Informations générales
Événement : 92e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 100 - Sciences de la santé
Description :Dans les dernières décennies, nous avons vu au Québec plusieurs initiatives de centralisation de la gestion des ressources en santé (p. ex., la « Réforme Barette » et Santé Québec) diminuant la possibilité pour les communautés d’organiser leur système de santé selon leurs besoins propres. Dans ce contexte, il est particulièrement important de soutenir le développement du pouvoir d’agir des communautés vivant en contexte de vulnérabilité, pour atteindre et maintenir un état de santé optimal (IRESP/OMS, 2009; Wallerstein, 2006). En effet, les acteurs décisionnaires de ces nouveaux modèles centralisés calquent bien souvent leurs politiques sur le contexte urbain, celui dans lequel la recherche en santé est majoritairement réalisée, invisibilisant de cette façon les contextes et besoins particuliers en santé des régions.
Le développement du pouvoir d’agir prend en compte les facteurs structurels et individuels de changement (Ninacs, 2008). Il permet de tenir compte du contexte de la personne dans lequel le processus s’amorce, et ce, à trois niveaux différents : individuel, organisationnel et communautaire. Ce processus se fait par l’entremise des composantes transversales que sont la mobilisation de la communauté sur un objectif qu’elle a choisi, l’acquisition de compétences, le développement de l’estime de soi et de la conscience critique ainsi que la reconnaissance sociale. Le développement du pouvoir d’agir doit donc se faire dans une démarche de coconstruction avec les différents acteurs (usagers, décideurs, etc.).
Cette approche communautaire jumelée à l’interdisciplinarité tant au niveau de la recherche que dans la pratique en santé vise à optimiser une vision plus globale, intégrative et inclusive du système de santé.
Plusieurs projets sont ainsi issus d’initiatives citoyennes ou coconstruites par des équipes de chercheurs, de professionnels et de citoyens. Ces initiatives sont autant de preuves de la résilience et de l’ingéniosité de ces populations pour prendre leur santé en main.
Date :Format : Sur place et en ligne
Responsables :- Samuel St-Amour (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
- Maryse Beaumier (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
- Emmanuelle Bédard (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
- Aude Saint-Pierre (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
Programme
Conférence d’ouverture
Communications orales
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Communication orale
Un modèle d’affaires pour les soins de santé en milieu rural au QuébecCamélia Dumitriu (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Selon l’OMS (2021), 50 % de la population mondiale vit dans des zones rurales, et plus de 2 milliards de personnes dans ces zones n’ont pas un accès adéquat aux services de santé. Trois quarts des pays analysés avaient lancé des initiatives gouvernementales pour améliorer ces services, mais moins de 20 % de ces initiatives ont connu un certain succès. Au Canada, 18 % de la population vit dans des zones rurales ou éloignées, selon Statistique Canada (2021).
L’auteure propose un modèle d’affaires pour les soins de santé en milieu rural au Québec, basé sur un réseau de coopératives de santé et la mobilisation des communautés locales en vue de développer leur pouvoir d’agir en santé. Dans la littérature managériale, le concept de «modèle d’affaires» se trouve à la confluence de deux champs de recherche-entrepreneuriat et management stratégique.
Les étapes abordées dans la présentation sont: a) la classification des zones rurales au Canada; b) le positionnement du projet proposé par rapport aux recommandations issues de trois projets gouvernementaux «pour la médecine rurale» au Canada; c) une analyse comparative des coopératives de santé dans une dizaine de pays (activités/gouvernance/RH/financement/réglementation); d) la structure du secteur coopératif au Québec dans le domaine de la santé; e) le design du modèle d’affaires proposé (type de coopérative, catégories de membres, organisation et sources de revenus), et; f) les étapes d’implantation, les avantages escomptés et les défis.
