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Informations générales

Événement : 92e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 600 - Colloques multisectoriels

Description :

Depuis quelques décennies, on assiste à une transformation rapide de l’institution de la famille, propulsée par différents changements sociaux et normatifs qui traversent notre société et qui ont une incidence sur notre manière d’appréhender les statuts parentaux et l’intervention auprès des familles. « Faire famille » se conjugue désormais au pluriel. Les familles situées à la marge des normes familiales (familles séparées, recomposées, homoparentales, transparentales, pluriparentales et transnationales, notamment) peinent à faire reconnaître leurs droits et à obtenir des services qui répondent adéquatement à leurs besoins.

Malgré les modifications législatives récentes, le droit civil reste attaché à une conception de la filiation qui perpétue un schéma familial biparental traditionnel. Les familles formées de trois parents ou plus demeurent toujours un impensé du droit québécois, et ce, malgré la reconnaissance de la pluriparenté ailleurs au Canada. Certaines figures parentales – les beaux-parents, par exemple – sont aussi exclues de la filiation et restent en marge de la parentalité. Ces familles font l’expérience d’une ambiguïté sociale et juridique; elles existent, élèvent des enfants et contribuent à la vie en société, mais la reconnaissance légale de leur structure familiale leur échappe.

Comme en témoignent les débats entourant la réforme du droit de la famille au Québec ou la loi relative à la bioéthique en France, le défi actuel consiste à construire un cadre juridique suffisamment souple pour permettre de prendre en considération les différentes réalités familiales contemporaines, tout en priorisant le « meilleur intérêt » des enfants, une notion elle-même en mouvance. Or, on déplore le manque de données empiriques qui pourraient faciliter le débat social et éclairer les décideurs et décideuses sur les pratiques prometteuses et les avenues législatives à considérer pour favoriser le vivre-ensemble et le bien-être des familles.

L’incertitude et la précarité vécues au quotidien par les familles en quête de reconnaissance et d’équité font en sorte qu’elles vivent une vulnérabilité légale et sociale causée par l’absence d’encadrement juridique et, donc, de protection. Il est nécessaire de mettre en lumière ces situations qui fragilisent le vécu familial et créent des inégalités, lesquelles sont aggravées par des dénis de reconnaissance structurelle, souvent exacerbés lors de réorganisations familiales qui ponctuent les parcours de vie des parents. Partant du principe que la prise en compte de la diversité familiale dans les pratiques est révélatrice des normes sociales, ce colloque offre ainsi l’occasion de poser un regard interdisciplinaire et intersectoriel sur ce champ de recherche et d’intervention et d’enrichir notre compréhension de phénomènes actuels pour faire émerger des pistes d’action favorisant l’inclusion et le bien-être de toutes les familles.

Date :

Format : Sur place et en ligne

Responsables :

Programme

Communications orales

Pluralisation des configurations familiales et enjeux d’inclusion

Salle : D-3025 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Avancées légales en matière familiale au Québec : 25 ans de progrès et de défis pour les familles LGBTQ+
    Mona Greenbaum (Coalition des familles LGBT+)

    Cette présentation explorera les avancées des 25 dernières années qui ont renforcé les droits des personnes LGBTQ+ au Québec, tant sur le plan législatif que judiciaire, avec un accent particulier sur les droits familiaux. Nous examinerons les progrès réalisés en matière d’adoption, de procréation assistée, de grossesse pour autrui, de reconnaissance des familles pluriparentales ainsi que des familles avec des parents trans ou non-binaires. Ces avancées, bien qu’essentielles pour les familles LGBTQ+, ont souvent des répercussions positives sur l’ensemble des familles québécoises. La discussion mettra en lumière les changements législatifs clés, les décisions judiciaires marquantes, ainsi que les défis persistants pour assurer une égalité complète.


Communications orales

Devenir parent(s) à la marge des normes familiales : expériences de personnes concernées et pratiques professionnelles

Ces communications examinent les barrières systémiques et les inégalités auxquelles font face les personnes LGBTQ+, et en particulier les personnes trans, dans leur parcours vers la parent(alit)é, notamment dans le cadre de la procréation médicalement assistée (PMA). Ensemble, elles plaident pour des pratiques et des politiques plus inclusives, respectueuses de la diversité des réalités familiales et promouvant la justice reproductive.

