ottawa)
L’étude dresse un portrait de santé de la population francophone et anglophone âgée de 65 ans et plus de l’Ontario en utilisant l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC). Le profil sociodémographique, les habitudes de vie, les problèmes de santé ainsi que certains indicateurs d’utilisation des services seront présentés. L’analyse est fondée sur un échantillon de 29 066 personnes âgées de 65 ans et plus (27 289 anglophones et 1 177 francophones) tirés des cycles combinés de l’ESCC, 2015 à 2020. Nous avons utilisé deux méthodes d’estimation pour comparer les deux populations: les intervalles de confiance de la proportion à 95%, et le ratio de la proportion (francophones / anglophones). Les résultats sont présentés pour l’ensemble de l’Ontario et par régions: le Sud-Ouest, le Nord et l’Est. Les ainés francophones sont moins riches et moins éduqués que les anglophones. Une plus grande proportion vit seul, en milieu rural. Les francophones sont aussi plus affectés par le surpoids et les maladies chroniques. Une plus grande proportion d’ainés francophones n’aurait pas de fournisseur de soins réguliers, utiliserait moins les services de santé dont les soins à domicile, les services dentaires et la vaccination annuelle contre la grippe. Ces résultats confirment le besoin des politiques de santé publiques pour améliorer l’état de santé et l’offre de soins de santé à la population francophone âgée de l’Ontario.
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Communication par affiche
Les données linguistiques pour la recherche et la planification en santé : possibilités et limites pour l’étude des francophones en situation minoritaireLouise Bouchard (Université d'Ottawa), Matthieu Lizotte (Université d’Ottawa)
L’objectif de cette présentation est de rendre compte de la disponibilité et de la qualité des données linguistiques dans les bases nationales d’information sanitaire et des problèmes méthodologiques qu’elles soulèvent pour l’étude de petites populations comme les francophones en contexte linguistique minoritaire dispersées sur le territoire canadien. Pour ce faire, nous examinerons différentes études qui ont traité soit directement les problèmes méthodologiques, soit eu recours aux bases de données pour leurs analyses secondaires et qui ont, de ce fait, relevé leurs potentialités et leurs limites. Dans un premier temps, nous discuterons de l’émergence du courant des données probantes, des outils mis en place pour fournir les meilleurs indicateurs et leurs limites pour l’évaluation des besoins de santé et la planification de la santé des CFSM. Ensuite, nous examinerons la question de la définition et du dénombrement des francophones, et les possibilités d’analyse et la robustesse des résultats obtenus. Enfin, nous conclurons sur le chemin parcouru en 20 ans de recherche en santé des CFSM et sur la capacité somme toute relative des systèmes officiels d’information à documenter ces communautés.
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Communication par affiche
Mieux repérer et comprendre l’isolement social des francophones minoritaires en santéMichelle Dewar (Université d’Ottawa), Sharon Johnston (Institut du Savoir Montfort), Sathya Karunananthan (Université d’Ottawa), Umerdad Khudadad (Université d’Ottawa), Sophie Turcotte (Institut du Savoir Montfort)
L’isolement social est un facteur de risque majeur pour la santé mentale et physique, augmentant notamment les risques de dépression, de maladies cardiovasculaires et de mortalité prématurée. Ce problème est particulièrement préoccupant pour les populations francophones en contexte minoritaire, qui font face à des obstacles linguistiques et culturels dans l’accès aux services de santé. Pourtant, aucun outil de dépistage validé en français ne permet actuellement d’identifier efficacement ces populations à risque ni de mesurer l’impact d’interventions qui visent à réduire l’isolement. Cette présentation abordera les défis liés à la mesure de l’isolement social chez les francophones minoritaires et l’importance d’un outil de dépistage adapté. Nous discuterons des limites des questionnaires existants et des enjeux spécifiques aux populations linguistiques minoritaires, notamment en matière d’accès aux soins. Nous présenterons également les étapes clés de la validation d’un outil, les principes méthodologiques appliqués dans notre projet et les implications pour la recherche et la pratique clinique. Enfin, nous explorerons comment un tel outil pourrait favoriser une meilleure détection de l’isolement social et guider les interventions en santé publique et en soins primaires.
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Communication par affiche
Améliorer la qualité de vie des personnes âgées francophones vivant avec une maladie neurodégénérative par l'étude de la mise à l'échelle d'outils de transitions de soinsPatrick Archambault (Université Laval)
Cette proposition de recherche aborde le défi des transitions de soins difficiles pour les personnes âgées atteintes de maladies neurodégénératives (MND) au Canada, en particulier au sein des communautés francophones en situation minoritaire. Le projet vise à améliorer la qualité de vie en mettant à l'échelle des outils de connaissances qui soutiennent des transitions de soins optimales tout au long de la vie de l'individu.
