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Un parcours semé d’embûches pour les chercheur-se-s francophones travaillant en contexte minoritaire au pays

Montréal, le 7 juin 2021 – Manque de soutien et de reconnaissance, tâches administratives et d’enseignement plus lourdes, difficulté à organiser des événements scientifiques en français. Faire de la recherche en français au Canada en contexte minoritaire constitue un vrai parcours du combattant selon les résultats de l’étude Portrait et défis de la recherche en français en contexte minoritaire au Canada rendue publique aujourd’hui par l’Acfas.

En plus des obstacles spécifiques aux chercheur-se-s francophones œuvrant en contexte minoritaire, l’étude met en lumière des problématiques communes à tous les chercheur-se-s francophones canadien-ne-s : la pression de publier en anglais, l’emploi de plus en plus fréquent de l’anglais pour les demandes de subventions et un désavantage, dans certains cas, lorsque les demandes sont présentées en français. L’étude est assortie de 9 recommandations qui visent à assurer l’épanouissement de l’espace de recherche en français au pays.

Réalisée conjointement par l'Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML) de l'Université de Moncton et la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante (CRCTSC) de l'Université de Montréal, en collaboration avec l’Acfas, l’étude représente l’aboutissement de deux ans de travail.

« Nous disposons désormais de données probantes inédites sur cette réalité méconnue. Les acteurs du milieu ont maintenant une feuille de route claire pour mieux appuyer ces chercheurs et chercheuses », souligne Éric Forgues, chercheur responsable de l’étude et directeur de l’ICRML.

 « Nos résultats démontrent que la situation de la recherche en français est plus fragile en milieu francophone minoritaire qu’en milieu francophone majoritaire, mais certains des constats touchent ces deux milieux. Dans ce contexte, la mise en place d’incitatifs nationaux prend toute son importance pour assurer l’accessibilité des savoirs en français aux citoyens et citoyennes du Canada », observe pour sa part Vincent Larivière, co-auteur de l’étude, titulaire de la CRCTSC et professeur à l'Université de Montréal. 

« Les chercheurs et chercheuses des communautés francophones minoritaires font face à des obstacles majeurs, souligne quant à lui Jean-Pierre Perreault, président de l’Acfas. Ces défis sont d’autant plus grands en ce moment, alors que des universités et des campus de la francophonie canadienne luttent pour leur pérennité. Il est urgent que nos gouvernements et nos universités agissent pour que les chercheurs et chercheuses puissent faire leurs travaux dans la langue officielle de leur choix. L’Acfas entend placer cette question au centre de ses priorités au cours de la prochaine année. »  

« En finançant cette étude, notre gouvernement a permis l’obtention de données précises et rigoureuses sur la recherche en français au Canada et sur la réalité des chercheur-se-s d’expression française qui travaillent en contexte minoritaire. Nous avons désormais un état des lieux clair qui nous permet de suivre la situation de près et de guider nos actions pour toujours mieux épauler les gens qui œuvrent dans ce milieu » déclare Mélanie Joly, ministre du Développement économique et des Langues officielles du Canada.

Ce que disent les chercheur-se-s

Un sondage a été mené de mai à octobre 2020 auprès de 515 chercheur-se-s d’expression française travaillant en contexte minoritaire au Canada.  Les questions portaient sur leurs pratiques de recherche et d’enseignement avant la pandémie. Il ressort de cette consultation les constats suivants :

  • Une proportion importante de chercheur-se-s des communautés francophones minoritaires évoluent dans de petites universités ou des campus de taille modeste. La charge d’enseignement y est souvent plus élevée, et l’accès à des auxiliaires d’enseignement et à des services pour préparer des demandes de subventions est plus difficile, ce qui réduit le temps disponible pour réaliser de la recherche.
  • Il y a peu de programmes de cycles supérieurs en langue française en contexte minoritaire, ce qui limite l’accès à des assistants-e-s de recherche qui maîtrisent le français. En effet, plus de la moitié des répondant-e-s (55 %) disent qu’il est très ou plutôt difficile d’avoir accès à un-e assistant-e de recherche maîtrisant le français aux cycles supérieurs. Ce pourcentage s’élève à 72 % dans l’Ouest, à 55 % en Atlantique et à 44 % en Ontario.
  • Faire de la recherche en français s’avère un réel défi en contexte francophone minoritaire, malgré l’apport significatif de cette recherche à la connaissance et à la vitalité de ce milieu de vie. D’autant plus que les chercheur-se-s travaillant dans ce contexte indiquent que les publications en français sont moins valorisées et ont un impact moindre sur l’avancement de leur carrière.