Salle : D-3025 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Désir de parentalité et obstacles à la réalisation d’un projet parental chez les personnes trans post-transition
    Éric Feugé (UQAM - Université du Québec à Montréal), Maxime Genest (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    La transparentalité demeure encore largement méconnue dans notre société. Les recherches antérieures se sont principalement concentrées sur les parents pré-transition. Cependant, des réformes législatives récentes, telles que celles concernant l’accès à la transition légale (2015), la procréation médicalement assistée (2021) et la grossesse pour autrui (2024), pourraient inciter un nombre croissant de personnes trans post-transition à devenir parents. Cette communication propose une recension de la littérature existante sur le désir de parentalité des personnes trans et sur le vécu des parents trans post-transition dans la conception et la réalisation de leur projet parental. Nous ferons état des connaissances actuelles concernant le choix des modes d’accès à la parentalité et des obstacles légaux, sociaux et médicaux rencontrés par ces parents. Parmi les principaux obstacles, nous insisterons sur la transphobie, la cisnormativité, le ciscentrisme et l’effacement, définis par Bauer (2009) comme des mécanismes sociaux, institutionnels et discursifs rendant invisibles les réalités des personnes transgenres. Enfin, nous présenterons les objectifs de notre recherche : documenter les parcours des parents trans post-transition, analyser les facteurs déterminants du choix de l’accès à la parentalité, et mettre en lumière leurs besoins spécifiques. Cette recherche contribuera à une meilleure adaptation des services et des politiques publiques en faveur de la transparentalité.

  • Communication orale
    La loi de bioéthique et l’accès à l’AMP par et pour les personnes trans en France : vers une reconnaissance de la diversité des familles transparentales?
    Sylvie Morel (Nantes Université)

    La loi du 2 août 2021 relative à la bioéthique a rappelé le droit pour les personnes trans de préserver leur fertilité avant initiation d’un traitement hormonal ou chirurgical, comme recommandé depuis 2001 par la WPATH. Toutefois, « la loi n’aménage pas clairement la possibilité de réutiliser à l’avenir les gamètes conservés » (Carayon, 2021). Plus précisément, l’accès à l’assistance médicale à la procréation (AMP) reste interdit pour les hommes trans ayant modifié leur changement de sexe à l’état civil. Malgré ses limites, en permettant l’accès à l’AMP aux couples de femmes et aux femmes seules, le législateur a ouvert silencieusement la possibilité de nouveaux recours à l’AMP pour les personnes trans. L’analyse repose sur une enquête menée par observation au sein d’un Centre de conservation des œufs et du sperme (CECOS) ainsi que sur des entretiens semi-directifs auprès de 26 personnes trans et de 20 professionnel·les de santé. Nous verrons comment certain·es professionnel·les, malgré des réticences et un flou juridique, ont œuvré depuis 2018 à transformer leur service pour accueillir les personnes trans de façon « safe », dans un lieu de soin jusqu’alors binaire, cis-hétéronormé. Puis, en partant du point de vue des personnes trans, nous analyserons les effets de ces transformations sur leur vécu de l’accès aux techniques reproductives et la concrétisation de leur désir de faire famille.

  • Communication orale
    Vers des pratiques psychosociales inclusives en PMA : reconnaître et intégrer les réalités LGBTQ+
    Emma Bouffard (UQO - Université du Québec en Outaouais), Isabel Côté (Université du Québec en Outaouais), Claudia Fournier (Université du Québec en Outaouais)