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Communication orale
Développer le pouvoir d’agir chez les personnes en situation d’itinérance : les enjeux de l'intervention communautaireSimon P. Lauzon (L'Anonyme)
Au même titre que l’absence d’un logement stable, qu’un faible revenu ou qu’une santé mentale précaire, l’absence de pouvoir d’agir est à la fois une cause, un déterminant et une conséquence de la situation d’itinérance (O’Shaughnessy & Greenwood, 2020). Cette absence de pouvoir d’agir mène à des effets négatifs sur la santé physique et mentale de ces personnes déjà vulnérabilisées (Ross & Mirowsky, 1989; Wallerstein, 1992). Or, malgré leurs meilleures intentions, la manière dont certaines actions sont posées par les intervenants du milieu communautaire freinent le développement du pouvoir d’agir des personnes marginalisées (Côté, 2020). Par souci d’économie de temps ou de ressources, par pression des bailleurs de fonds ou des décideurs politiques, on vient à ne plus écouter ce que les principaux intéressés ont à exprimer sur les moyens qui sont pris pour tenter de les accompagner. Alors que des approches novatrices pourraient être développées au contact ceux et celles qui vivent l’itinérance, les démarches entreprises finissent par être détrimentaires à la santé globale de ces derniers. Lors de cette communication, un intervenant en cohabitation sociale de L’Anonyme proposera, à partir d’études de cas et d’une recension des écrits couvrant les contextes d’intervention urbains et semi-urbains, des pistes d’intervention favorisant le développement du pouvoir d’agir chez les personnes en situation d’itinérance.
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Communication orale
Cocréation d’une pièce de théâtre-discussion sur la fin de vie pour, avec et par les personnes aînées vivant en milieu rural de Chaudière-AppalachesFrance-Anne Blanchet (Citoyenne), Sophie Boisvert (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Sylvain Bérubé (Citoyen), Lily Lessard (UQAR), Ana Marin (CISSS Chaudière-Appalaches), Isabelle Martineau (UQAR), Nicole Mathieu (Citoyenne), Michèle Morin (Université Laval), Marie-Ève Nadeau (CISSS Chaudière-Appalaches), Jocelyn Rodrigue (FADOQ-Thetford), Pierre Sévigny (Citoyen), Louise Vohl (Citoyenne)
Mise en contexte : L’accès à l’information concernant la préparation à la fin de vie s’avère une des priorités pour les personnes aînées vivant en ruralité.
Le but/objectifs de cette recherche intervention est d’accroître l’information et la qualité de la fin de vie, en codéveloppant avec des personnes aînées une pièce de théâtre et un guide de discussion sur la fin de la vie qui tient compte du vécu rural, en la diffusant et en évaluant ses retombées.
Développement: L’élaboration de cette intervention permet le développement du pouvoir d’agir des personnes aînées. En fait, des composantes du processus de développement du pouvoir d’agir y sont présentes et mises de l’avant telles que la mobilisation de la participation des aînées (Ninacs, 2008). D’abord, des discussions ont eu lieu entre les membres de l’équipe projet – personnes aînées afin d’identifier les thèmes d’importance sur la fin de vie en ruralité. À partir de ces thèmes, des questions ont été élaborées pour guider les deux collectes de données : l’activité café du monde et les ateliers créatifs (groupe de discussion). Par l’entremise de ces collectes, il a été possible de mettre en lumière les expériences des personnes aînées sur la fin de vie en ruralité, de repérer les fausses croyances véhiculées et de cibler les besoins d’informations. Ensuite, la pièce de théâtre et le guide de discussion seront développés en utilisant un processus itératif permettant d’assurer l’accord des personnes aînées et l’encadrement scientifique du contenu par les chercheuses et les professionnelles de la santé. Les personnes aînées sont également impliquées activement dans la conception du logo, la recherche des subventions (développement et diffusion du spectacle-discussion), la médiatisation du projet, etc. ce qui assure la pertinence et la crédibilité de l’intervention développée.
Retombées : En s’engageant dans ce projet, les personnes aînées sont à même de développer de l’estime de soi et un sentiment d’accomplissement, de fierté et de satisfaction d’avoir contribué à la co-construction d'une pièce de théâtre. Cette intervention pourrait augmenter les connaissances entourant la fin de la vie et l’intention des personnes aînées à mieux s'y préparer en milieu rural.
