Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Enjeux de la recherche
Description :Les territoires ruraux sont définis comme des espaces géographiques vastes avec une faible densité de population et d’éléments bâtis, une forte présence de la nature, un rapport intime à celle-ci, et un sentiment d’appartenance à la communauté (Lacasse, 2022). Ils se transforment sous l’effet de nombreux facteurs environnementaux, économiques, démographiques, sociaux et culturels, et sont souvent aux premières lignes du dérèglement climatique. Le colloque sera un espace d’échange et de réflexion sur les bouleversements vécus par les communautés rurales. Précisément, il s’attarde au rôle des approches collaboratives (ex. : Living Labs, recherche-action, tiers lieux, partenariats intersectoriels, forums citoyens) pour gérer les défis posés par les transitions en milieu rural (ex. : exode des jeunes, accès aux services, adaptation aux changements climatiques, reconfiguration industrielle). Ces approches offrent un potentiel d’accompagnement des transitions en milieu rural, suscitant une réflexion approfondie sur les modalités de la recherche et des interventions en matière d’éthique, de temporalité et de gouvernance des projets collaboratifs, autant de thématiques pouvant être abordées dans ce colloque.
En effet, les transitions socioécologiques complexifient les enjeux auxquels les communautés rurales sont confrontées, des communautés présentant déjà des profils hétérogènes nécessitant des méthodes d’intervention et de recherche flexibles et adaptables. Les approches collaboratives peuvent appuyer les transitions dans les territoires ruraux en mobilisant divers savoirs (notamment locaux, expérientiels et scientifiques) tout en intégrant les spécificités territoriales. Le colloque pose plusieurs questions : Quels sont les défis contemporains des territoires et des communautés rurales face aux transitions sociales et écologiques? Quelle est l’utilité des pratiques collaboratives pour accompagner les transitions rurales? Quels types de solutions émergent des pratiques collaboratives pour appuyer ces transitions?
Le colloque se déroule sur plusieurs journées, incluant des communications individuelles, panels et un atelier. Nous aurons aussi la présence des représentant·es des centres de recherche francophones sur la ruralité tels que le Centre de recherche sur le développement territorial (CRDT, interuniversitaire), le Centre de recherche sur la ruralité (CR2) de l’Université de Moncton, le Centre Ruralités durables (INRS), desquels font partie les coresponsables du colloque. Notre appel à communication cible chercheur·ses, étudiant·es et praticien·nes dans la perspective d’encourager les échanges entre le monde professionnel, les expert·es chevronné·es et les chercheur·ses en émergence.
Remerciements :Nous remercions les institutions des membres de l’équipe responsable qui contribuent de près ou de loin au succès du colloque: l’Université de l’Ontario français, l’Université de Moncton, l’École nationale d’administration publique, le Laboratoire en innovation ouverte, l’Université du Québec à Rimouski, l’Institut national de la recherche scientifique et Agriculture Agroalimentaire Canada.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Christine Beaudoin (Université de l'Ontario français)
- Arnaud Scaillerez (Université de Moncton)
- Laurent Dambre-Sauvage (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
- Émilie-Jade Poliquin (INRS - Institut national de la recherche scientifique)
- Geneviève Baril (ENAP - École nationale d'administration publique)
- Ann Lévesque (Agriculture Agroalimentaire Canada)
- Steve Joncoux (Cégep de Rivière-du-Loup)
Programme
Mot d’ouverture
Les ruralités comme enjeu de société stratégique
Les intervenants de ce panel discuteront, selon leurs perspectives complémentaires, de l'importance stratégique des enjeux ruraux pour l'avenir du Québec et du Canada dans le contexte socioéconomique actuel et comment la recherche peut y contribuer, notamment en favorisant la mise en place de politiques publiques à la fois mieux adaptées aux réalités rurales et porteuses pour le positionnement du Québec et du Canada.
Projets de collaborations rurales
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Communication orale
Transition socioécologique et développement des communautés territoriales : un outil pour soutenir les réflexions et l’action collectiveDenis Bourque (Université du Québec en Outaouais), Lucie Morin (UQAR - Université du Québec à Rimouski), André-Anne Parent (Université de Montréal)
Parler de transition socioécologique (TSÉ), c’est parler de transformer des systèmes, des modèles et des modes de vie tout en respectant les ressources naturelles et les limites planétaires. Alors que l’action publique s’organise de manière sectorielle pour lutter contre les changements climatiques (Plan Climat pour le secteur municipal, VRAC-PARC pour la Santé publique, projets de résilience collective pour le secteur communautaire), comment les acteurs développement-ils une vision globale des besoins des populations et mettent-ils en commun leurs ressources pour offrir des réponses adaptées aux réalités territoriales?