    Pour fonder une famille, la procréation médicalement assistée (PMA) s’avère incontournable pour plusieurs personnes LGBTQ+. Lorsqu’un don de sperme, d’ovules ou d’embryons est requis, une rencontre psychosociale est imposée, exigence dont sont dispensés les couples recourant à leurs propres gamètes, majoritairement hétérosexuels et cisgenres. Bien que des études montrent les bénéfices potentiels de cet accompagnement pour l’ensemble des futurs parents en PMA, son application ciblée complexifie davantage le projet parental des personnes LGBTQ+. Cette asymétrie institutionnelle s’ajoute aux nombreuses barrières existantes pour accéder à la PMA, telles que les contraintes financières, géographiques et temporelles, dans un contexte où les représentations sociales de la parentalité restent fortement ancrées dans des normes traditionnelles. La communication explorera les expériences des personnes LGBTQ+ face aux rencontres psychosociales en PMA. À partir de données qualitatives issues de 15 entrevues semi-dirigées, nous présenterons leurs perceptions à l’égard de cette rencontre, révélant que de nombreux individus considèrent l’accompagnement inadapté à leurs réalités, notamment en raison des pratiques marquées par l’hétéronormativité et la cisnormativité. Nous proposerons des pistes d’intervention prometteuses pour favoriser la reconnaissance et l’inclusion des réalités LGBTQ+ dans les pratiques cliniques.


Communications orales

Naviguer dans les dynamiques légales et sociales des familles pluriparentales : défis et perspectives

Cette session explore les expériences des familles pluriparentales sous les angles juridiques, psychologiques et sociaux. Les sujets abordés incluent la reconnaissance légale de ce modèle familial, le développement socioaffectif des enfants et l'impact du stress généré par la non-reconnaissance et la marginalisation sur la santé et le bien-être de l’ensemble des membres de ces familles. Les communications visent à offrir une compréhension globale des défis rencontrés par ces familles et à proposer des pistes de recherche et d’action pour une plus grande reconnaissance et équité.

Salle : D-3025 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
Présidence : Mona Greenbaum (Coalition des familles LGBT+)
  • Communication orale
    Famille en puissance et impuissance politique : l’enfant comme acteur clé pour la consolidation des projets pluriparentaux
    Michaël Lessard (Université de Sherbrooke), Alexandra Rivest-Beauregard (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Malgré la diversité des configurations familiales et les réformes du droit de la famille, le droit québécois demeure ancré dans un modèle biparental rigide, limitant la reconnaissance juridique des familles pluriparentales. Or, les justiciables n’attendent pas que le droit s’adapte à leur réalité : des familles où un·e enfant a plus de deux figures parentales existent déjà. Ces familles emploient diverses stratégies, que ce soit à l’aide des outils du droit privé ou encore en s’appuyant sur une confiance d’ordre moral, afin de nouer une courtepointe d’obligations et de devoirs visant à reproduire le tissu de la filiation. Par ces stratégies, les parents créent leur propre droit afin de se lier eux-mêmes et d’en faire bénéficier l’enfant. Dans cette présentation, nous proposons d’explorer le rôle actif que peut jouer l’enfant dans la consolidation de ces projets parentaux. En raison de l’importance accordée en droit au concept de l’intérêt de l’enfant, l’enfant constitue l’élément clé permettant de consolider ou, au contraire, de dénouer de tels projets parentaux. Le tout dépendant de la manière dont l’enfant assimile le projet parental dont il ou elle est l’objet. Par l’intermédiaire de la notion l’intérêt de l’enfant, il serait possible qu’un·e enfant réussisse à faire accepter par une autorité juridique un modèle familial construit en marge du modèle traditionnel du droit de la famille. L’enfant, d’abord objet du projet parental, en deviendrait ainsi le sujet déterminant.

