Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Alors que de nombreux événements reviennent sur l’héritage de Francisco J. Varela et célèbrent la vitalité de l’énaction dans une diversité de domaines de recherches scientifiques, le colloque veut ouvrir un espace de réflexion sur ses enjeux épistémologiques, théoriques, méthodologiques et pratiques pour les recherches en arts et/ou en éducation.
Depuis la formulation initiale de l’énaction par Varela (Thompson et Rosch dans l’ouvrage The Embodied Mind, 1993), s’est constitué un modèle de pensée selon lequel la cognition est incarnée. En prenant ses racines dans des philosophies et des courants scientifiques qui s’opposent au rationalisme, l’énaction met l’action plutôt que la raison au cœur de la cognition, non pas superficiellement, mais en la subordonnant à l’action. Selon ces penseurs de l’énaction, la cognition dépend de l’expérience, qui découle du fait d’avoir un corps doté de diverses capacités sensori-motrices; la perception et l’action sont inséparables de la cognition vécue (Varela et coll., 1993). Les conséquences de cette hypothèse sont nombreuses, notamment celles qui orientent les recherches. Dès lors que la connaissance émerge de l’interaction entre la subjectivité du chercheur et son objet de recherche, cette voie moyenne (Varela, 2017) remet en cause le caractère objectif et neutre du savoir scientifique en montrant l’importance de l’action du chercheur·se et sa subjectivité dans sa production (Dorlin, 2008; Santos, 2014). Puisque l’expérience et la connaissance sont indissociables et interreliées, quelles alternatives théoriques, méthodologiques et pratiques pour celui ou celle qui, en arts et en éducation, adopte une posture épistémologique énactive?
Les démarches de recherche en arts et en éducation qui se réfèrent à une épistémologie énactive réhabilitent la scientificité des savoirs d’expérience (Argyris et Schön, 2002; Senge et coll., 2000; Theureau, 2015; Masciotra, 2011), ce qui ouvre la voie à des perspectives méthodologiques alternatives. Ces savoirs d’expérience — savoirs du corps, savoirs situés, savoirs incarnés — qui émergent de la pratique (éducative ou artistique) sont subordonnés à la spécificité de leurs narrations (Breton, 2020). Ce qui fait écho chez les penseurs de la microphénoménologie (Vermersch, 2007; 2019; Depraz, 2014; Petitmengin et coll., 2015), qui ont mis au point une méthode fine et rigoureuse de description de l’expérience vécue — des pratiques narratives dont l’écriture intervient comme « praxis d’analyse » (Paillé et Mucchielli, 2003). De là, nous voyons apparaître des modes d’écriture créative et performative (Paquin, 2019) qui énactent les savoirs, tout en écrivant (Morais, 2024).
Axes de réflexion : 1) Les enjeux d’une épistémologie énactive dans les recherches en arts et en éducation; 2) Les méthodologies alternatives et méthodes qui découlent d’une épistémologie énactive; et 3) Les potentialités d’une épistémologie énactive dans l’enseignement des arts et par les arts.
Dates :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Sylvie Morais (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
- Audrey Guimond (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
- Ana Castelo (UPEC Université Paris Est Créteil)
- Audrey Lapointe (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Programme
L'intuition du vivant Sylvie Morais
-
Communication orale
L'intuition du Vivant. Pour une épistémologie énactive en pédagogieSylvie Morais (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Partant du projet initial de se questionner sur une épistémologie énactive en pédagogie, l’enquête porte sur l’analyse interne de la philosophie pratique de l’éducation de John Dewey, en établissant des résonances avec l’énactivisme de Francesco J. Varela. Depuis l’intuition d’une autonomie relationnelle des systèmes vivants, vient la volonté de valider deux hypothèses : 1) une pédagogie artistique-énactive ouvre un champ relationnel de formativité qui convoque l’expérience dans une dynamique corporelle, cognitive et émotionnelle, créatrice de sens et de liens 2) Considérant l’apport d’une microphénoménologie éducative, la pédagogie ressort transformée par cet appel des ressources empiriques et des savoirs d’expériences et reconquiert en cela son statut de philosophie de l’éducation. La présentation expose les prémices d’une note de synthèse en vue de l’obtention de l’habilitation à diriger des recherches en philosophie de l’éducation (HDR).