Une équipe de recherche composée de chercheur.e.s et de membres du Collectif des partenaires en développement des communautés a documenté huit démarches de développement des communautés territoriales (DCT) pour comprendre comment elles s’inscrivent (ou non) dans la transition socioécologique. À la demande des partenaires, l’équipe a développé un outil autoportant (visant à soutenir la réflexion quant à la contribution des démarches en DCT en matière de TSÉ). Soucieux d’offrir un outil pertinent pour les acteurs, une démarche évaluative a été planifiée auprès de six autres démarches en DCT (dont la majorité se situe en milieu rural) ayant utilisé l'outil. Cette communication proposera de présenter l’outil de réflexion ainsi que les résultats de la recherche évaluative démontrant le positionnement des acteurs et des démarches en DCT par rapport à la TSÉ.
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Communication orale
Le Métalab des régions en transition : analyse de cinq approches de la TSÉ en régionSteve Joncoux (Llio), Marjolaine Poirier (Cégep de Rivière-du-Loup), Vincent Tremblay (Llio)
Le Métalab des régions en transition réunit cinq collectifs pionniers en matière de transition socioécologique (TSÉ) qui sont tous situés dans des régions dites “périphériques” au Québec. Le Métalab est une nouvelle forme d’organisation collective. Il vise à mobiliser les expérimentations des “labs” régionaux pour mutualiser les connaissances et transférer des prototypes de solutions vers les territoires, pour que chacun les adapte à son contexte. C’est aussi un espace qui permet à ces acteurs de partager leurs expériences et leurs enjeux afin d'accélérer la transition.
Dans le cadre de ce projet de recherche-action, nous avons dressé les portraits des cinq collectifs en nous penchant plus spécifiquement sur leurs territoires d’action, leurs approches de la TSÉ et leurs organisations. Par la suite, une analyse transversale a permis de faire ressortir les enjeux communs des démarches de TSÉ en région et les spécificités des différentes approches. La communication permettra de présenter les portraits et l’analyse transversale en se questionnant sur ce qui unit des collectifs et des territoires diversifiés autour d’une dénomination commune de “région en transition”. -
Communication orale
La collaboration n’est pas une panacée : Pistes conceptuelles pour analyser les impacts des démarches collaboratives pour les transitions socio-écologiquesChristine Beaudoin (Université de l'Ontario français)
Un tournant collaboratif a influencé les pratiques autant dans le monde universitaire que dans les gouvernements, le secteur privé et la société civile pour faire face aux crises territoriales, écologiques, économiques, politiques, sociales (Perz 2019). La collaboration renvoi à l’idée de travailler ensemble pour atteindre des objectifs communs, épargner et maximiser les ressources, combler les lacunes entre connaissances et pratiques, et plus encore. Les démarches collaboratives sont souvent présentées comme moyen de réaliser l’impossible. Cependant, la collaboration n’est pas une panacée. Avec l’émergence des démarches collaboratives et la vague de co-production des dernières années, plusieurs projets arrivent maintenant à maturité. Cela met en exergue une lacune importante dans le domaine : comment savoir si la collaboration fonctionne pour faire face aux crises et contribuer aux transitions? Cette présentation présente des pistes conceptuelles et théoriques pour analyser les impacts de démarches collaboratives telles que la recherche partenariale, la recherche-action, et les laboratoires vivants dans un contexte de transition. Je me concentre sur la notion d’impacts socio-écologiques pour esquisser le brouillon d’un cadre analytique des impacts qui intègre simultanément les dimensions sociales et écologiques. Cela est nécessaire pour mieux planifier les transitions socio-écologiques, notamment dans les zones rurales qui vivent des transformations importantes.
