Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Dans les dernières années, ici et ailleurs dans le monde, plusieurs équipes de recherche se sont intéressées aux initiatives qui permettent aux enfants et aux familles vivant en contexte d’adversité (c.-à-d., qui sont exposés, par exemple, à de l’instabilité économique ou résidentielle, à de l’abus, à de la négligence, à de la violence familiale ou à des environnements communautaires dits « toxiques »; Ellis et al., 2017) de pratiquer des activités artistiques au sein de leur communauté. Les résultats de ces recherches indiquent notamment que la participation à ces activités serait favorable au développement des enfants (p. ex., Brown et al., 2022) et à la relation parent-enfant (Gaudette-Leblanc et al., soumis). Ces activités sont importantes puisqu’elles permettent aux enfants et aux familles de vivre des expériences positives, de tisser des liens avec d’autres et de développer un réseau de soutien vers lequel ils ou elles peuvent ensuite se tourner (Savage et al., 2022; Teggelove, 2017). Elles suscitent l’intérêt des familles, et nombreuses sont celles qui désirent y participer (Teggelove, 2017). Pourtant, ces initiatives restent relativement peu connues, et on peine à reconnaître leur plein potentiel. Il semble donc important de les mettre en valeur en examinant de quelles façons elles soutiennent le développement des enfants et le bien-être des familles. L’objectif de ce colloque est donc de regrouper des acteurs de la communauté et des équipes de recherche ayant conçu ou documenté un projet d’innovation sociale axé sur la pratique d’activités artistiques et mis en œuvre au sein de la communauté, de discuter de certains enjeux et de répondre aux questions suivantes : Quelles initiatives permettent aux enfants et aux familles de pratiquer des activités artistiques au sein de leur communauté, ici, au Québec? Et ailleurs dans le monde? À quelles populations s’adressent-elles? Quels sont leurs possibles effets? Quels sont les facteurs qui facilitent ou contraignent leur mise en œuvre?
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Aimée Gaudette-Leblanc (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
- Alexandra Matte-Landry (Université Laval)
Programme
Bloc 1 — Des innovations sociales axées sur la pratique d’activités artistiques proposées au sein des communautés : introduction et petite enfance
-
Communication orale
Les programmes enrichis en arts et le développement des enfants d’âge préscolaire vivant en contexte d’adversité. À quoi faut-il penser?Annabelle Berthiaume (Université de Sherbrooke), Thomas Delawarde-Saïas (Université du Québec à Montréal), Aimée Gaudette-Leblanc (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Alexandra Matte-Landry (École de travail social et de criminologie, Université Laval)
Dans les dernières décennies, certains programmes enrichis en arts ont été proposés aux enfants d’âge préscolaire vivant en contexte d’adversité. Le programme Kaleidoscope est à notre connaissance, le programme le plus documenté. Les résultats des études ayant été menées afin d’examiner l’efficacité du programme Kaleidoscope indiquent que la participation à ce programme contribue au développement et aux apprentissages des enfants d’âge préscolaire (Brown et al. 2010; Brown et Sax, 2013; Brown et al., 2018), voire, à leur bien-être (Brown et Sax, 2017). Cela dit, une observation des pratiques éducatives mises en place nous amène à nous questionner: Ce programme répond-il véritablement aux besoins et aux intérêts des enfants qui y participent? Si oui, dans quels contextes et de quelles façons? Si non, pourquoi? Cette communication sera l’occasion de discuter de ces questions. Dans un premier temps, nous prendrons soin de décrire le programme Kaleidoscope et de présenter une synthèse des recherches qui en découlent. Nous poserons un regard critique sur les méthodologies employées dans ces contributions, et examinerons leurs forces et leurs limites. Puis, nous animerons une courte discussion, tenterons de répondre aux questions précédemment identifiées et réfléchirons aux ajustements qui pourraient être faits afin de mieux répondre aux besoins et aux intérêts des enfants d’âge préscolaire vivant en contexte d’adversité lors de leur participation à un programme enrichi en arts.