  • Communication orale
    Pluriparentalité et développement de l’enfant : abord critique des discours contemporains et évaluation comparative du développement socioaffectif et du fonctionnement familial
    Éric Feugé (UQAM - Université du Québec à Montréal), Guillaume Soubeyrand-Faghel (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    L’essor des familles pluriparentales, où plus de deux adultes assument un rôle parental, remet en question les modèles familiaux traditionnels. Ces configurations, souvent issues de relations polyamoureuses ou de parents LGBTQ+, suscitent des représentations et discours contrastés. Certains soulignent les risques liés à l’instabilité familiale, aux conflits interparentaux et au stress minoritaire; d’autres y voient un cadre propice à la disponibilité parentale, à des ressources matérielles plus abondantes et à une diversité des repères identitaires et affectifs. Malgré ces débats, aucune étude quantitative n’a encore exploré l’impact de la pluriparentalité sur le développement et le bien-être des enfants. Ce manque de données, accentué par des préjugés sur la viabilité de ces familles, est un terreau fertile pour des interventions psychologiques et sociales inadéquates, en plus d’entraver leur reconnaissance légale. Conséquemment, le droit de la famille au Québec et au Canada fait face à une augmentation des litiges liés à ces configurations, où leur reconnaissance est respectivement soit inexistante, soit insuffisante. Cette présentation exposera ces perspectives et présentera un projet de recherche doctoral visant à combler ce vide scientifique par une analyse comparative entre familles pluriparentales et biparentales, en évaluant l’attachement, l’estime de soi et l’adaptation socioaffective des enfants, ainsi que le stress parental et le fonctionnement familial global.

  • Communication orale
    Analyser le vécu des familles polyparentales au prisme du stress minoritaire et du modèle bioécologique : état des connaissances
    Kévin Lavoie (Université Laval), Sophie Parent (Université Laval)

    Les familles polyparentales (composées de plus de deux parents entretenant des relations polyamoureuses) demeurent sous-représentées dans la recherche, malgré une visibilité croissante. Cette communication présente donc une recension narrative sur le vécu de ces familles, réalisée à partir de 19 articles publiés entre 2006 et 2023. En mobilisant la théorie du stress minoritaire, intégrée au modèle bioécologique, l’analyse propose une lecture multi-niveaux des expériences rapportées. Une première portion des résultats décrit les formes que ces familles peuvent prendre, ainsi que les enjeux rencontrés. L’analyse des résultats indique que le stress minoritaire vécu par les familles polyparentales émerge à divers niveaux écosystémiques. Au niveau microsystémique, il se manifeste par des tensions dans les relations avec les membres de la famille élargie, souvent amplifiées par les normes mononormatives entourant la famille. Au niveau mésosystémique, les interactions avec les institutions révèlent des défis d’acceptation et de reconnaissance pour les parents. Enfin, aux niveaux exosystémique et macrosystémique, les enjeux légaux et sociaux de non-reconnaissance perpétuent la marginalisation de ces familles. Cette analyse offre une compréhension nuancée des enjeux vécus par les familles polyparentales. Elle met en évidence la nécessité d’adopter des approches intégrées et d’élargir les recherches sur le sujet, afin de mieux documenter leurs expériences et d’informer les pratiques.

  • Communication orale
    Art et intervention sociale : enjeux et apports potentiels d’un projet auprès des familles queers pluriparentales
    Amélie Bureau (UQAR - Université du Québec à Rimouski)

    Dans le cadre d’une maitrise interdisciplinaire en intervention sociale par les arts, ce projet s’intéresse aux familles queers pluriparentales. La pluriparentalité correspond à une structure familiale à plus de deux parents. En Amérique du Nord, les représentations sociales dominantes privilégient encore l’archétype traditionnel de la famille nucléaire hétérosexuelle et monogame. Au Canada, si certaines provinces – Ontario, Colombie-Britannique, Saskatchewan – permettent à un enfant d’avoir plus de deux parents sur son certificat de naissance, le Québec n’y consent pas encore. Les familles pluriparentales souffrent actuellement d’un manque de reconnaissance sociale et légale qui peut amener plusieurs enjeux. Quant aux personnes queers membres de ces structures familiales, elles font encore aujourd’hui partie des personnes les plus vulnérabilisées socialement. À partir d’une perspective « d’insider » queer et d’une posture féministe intersectionnelle située, cette communication propose de présenter les apports de ces postures pour la construction des savoirs, en considérant les enjeux éthiques et les limites possibles dans un tel projet de recherche. Il y est également question du potentiel associé aux méthodologies créatives en intervention sociale, ainsi que de l’importance d’une cohérence épistémologique et pratique, notamment dans le cadre de recherches réalisées auprès de populations marginalisées.