Dîner libre
Besoins spécifiques des populations rurales
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Communication orale
L’itinérance dans la Péninsule Acadienne : présentation d’un projet partenarialMarie-Pier Rivest (Université de Moncton), Lise Savoie (Université de Moncton)
La Commission de services régionaux Péninsule acadienne (CSRPA) est une des douze entités non gouvernementales de ce genre dans la province du Nouveau-Brunswick. Son rôle est d’assurer la collaboration entre les communautés qui la composent, afin de mieux répondre aux besoins des citoyen.nes en matière de services dans une perspective de renforcement des régions. Durant la dernière année, la CSRPA a témoigné d’une hausse du nombre de personnes dans la Péninsule acadienne (région majoritairement rurale et francophone située à l’extrémité nord-est du Nouveau-Brunswick) (PA) qui sont en situation d’itinérance ou de précarité de logement. Cependant, il n’existe pas de refuges dans la PA. Pour contrer l’itinérance, la CRSPA a mis sur pied un comité consultatif composé de diverses parties prenantes. Toutefois, les données entourant l’itinérance dans la PA sont fragmentées et incomplètes. Ce constat est alarmant, d’autant plus que les recherches montrent que les interventions visant à prévenir et réduire l’itinérance en milieu rural ne peuvent pas être calquées sur les approches préconisées en milieu urbain. Cette communication fera état d’un projet de recherche partenariale en cours avec la CSRPA. Nous présenterons les origines de notre collaboration ainsi que la méthodologie utilisée. Ces bases nous amèneront à souligner l’importance des partenariats afin de mettre au profit les expertises locales.
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Communication orale
Les milieux ruraux face au vieillissement : le potentiel des laboratoires vivants pour répondre aux besoins des personnes aînéesRoxanne Fay (Université du Québec en Outaouais), Catherine Girard (Université du Québec à Montréal), Isabelle Marchand (UQO - Université du Québec en Outaouais), Émilie Richard-Frève (CREGÉS)
Dans le contexte de vieillissement accéléré que connaît le Québec en général et ses territoires ruraux en particulier, développer des stratégies innovantes de soutien au vieillir chez soi, dans sa communauté, et ce, en tenant compte des besoins des personnes aînées et de l’évolution des conditions de vie et de santé, apparaît crucial et fait l’objet de nombre d’initiatives. La contribution proposée vise à réfléchir et analyser le potentiel des laboratoires vivants, comme dispositif méthodologique de recherche-action participative déployé en milieu rural, mais aussi comme approche intersectorielle qui agit sur un écosystème d’acteurs organisés dans des territoires ruraux aux dynamiques diversifiées. Pour ce faire, la communication s’appuie sur l’expérience du laboratoire vivant MaillAGE : vieillir dans les Laurentides, étendu dans deux MRC à caractère rurales de la région des Laurentides au Québec depuis 2022.
La communication se déploiera en quatre temps. D’abord, le contexte socioterritorial dans lequel émerge le laboratoire vivant sera présenté. Par la suite, les objectifs et le cadre méthodologique seront explicités. L’écosystème ainsi que les travaux menés durant les dernières années seront précisés, en portant aux attentions aux enjeux que suscite le laboratoire en milieu rural ainsi que ses ‘effets’ sur le territoire. Cette réflexion sera aussi alimentée par une revue de portée de connaissances réalisée sur les laboratoires vivants existant en milieu rural.
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Communication orale
La guerre et la crise de gestion des municipalités rurales: expérience de l'UkraineMykola Durman (ENAP - École nationale d'administration publique)
L’Ukraine est en guerre depuis maintenant quatre ans. L’année dernière, la Russie a détruit de nombreuses infrastructures, notamment celles de l’énergie et des transports. Les organisations internationales continuent de fournir une aide à l’Ukraine pour sa reconstruction. Cependant, l’arrêt du financement de certains programmes, comme USAID, aggrave la crise, notamment dans les zones rurales.
En effet, l’insuffisance des financements creuse davantage le fossé entre les villes et les villages, maintenant un grand déséquilibre entre les perspectives d’une existence sûre et confortable pour les habitants des villes et des municipalités rurales. Beaucoup ont quitté la campagne, entraînant fermetures d’entreprises et baisse des recettes fiscales. Une partie des terres agricoles est inutilisable car infestée de mines. En outre, les capacités de gestion des infrastructures diffèrent entre villes et zones rurales (manque de personnel et capacités techniques/financières réduites), poussant encore plus de personnes vers les centres urbains.
Le gouvernement ukrainien prend des mesures pour surmonter cette crise, mais est-ce suffisant ? Non, à notre avis, il faut repenser la gestion des municipalités rurales afin d’inciter les habitants à y revenir. Sans eux, toute politique de gestion est vaine.