Publier en anglais ou périr

À l’aide de différents outils, les auteurs de l’étude se sont également penchés sur la langue de diffusion des articles scientifiques ainsi que sur la langue utilisée pour les demandes de subventions partout au pays. Dans cette sphère, tant les chercheur-se-s francophones en milieu majoritaire que ceux en milieu minoritaire sont touchés.

Sans surprise, les publications en sciences naturelles et de la santé se font presque exclusivement en anglais. Du côté des sciences humaines et sociales, l’anglais gagne de plus en plus de terrain. Par exemple, le pourcentage d’articles en français a diminué de moitié entre les décennies 1980 et 2010 à l’Université d’Ottawa.

La force d’attraction de l’anglais se voit également pour les revues scientifiques.  Environ 90 % des nouvelles revues qui ont vu le jour au Canada depuis 2005 sont de langue anglaise, ce qui laisse très peu de place aux revues bilingues et encore moins aux revues de langue française.

Demandes de subventions : le français dégringole là aussi

Les demandes de subventions suivent la même tendance, et cette situation touche elle aussi autant les          chercheur-se-s francophones en milieu majoritaire que minoritaire. Seulement de 5 % à 10 % des demandes auprès des organismes subventionnaires des domaines des sciences de la santé et naturelles sont rédigées en français. En sciences sociales, en arts et en sciences humaines, le pourcentage des demandes en français est passé de 25 % en 1990 à moins de 15 % de nos jours.

De plus, les chercheur-se-s d’expression française qui présentent des demandes en français auprès des Instituts de recherche en santé du Canada sont désavantagés. Ces demandes ont un taux de succès de 30 % comparativement à 37 % pour celles qui sont déposées en anglais. 

Recommandations

À la suite des analyses effectuées, 9 recommandations sont mises de l’avant pour mieux répondre aux besoins et aux défis des chercheur-se-s francophones travaillant en contexte minoritaire et valoriser davantage la production scientifique francophone au pays. Dans un environnement où l’anglais domine largement, la mise en œuvre de ces recommandations et des mesures proposées est essentielle afin de maintenir une production scientifique en français et de la rendre accessible à la population d’expression française du pays. Certaines mesures visent à aider les chercheur-se-s tandis que d’autres visent à appuyer les universités et les organes de l’édition savante.

La recommandation principale prône la création d’un service d’aide à la recherche en français (SARF), qui aurait notamment pour rôle d’offrir des services de soutien et de valorisation de la production scientifique en français.    

Partenaires financiers

L'Acfas est heureuse d'avoir lancé et cru en cette étude, rendue possible grâce au soutien financier de Patrimoine canadien, du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes, d'Universités Canada, de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF), de la Fédération des sciences humaines, de la Commission canadienne pour l'UNESCO et de l'Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC).

À propos de l’Acfas

L'Acfas, qui célébrera son 100e anniversaire de mai 2022 à juin 2023, fait rayonner les savoirs comme moteur de développement de nos sociétés en rassemblant les acteurs de la recherche au sein de la francophonie. Résolument tournée vers l’avenir, elle est un puissant vecteur de démocratisation et de communication scientifique. Elle valorise les chercheur-se-s de toutes les disciplines, ainsi que l’excellence en recherche.

À propos de l'Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques

La mission de l'Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML) est de promouvoir une plus grande connaissance de la situation des minorités de langue officielle du Canada et une meilleure compréhension des enjeux prioritaires qui les concernent. À cet effet, il s'engage à réaliser, en collaboration avec ses partenaires, des travaux de recherche pertinents pouvant appuyer les divers intervenants des minorités de langue officielle et les artisans des politiques publiques en matière linguistique.

À propos de la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante

L'objectif de la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante (CRCTSC) est d'améliorer la compréhension de la diffusion actuelle des connaissances en analysant les caractéristiques des documents écrits par les chercheur-se-s. Plus spécifiquement, la Chaire examine l'utilisation des nouveaux modes de production des connaissances, le partage des nouvelles sources de données et les changements touchant les pratiques de travail des chercheur-se-s.

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Source :                        Acfas

Renseignements :     
Marie-Josée Gauvin

MJG Relations Publiques
Mjgauvin222@gmail.com / 514 247-0088

Note : Les journalistes pourront poser leurs questions aux chercheurs et chercheuses lors du panel de dévoilement des résultats de l’étude, qui aura lieu le lundi 7 juin à 11 h dans le cadre de la Vitrine des savoirs de l’Acfas. Pour vous inscrire, merci de contacter Marie-Josée Gauvin au mjgauvin222@gmail.com ou au 514 247-0088.