Du mardi 28 au mercredi 29 mai 2019
La littératie représente un vecteur important de la conception et de l’évaluation des politiques et des programmes de développement humain et social dans le contexte de toute société inclusive. Le présent colloque offre l’occasion d’échanger sur l’avancement de résultats de recherche et de réfléchir sur les prospectives d’actions concertées entre chercheurs et partenaires, qu’ils soient des milieux associatifs, communautaires ou des services gouvernementaux ou publics, qui appuient les efforts en littératie pour une éducation et une société inclusives. Les membres de la Chaire interdisciplinaire en littératie (CIRLI), de l’Équipe de recherche en littératie et inclusion (ÉRLI) et de l’Institut universitaire en DI et TSA vous invitent à présenter les résultats de recherches récentes ou en cours sur la littératie en contexte d’inclusion pour soutenir les milieux scolaires, de santé et de services sociaux, municipaux ainsi que les environnements informationnels, numériques ou financiers. La littératie désigne « la capacité d’une personne, d’un milieu et d’une communauté à comprendre et à communiquer de l’information par le langage sur différents supports pour participer activement à la société dans différents contextes » (Lacelle, Lafontaine, Moreau et Laroui, 2016). Ce thème vise à susciter les échanges et à développer des alliances. Force est de constater que les problèmes précis en littératie et en inclusion sont encore d’actualité; pensons entre autres aux différentes situations d’exclusion en raison de faibles compétences en littératie, et aux situations de handicap. Les concepts de littératie et d’inclusion font l’objet d’un intérêt à différents secteurs et s’appuient sur le principe d’accessibilité universelle. Ce principe ouvre la voie aux approches de l’accessibilité universelle à l’apprentissage et de la conception universelle de l’information (Rose et Meyer, 2002; Tremblay, 2013).
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La littératie est un enjeu de société qui se présente comme une condition fondamentale d’accès au savoir (Conseil canadien sur l’apprentissage, 2011; Réseau canadien de recherche sur le langage et l’alphabétisation, 2009; UNESCO, 2008). Les recherches en littératie touchent directement la question d’inclusion sociale qui retient l’attention d’instances sociopolitiques et éducatives. L’analyse de l’évolution de ce terme a mené à réaliser des recherches pour mieux le définir au regard des aspects théoriques, mais aussi des aspects pragmatiques. L’objectif de la présentation vise à décrire l’évolution de ce terme en francophonie et de présenter les résultats d’une recherche menant à le définir selon une perspective inspirée du socioconstructivisme. La méthodologie utilisée est le croisement entre les synthèses de recherches en francophonie et une démarche de coconstruction de sens de la littératie par des experts du milieu la recherche et de la pratique. Les résultats présentent les différents paramètres qui définissent la littératie.
Des connaissances en orthographe lexicale sont inhérentes au développement de la littératie en contexte scolaire. En effet, pour communiquer efficacement à l’écrit, l’acquisition de ces connaissances est nécessaire dès le primaire. Afin de favoriser l’acquisition de l’orthographe lexicale chez les élèves en difficulté, un enseignement qui répond à leurs besoins est souhaitable (Graham et Harris, 2011), c’est-à-dire la différenciation pédagogique. Afin de décrire les pratiques différenciées en orthographe lexicale, une entrevue semi-dirigée, deux observations et deux entretiens d’autoconfrontation ont eu lieu dans sept classes du deuxième cycle. Plusieurs adaptations générales à l’intention de la classe hétérogène et spécifiques à l’intention d’un élève en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage ont été collectées et observées. Ces adaptations sont associées aux quatre catégories de pratiques différenciées proposées par Tomlinson (1999, 2004) : contenus, processus, productions et structures.