Dîner
Communications orales
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Communication orale
L’appropriation du pouvoir d’agir des personnes utilisatrices de drogues en région : réflexion sur l’intégration et l’apport des pairs-aidantsEmmanuelle Bédard (UQAR), Laurence Paradis (UQAR - Université du Québec à Rimouski)
L’usage de drogues psychoactives représente un enjeu majeur de santé publique, particulièrement en région, où les services spécialisés sont limités. Bien que plusieurs ressources existent, elles sont souvent axées sur l’abstinence et adaptées aux contextes urbains, laissant peu de place à des approches alternatives en milieu rural. Au cours des dernières années, la pair-aidance a été reconnue comme une approche innovante dans la réduction des méfaits liés à la consommation (Quiles et al., 2022). Fondée sur le partage d’expériences entre individus ayant vécu des réalités similaires, elle met de l’avant les forces et capacités des personnes plutôt que leur maladie (Pires de Oliveira Padilha et al., 2023; Quiles et al.,2022). Cette approche est reconnue pour favoriser le développement du pouvoir d’agir en renforçant l’estime de soi, l’autonomie, le sentiment d’appartenance et l’engagement social des personnes utilisatrices de drogues (Pantridge et al., 2016; Turpin & Shier, 2017). Le pouvoir d’agir est donc central dans l’accompagnement par les pairs-aidants. Cependant, l’intégration de cette pratique en milieu rural et sa contribution dans le développement du pouvoir d’agir demeurent peu documentées. Cette présentation propose une réflexion sur l’apport des pairs-aidants en région et leur contribution au développement du pouvoir d’agir des personnes utilisatrices de drogues.
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Communication orale
Recherche-action : Une communauté tissée serrée pour du répit flexible au Bas-Saint-LaurentLaurie Boulay (Société Alzheimer du Bas-Saint-Laurent), Geneviève Deschênes (Appui proches aidants), Dany Dionne (Centre d'action bénévole de La Mitis), Julie Dubé (CISSS du Bas-Saint-Laurent), Marie-Josée Filion (CISSS du Bas-Saint-Laurent), Marie-Ève Gagnon (UQAR), Dominique Girard (UQAR), Sara Gosselin (UQAR), Patrick Legoupil (CISSS du Bas-Saint-Laurent), Stéphane Massé (Centre d'action bénévole de La Mitis), Marie-Hélène Morin (UQAR - Université du Québec à Rimouski), Mathieu Ouellet (CISSS du Bas-Saint-Laurent), Laureine Ouellet (Experte de vécu), Lisette Rioux (Experte de vécu)
Mise en contexte : Cette étude s’inscrit dans une démarche régionale de recherche-action appelée Bien vieillir chez soi au Bas-Saint-Laurent. En 2022, un comité de pilotage a été constitué dans le but de développer et de déployer un service de répit flexible destiné aux personnes proches aidantes (PPA) de personnes aînées (PA) en début de troubles neurocognitifs. Objectifs de la présentation : Présenter le processus de réflexion, de mise en œuvre et d’évaluation du service de répit flexible à la suite de l’expérimentation du service à l’automne 2024. Méthode : Présentation des résultats des entrevues de recherche et des questionnaires complétés auprès de 6 PPA et de 6 personnes étudiantes et citoyennes ayant participé à ce nouveau service de répit dans les MRC Rimouski-Neigette de La Mitis. Résultats : Les résultats permettront d’ajuster l’offre de service aux cohortes suivantes et plus largement, d’enrichir les connaissances sur les services de répit au Bas-Saint-Laurent dans une perspective de transférabilité vers d’autres régions du Québec. Discussion/conclusion : Une réflexion préliminaire concernant la mise en œuvre de ce projet de répit flexible sera proposée. Cette initiative permet-elle d’établir des dynamiques de solidarités communautaires et intergénérationnelles? Ce programme répond-il aux besoins exprimés par les PPA et les PA dans une perspective de reprise de pouvoir sur leur situation ? Quelles sont les pistes d’améliorations tirées de cette expérimentation?