Gouvernance collaborative des transitions
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Communication orale
Électromobilité et mobilisation à Lac-Mégantic : représenter l’expérience puis l’engagement dans une diversité de manières de participer à la transition énergétiqueBruno Bourliaguet (Laboratoire des technologies de l’énergie d’Hydro-Québec), Guillaume Lessard (Université Laval), Pascale Marcotte (Laboratoire des technologies de l’énergie d’Hydro-Québec), Dominique Morin (Université Laval)
Lac-Mégantic est de ces localités où vivre sans automobile apparaît très difficilement praticable pour la plupart des résidents, des travailleurs et des consommateurs qui doivent s’y déplacer. La volonté de la Ville de soutenir une transition vers une diminution de l’usage du pétrole a motivé la création d’un partenariat pour réaliser une enquête sociologique aidant des efforts de mobilisation. Des groupes de discussion et entretiens y ont exploré la diversité des expériences de conducteurs et conductrices d’automobiles électriques ou hybrides rechargeables. L’étude de leurs témoignages visait d’abord à rendre les implications de ce choix de transition plus facilement représentables pour ceux et celles qui y réfléchissent en habitant à plus de 200 km de Montréal et de Québec, dans des situations personnelles, de ménage et d’activités particulières. Nous avons aussi intégré dans l’enquête des questions relatives aux dispositions à agir pour influencer les choix de mobilité, aux usages d’alternatives à l’automobile, aux actions souhaitables pour rendre la mobilité plus inclusive, puis à des hypothèses d’actions de mobilisation pour créer des expériences positives de multiples moyens de diminuer les déplacements d’automobiles à essence. Nous présenterons le cheminement du projet et quelques considérations rétrospectives sur les conditions et défis d’une participation de la recherche sociologique à la mobilisation pour la transition dans les déplacements en milieu rural.
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Communication orale
Aménager le rural : analyse économique et morphologique de la ruralité néo-brunswickoiseMathieu Wade (Université de Moncton)
En 2023, la plus importante réforme de la gouvernance locale depuis 50 ans entrait en vigueur au Nouveau-Brunswick. Elle faisait passer le nombre d’entités locales de 340 à 89 et réduisait considérablement la proportion d’habitants résidant dans des territoires non-incorporés, de 30 % à 8 %. Il s’agit d’une reconfiguration majeure du rapport politique et symbolique au territoire. L’échelle locale a été redéfinie et de nombreux territoires ruraux ont acquis de nouveaux pouvoir. J’analyse les formes actuelles d’aménagement des territoires ruraux et je propose quelques pistes permettant de les rendre plus viables. Pour ce faire, je propose une analyse morphologique de la ruralité. Les définitions classiques de la ruralité s’appuient sur la taille de la population ou sur l’influence exercées par les zones urbaines. Ces définitions ne saisissent pas les différentes manières d’aménager la ruralité et ne donnent pas de prises concrètes à l’échelle politique. Je proposerai donc une analyse du lien entre la morphologie et la valeur de l’assiette fiscale, en me servant des données provinciales sur l’évaluation foncière. Je démontrerai que la ruralité peut prendre plusieurs formes et que certaines formes sont plus viables que d’autres. Cette analyse est pertinente dans un contexte où pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle, des territoires ruraux au Nouveau-Brunswick disposent d’outils pour aménager leur territoire.
Travailler et habiter les territoires ruraux
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Communication orale
La transition vue par les habitats collectifs et écologiques en milieu rural en France et au Québec, un facteur de collaboration et de controverseFlorent Amat (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les espaces ruraux français et québécois connaissent une multiplication d’alternatives écologiques contestataires, parmi lesquelles les habitats collectifs et écologiques. Fondés sur l’expérimentation et l’exemplarité, ils s’attachent à la mise en actes quotidienne de convictions idéologiques fortes avec un objectif de transformation sociale, interpellant les autres acteurs quant à la transition socio-écologique et l’avenir des espaces ruraux dans un contexte de globalisation et de crises environnementales. Souvent portés par des néo-ruraux, ils alimentent la diversification des territoires et les jeux d’influence entre cohabitation, coopération et conflits. Nous les abordons via une méthodologie mixte centrée sur une enquête de terrain, dans une perspective relationnelle (Woods et al., 2021). Ainsi, nous nous intéressons aux idées politiques et aux pratiques spatiales de leurs membres pour peser en faveur de changements socio-environnementaux. S’ils misent avant tout sur l’ancrage territorial pour réaliser leurs projets et essaimer, ils s’inscrivent en même temps dans des logiques multiscalaires et réticulaires pour assurer la viabilité de leurs projets et promouvoir leur vision du monde, donnant lieu à des hybridations entre local et (inter)national, entre rural et urbain. En outre, leurs stratégies rencontrent celles d’autres acteurs ruraux, et ce dans des contextes socio-politiques variés, donnant à voir les débats en cours sur les fonctions des espaces ruraux.