Écrire de court texte constitue la compétence la plus complexe à développer chez le jeune scripteur; la maitrise à orthographier correctement représente l’un des principaux défis. Compte tenu de la forte inconsistance des correspondances phonèmes-graphèmes du français, les élèves développent une connaissance implicite des régularités graphotactiques de leur système d'écriture pour orthographier les mots inconnus. Toutefois, les faibles orthographieurs peinent à réaliser cet apprentissage. Le but de la conférence est de rendre compte d’une recherche portant sur l’impact de de l’entraînement à l’usage de connaissances orthographiques (graphotactiques et morphologiques) sur l’apprentissage de l’orthographe auprès de bons et faibles orthographieurs. Douze classes de 3eannée du primaire ont participé à l'étude: dix groupes-intervention et deux Groupes-Contrôle. Seul les GI ont bénéficié de 8 séances d’entraînement orthographique (4 séances graphotactiques et 4 séances morphologiques). L’ordre des séances a été contrebalancé. Afin de vérifier l’impact de l’entraînement, un prétest et deux post-tests ont été réalisés à huit semaines d’intervalle. Les régressions binomiales à effets mixtes ont révélé un effet bénéfique et durable de l’entraînement, et ce, tant pour les faibles que les bons orthographieurs. Un entraînement des régularités orthographiques semble être une méthode efficace répondant aux besoins des élèves avec ou sans difficulté d’apprentissage de l’orthographe.
Le français possède un système d'écriture réputé complexe du fait de son caractère imprévisible et ambigu, particulièrement pour l'orthographe. Pourtant, ce n'est que depuis peu que la recherche se penche sur l'enseignement et sur l'apprentissage de l'orthographe. Cette conférence présente une recherche doctorale en cours qui a pour objectif d’évaluer l’effet des différents facteurs psycholinguistiques dans l’acquisition des correspondances phonèmes-graphèmes complexes et contextuels, plus particulièrement dans l'acquisition du phonème /ɛ̃/. À partir de la base de données EQOL, des corrélations sont faites entre le pourcentage de réussite de la graphie du phonème /ɛ̃/ et certaines variables psycholinguistiques.
Après-midi
La littératie est essentielle à la réussite scolaire et sociale de tous les apprenants, dont les élèves dysorthographiques âgés de 9-12 ans. En contexte scolaire, l’inclusion de ces élèves amène une complexité qui requière des interventions intensives en écriture, avec différents supports en orthographe lexicale. Comme ce type d’intervention est difficile à implanter, les intervenants, dont les orthopédagogues, ont besoin de formation-accompagnement. Or, peu d’orthopédagogues en ont vécu l’expérience et, encore moins, celle de la formation-accompagnement à l’implantation d’un programme d’intervention intensif intégrant des aides technologiques récemment développés pour supporter l’orthographe lexicale. L’objectif de cette communication est d’analyser ce que des orthopédagogues disent de leur expérience de formation-accompagnement à l’implantation de ce programme auprès d’élèves dysorthographiques âgés de 9-12 ans. À cette fin, au terme du projet, des entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès de 5 orthopédagogues qui ont vécu cette expérience. Cette expérience comportait une formation à l’implantation de ce programme suivie de rencontres d’accompagnement individuel et collectif, alors que ces intervenants l’implantaient à leur école. L’analyse des entretiens a précisé les apprentissages réalisés au fil de cette expérience, ainsi que les défis anticipés pour la suite. Des propositions pour optimiser la formation-accompagnement des intervenants sont discutées.
Nous constatons que la pérennité des compétences en littératie n’est pas garantie par les niveaux de scolarité des individus. Ces compétences s’atrophient dans le temps, et cela s’accélère, si elles sont peu ou pas utilisées. Au Canada, 67 % des adultes admis dans des programmes techniques ont des compétences faibles à très faibles en littératie. Ceci représente un défi quasi insurmontable pour un adulte désirant réussir un programme technique. Cette communication démontre la nécessité d’offrir une mise à niveau en littératie aux étudiants en déficit dans ce domaine, afin d’améliorer la capacité d’acquérir les compétences spécifiques d’un programme technique. Après avoir présenté ses impacts positifs sur la réussite, nous expliquerons ensuite notre modèle de mise à niveau des compétences en littératie.
La problématique de cette recherche émerge du contexte qui entoure l’apprentissage d’une langue seconde par des apprenants qui ont vécu une ou des situations traumatogènes au cours de leur carrière militaire. Cette présentation a pour but de décrire des stratégies d'apprentissage du français langue seconde que ces apprenants pensent utiliser le plus souvent et qui semblent les plus susceptibles d'être efficaces, selon eux, au regard de leurs caractéristiques spécifiques, de ce qui interfère, selon eux, avec leur apprentissage et de leur perception de leur sentiment d’efficacité personnelle. Elle fait un pont aussi avec les stratégies d’enseignement qui pourraient convenir le mieux à cette clientèle et à d’autres apprenants qui ont des besoins d’apprentissage similaires.