-
Communication orale
Les facteurs contribuant à l’influence de la participation à un programme d’éducation musicale sur les pratiques musicales des jeunes famillesAnnabelle Berthiaume (Université de Sherbrooke), Dany-Ann Boucher (Université du Québec À Trois-Rivières), Annick Bourbeau (Université du Québec À Trois-Rivières), Aimée Gaudette-Leblanc (Université du Québec À Trois-Rivières), Maggie Langlois (Université du Québec À Trois-Rivières), Gabrielle Vézina (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
En 2023-2024, un programme d’éducation musicale a été proposé aux parents et aux enfants fréquentant un service de garde éducatif à l’enfance situé dans un quartier considéré vulnérable sur le plan social et économique, en banlieue de Montréal. Cette initiative, financée par le programme Culture et inclusion, visait à permettre à tous les enfants de s’initier à la musique au sein de leur communauté, nonobstant le milieu socioéconomique dont ils proviennent. Elle visait également à permettre au parent et à l’enfant de vivre un moment positif, en compagnie d’autres parents et de leur enfant. En nous basant sur les résultats des recherches antécédentes (Abad et Barrett, 2023; Barrett et Welch, 2021), nous avons émis l’hypothèse que la participation à ce programme pourrait favoriser l’adoption de nouvelles pratiques musicales au sein de la dyade parent-enfant, et par le fait même, contribuer à la qualité des interactions et au développement de l’enfant. Pour valider cette hypothèse, des entretiens ont été menés auprès des parents, avant et après leur participation au programme. L’analyse des données collectées suggère que différents facteurs pourraient contribuer ou contraindre l’adoption de nouvelles pratiques musicales au sein de la dyade lors de leur participation à un programme d’éducation musicale. Ces facteurs, d’ordre personnel, interpersonnel, matériel et structurel, sont à considérer lors de l’implantation d’un programme à la petite enfance, qu'il soit musical ou non.
Bloc 2 – Des innovations sociales axées sur la pratique d’activités artistiques proposées au sein des communautés : enfance
-
Communication orale
La musique au service du développement socioémotionnel des jeunes issus de milieux comportant des facteurs de risqueAmélie Roy (Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec), Érica Stella (Jeunes musiciens du monde)
Depuis 2002, Jeunes musiciens du monde (JMM) intervient auprès des jeunes issus de milieux comportant des facteurs de risque pour favoriser leur développement personnel et social. Ses équipes, composées de professeurs et d’intervenants sociaux, accompagnent gratuitement 1600 élèves à travers 8 régions du Québec. L’approche musicosociale, conceptualisée par JMM en collaboration avec le Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ), utilise l’enseignement de la musique comme moyen de stimuler le développement des habiletés socioémotionnelles. Les programmes offrent un environnement inclusif et flexible conçu pour permettre aux
élèves de développer leurs sentiments d’appartenance, de compétence et d’autonomie ; trois indicateurs qui sont associés à la motivation, à la participation active à la vie en société et aux aspirations positives. L’incidence de l’approche sur ces indicateurs est mesurée annuellement dans le cadre d’une étude par questionnaires auprès de plus de 200 élèves. Les données sont rigoureusement analysées par le CTREQ en vue d’adapter continuellement les interventions pour maximiser leur portée. Ce modèle offre aux jeunes issus de milieux comportant des facteurs de risque un accompagnement s’appuyant sur des pratiques éducatives et des données probantes affinées depuis 15 ans, leur permettant de se projeter positivement dans l'avenir. -
Communication orale
La musico-relationnelle, un programme développé en pédiatrie sociale pour améliorer la relation parent-enfantEliane Gendron (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Les centres de pédiatrie sociale en communauté ont pour mission de soutenir les enfants vivant en contexte de vulnérabilité. Je travaille comme musicothérapeute au centre de pédiatrie sociale cœur des Laurentides (CPSCL) où notre équipe a été formée à l’intervention relationnelle (IR). La musicothérapie est l’utilisation de la musique afin de soutenir le développement, la santé et le bien-être des personnes et de répondre à des besoins d’ordre cognitif, physique, social, musical, communicationnel et spirituel (Century, 2010). Elle est pratiquée par un musicothérapeute formé et certifié. L’IR s’appuie sur la théorie de l’attachement et s’opérationnalise auprès d’une dyade parent-enfant. Elle vise l’amélioration de la sensibilité parentale, de la sécurité d’attachement et du développement de l’enfant (Cardinal et al., 2008). Au CPSCL, nous avons mixé ces deux approches pour créer le programme de musico-relationnelle. Cette innovation sociale permet de rejoindre des familles pour qui l’interaction verbale peut être difficile et d’offrir à la dyade un moment de qualité dans lequel la musique soutient la communication entre le parent et l’enfant. Cette présentation vise à décrire ce programme et à discuter de l’apport de la musicothérapie dans la vie des familles identifiées comme vulnérables.