Dîner

Dîner libre

Salle : D-3025 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D

Communications orales

Le droit à l’épreuve des réalités familiales contemporaines : (re)penser les normes juridiques dans le droit privé québécois

Ces communications examinent de manière critique la manière dont le droit privé québécois encadre et limite la reconnaissance de la diversité familiale. En explorant différentes notions et configurations familiales — telles que le fait familial, la beau-parentalité et la coparentalité amicale — elle révèlent les biais normatifs inscrits dans le droit de la famille. Ces communications appellent à un cadre juridique plus inclusif, capable de refléter la complexité et la diversité des liens familiaux contemporains.

Salle : D-3025 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Des manifestations familiales contemporaines : réflexions préliminaires sur le fait parental en droit québécois
    Pénéloppe Chabot (UdeS - Université de Sherbrooke), Andréanne Malacket (Université de Sherbrooke)

    Cette conférence sera l’occasion d’examiner le régime juridique applicable au Québec à l’égard du fait parental, à la lumière de certains modèles familiaux contemporains ou émergents, dont certains évoluent encore hors du droit commun. Quatre configurations seront ainsi brièvement examinées : (1) la filiation post mortem, (2) la beau‑parentalité, (3) la pluriparenté et (4) la coparentalité amicale. En effet, alors que le Code civil du Québec envisage le fait parental en fonction d’une approche binaire classique au cœur de laquelle loge la notion de couple, il s’agira de mettre en exergue les tensions qui sont susceptibles de découler de cette approche et de présenter nos réflexions préliminaires dans une perspective critique, de manière à envisager une possible remise en question du modèle privilégié par le droit québécois au regard du droit comparé.

  • Communication orale
    Éclairer le débat entourant la reconnaissance sociale et juridique des beaux-parents en misant sur une typologie de rôles beaux-parentaux
    Élisabeth Godbout (Université Laval), Marie-Christine Saint-Jacques (Université Laval)

    Le Québec procède actuellement à une importante réforme du droit de la famille. Parmi les thèmes soulevés, il est question du meilleur intérêt des enfants de famille recomposée et, dans cette foulée, du statut des beaux-parents, de leurs droits et responsabilités. Bien qu’ils figurent parmi les parents sociaux les plus présents dans l’environnement familial des enfants, force est de reconnaître que leur statut jouit de peu de reconnaissance sociale et juridique. Il existe plusieurs freins à une plus grande reconnaissance et, parmi ceux-ci, on retrouve la grande diversité qui caractérise les rôles des beaux-parents. Les connaissances actuelles permettent de repérer six types de beau-parentalité basés sur les rôles qui dénotent d’un continuum allant d’un engagement nul à un engagement similaire à celui d’un parent. Ces typologies (n=10) sont essentiellement élaborées à partir d’études qualitatives. Cette communication permettra d’approfondir ces typologies en misant sur un élargissement des indicateurs pris en compte, et ce, dans une perspective quantitative, populationnelle et longitudinale. Les analyses sont basées sur une exploitation des données de l’Enquête longitudinale auprès des parents séparés et recomposés du Québec. En conclusion, nous mettrons en parallèle les paramètres du droit actuel et les types d’exercice de la beau-parentalité. Ceci permettra de repérer si des aspects du droit de la famille doivent être modifiés et, si oui, pour quel type de beau-parent?

  • Communication orale
    Queeriser la famille : réimaginer la place des amitiés au sein du droit privé québécois
    Laurence Gauvin-Joyal (Université d’Ottawa)