Soir
Avant-midi
Le développement des compétences en littératie chez les personnes ayant une déficience intellectuelle (DI) représente un défi pour le personnel scolaire. En 2016, une école spécialisée auprès des élèves ayant une DI a amorcé un partenariat avec des chercheurs afin d’examiner comment favoriser le développement des compétences en littératie de leurs élèves. Ce partenariat a pris la forme d’une recherche action avec comme principal levier, la mise en place d’une communauté de pratique (Wenger, 1998). Cette communication vise à présenter les résultats d’une première année d’implantation en présentant la démarche ayant permis d’amorcer un changement de pratique chez les enseignants et les techniciens en éducation spécialisée (comité de pilotage, plan de développement professionnel, accompagnement offert). Il en ressort que ce changement de pratique nécessite un soutien continu de l’équipe de recherche, de la direction d’établissement, de la conseillère pédagogique et de la bibliothécaire professionnelle.
Au cours des prochaines années, plusieurs commissions et directions scolaires devront effectuer d'importants travaux visant le maintien, l'agrandissement et la construction de nouvelles infrastructures scolaires. Celles-ci ne possèdent toutefois que très peu de connaissances sur les meilleures pratiques en matière d'aménagement des bibliothèques et des salles de classe inclusives pour les élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage. Notre projet vise à répondre au besoin des écoles spécialisées de l'Envol et Joseph-Paquin d'accéder à un guide d'aide soutenant la mise en place de milieux d'apprentissage flexibles, confortables, inspirants et favorisant les interactions sociales et l'autodétermination. La présentation montrera les avancements du guide d’aménagement pour bibliothèques inclusives, ainsi que l’avancement de la recension exhaustive des écrits répertoriant les meilleures pratiques pour les salles de cours inclusives. Notre recherche offrira un outil facilitant la prise en compte des enjeux d’accessibilité universelle au sein des futures écoles en milieu ordinaire ou spécialisé.
Trop souvent, l'expérience des personnes présentant une DI ou un TSA est rapportée et évaluée en passant par
les familles ou les proches. Peu d'usagers sont questionnés eux-mêmes sur leur expérience. Les outils utilisés ne
sont pas toujours adaptés à ces personnes. Des travaux récents dans le domaine de la littératie et de l'inclusion
sociale, nous permettent de croire qu'il est possible de concevoir des processus d'évaluation inclusifs à et
accessibles où la participation des personnes présentant une DI ou un TSA peut être sollicitée, encouragée et
mise à profit en reconnaissant ainsi leurs capacités au-delà des incapacités qu'elles présentent, dont leur faible
niveau de littératie. La communication permettra de présenter la démarche de recherche-développement
collaborative, réalisée avec les parties prenantes, en s’attardant sur les enjeux et les retombées tant sur le plan
épistémologique, éthique, que clinique de cette démarche.
Le plan d’intervention est un processus de planification des services offerts à une personne pour soutenir son développement et sa participation sociale. La rencontre de « plan d’intervention » a lieu avec un intervenant social et des objectifs d’intervention sont choisis, de même que des moyens pour les réaliser et le résultat de ce processus est consigné dans une entente écrite. Les compétences limitées en littératie des personnes qui présentent une DI réduisent leur accès aux documents écrits (Ruel et al., 2016). Cette étude descriptive vise l’adaptation du processus de planification et de l’entente écrite pour les rendre « accessibles » aux personnes ayant une DI. L’étude est réalisée en utilisant une méthodologie mixte. Les résultats montrent une augmentation de la participation des personnes ayant une DI au plan d’intervention. Leur engagement réside davantage dans le choix de moyens pour atteindre leurs objectifs que dans le choix des objectifs eux-mêmes.