-
Communication orale
L’apprentissage et la pratique collective de la musique : une intervention innovante pour soutenir le développement et prévenir la délinquanceDelphine Collin-Vézina (École de travail social, Université McGill), Anika Gaudreault (Université Laval), Alexandra Matte-Landry (École de travail social et de criminologie, Université Laval), Jean-François Morin (Le garage à musique), Isabelle Ouellet-Morin (École de criminologie, Université de Montréa)
Les expériences d’adversités à l'enfance (EAE) sont associées à des comportements extériorisés et antisociaux, ainsi qu’à des difficultés cognitives affectant les fonctions exécutives (FE). Bien que l’apprentissage et la pratique de la musique aient démontré des effets positifs sur le développement global des enfants, très peu d’études en ont examiné les effets sur ces comportements chez les enfants vivant des EAE, via le soutien aux FE. Cette étude vise à documenter l'évolution des FE et des comportements extériorisés et antisociaux chez des enfants exposés à des EAE participant à des activités musicales au Garage à Musique. Cette étude (N = 33 enfants âgés de 6 à 16 ans) comprend un groupe expérimental (participant aux activités musicales) et un groupe témoin. Des questionnaires ont été remplis par les parents et des tâches neuropsychologiques ont été administrées aux enfants au début des activités musicales (prétest) et 6 à 9 mois plus tard (post-test). Des ANOVAs à mesures répétées (en cours) documenteront l’évolution des FE, des difficultés de comportements reliés aux FE et des comportements extériorisés et antisociaux. Des effets d’interaction permettront de comparer les groupes et d’examiner le rôle attendu des FE dans l’évolution des comportements. Cette étude contribuera à démontrer si un soutien adéquat aux FE au moyen de l’apprentissage et la pratique collective de la musique pourrait diminuer le développement de comportements extériorisés et antisociaux.
Bloc 3 – Des innovations sociales axées sur la pratique d’activités artistiques proposées au sein des communautés : les familles réfugiées ou immigrantes
-
Communication orale
Les jeux musicaux éducatifs pour stimuler l’engagement envers l’apprentissage de la musique, la créativité et le bien-être des jeunes réfugiés, immigrants et locaux de QuébecFrancis Dubé (Université Laval)
Cette communication explore l’influence des jeux musicaux éducatifs sur l’engagement, la créativité et le bien-être des jeunes réfugiés, immigrants et locaux de Québec. Mis en place par l’Université des jeux(jeunes) musiciens (UJM), le programme repose sur trois types d’activités ludiques : jeu-guidé, jeu-sérieux et jeu-instrumental. Les jeux éducatifs sont reconnus pour leur rôle dans l’inclusion sociale et la coopération. Pourtant, peu de recherches ont exploré leur influence en pédagogie instrumentale extrascolaire. Cette étude vise à atténuer cette lacune en examinant comment cette approche pédagogique stimule l’intérêt des jeunes envers l’apprentissage de la musique en contexte interculturel. L’échantillon comprend 60 % de jeunes réfugiés et immigrants et 40 % de jeunes locaux. Les activités, structurées selon les trois types de jeux, ont été évaluées via des questionnaires et une analyse statistique auprès de 79 participants (2021-2023). Les résultats montrent qu’aucune différence significative n’existe entre les groupes en matière d’engagement et de créativité. Les activités de jeu-sérieux sont les plus populaires (53 %), suivis du jeu-instrumental (31 %) et du jeu-guidé (16 %). Une corrélation positive entre créativité et bien-être durant les leçons a été observée. Ces résultats démontrent que les jeux musicaux éducatifs favorisent un apprentissage inclusif et dynamique, renforçant l’intérêt des jeunes pour la musique, quelle que soit leur origine culturelle.
-
Communication orale
Art et Contes en famille : un projet d’art-thérapie pour renforcer les liens familiaux et la résilience des familles immigrantesCaroline Beauregard (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue), Fernanda Camejo (Art et contes, PEYO), Laurence Gauthier (Arts et conte, PEYO), Katia Lemieux (UQAT - Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue)
Les familles immigrantes et réfugiées de Parc-Extension font face à de nombreux défis liés à l’adaptation culturelle, la précarité socio-économique et l’isolement social. Ces facteurs augmentent les risques de stress parental, d’anxiété et de tensions familiales. L’objectif général de la recherche était d’explorer les effets de l’intervention Art et Contes en famille sur (1) la diminution de l’anxiété des parents et (2) la dynamique familiale de familles immigrantes, réfugiées et en demande d’asile d’un quartier de Montréal à forte concentration de personnes issues de l’immigration. 80 familles issues de l’immigration ont participé aux interventions. 18 d’entre elles ont consenti à participer à la recherche. Les données recueillies à l’aide du Kinetic Family Drawings, de notes d’observations et de créations libres ont été analysées en s’appuyant sur les connaissances préexistantes concernant l’anxiété parentale et la dynamique familiale. Différents thèmes ont émergé, tels que la réduction du stress familial, le renforcement des liens familiaux et la résilience. Les observations des intervenantes indiquent une réduction du stress familial, une amélioration des interactions parents-enfants et un renforcement des liens sociaux. Les familles expriment un sentiment accru de sécurité et d’appartenance grâce à l’art et aux récits partagés. Cette recherche souligne l’importance des approches créatives pour soutenir les familles vulnérables.