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Communication orale
Travail sans frontières et tracances en Acadie: futur de la ruralité ou devenir urbain dans les Maritimes ?Arnaud Scaillerez (Université de Moncton)
Le nomadisme numérique est la forme de télétravail la moins étudiée pour le moment, toutefois, un nombre croissant de travailleurs du savoir deviennent géo-indépendants et le pratiquent (Gourlay et al., 2021). Cela correspond à la possibilité de travailler dans n’importe quel lieu connecté (café, chambre d’hôtel, lieu de vie commun (coliving), transports collectifs ou tout espace extérieur muni d'une connexion wifi (bureau vert : parc, front de mer, plage ou forêt, Scaillerez, 2023). Cette liberté de travailler partout contribue aussi au développement des tracances (workation), possibilité de mêler vacances et travail. À quoi correspondent le nomadisme numérique et les tracances ? Quel est leur impact sur les territoires Maritimes (Canada Atlantique, Iles-de-la-Madeleine) en termes de bouleversement des modes de vie des personnes (travailleurs sans frontières et habitant.es)? Ces deux phénomènes participent-ils au dynamisme rural ou amènent-ils le milieu urbain en campagne ? Ce sont les questions auxquelles nous souhaitons apporter notre contribution, lors de cette présentation.
Le partenariat citoyen - Atelier collaboratif avec les participant·es
Les appels à un rapprochement entre la science et les citoyen.es se multiplient et sont entendus! Mais que signifie concrètement le partenariat citoyen en recherche ? À un moment où les initiatives menées en collaboration étroite avec les populations se déploient dans les territoires ruraux, quelles sont les bonnes pratiques et les points de vigilance à considérer dans le parcours citoyen en recherche ?
Coorganisé avec la Direction des grands défis de société du Fonds de recherche du Québec, cet atelier collaboratif permettra aux participant.es de s’immerger dans différents scénarios interactifs reflétant à la fois les perspectives des chercheur.euses et des citoyen.nes. L’exercice permettra d’expérimenter et de mieux comprendre les défis, mais également la valeur ajoutée du partenariat citoyen pour des retombées de recherche porteuses et significatives, ancrées dans les préoccupations des communautés rurales.
Dîner libre
Biodiversité et faune dans les milieux ruraux
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Communication orale
Relire les ruralités en transition socio-écologique au miroir des tiques: un dispositif en sciences participatives pour saisir les transactions sociales à l’œuvre (Argonne, France)Aude Dziebowski (Université de Strasbourg), Philippe Hamman (Université de Strasbourg, France)
Ce retour réflexif sur une recherche sociologique en sciences participatives conduite en 2021-2023 interroge les représentations des tiques et maladies à tiques, via des observations sur site, des échanges approfondis et des questionnaires. Dans l’Est de la France, le terrain rural de l’Argonne se caractérise par une faible anthropisation, de nombreuses forêts, une activité cynégétique et sylvicole importante ainsi que des loisirs de plein air. Autant d’occasions de rencontres humains-tiques. Une Zone Atelier CNRS s’y est développée, associant collectivités et société civile autour de projets co-construits. Ces acteurs sont en demande de retours. Un tel contexte est facilitateur mais pose la question de la « bonne distance » pour les collaborations car les rapports aux tiques – les savoirs d’usage, les perceptions et les pratiques, soit les trois niveaux d’étude – sont en partie divergents. C’est d’autant plus vrai que les tiques valent miroir des évolutions des pratiques agricoles et rurales et des défis de la transition socio-écologique : quels effets de l’agrainage sur l’accroissement du grand gibier, hôte des tiques ? quid de l’exploitation des forêts ? des précautions prises ou non par chacun en milieu de nature ? de l’attention au développement local ? La coproduction de connaissances passe alors par des hybridations et des transactions sociales toujours partielles, comme le montre le croisement des regards de chasseurs, forestiers, agriculteurs et randonneurs.