-
Communication orale
ArtetSens : médiation muséale énactive et (trans)formations des chercheur.e.sAna Castelo (UPEC Université Paris Est Créteil)
Cette communication s’inscrit dans le prolongement des recherches sur la pédagogie énactive (Aden, 2024) qui ont conduit à la création, en 2019, du Master transdisciplinaire Art’Enact à l’INSPE de l’Université Paris-Est Créteil. Ce dernier réunit plusieurs chercheur.e.s et artistes (dont nous faisons partie), parmi lesquels certains sont aussi engagés dans le projet ArtetSens, une approche de médiation muséale énactive proposée depuis septembre 2023 au musée d’Orsay. Ces ateliers co-animés par deux intervenant.e.s (chercheuses-artistes) sont proposés à un public d’adultes et d’adolescents afin de favoriser une expérience sensible et esthétique, individuelle et collective. L’approche énactive vise ici à relier les participant.es aux œuvres tout en engageant leurs corporéités à travers le mouvement dansé, chanté ou le geste pictural.
À la suite d’une première phase d’analyse du dispositif, durant laquelle nous avions recueilli l’expérience des participant.e.s via des entretiens semi-directifs, nous exposerons ici une deuxième phase de l’étude. Nous adopterons une posture épistémologique énactive (Morais, 2025) et une méthodologie de recherche en première personne. Pour cela, nous présenterons des extraits de l’analyse en mode (re)-écriture (Paillé et Mucchielli, 2016) d’une des chercheuses afin de comprendre les (trans)formations qui se sont opérées chez elle, chercheuse-artiste-pédagogue, grâce à l’approche de médiation muséale énactive et à sa posture de recherche.
-
Communication orale
Saisir et expliciter des gestes et des microgestes professionnels liés à un savoir expérientiel : le cas de la “capacité relationnelle interculturelle” du professeur d’UPE2AGerty Jappont (UPEC), Emmanuelle Maitre de Pembroke (UPEC)
Dans les fiches de postes des enseignants coordonnateurs d’Unités Pédagogiques pour Elèves Allophones Arrivants, certaines formulations évoquent des savoirs expérientiels, permettant d’appréhender les enjeux didactiques, pédagogiques et relationnels de l’enseignement du français à de jeunes apprenants issus de parcours migratoires variés.
Ma recherche s’intéresse à un de ces savoirs expérientiels : la capacité relationnelle interculturelle. Comment saisir les éléments constitutifs de cette capacité ?
Parce que le corps parlant (Merleau-Ponty, 1945) de l’enseignant (Jorro, 2006) complète son outillage didactique, j’ai choisi une approche anthropologique et énactive (Varela et al. 1993).Je propose de présenter mon protocole. Il s’appuie sur :
- l'observation en contexte de classe et la saisie des gestes associés à la capacité relationnelle interculturelle de l’enseignant dans l’écologie des interactions ;
- le recours aux entretiens, dont l’entretien d’explicitation (Vermersch ,1994) pour accéder aux sens, et valeurs contenues dans ces gestes, ainsi qu’aux mécanismes subjectifs et incorporés qui les accompagnent.
Cette démarche permet de prendre conscience des croyances et du positionnement éthique dans la relation pédagogique et dans le rapport à Autrui.