    Au Québec, nombreuses sont les personnes qui accordent à leurs amitiés une place privilégiée, parfois supérieure à leurs relations conjugales et familiales. Pourtant, le droit s’y intéresse peu. Plusieurs personnes subissent les effets pervers de la loi, notamment en matière d’héritage et de filiation. Ce constat s’inscrit dans une riche littérature sur les approches queers et féministes qui s’intéresse à la manière dont le droit favorise certaines relations au détriment d’autres, générant ainsi des dynamiques d’exclusion et de marginalisation. De cette littérature, deux constats émergent : le droit hiérarchise les liens intimes en privilégiant la conjugalité et la parenté, et ces catégories juridiques perpétuent les normes de genres et de sexualité. Quels en sont les effets sur les personnes qui structurent leur vie autour de leurs amitiés? Cette communication vise à montrer et à interroger la manière dont le droit privé québécois construit les amitiés et à examiner les conséquences juridiques, matérielles et normatives qui en découlent par une mobilisation des théories queers. Je défendrai la thèse selon laquelle le droit de la famille s’intéresse aux amitiés comme d’une relation de second ordre, ce qui contribue à produire un mode de vie articulé autour des relations conjugales et parentales hétérocisnormatives, désavantageant les personnes et les configurations familles qui échappent à ce mode de vie normatif.


Communications orales

Regards intergénérationnels sur la diversité familiale : recueillir le point de vue des enfants et des grands-parents

Ces communications explorent les expériences d’enfants et de grands-parents issus de familles non traditionnelles — telles que celles dirigées par des pères gais, des parents adoptifs interraciaux, ou conçues par grossesse pour autrui — mettant en lumière les défis auxquels ils font face en matière de victimisation, de socialisation et d'acceptation sociale. L'objectif est de mettre en avant les voix de ces enfants et de leurs proches, en examinant comment leurs expériences reflètent des enjeux plus larges de reconnaissance, d’équité et d’inclusion.

Salle : D-3025 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D
  • Communication orale
    Naviguer à travers l’hétéronormativité : expériences d’enfants québécois et français de pères gais nés d’une grossesse pour autrui
    Isabel Côté (Université du Québec en Outaouais), Kévin Lavoie (Université Laval), Marie-Christine Williams-Plouffe (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Plusieurs pays à travers le monde réfléchissent à la grossesse pour autrui (GPA) autour de questionnements éthiques, notamment le bien-être et le devenir des enfants ainsi nés. Différentes stratégies sont adoptées afin de limiter des dérives anticipées et de protéger les personnes concernées par la GPA. De son côté, le Québec a entrepris l’encadrement de la pratique en 2024, tandis que la France maintient fermement sa prohibition sur son territoire. Bien que l’intérêt supérieur des enfants constitue un argument central des préoccupations, ils sont les seuls dont la voix est occultée dans les débats. Cette étude vise à explorer les expériences d’enfants québécois et français de pères gais nés d’une GPA. À l’aide d’une posture épistémologique de l’approche centrée sur l’enfant et des entretiens semi-dirigés, 19 jeunes québécois et français âgés de 5 à 18 ans ont été rencontrés. À travers leurs récits, il ressort que l’hétéronormativité et l’homophobie teintent davantage leurs expériences que le fait d’être nés d’une GPA. C’est particulièrement le cas des jeunes Français qui ont partagé plus d’expériences d’homophobie que les jeunes Québécois. Lorsque les jeunes doivent répondre aux questionnements que suscite la GPA, ces questions sont également teintées par l’hétéronormativité. Les retombées de cette étude innovante permettent de mettre en lumière les réalités invisibilisées de ces jeunes et se déclinent sur les plans scientifique, social et disciplinaire.

  • Communication orale
    Expériences de socialisation en milieu scolaire de préadolescent·es issu·es de familles homopaternelles adoptives interraciales
    Gabrielle Comtois (Université du Québec à Montréal), Éric Feugé (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Parmi les enfants confiés à des couples de même genre par la Direction de la protection de la jeunesse, environ un tiers sont racisés. Leur identité se situe au croisement de l’adoption, de la racisation et de l’homoparentalité. Alors que l’adolescence impose à la fois de s’intégrer et de s’affirmer, ces jeunes peuvent faire face à des défis spécifiques. Cette recherche explore les expériences de socialisation à l’école de préadolescent·es issu·es de familles homopaternelles adoptives interraciales à travers les cadres de la microagression et de l’intersectionnalité. Au moyen d'entrevues semi-dirigées auprès de 14 jeunes racisé·es, elle examine 1) l’aisance à dévoiler leur famille, 2) la perception des réactions des pairs et 3) les stratégies d’adaptation. Les participant·es rapportent une méconnaissance de leur type de famille, des expériences de stigmatisation bionormative, raciste et hétérosexiste, mais aussi des réactions positives valorisant l’homopaternité. Face aux expériences négatives, plusieurs stratégies sont utilisées, telles que la dissimulation, la confiance comme condition au dévoilement, la sensibilisation des pairs, l’indifférence et le contact avec d’autres enfants de parents gais. Cette recherche souligne la nécessité de démystifier les familles non traditionnelles et de déconstruire les stéréotypes de genre à l’école, tout en offrant des pistes pour sensibiliser et former les professionnel·les de l’éducation afin d’accroître le bien-être de ces jeunes.