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Communication orale
L’intermédiation, au cœur de la gestion de la biodiversité en milieux agricoles au QuébecJean-François Bissonnette (Université Laval), Jérôme Cimon-Morin (Université Laval), Jérôme Dupras (Université du Québec en Outaouais), Marie Saydeh (Université Laval)
Afin d’atteindre multiples objectifs à l’égard de la biodiversité en milieu rural, plusieurs acteurs des domaines agricole et environnemental sont amenés à collaborer au travers de processus de gouvernance. Ces acteurs interagissent et entretiennent entre eux des interdépendances sociales lié aux diverses compréhensions du concept de biodiversité ainsi qu’aux visions que ces acteurs se font des parties prenantes.
Notre recherche identifie les réseaux d’acteurs impliqués dans la gestion de la biodiversité en milieux agricoles et explique leurs relations. Au moyen de cartes mentales, questionnaires et entrevues semi-dirigées effectuées auprès de 70 participants de Montérégie, Chaudière-Appalaches, Outaouais, nos résultats démontrent un clivage entre les visions des acteurs provenant des domaines agricole et environnemental, et des échelles provinciales et locales.
Nous observons que des actions se mettent en place, par la tâche d’intermédiaire et de médiation que certains acteurs prennent, souvent au-delà de ce qui est attendu d’eux professionnellement. En effet, ces acteurs créent des ponts de communication entre différents domaines d’expertises, et accompagnent d’autres acteurs à trouver des compromis entre intérêts individuels et communs.
Ces intermédiateurs jouent un rôle clé dans la mise en œuvre de projets en faveur de la biodiversité en milieux agricoles. Toutefois, ils sont peu nombreux et en situation parfois instable (emplois à forfait et lourdes responsabilités). -
Communication orale
Comment appuyer la lutte contre la pêche illégale de la civelle? Améliorer l'application de la loi par des approches collaboratives en milieu ruralVéronique Chadillon-Farinacci (Université de Moncton)
Depuis 1990, les civelles sont pêchées de nuit au printemps dans les rivières du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse pour être exportées en Asie. Après l'interdiction de l'exportation de l'anguille en Europe en 2014, des conflits ont émergé principalement dans la baie de Fundy et sur les côtes de la Nouvelle-Écosse. La hausse des prix attire des pêcheurs non autorisés, provoquant des fermetures de saison par le MPO. En 2023, la saison a été interrompue en avril et en 2024, elle n'a pas eu lieu. Cette présentation analyse la réponse des agents des pêches de Pêches et Océans (MPO) face à la crise du braconnage de civelles en 2023. Elle évalue la cohérence de leurs actions par rapport aux particularités de cette pêche et à ses caractéristiques criminogènes. Nous utilisons plus de 633 pages de documents obtenus par demandes d’accès à l’information. Ces communications administratives et opérationnelles datent du 8 au 19 avril 2023, période clé de la crise, et incluent des courriels, des rapports de patrouille, de surveillance et de quarts de travail, ainsi que des pages censurées et leurs motifs de censure.
L'analyse descriptive retrace les actions de répression et leur répartition géographique. Les résultats proposent des pistes de réflexion sur l’allocation de ressources pour des interventions adaptées en milieux ruraux et des mécanismes de transparence pour renforcer la coordination entre les communautés locales et les autorités.
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Communication orale
De la cohabitation à la cogestion des ressources fauniques entre les zones d’exploitation contrôlée et les Premières Nations : une classification des approches collaborativesAlice Semnoun (Université Laval)
La gouvernance des ressources fauniques représente un défi majeur au Québec. Depuis les années 1970, un « réveil » autochtone a mené à la reconnaissance de droits de gestion et de prélèvement faunique sur le territoire ancestral revendiqué par ces communautés. Parallèlement, le gouvernement provincial œuvre pour démocratiser l’accès à ces ressources pour tous les Québécois. Dans cette optique, les zones d’exploitation contrôlée (ZEC) ont été créées en 1978. Gérées par des communautés locales de chasseurs et de pêcheurs sportifs, ces zones rurales visent la mise en valeur d’espèces socio-économiques.
Les droits concurrents de ces deux groupes autour de la gouvernance de ces biens communs imposent une cohabitation et un partage souvent conflictuels. Ces enjeux viennent s’ajouter à la gestion complexe de ressources naturelles imbriquées dans des systèmes socio-écologiques dynamiques. Face à ces défis en constante évolution, des gestionnaires ont développé des approches collaboratives innovantes, adaptées à leurs besoins et spécificités territoriales.