L'équipe de recherche AQILA utilisera une approche de laboratoire vivant multi-méthodes, en tirant parti des équipes et des outils de recherche existants. Notre équipe se mobilisera pour accélérer la science et la pratique de la mise à l’échelle d’outils supportant des transitions de soins optimales pour les personnes vivant avec une MND tout au long de leur trajectoire de vie. En plus de l’amélioration de la qualité de vie des aînés vivant avec une MND et leur proches, l’étude générera de nouvelles connaissances pour aider le système de santé canadien à créer un système de santé apprenant plus performant et équitable pour les francophones au Canada, en plaçant les besoins des personnes âgées vivant avec une MND au cœur des améliorations.
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Communication par affiche
La multimorbidité chez les francophones et les anglophones de l’OntarioRicardo Batista (Université d'Ottawa), Louise Bouchard (Université d’Ottawa), Patrick Duong (Université d’Ottawa), Matthieu Lizotte (Université d’Ottawa), Katrine Sauvé-Schenk (Université d’Ottawa)
Nous n’en savons peu de l’impact de la multimorbidité chez les francophones de l’Ontario, plus susceptibles de rencontrer des difficultés de communication et d’accès aux services de santé dans leur langue. Cette étude examine la prévalence de la multimorbidité chez les francophones et les anglophones de l’Ontario. Les données sont extraites de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes pour la population âgée de 12 ans et plus. Nous avons examiné la prévalence de la multimorbidité (soit 2 maladies ou plus, soit 5 maladies ou plus) et les combinaisons de maladies chroniques les plus fréquentes. Nous avons effectué des analyses comparatives entre les deux groupes linguistiques et avons utilisé la régression logistique pour examiner les déterminants de la multimorbidité. Les francophones avaient des prévalences de multimorbidité significativement plus élevées que les anglophones : 32,1 % contre 28,3 % (2 ou plus), et 3,9 % contre 3,0 % (5 ou plus). Bien que le fait d'être francophone ne soit pas un déterminant statistiquement significatif de la multimorbidité, les prévalences plus élevées s’expliqueraient par le fait de vivre en milieu rural, d'être au chômage, d'être en surpoids/obèse, et d'avoir des niveaux d'éducation et de revenu plus faibles. Les résultats contribueront à appuyer les politiques de santé pour la gestion des maladies chroniques et pour l'amélioration de l'accès aux services de santé en prenant en considération le facteur linguistique.
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Communication par affiche
Pour une intégration des ressources virtuelles francophones de santé mentale aux soins primaires en Ontario – La plateforme virtuelle ĒquiliaMichelle Dorion (Institut du savoir Montfort), Dominique Gosseling (Institut du savoir Montfort), Jean Grenier (Institut du savoir Montfort), Marie-Andrée Imbeault (Institut du savoir Montfort), Sharon Johnston (Institut du savoir Montfort), Maud Mediell (Institut du savoir Montfort), Tezeta Mitiku (Université d’Ottawa), Sophie Turcotte (Université d’Ottawa)
Au Canada, 5 millions de personnes sont atteintes de troubles de l’humeur ou d'abus de substance et seulement 43,8% de ceux désirant utiliser une ressource de psychothérapie y ont accès. De longues listes d’attente et un manque d’abordabilité contribuent à la pénurie de ressources communautaires. En Ontario, pour la minorité francophone, cette problématique est aggravée par une discordance culturelle et linguistique des soins et des services offerts. Dans les dernières années, le virage virtuel du soin a favorisé le développement de nouvelles technologies pour pallier la pénurie de ressources communautaire en santé mentale. L’hôpital Montfort a mis sur pied la plateforme virtuelle ēquilia, qui constitue le premier palier d’un programme de soins par étapes gratuit et en français destinés aux patients atteints d’anxiété et de dépression. L’un de nos projets de recherche subventionnés vise à conduire des entrevues avec des médecins de famille ontariens pour les engager dans l’amélioration de cette ressource. Leur perception permettra aussi d’identifier les éléments favorisant son intégration durable et à grande échelle aux organisations de soins primaires. Nous explorerons les défis reliés à la mise sur pied de cet outil dans un environnement minoritaire linguistique et en contexte de crise des soins primaires en Ontario. Les leçons apprises pourraient informer le développement futur de technologies virtuelles de soins pour les patients francophones en situation minoritaire.
