Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :L’être humain est fondamentalement une espèce sociale, dont la survie et le développement dépendent des liens interpersonnels. Lorsque ces liens se rompent, ils sont à l’origine de nombreux problèmes cliniques. Ces ruptures, à divers stades du développement, sont l’objet d’études empiriques allant des neurosciences à l’anthropologie. Ainsi, dès l’enfance, les difficultés émotionnelles sont associées à des dynamiques familiales pathologiques. Chez l’adolescent, l’impact néfaste de l’exclusion sociale peut mener à des conduites suicidaires. Même la radicalisation violente des jeunes peut être perçue comme la manifestation d’un sentiment de rupture sociale. Chez l’adulte, l’isolement social, parfois lié à l’itinérance, représente un enjeu de taille dans les contextes urbains modernes, tandis que les ruptures amoureuses sont souvent à l’origine de détresse psychologique. Les minorités sexuelles, de leur côté, subissent la stigmatisation, une autre forme de rupture entre l’individu et la société, menant à un état de stress chronique. Enfin, l’évolution rapide des technologies numériques a transformé la manière dont les individus interagissent, posant de nouveaux défis, en particulier dans les relations intimes.
Ces problématiques, bien que variées, convergent autour de la thématique centrale des ruptures humaines et de leurs répercussions sur la santé mentale. Leur étude collective ouvre la voie à des interventions novatrices qui tiennent compte des dimensions biologiques, psychologiques et sociales. Ces défis cliniques appellent à une prise en charge globale de l’individu, y compris son lien avec le tissu social. Qu’il s’agisse d’aider un adolescent à reconstruire ses liens sociaux ou de réintégrer des personnes marginalisées, les interventions doivent être flexibles et multidimensionnelles. En somme, c’est en reconnaissant l’humain comme un être intrinsèquement lié à son environnement social que des solutions efficaces peuvent émerger.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsable : Partenaire :Programme
Session matin
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Communication orale
Les conduites suicidaires chez les adolescents résultent-elles du rejet social ou des difficulté à se lier socialement?Anthony Gifuni (Université McGill)
L’adolescence est une période charnière du développement, marquée par des transformations identitaires, affectives et sociales, où le cerveau social est en pleine maturation. C’est aussi une période de grande vulnérabilité aux troubles de l’humeur et aux conduites suicidaires, où la sensibilité au rejet social est exacerbée. Comment construire son individualité, s’émanciper, nouer des relations intimes et trouver une place au sein de groupes sociaux, tout en faisant face aux expériences inévitables de rejet et d’exclusion ?
Dans nos travaux de recherche, nous avons utilisé une approche de neuroimagerie fonctionnelle (fMRI) avec le Cyberball Task, un paradigme expérimental simulant l’inclusion et l’exclusion sociale, auprès d’adolescents ayant des conduites suicidaires. Nos résultats montrent que la réactivité cérébrale à l’inclusion sociale est un facteur déterminant du vécu émotionnel du rejet : une altération de l’activation de l’insula et des régions du réseau de la saillance lors de l’inclusion est associée à une hypersensibilité au rejet et à une plus grande détresse psychologique.
Ces résultats suggèrent que la prévention et l’intervention ne doivent pas uniquement cibler la gestion du rejet social, mais aussi renforcer l’expérience de connexion sociale. Il est crucial d’intervenir sur la capacité des adolescents vulnérables à s’engager positivement dans leurs relations, que ce soit dans leur environnement quotidien ou au sein de la relation thérapeutique.
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Communication orale
La voix des enfants face aux ruptures familiales et aux psychotraumatismes : éclairages issus de la recherche qualitativeMichel Spodenkiewicz (Université McGill)
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Communication orale
Polarisations sociales et intervention clinique chez les jeunesChristian Desmarais (UdeM - Université de Montréal)
L’équipe Polarisation, une équipe de professionnels en santé mentale (psychologues, travailleurs sociaux, psychoéducateurs et psychiatres), travaille depuis plus de dix ans afin de prévenir la radicalisation violente au Québec. Un modèle de compréhension intégrant les facteurs socioculturels, politiques, systémiques et individuels ouvre la voie sur de multiples angles d’interventions cliniques et communautaires. Cette présentation vise à faire un survol de ces facteurs, appuyé sur les données probantes, et de donner des exemples d’application clinique chez les adolescents et les jeunes adultes.