Cette communication s’intéresse à un groupe de consommateurs à compétence réduite en littératie (CCRL). En France 22 % des personnes âgées de 16 à 65 ans ont un faible niveau de compétence dans le domaine de l’écrit (OCDE, 2013). A travers cette recherche nous mettons en évidence que les théories dominantes en comportement du consommateur (traitement de l’information) manquent d’efficience sur les CCRL. Sur le plan méthodologique, nous nous appuyons sur une démarche ethnosociologique basée sur 22 récits de vie et observations. Notre recherche pointe les difficultés vécues par les CCRL. Enfin nous proposons un paradigme alternatif la « Métis » s’inscrivant dans les New Literacy Studies pour étudier le comportement de magasinage des CCRL. Celui-ci se traduit par des logiques d’actions, commandées par ce qui caractérise la « Mètis » comme une « intelligence pratique » combinant flair, rapidité d’esprit, prévision, feinte, débrouillardise, attention vigilante.
Après-midi
Dans cette présentation, un exemple de coopération entre Cuba et le Canada dans le domaine de la littératie pour adultes sera approfondi. D’abord, la conception cubaine de la littératie sera abordée. Il s’agit d’une perspective profondément liée au principe de l’inclusion sociale. Cela permettra d’expliquer l’émergence d’une méthodologie d’alphabétisation communautaire cubaine appelée Yo, sí puedo. Préconisant l’usage de l’audiovisuel et l’emploi de facilitateurs locaux, il s’agit d’une méthode à faible coût qui tient compte des spécificités culturelles locales. Une version de Yo, sí puedo,intitulée ArrowMight, a été contextualisée pour le Canada à travers un processus de collaboration entre des pédagogues cubains et canadiens. Après un bref retour sur les fondements du programme ArrowMight,une discussion quant à sa réception auprès d’usagers autochtones rencontrés lors d’une étude de terrain en Colombie-Britannique sera introduite. Il sera ainsi possible d’analyser comment le programme contribue à l’avancement de l’inclusion sociale au Canada.
Dans un contexte de migration des grandes villes du monde vers l’offre de services numériques pour améliorer la qualité de vie de ses citoyens et favoriser leur inclusion dans la société, il est critique d’évaluer ces services vis-à-vis leur ergonomie et leur utilisabilité. Cette communication se penche sur les difficultés que rencontrent les citoyens lorsqu’ils tentent d’utiliser les services numériques offerts par la ville intelligente et numérique, et la qualité de l’interaction qu’ils reçoivent. Nous avons évalué la perception des utilisateurs des applications numériques fournissant des informations sur le transport public. Par l’entremise d’un sondage, nous avons analysé la difficulté d’accès à l’information pour les personnes qui ne possèdent pas les outils, les connaissances ou les compétences pour utiliser ces services ; et nous avons évalué la difficulté d’utiliser une plateforme numérique qui n’est pas conforme aux principes de la conception universelle.
Les institutions financières sont en grande transformation. Ils sont offerts de plus en plus de façon numérique. Desjardins (2015) rapporte que les transactions faites par Internet ont connu une augmentation de 2 200 % au cours des 10 dernières années. Des points de service sont fermés et on réduit le nombre de guichets automatiques, faute d’achalandage. Les transactions par l’intermédiaire d’un humain sont ainsi en diminution. Or, plusieurs segments de la population n’ont pas la même facilité à accéder à ces services offerts de façon numérique. Ces personnes ont de faibles compétences en littératie, en numératie, en littératie numérique, ou en littératie financière, ce qui affecte leurs compétences à réaliser leurs transactions financières. Une recherche a permis d’évaluer l’accessibilité de quelques sites web d’institutions financières du Québec. La communication permettra de présenter les résultats de cette évaluation ainsi que des réflexions et des suggestions concernant l’accès aux services bancaires numériques.
Les municipalités du Québec de 15 000 habitants et plus doivent réduire les obstacles qui nuisent notamment à l’accès à l’information pour leurs citoyens en situation de handicap. En effet, la Loi 56 les contraint à adopter et à réaliser annuellement un plan d’action afin de mettre en place toutes les conditions permettant à ces personnes de réaliser leurs activités courantes, dans les divers secteurs sous la responsabilité des municipalités. Ces mesures visent à rendre le Québec plus inclusif. Au-delà de l’accès physique aux infrastructures, l’accessibilité vise aussi l’accès à l’information. La communication présentera les résultats du volet littératie d’une recherche à portée plus large sur les effets des plans d’action sur les personnes en situation de handicap sur une période de cinq ans. Des productions des villes ont été évaluées sous l’aspect rédactionnel, accessibilité web, l’utilisation des images et la prise en compte des personnes en situation de handicap.