Cela éclaire aussi d’un point de vue phénoménologique le lien entre la perception d’un moment d’exercice précis et contextualisé, et l’émergence du geste relationnel et pédagogique dans l’écologie des interactions et des perceptions. -
Communication orale
L'attitude énactive et le corps pensantJuan Zúñiga Jorquera (Universidad de Playa Ancha)
La présentation vise à présenter l'utilisation d'une méthodologie artistique-pédagogique utilisée pour démontrer comment le corps prend progressivement conscience au fil du temps des phénomènes mentaux qui se produisent lorsque la volonté et l'attitude de la personne permettent d'accéder à l'expérience du savoir-faire. art. La méthodologie pour obtenir des rapports à la première personne sur la pensée corporelle lors de la pratique artistique est basée sur le concept d'intelligence tacite (F.Varela), selon lequel le sujet possède potentiellement la capacité neuro-plastique de se déplacer dans le monde grâce à la manipulation sensorielle. force du milieu
Dîner
Pédagogie énactive Ana Castelo
-
Communication orale
Enjeux pédagogiques de l'énactionAna Castelo (UPEC Université Paris Est Créteil)
Les savoirs de l’expérience des pratiques éducatives et artistiques ouvrent des pistes de réflexion pour la mise en œuvre d’une pédagogie énactive. L’analyse de ces savoirs, fondée sur une phénoménologie pratique (Depraz et al., 2011) et sur des modes d’écriture comme « praxis d’analyse » (Paillé et Mucchielli, 2003), pose des jalons pour une posture épistémologique énactive. Cette communication présente des enjeux épistémologiques, théoriques et méthodologiques pour les recherches en arts et en éducation. Comment les enseignants et enseignantes peuvent-ils et elles transformer leurs pratiques pédagogiques et proposer une pédagogie artistique énactive ? Dans quelle mesure la prise en compte de l’expérience, de la réflexivité et de l’intersubjectivité de l’enseignant·e ainsi que des apprenant·es favorise-elle ces (trans)formations ? Et de quelle manière les pratiques narratives en recherche permettent-elles d’analyser et d’énacter ces savoirs de l’expérience ? Pour cela, je présenterai des extraits des récits phénoménologiques d’un groupe d’étudiant·e·s de Master en Sciences de l’Éducation – créés et recueillis par les techniques de l’entretien d’explicitation (Vermersch, 1996) –, des extraits de l’enseignante (mes auto-explicitations), ainsi que de l’analyse finale en mode d’écriture (Paillé et Mucchielli, 2003), issus de ma recherche doctorale (Castelo, 2023).
-
Communication orale
Les enjeux d’une épistémologie énactive : accompagner la construction de la posture enseignante pour favoriser l’engagement des élèvesMarielle Tagbe (UPEC)
Mon travail de recherche explore la relation complexe entre la didactique disciplinaire en philosophie et la pédagogie, en s'appuyant sur le paradigme de l'énaction. La posture professionnelle, définie par Merleau-Ponty comme "expression primordiale de l'agir" implique une dimension corporelle importante. Paradoxalement, plus on avance dans le cursus scolaire, plus cette dimension corporelle tend à s'effacer au profit d'une transmission pure du savoir, particulièrement visible dans l'enseignement de la philosophie. L'appétence des élèves pour la discipline est souvent freinée par le formalisme d’un enseignement magistral, considérant que l'élève n'a pas la maturité nécessaire pour faire l'expérience autonome de sa raison. Le paradigme de l'énaction est une solution possible: appliqué à l'enseignement de la philosophie, il suggère que la compréhension philosophique ne peut émerger que dans l'action et l'expérience concrète impliquant une participation corporelle des élèves. L'entretien d'explicitation constitue un outil méthodologique particulièrement pertinent pour comprendre et développer une épistémologie énactive en ce sens, il met en lumière l'importance cruciale de l'expérience vécue. Ces observations permises par l'entretien d'explicitation révèlent les caractéristiques essentielles d'une épistémologie énactive.
-
Communication orale
Synthèse des connaissances autour de la posture énactive comme contribution à la formation initiale en enseignement au Québec.Janie Brisson (UQAM), Luz Elena Hernandez (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Nicole Monney (UQAC)
Cette synthèse des connaissances s’inscrit dans un travail doctoral en éducation qui aborde la question de la rétroaction interne durant le dernier stage des étudiants inscrits au baccalauréat en enseignement à travers le prisme de la cognition énactive. On part de deux concepts, celui de la rétroaction interne (Nicol, 2020, 2024) comme support aux étudiants pour le développement de leur capacité à exercer leur jugement professionnel, et celui de l’énaction. En combinant ces deux concepts, on s’attend à obtenir une compréhension plus riche et nuancée des processus cognitifs et d'apprentissage. Ils se rejoignent au fait qu’ils offrent des perspectives complémentaires sur la cognition et l’apprentissage dans le but d’optimiser le savoir des individus. Les deux concepts supportent l’idée que tout apprentissage se concrétise chez les étudiants en se basant sur son expérience d'étudiant en interaction avec son environnement de formation.
C’est dans ce contexte que cette synthèse de connaissances a été réalisée pour faire un portrait de la question de la posture énactive de la cognition (Varela et al., 1993) à l'université et dans le domaine de l’enseignement afin d’amorcer une réflexion sur les conditions qui permettraient de soutenir le développement du jugement professionnel en formation initiale, et ce, en tenant compte de l’expérience à la première personne (Maturana et Varela, 1994; Varela, 1989).