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Communication par affiche
La concordance linguistique patient-clinicien et la santé mentale dans les populations linguistiques minoritaires des communautés urbaines et rurales canadiennesTezeta Mitiku (Université d’Ottawa), Michael Reaume (Institut du savoir Montfort)
Cette étude évaluera le lien entre la concordance linguistique entre le patient et le médecin et les résultats en matière de santé mentale au sein des populations minoritaires linguistiques au Canada. Elle portera une attention particulière aux différences entre les milieux urbains et ruraux, ainsi qu'aux effets modérateurs potentiels de facteurs communautaires, tels que la marchabilité (potentiel piétonnier) du quartier et le sentiment d'appartenance à la communauté. Les données seront tirées de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes et de bases de données administratives couplées, permettant d'examiner l'influence de la concordance linguistique sur l'accès aux soins de santé, l'adhésion aux traitements et les résultats en santé mentale.
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Communication par affiche
Les foyers de longue durée en français en Ontario : une analyse de l’offre et de la demandeLouise Bouchard (Université d'Ottawa), Christopher Bélanger (Université d'Ottawa), Norman Glaude (Réseau des services de santé en français de l'Est de l'Ontario), Patrick Timony (Université Laurentienne de Sudbury)
Le vieillissement de la population est un enjeu national dont les effets sont particulièrement marqués dans la population francophone. En Ontario, la proportion d’aînés francophones (âgés de 65 ans et plus) est plus élevée (25.3%) que la proportion d’aînés dans la population totale (18.1%). Ce vieillissement accrue est un défi pour les fournisseur soins de longue durée (SLD), surtout dans un contexte de pénurie de main d’œuvre. Il est donc important de connaitre l’états actuel de la demande et de l'offre de services en français (SEF) dans les SLD afin de pouvoir répondre à la demande grandissante pour ces services. À l'aide de données publiques et administratives fournies par le ministère de la Santé de l'Ontario, nous avons examiné 1) la demande régionale de SEF (mesurés en termes de populations d'aînés âgés de 65 ans et plus et d'aînés francophones) et 2) l'offre de SEF (mesurée par le nombre et le type de foyers de SLD dans chaque région, ainsi que par les compétences linguistiques de leur personnel). Les résultats suggèrent que le niveau de SEF dans les foyers de SLD varie grandement à travers la province. Il existe des poches régionales d'accès aux foyers offrant des SEF ainsi que des régions où les besoins des aînés francophones ne peuvent être satisfaits. Une amélioration des outils de collecte de données provinciales sont nécessaires afin d'éclairer les investissements futurs et l'élaboration de politiques en matière des SEF dans les foyers de SLD de l'Ontario.
Communications orales : deuxième partie
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Communication orale
Le groupe minoritaire linguistique oublié au Canada : Les expériences des infirmières francophones avec l’examen d’entrée à la profession, le NCLEX-RNMichelle Lalonde (Université d’Ottawa)
Le Canada a deux langues officielles : l'anglais et le français. Environ un des 8 millions de francophones vivant au Canada à l’extérieure du Québec (Qc) sont désignés comme des francophones vivant dans des communautés francophones en situation minoritaire (CFSM). En 2015, l'examen bilingue canadien d'entrée à la profession a été remplacé (à l'exception du Qc) par un examen américain, le NCLEX-RN ; le NCLEX-RN a été traduit et mis à disposition en français. Les taux de réussite initiaux ont été plus faibles qu'auparavant pour l'ensemble des candidates à la profession du Canada (69 %). Bien que le taux de réussite des candidats à la profession anglophones se soit amélioré depuis 2015, les francophones continuent d'avoir des taux de réussite inférieurs à 50 %. Par ailleurs, le nombre de francophones choisissant de passer l'examen en français est en constante diminution. Cette présentation discutera des résultats d’un programme de recherche qui s’étale sur 10 ans et qui explore les expériences des francophones des CFSM au Canada avec l'examen d’entrée à la pratique, le NCLEX-RN. Les résultats mettent en lumière les expériences et les défis auxquels sont confrontées les francophones, ainsi que les facteurs qui influencent leur décision quant au choix de la langue de rédaction de l'examen et de travailler dans un milieu francophone. Les résultats de ce programme de recherche sont très préoccupants pour la qualité et la pérennité de la relève infirmière francophone des CFSM.