À partir d’une étude visant à rendre compte de la diversité de ces approches grâce à l’analyse de quatre cas et d’un modèle de cogestion, cette communication propose une classification des approches de gestion conjointe des ressources fauniques développées entre les zecs et les Premières Nations. Cette dernière identifie quatre stades collaboratifs, soit : la cohabitation, la coopération, la collaboration et la cogestion.
Agriculture et transitions rurales 1
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Communication orale
Partager ses idées pour répondre aux défis climatiques des petites coopératives ruralesAnne-Marie Laroche (Université de Moncton), Natacha Louis (Université d'Alberta), Diane Pruneau (Université de Moncton), Liette Vasseur (Brock University), Sébastien Waissenberger (Université TÉLUQ)
Le projet ‘Jardins partagés’, subventionné par les Fonds de recherche nouvelles frontières, programme international, se situe dans un nexus complexe entre la survie des petites fermes coopératives agricoles en milieu rural et les enjeux des changements climatiques, environnementaux et socioéconomiques. Les défis sont immenses et requièrent de nouvelles approches et connaissances transdisciplinaires qui doivent être partagées entre les chercheurs, les fermiers, et les citoyens de ces communautés. À travers des analyses de terrain et des dialogue ouvert avec tous les acteurs, il est possible de définir des solutions qui comprennent aussi des pratiques fondées sur la nature que les fermiers peuvent adopter dans leurs champs. Cependant, cela demande de bien comprendre toutes les composantes de ces ‘écosystèmes’ et de voir ce qui est faisable considérant les limites de tous les acteurs. Ici, les chercheurs sont des instruments d’accompagnement pour aider à trouver des solutions mais au bon du fil, ce sont les acteurs locaux qui doivent prendre les décisions car ce sont eux qui devront subir les conséquences des changements. À travers des exemples d’actions faites dans la première année, nous examinons les étapes à venir pour avoir un impact positif et durable pour ces fermiers et leurs communautés rurales. Que l’on parle de la ruralité au Québec, au Nouveau Brunswick or en Afrique, les ressources précaires requièrent des solutions innovantes basées sur les ressources disponibles.
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Communication orale
Les petites coopératives agricoles et les fiducies d'utilité sociale agroécologiques (FUSA) : des approches collaboratives qui transforment les dynamiques socio-territoriales.Rosalie Rainville (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Les petites coopératives agricoles et les fiducies d'utilité sociale agroécologiques (FUSA) sont des approches collaboratives qui visent à mettre en marche des transformations sociales et écologiques dans les territoires ruraux. Mobilisant un collectif d’acteurs et d’actrices ainsi que des savoirs multiples en plus d’intégrer les questions de spécificités territoriales, elles tentent de répondre aux défis que posent l’agriculture conventionnelle, en particulier la dévitalisation régionale, l’isolement et la perte de sens dans le travail agricole, la spéculation foncière et la dégradation de l’environnement. Dans cette communication, nous présenterons d’abord ces approches collaboratives que sont les petites coopératives agricoles et les FUSA. Ensuite, nous verrons en quoi celles-ci permettent de penser et de pratiquer l’agriculture autrement (organisation horizontale du travail, conciliation travail-famille, réappropriation et protection du territoire, autre rapport à la propriété et à l’occupation du sol). Finalement, nous verrons comment les Coop et les FUSA, par leur présence et implication dans leur milieu, contribuent non sans défis et difficultés à des transformations socio-territoriales notamment en misant sur des logiques « communale », « collective », « écologique » et « conviviale » qui s’opposent aux manières plus conventionnelles de pratiquer l’agriculture et de vivre en région.