-
Communication orale
Primatoscopy-01 : s’éprouver parmi les animauxYanik Potvin (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Primatoscopy-01 est un cycle heuristique divisé en quatre phases distinctes qui engage l’argile comme agent d’interactions avec des macaques japonais (Macaca fuscata). Le projet révèle des dynamiques inattendues et entraîne ma pratique artistique au seuil d’une rupture systémique, nécessitant un nouvel ensemble de possibilités et d’apprentissages. Initialement envisagée pour produire des artefacts, l’argile a été fragmentée, dispersée, et utilisée pour marquer le sol. Les macaques ont tracé des lignes répétitives : lignes de transport (linéaires et entrecoupées) et lignes d’acharnement (superposées et répétitives). Ces dernières lignes, échos de schémas de nidification observés en primatologie, interrogent la matière comme support d’une activité cognitive inséparable de l’environnement et révèlent une organisation des activités selon les divisions fonctionnelles des enclos : les macaques en captivité ne jouent pas là où ils mangent.
-
Communication orale
Faut-il avoir peur des IA génératives (IAg) ? Un regard énactif sur l’intelligence sensible en création artistique.Sylvie Morais (UQAC), Véronique Tremblay Gagnon (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
Devant la montée inexorable de l’intelligence artificielle, il faut désormais bien des efforts pour convaincre que l’intelligence n’est pas artificielle, qu’elle ne se réduit pas à un simple calcul que des machines effectuent avec beaucoup plus d’efficacité que l’être humain (Besnier, 2005). La communication veut poser un regard « énactif » (Varela, Maturana, 1995) sur cette forme d’intelligence sensible qui restera le privilège de l’être humain : la création artistique. La réflexion prend appui sur une recherche de maitrise sur mesure portant sur les enjeux des technologies numériques et des applications en IAg en pédagogie artistique. Malgré nos représentations de l’intelligence machinale, jusqu’à croire que le cerveau fonctionne comme un ordinateur (Varela, 2017) et au-delà de ses limites émotionnelles (Luzi, 2024), nous voulons montrer avec des exemples concrets de créations artistiques réalisées avec/par les IAg, que celles-ci ne sont qu’un outil parmi d’autres, puissant et performant certes, mais ne remplacera jamais l’intelligence sensible que nécessite la création artistique.
Panel
Écritures alternatives Louis-Claude Paquin
-
Communication orale
Qu’advient-il de mon écriture quand je me décentre ?Louis-Claude Paquin (UQAM - Université du Québec à Montréal)
À quelques reprises, j’ai cherché à cerner et à écrire l’écrire. Écrire avec une plume à encre sur du papier pour faire une théorisation incarnée (Paquin, 2019). Écrire dans le contexte des POST pour me rendre compte que je faisais de la recherche par l’écriture (Paquin, 2020). Écrire la recherche autrement (Arsenault, Bellerive et Paquin, 2022). J’enseigne ou plutôt j’autorise l’écriture performative (Pelias, 2014), l’écriture non représentationnelle (Vannini, 2015) pour conjurer cette crise de la représentation (Marcus et Fischer, 1986) qui afflige l’écriture académique d’allégeance scientiste, l’écriture polyvocale pour donner une voix au lieu d’écrire à la place (Byrne, 2017), l’écriture sensorielle, sensible, incarnée pour rendre compte du ressenti et des affects (Stewart, 2008), et finalement l’écriture indisciplinée qui défie les règles.
-
Communication orale
Auscultation d’une expérimentation pédagogique Pratiques énactives d’enseignement et de créationCélio Paillard (Aix-Marseille Université)
Je mènerai un « Atelier composition et performance sonore » avec les étudiant·es de première année du master Arts plastiques d’AMU. Je propose de décrire ce moment pédagogique expérimental, et de m’interroger sur ses dimensions d’épistémologie énactive. La méthode employée se rapprochera de la microphénoménologie (Petitmengin et al., 2015), pour une description située et à la première personne. L’atelier devrait mettre en œuvre des « savoirs d’expérience » : il s’appuie sur le dispositif de la Radio cousue main (Volcler, 2015), qui engage les corps pour fabriquer des formes radiophoniques avec un micro mono, il doit conduire à l’exploration du lieu de travail des étudiant·es et de l’enseignant (moi), il tire profit de son équipement technique ; c’est aussi une forme nouvelle dont les productions incertaines seront ajustées au cours du processus de création. Enfin, il vise à alimenter la cognition des étudiant·es sans leur fournir une connaissance définitive. Je parlerai de la pratique comme manière de faire les choses et d’y réfléchir en les faisant, de l’intérieur et en rapport avec le contexte où cela se passe (Billeter, 2002). Il me semble que la pratique, qui est au cœur des processus créatifs et peut nourrir des méthodes pédagogiques, peut être rapprochée de l’énaction, parce qu’elle est incarnée, située et en couplage structurel avec son environnement.