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Communication orale
Perspectives sur l’expérience de soins à domicile des personnes aînées francophones en OntarioJosée Benoît (Université d’Ottawa), Louise Bouchard (Université d'Ottawa), Katrine Sauvé-Schenk (Université d'Ottawa), Jacinthe Savard (Université d’Ottawa), Solange van Kemenade (Université d'Ottawa)
Des études montrent que “vieillir chez soi” constitue le choix préféré de nombreuses personnes aînées (Dupuis-Blanchard, Neufeld et Strang, 2009). Cependant, les francophones en situation minoritaire n’ont pas toujours accès à des soins à domicile (SAD) en français. Ce projet visait à documenter la disponibilité des SAD en français en Ontario, leur accès et l’impact de barrières linguistiques sur la santé et sur la qualité et la sécurité des soins. Des entrevues semi-structurées (45) ont été menées auprès de gestionnaires, intervenant·es, personnes bénéficiaires ou proches aidantes et personnes-ressources des Entités de planification de services de santé en français. Une analyse thématique révèle que les fournisseurs désignés ou ayant le mandat de servir la population francophone sont mieux outillés pour assurer les SAD en français comparativement aux agences qui ne le sont pas. Ces dernières favorisent le bilinguisme, ce qui reste souvent un vœu en contexte de pénurie de personnel. L’absence de SAD en français augmente le fardeau des personnes proches aidantes lorsque la personne aînée n’arrive pas à communiquer en anglais. Les systèmes d’interprétation et de navigation et des mesures incitatives au perfectionnement linguistique sont des exemples de stratégies mises en place par certaines agences pour répondre aux besoins des francophones. La recherche permet d’émettre des recommandations pour améliorer la prestation de SAD en français.
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Communication orale
La prise en charge de la douleur chronique chez les minorités linguistiques : Perspectives des professionnels en soins primairesMaya Gibb (Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa), Sathya Karunananthan (Université d'Ottawa), Krystal MacLeod (Institut de recherche Bruyère), Tracey O'Sullivan (Université d'Ottawa), Lina Shoppoff (Université d'Ottawa), Taraneh Tabatabaei (Université d'Ottawa), Camilia Thieba (University of ottawa)
La douleur chronique touche près de 8 millions de Canadiens et affecte de manière disproportionnée les personnes âgées, les populations à faible revenu, celles ayant des troubles de santé mentale ou des troubles liés à l’usage de substances, ainsi que les communautés racisées et marginalisées. Les barrières linguistiques amplifient le risque de mauvaise prise en charge, mais leur impact sur la gestion de la douleur chronique reste peu étudié. Cette étude explore les perspectives des professionnels des soins primaires. Des entretiens semi-structurés virtuels ont été menés avec 12 professionnels de la santé d’une clinique de soins primaires à Ottawa, incluant médecins, infirmiers et professionnels alliés. Les participants ont partagé leurs expériences et évalué l’efficacité d’interventions ou d’outils comme les interprètes et les questionnaires traduits. Une analyse thématique réflexive a été réalisée. Les défis relevés incluent les craintes liées aux erreurs de communication, la complexité culturelle et les difficultés d’accès aux traitements non pharmacologiques, notamment la physiothérapie pour les patients à faible revenu. Bien que les interprètes soient utiles, leur utilisation reste limitée par le manque de financement. Des ressources multilingues et des stratégies de gestion de la douleur adaptées aux réalités culturelles sont essentielles. Un financement durable est nécessaire pour améliorer l’accès et l’équité des soins pour les minorités linguistiques.
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Communication orale
Barrières linguistiques d'utilisation des services d'aide psychologique : le cas des immigrants musulmans au QuébecAmel Massaoud (UQAM - Université du Québec à Montréal), Brian L. Mishara (Université du Québec à Montréal)
Introduction : L’accès et l’utilisation des services de santé mentale constituent un défi pour les immigrants, en particulier lorsqu’ils sont fournis dans une autre langue que leur langue maternelle. Au Canada, ces services, bien que disponibles, sont peu utilisés par les immigrants. Objectif : Investiguer la connaissance et l’utilisation des services d’aide psychologique dont les lignes de prévention de suicide par les immigrants musulmans au Québec. Méthodologie : 21 entretiens semi-structurés, en arabe, français ou anglais, ont été réalisés auprès des immigrants musulmans au Québec. Ces entretiens ont exploré leurs connaissances des services d'aide psychologique, incluant les lignes de prévention du suicide, ainsi que leur expérience et les obstacles rencontrés. Résultats : Les barrières linguistiques, la stigmatisation de la santé mentale et la méconnaissance des services constituent les obstacles majeurs d’utilisation de ces services. Certains participants pensent qu’ils ne vont pas comprendre l’intervenant ou qu’ils ne seront pas compris. D’autres espèrent avoir des services multilingues et des interventions adaptées à leur culture. Conclusion : Notre étude souligne l’importance de sensibiliser les immigrants musulmans aux services disponibles, de réduire les barrières linguistiques et de mieux former les intervenants aux spécificités culturelles pour améliorer l’accès aux services de santé mentale et de prévention du suicide.