  • Communication orale
    Victimisation scolaire : facteurs de risque et de protection chez les enfants adoptés par des pères gais, des couples hétérosexuels et non adoptés
    Charlotte Dupont (UQAM - Université du Québec à Montréal), Éric Feugé (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    De plus en plus d’enfants de la banque mixte sont confiés à des couples d’hommes par la DPJ. Leur statut (adoptés et élevés en famille homopaternelle) pourrait accroître leur risque d’intimidation à l’école, un phénomène associé à plusieurs difficultés à long terme. De plus, la non-conformité aux normes de genre, l’agressivité réactive et l’anxiété prédisent la victimisation, tandis qu’une sécurité d’attachement aux parents et aux ami·e·s joue un rôle protecteur. Le degré de victimisation de 120 enfants issu·es de 3 groupes (adoptés par des pères gais, adoptés par des couples hétérosexuels et non adoptés de familles hétéroparentales) a été comparé, tout en explorant les liens avec les facteurs de risque et de protection précédemment identifiés. Nos résultats montrent que les enfants adoptés par des couples hétérosexuels présentent un degré de victimisation plus élevé (p=.04), une agressivité réactive accrue (p=.009) et une sécurité d’attachement parental plus faible (p=.001) que les non-adoptés. Ces différences ne sont pas observées chez les enfants de pères gais, qui montrent cependant un meilleur attachement aux ami·e·s (p=.02). Une régression indique que seules l’agressivité réactive (p=.0007) et l’anxiété (p=.03) influencent la victimisation. Ainsi, avoir des pères gais ne constitue pas un facteur de risque. Ces résultats contribuent à déconstruire les préjugés auxquels ces familles font face.

  • Communication orale
    Attitudes des grands-parents envers la parentalité LGBTQ+
    Éric Feugé (UQAM - Université du Québec à Montréal), Villemin Romane (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    En dépit des avancées légales et médicales facilitant l’accès à la parentalité pour les personnes LGBTQ+, ainsi que d’un large corpus de recherches démontrant que l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des parents n’affecte pas le bien-être des enfants, des résistances envers les parents LGBTQ+ persistent. Toutefois, aucune étude quantitative n'a évalué les attitudes des grands-parents envers la parentalité LGBTQ+, ni leur lien avec l’engagement des grands-parents auprès des petits-enfants ou la qualité de l’attachement de ces derniers·ères. Il est pourtant reconnu que les grands-parents influencent positivement le bien-être de leurs petits-enfants dans les familles hétéroparentales, mais des attitudes négatives des grands-parents à l’égard de la parentalité LGBTQ+ pourraient nuire à cette relation dans les familles avec enfants LGBTQ+, fragilisant ainsi les bienfaits du lien intergénérationnel. Lors de la conférence, nous présenterons un aperçu de la littérature sur les attitudes envers la parentalité LGBTQ+, ainsi que les objectifs de notre étude : comparer les attitudes des grands-parents ayant des enfants LGBTQ+ à celles des grands-parents n’en ayant pas, et examiner l'impact de l'engagement émotionnel des grands-parents sur la relation entre leurs attitudes et l'attachement avec leurs petits-enfants. Une bande dessinée illustrant les thèmes principaux de la revue de littérature, la méthodologie et les outils utilisés dans cette recherche sera également partagée.


Communications orales

Mettre la marge au cœur de l’analyse et de l’action

Salle : D-3025 — Bâtiment : ETS - Bâtiment D