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Communication orale
Les laboratoires vivants dans les agroécosystèmes : expériences des participant.e.s et dynamiques d'innovation au CanadaMadeline Arseneau (Agriculture et agroalimentaire Canada), Margaret Bancerz (Agriculture et agroalimentaire Canada), Albana Berberi (Université Carleton), Ann Lévesque (Agriculture Agroalimentaire Canada), Chris McPhee (Agriculture et agroalimentaire Canada), Caroline Thivierge Thivierge (Agriculture et agroalimentaire Canada / Université du Québec en Outaouais)
Les laboratoires vivants (LVs) dans les agroécosystèmes constituent une approche pour aborder les enjeux agroenvironnementaux, en facilitant la collaboration entre agriculteurs, chercheurs et divers partenaires. Cette approche se caractérise par un engagement actif des participant.e.s et des cycles d'innovation longs et incertains en raison des saisons agricoles et des conditions métrologiques difficiles à maîtriser. Soutenus par la recherche scientifique, ces LVs visent à produire des connaissances adaptées au besoin des agriculteurs pour favoriser la durabilité et la résilience des agroécosystèmes. Cette étude se concentre sur l'Initiative des Laboratoires Vivants (2018-2023) d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, en explorant l’expérience des participant.e.s des quatre LVs créés dans le cadre de cette Initiative. À travers des entretiens semi-directifs, cette recherche documente les caractéristiques des LVs dans les agroécosystèmes et analyse la manière dont les interactions entre ces caractéristiques influencent les processus d'innovation. En examinant les dynamiques entre les différentes caractéristiques, cette étude enrichit la compréhension des LVs dans les agroécosystèmes et de son potentiel pour accélérer l’adoption de solutions agroenvironnementales. L’étude met aussi en lumière les expériences vécues des participant.e.s ainsi que les défis rencontrés, offrant un éclairage sur la manière dont ces interactions façonnent les résultats des projets d’innovation.
Agriculture et transitions rurales 2
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Communication orale
Multifonctionnalité de l'agriculture et développement du territoire rural de la MRC de Maria-Chapdelaine (Québec, Canada)Flora Narac (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Olivier Riffon (Université du Québec à Chicoutimi), Sabrina Tremblay (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Suzanne Tremblay (Université du Québec à Chicoutimi)
L’occupation du territoire rural passe beaucoup, encore aujourd’hui, par la réalisation d’activités agricoles. Le territoire agricole occupe 63 500 km² et touche 955 municipalités québécoises (CPTAQ, 2024) et il a généré près de 28 milliards de dollars en 2022 (MAPAQ, 2022). Pourtant, les régions rurales dont l’activité économique repose sur l’agriculture vivent actuellement d’importantes transitions liées aux limites du modèle agro-productiviste fordiste implanté depuis les années 1950. La MRC Maria-Chapdelaine, située dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, est l’un de ces milieux en tension. Pour mieux comprendre ces transitions et l’importance de l’agriculture pour le développement du territoire, elle a identifié des orientations à explorer dans son Plan de développement des activités agricoles. Pour l’y aider, notre équipe de recherche a proposé de s’intéresser aux « autres fonctions de l’agriculture » en utilisant le cadre de la multifonctionnalité de l’agriculture (Wilson, 2007).
Notre communication orale présentera les résultats de cette étude et proposera une réflexion sur le rôle de l’agriculture dans la MRC de Maria-Chapdelaine à partir de la perception de trois types d’acteur.rice.s du milieu : les agriculteur.rice.s, les consommateur.rice.s et les acteur.rice.s du développement du territoire. Ces perceptions ont été recueillies grâce à des entretiens de recherche individuels et de groupe et un dispositif d’interaction physique, le DataViz nomade.
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Communication orale
Les approches participatives dans la co-définition (multi-acteurs et multi-échelles) de solutions prioritaires pour la durabilité des systèmes de production (agriculture, élevage eAmadou Hamath Diallo (Université Numérique Cheikh Hamidou Kane)
Au Sénégal, les ODD sont théoriquement pris en compte dans tous les référentiels en termes de politiques publiques. Le tableau de bord de l’état de réalisation des ODD indique des efforts à faire surtout pour l’ODD2-faim zéro. C’est dans ce sens que s’inscrit le projet de recherche « Science en action : Chemins croisés pour l’atteinte des ODD en zone aride » ou « XPaths » qui se propose d’étudier la durabilité des systèmes de production et alimentaire à travers une approche participative.
Il est à préciser que les enjeux de la participation des populations à la co-définition des actions de développement sont d’autant plus importants dans le contexte actuel où les changements climatiques exacerbent les contraintes spécifiques à la durabilité des systèmes de production (agriculture, élevage et pêche). L’approche méthodologique basée sur la démarche des 3 Horizons (3H) a permis de mener un processus de co-construction multi-acteurs et multi-échelles permettant la co-définition de solutions prioritaires.
L’analyse des données indique 4 leviers fondamentaux à savoir : 1-la structuration des secteurs et un renforcement des organisations de producteurs ; 2-la gouvernance participative et transparente des ressources pour améliorer l’accès aux facteurs de production ; 3-la formation et l’encadrement technique axés sur l’adaptation des pratiques de production face aux changements climatiques; 4-la valorisation des produits pour améliorer les revenus et inciter à la diversification.