-
Communication orale
Joindre et rejoindre : passerelle inclusive de cocréation artistique. Quand l’apprentissage expérientiel en communauté ranime l’intelligence humaine.Selma Zaiane-Ghalia (Université de Moncton)
L’artiste façonne l’œuvre d’art en même temps qu’il est façonné par elle (Magrin-Chagnolleu, 2017). Qu’advient-il lorsqu’on ajoute un partenaire dans ce processus pour une cocréation qui engage la personne artiste en apprentissage (Strat, 2019) dans des rencontres improbables avec des personnes en situation d’handicaps complexes?
Dans l’approche présentée, l’énaction sous-tend l’autonomie de l’activité humaine tout en abordant sa transformation dans le cadre de sa formation, induite par l’environnement et les histoires humaines (Poizat, Salini, & Durand, 2013); (Varaki & Jafarabadi, 2020). L’énaction est partie intégrante de l’approche pédagogique expérientielle en communauté expérimentée avec sept personnes étudiantes d’un cours d’art, les amenant à créer des œuvres en s’inspirant de moments de partages avec douzaine personnes adultes ayant des besoins complexes.
Seront présentés : la méthodologie, les partenariats (iHub d’ECAIT, la Résidence), le déroulement de l’expérience filmée et supportée par des entrevues, des retombées tant pour les personnes étudiantes que sur les personnes résidentes, à travers des témoignages. De même que les réactions d’autres personnes étudiantes à la suite de l’exposition temporaire d’œuvres dans la galerie d’art étudiante, comprenant les sept œuvres cocréées, ainsi que des œuvres de deux personnes résidentes ayant des besoins spéciaux, suscitant d’autres interactions et amenant à la connaissance incarnée ou embodiment (Bottineau, 2011).
Dîner
Hommage à Hélène Trocmé-Fabre Joëlle Aden
-
Communication orale
L'énactance et la logique du vivant : Hommage à Hélène Trocmé-FabreJoëlle Aden (UPEC), Ana Castelo (UPEC)
La même année, en 1987, paraissaient deux ouvrages marquant un tournant épistémologique pour les sciences cognitives. L’un en France : J'apprends, donc je suis. Introduction à la neuropédagogie d’Hélène Trocmé-Fabre et l’autre aux Etats-Unis : The Tree of Knowledge; Biological Roots of Human Understanding (L’arbre de la connaissance. Les racines biologiques de la compréhension humaine) par Humberto Maturana et Francsico Varela. Cette synchronie et les résonances entre la pensée de Varela et celle de Trocmé-Fabre s’inscrivaient alors à la croisée de champs disciplinaires complémentaires en plein essor (quantique, biologique, numérique) transformant radicalement notre regard sur « le réel » (Trocmé-Fabre, 2014). Suite à leur rencontre que nous évoquerons, Trocmé-Fabre a élaboré un référentiel cognitif du vivant L’arbre du savoir-apprendre (1996, 2003, 2022) qui nous permet de relier la notion d’apprenance qu’elle avait forgée avec celle d’énaction (Varela) sous la forme du néologisme « énactance ». Quels sont aujourd’hui les prolongements que ces voies/voix croisées ont insufflé au monde de l’éducation et de la formation ? Nous évoquerons l’émergence de quelques idées-forces communes au sein d’une matrice transdisciplinaire en pleine effervescence et nous nous interrogerons notamment sur les développements actuels liés à une esthétique de la rencontre des arts et des sciences.