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Communication orale
Stigma, stress, et résilience des communautés de la diversité sexuelle et de genreRobert-Paul Juster (UdeM - Université de Montréal)
Les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre sont souvent confrontées à la stigmatisation - par le biais de politiques discriminatoires, du rejet social et de la honte intériorisée - ce qui contribue au stress chronique et aux disparités en matière de santé. Ces expériences peuvent perturber les systèmes biologiques, augmentant les risques de problèmes de santé mentale et physique. Cette présentation passera en revue les recherches innovantes qui montrent comment la stigmatisation « entre dans la peau », modifiant les hormones de stress, les réponses immunitaires et la santé cardiovasculaire. Le modèle de la charge allostatique saisit cette usure en mesurant les changements liés au stress dans de multiples systèmes, soulignant comment une adversité prolongée affecte le bien-être. Il est essentiel de comprendre comment les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre font l'expérience du stress et de la résilience face à l'exclusion pour s'attaquer aux inégalités en matière de santé et favoriser des environnements favorables.
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Communication orale
Défis au sein des relations amoureuses à l’ère numérique : Jalousie, surveillance et violence.Marie-Ève Daspe (UdeM - Université de Montréal)
Le développement rapide et l’adoption massive des technologies numériques (p. ex. téléphones intelligents, réseaux sociaux) au cours des dernières décennies ont radicalement transformé notre manière d’entretenir nos liens sociaux. Les relations amoureuses n’échappent pas à cette nouvelle réalité. Bien que la littérature scientifique souligne certains bénéfices, elle met également en évidence de nombreux pièges liés à l’utilisation de ces technologies au sein du couple. Parmi ceux-ci, les réseaux sociaux sont un terrain fertile à l’émergence de sentiments de jalousie. Ces derniers sont en retour associés à un risque accru de conflits et de surveillance électronique du partenaire. Cette présentation exposera les résultats de deux études portant sur les liens entre la jalousie suscitée par les médias sociaux et la violence entre partenaires au sein de couples de jeunes adultes (18-29 ans). Cette population est particulièrement vulnérable aux défis posés par les technologies numériques au sein des relations amoureuses; ils constituent les principaux utilisateurs de ces technologies et traversent une période charnière pour le développement d’habiletés relationnelles nécessaires à l’établissement de saines relations de couple. La présentation conclura par une réflexion sur l’importance d’une utilisation réfléchie et critique des technologies numériques, qui en maximise les bénéfices tout en minimisant les impacts négatifs sur les relations amoureuses.
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Communication orale
Survivre à la trahison amoureuse : Du soi traumatisé au soi réparéMichelle Lonergan (centre de recherche de l'institut universitaire en santé mentale de Montréal)
Une blessure d’attachement est un traumatisme relationnel qui peut survenir dans un couple lorsqu’un partenaire se sent profondément trahi ou abandonné par l’autre lors d’un moment critique de besoin de soutien. Pour certaines personnes blessées, un blessure d'attachement peut entraîner un trouble de l’adaptation (TA), un trouble psychologique provoqué par un facteur de stress majeur. Les symptômes du TA se chevauchent avec ceux du trouble de stress post-traumatique, de la dépression et de l’anxiété, provoquant une détresse significative et une altération fonctionnelle chez les personnes touchées. De plus, une blessure d’attachement peut s'ancrer dans la dynamique du couple, initiant ou exacerbant un cycle d’interaction négatif au cœur de la détresse conjugale. Dans cette présentation, nous chercherons à comprendre ce qu'est une blessure d’attachement et son impact sur la santé mentale des personnes blessées. Nous aborderons ensuite les interventions visant à soutenir le rétablissement, notamment la Thérapie de la reconsolidation pour le traitement individuel et la Thérapie de couple axée sur l’émotion pour soutenir le couple. Ces approches peuvent permettre de surmonter la trahison amoureuse, de rétablir la confiance et de restaurer la sécurité émotionnelle, favorisant ainsi la guérison.
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Communication orale
Itinérance, chevaux urbains et réintégration sociale: une ethnographie de l'écologie urbaineVincent Laliberté (Université McGill)