Bloc 4 – Des innovations sociales axées sur la pratique d’activités artistiques proposées au sein des communautés : le point de vue des enfants
-
Communication orale
Soutenir l’expression des enfants en contexte de CRJDA grâce à la production de courtes vidéos selon la méthode du cellphilmGabrielle Charlebois (Université du Québec en Outaouais), Stéphanie Ducas (UQO - Université du Québec en Outaouais), Vicky Lafantaisie (Université du Québec en Outaouais), Rose Poirier (CISSS des Laurentides), Catherine Sénéchal (Université du Québec en Outaouais)
En contexte de protection de l’enfance, différents obstacles viennent exacerber la difficulté à reconnaître et à valoriser la perspective des enfants (Balsells et al., 2017). Si tous les enfants devraient pouvoir exprimer leur opinion et être reçus, on remarque que la participation des plus jeunes (8 ans et moins) est encore plus rarement recherchée (Cossar, et al., 2016). Afin d’offrir un médium d’expression artistique et de générer des recommandations pour soutenir l’écoute et la prise en compte de la perspective des enfants suivis en protection de la jeunesse, la méthode du cellphilm a été utilisée (Schwab Cartas, et al. 2022). 37 enfants de 6 à 12 ans, placés en centre de réadaptation pour jeunes en difficultés d’adaptation (CRJDA) ont été invités à créer un cellphilm, soit une vidéo d’environ 2 minutes où l’enfant exprime un message important pour lui. La question suivante a servi de point de départ : « Que voudrais-tu dire d’important aux adultes qui sont là pour t’aider ? ». Les enfants ont travaillé avec le soutien d’un adulte pendant 4 rencontres afin de créer un storyboard et de tourner leur vidéo. Au total, 24 vidéos ont été produites et visionnées lors d’une soirée de représentation. Les cellphilms et les notes prises par l’équipe de recherche ont été analysés suivant le modèle de la participation de Lundy (2007). Les résultats préliminaires montrent que les conditions de vie en CRJDA limitent la participation des enfants.
-
Communication orale
Création artistique et dialogue philosophique: des approches complémentaires pour soutenir la santé mentale et le bien-être des enfants en contexte d’adversitéZach Fry (Université de Sherbrooke), Catherine Malboeuf-Hurtubise (Université de Sherbrooke), Adrianna Mendrek (Université de Sherbrooke), Jasmine Piché (UdeS - Université de Sherbrooke), Kyra Simons (Université de Sherbrooke)
La création artistique et le dialogue philosophique sont des approches complémentaires soutenant la santé mentale des enfants en contexte d’adversité. Ces approches leur permettent de communiquer leurs émotions, d’explorer et
donner du sens à leurs défis, et favorisent le développement des capacités d’adaptation, de relations sociales positives et de l’empathie. Une intervention d’art et dialogue philosophique de 8 semaines a été implantée auprès d’une organisation communautaire pour les enfants en Estrie. Un devis qualitatif a été utilisé pour documenter la perception des enfants et du personnel (i.e., observation des ateliers, discussions de groupe, entretiens semi-structurés) quant à l’acceptabilité, la faisabilité et les bienfaits de l’intervention. Une analyse thématique mixte a été réalisée. Les enfants ont manifesté de l’enthousiaste à l’idée de participer aux ateliers. Le personnel a indiqué que l’intervention cadrait avec leurs valeurs. Les enfants ont apprécié participer à des activités extracurriculaires qui leur ont permis de sortir de leur zone de confort. Ils ont ressenti de la confiance en soi et de la fierté. Des émotions telles que la joie et le calme ont été ressenties durant les ateliers. L’intervention a également permis aux enfants d’exprimer leurs émotions et de tisser des liens. Les retombées suggèrent que ces approches pourraient être utilisées pour favoriser le bien-être des enfants en contexte d’adversité.