-
Communication orale
L’émergence d’un cadre d’analyse énactif dans une recherche-co-création: l’intersubjectivité comme objet et fondement méthodologiqueAudrey Guimond (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Audrey Lapointe (UQAC)
La création artistique appelle à des dimensions cognitives, contextuelles, corporelles, émotionnelles (Guimond, 2022; Lemonchois, 2018; Massin, 2013; Morais, 2016; Morizot, 2005; Paillé, 2004), et où la personne en création vit une expérience d’interrelation avec elle, les autres, le monde et l'œuvre (Dewey, 2014/1934; Trocmé-Fabre; 1994; Varela et al., 1993). La co-création en collectif contient également des espaces communs, des corps partagés et des processus de négociation, qui lui sont spécifiques, et qui la distinguent de la création individuelle de par l’intersubjectivité au centre de la création. Dans une recherche-co-création menée par le collectif Les Audrey, où l’intention de recherche est de comprendre comment l’intersubjectivité émerge dans le processus de co-création en collectif; il apparaît nécessaire d’enraciner la méthodologie dans son objet d’étude, soit avec sa dimension corporelle, plurielle et dialogique (Varela et al., 1993; Barad, 2007; Lapointe, 2023). Cette communication fera état d’une réflexion sur l’ancrage de la recherche-co-création dans le paradigme de l’énaction (Varela et al., 1993; Varela, 2017) et ses ouvertures quant aux possibilités méthodologiques et d’analyse. Nous présenterons donc des données préliminaires, soit des artéfacts de création, des enregistrements de travail en atelier, des traces discursives, afin d’exposer les potentiels et la cohérence de notre cadre d’analyse énactif ayant émergé de cette recherche-co-création.
-
Communication orale
Incorporation des savoirs et formation des enseignants : énaction et empathie corporelleSylvain Laube (Université de Bretagne occidentale), Marianne Peyrotte (Université Côté d'Azur)
Cette communication interroge l'incorporation des savoirs dans la formation des enseignants à travers une approche énactive et sensible. Une revue de la littérature est réalisée sur les représentations du corps liées aux machines, dans le champ croisé de l'histoire et de l'empathie. La question de la dé-sensorialisation du monde et ses implications en termes de rapport à autrui et de domination sociale est également abordée.
D'un point de vue historique, la dé-sensorialisation résulte des dynamiques de pouvoir où certains groupes sociaux et genrés sont relégués à un statut d'accessoires au service des autres. De plus, les interactions sociales nourrissent l’empathie, une compétence essentielle pour enseigner, tout en étant elles-mêmes enrichies par les relations à autrui, notamment dans le domaine de l'enseignement.
Deux dispositifs de formation seront présentés. L’un consiste en une immersion sensorielle et corporelle autour de l’usage d’un lavoir, permettant aux enseignants en formation de reconstituer les gestes et postures d’antan. L’autre repose sur un jeu d'écoute empathique au cours duquel les participants identifient et expriment leurs résonances émotionnelles.
L’analyse de ces expériences de formation met en évidence des invariants structurants : la sensorialité, la dynamique collective, la vicariance et l’accueil des émotions. Ces perspectives intègrent des approches corporelles et empathiques dans la formation des enseignants, pour favoriser le sens de l'autre.
-
Communication orale
Une approche énactive pour soutenir le plaisir d’apprendre en enseignement des artsJessica Lapointe (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi), Sylvie Morais (uqac)
Le référentiel de compétences professionnelles pour la profession enseignante présente une toute nouvelle compétence à développer : C 08 Soutenir le plaisir d’apprendre (MEQ, 2020). Difficile de ne pas s’interroger sur son incidence sur la pratique professionnelle de l’enseignant des arts : Comment soutenir le plaisir d’apprendre dans un contexte où l’expérience sensible est au coeur des apprentissages ? Dans le contexte d’une maitrise sur mesure Arts, éducation, neurosciences éducative, l’étude s’interroge sur les dynamiques énactives (Varela & al., 1993) sous-entendant les relations interpersonnelles enseignant-apprenant, apprenant-apprenant et apprenant-milieu en contexte d’apprentissage artistique. La communication présente les premiers résultats de l’étude, une analyse en mode écriture, -autoexplicitation (Vermersch, 2019) des facteurs interrelationnels vécus lors d’une situation d’apprentissage artistique. Une meilleure compréhension des circuits cognitifs, émotionnels, affectifs et situationnels vécus dans les relations interpersonnelles en pédagogie (Poirier, 1994), peut contribuer à soutenir le plaisir d’apprendre non seulement dans le domaine artistique, mais également celui de la santé et du bien-être.