640 - Regards sur les réponses des organisations pour l’accueil et l’intégration des personnes immigrantes dans les régions du Québec

Une intervention en santé et services sociaux de qualité repose en grande partie sur une bonne communication (Hadziabdic et al., 2009; Lundin et al., 2018). Cette communication devient un enjeu, voire une barrière, lorsque les bénéficiaires parlent et comprennent une autre langue que la langue d’intervention (le français ou l’anglais dans certains contextes) (Bowen, 2001; Brisset et al., 2014). Puisque les demandeurs d'asile (DDA) sont souvent locuteurs d'autres langues, les intervenant.es de l’Accueil du PRAIDA qui les accompagnent sont souvent confronté.es au défi linguistique pour offrir un service de qualité égale à celui offert à tous les autres usagers. Pour assurer une bonne communication lors de l’accueil des personnes DDA, le PRAIDA a développé plusieurs stratégies. Une évaluation récente du service d’Accueil du PRAIDA nous a permis de documenter ces pratiques, ainsi que l’expérience des personnes DDA. Cette communication vise à décrire les différentes stratégies d’interprétariat et d’interroger le rôle de l’interprète dans la triade intervenant.e-personne DDA-interprète. Nous mènerons une réflexion sur les enjeux que rencontrent autant les personnes DDA que les intervenant.es durant le processus d’accueil, et nommerons quelques bonnes pratiques du PRAIDA qui pourraient inspirer d’autres organismes qui à l’instar du PRAIDA font face aux enjeux liés à l’accueil, à l’intégration et aux parcours de personnes im/migrantes.

L’interprétation de service public est autant une solution pour faciliter la communication qu’un obstacle lorsqu’il y a un manque de collaboration entre l’interprète (ISP) et l’intervenant. Afin d’illustrer le rôle de l’ISP lors d’une consultation, la Typologie des positionnements de l’interprète de service public a été élaborée. Elle comporte 16 positionnements organisés en quatre types : actif (collaboratif et axé sur le discours externe); hyperactif (obstructif et axé sur le discours externe); proactif (collaboratif et axé sur le monde interne); réactif (obstructif et axé sur le monde interne). La communication vise à présenter la méthode originale et les premiers résultats d’une étude dont l’objectif est de valider statistiquement la Typologie auprès d’intervenants du domaine de la santé et des services sociaux au Québec. Il est attendu que (1) les types collaboratifs soient distingués des types obstructifs et (2) les types internes soient distingués des types externes. Pour effectuer la validation, 16 vignettes vidéo ont été réalisées et ont été mises sur LimeSurvey. 363 intervenants (89.5% de femmes, 18.27 années d’expérience en moyenne) ont été recrutés à travers différents ordres professionnels dans toutes les régions du Québec. L’analyse factorielle exploratoire effectuée confirme l’hypothèse 1, validant partiellement la Typologie. Les intervenants semblent bien percevoir la dimension collaborative des actions de l’ISP, mais moins les motivations sous-jacentes.

L’utilisation de conceptions réductionnistes, racistes et colonialistes aux fins de validation de la science a longtemps marqué le champ de la psychiatrie (De Plaen, 2010). Bien que ces conceptions soient désuètes, des difficultés persistent quant à l’accessibilité aux soins de santé mentale pour les personnes immigrantes. La diversité, qui caractérise de plus en plus la société québécoise, s’accompagne d’une variété de symptomatologie des troubles et de nombreuses théories étiologiques (Mc Mahon et coll., 2020). Les intervenants peuvent ainsi faire face à des incompréhensions ou à des malentendus face à l’information reçue, diminuant leur empathie et pouvant, par le fait même, faire obstacle au développement de l’alliance thérapeutique (Mc Mahon et coll., 2020 ; Rachédi et Legault, 2019). L’intervention interculturelle demande du temps, de l’adaptation, entraîne des questionnements, et très souvent des chocs culturels et de valeurs. L’accès à des soins appropriés, la détection et le traitement des troubles de santé mentale pour la population immigrante dépendent donc de la mise en place de formations, d’outils et de soutien clinique continu pour les professionnels de la santé. Cette présentation a pour objectif de brosser un portrait des écrits sur l’intervention interculturelle dans les soins de santé mentale offerts dans le réseau de la santé et des services sociaux du Québec, afin d’en faire ressortir les forces, les défis et les besoins rencontrés par les intervenants.

Il peut être difficile pour les personnes immigrantes de s’orienter dans la société d’accueil, particulièrement au sein de ses institutions, dont le réseau de la santé et des services sociaux. Des recherches ont montré les retombées positives d’adapter les interventions à la culture des personnes. Une des stratégies choisies par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale Nationale (CIUSSSCN) afin d’adapter ses pratiques en interculturel a été la création de l’équipe des Intervenants pivot en Interculturel (IPIs). Cette communication vise à décrire le processus de soutien et d’accompagnement clinique mis en œuvre par les IPIs au sein du CIUSSSCN. Ainsi, 16 entrevues semi-dirigées ont été menées auprès des IPIs et des gestionnaires impliqués auprès de ces derniers. Ces entrevues ont fait l’objet d’une analyse de contenu thématique, en empruntant une approche principalement inductive. Les résultats seront présentés selon les sections suivantes : mise en place de l’équipe d’intervenants pivots en interculturel, processus de soutien et d’accompagnement clinique mis en œuvre par les IPIs et acquis en intervention interculturelle des intervenants et des programmes ayant contactés les IPIs. Cette recherche permet de faire ressortir plusieurs retombées, dont la mise en place d’un processus de réflexion, de résolution de problèmes et d’autonomie professionnelle permettant le développement de la compétence culturelle des intervenants concernés.

La Ville de Québec est depuis plusieurs années une terre d’accueil pour différentes communautés culturelles. Selon les données extraites du Bilan du Plan d’action en immigration 2020-2023 de la Ville de Québec, on compte environ 8,5 % d’immigrants à l’intérieur d’une population de 549 459 habitants. Le réseau de la santé et des services sociaux est un incontournable dans la vie de la population migrante. Considérant cette réalité et les défis vécus dans le RSSS, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale a mis en place, un cadre de soutien clinique en interculturel. Dans le contexte de cette présentation, il sera question de deux fonctions à l’intérieur du soutien clinique, à savoir la fonction de coordination professionnelle en interculturel et la coordination en interculturel à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Ces deux mandats partagent des expériences communes, tels l’accompagnement des intervenants dans l’appropriation et la mise en place de l’approche interculturelle, mais ils comportent aussi des spécificités, notamment à la DPJ. Ainsi, les coordonnatrices présenteront leur vécu professionnel à partir d’un regard réflexif sur la fonction occupée, les avancées et les défis dans l’exercice de leur travail au sein du CIUSSSCN. Il sera question du développement de la compétence culturelle du personnel du CIUSSSCN et des retombées directes sur l’accessibilité à des services sécuritaires sur le plan culturel.

Du point de vue administratif, le processus migratoire semble généralisé alors que des immigrants peuvent connaître différentes trajectoires en matière d’immigration. Pendant que certains choisissent d’immigrer dans un autre pays en vue d’un avenir meilleur et s’y sont préparés, d’autres se déplacent pour préserver la survie ou sont contraints à aller demander de la protection humanitaire ou internationale (Porceau et Martin-Borges, 2021). Ces immigrants peuvent passer par des programmes qui ne correspondent pas forcément à leurs réalités migratoires, quitter leurs pays sans préparatifs préalables et connaître des trajectoires migratoires difficiles (IRCC, 2022 ; Porceau et Martin-Borges, 2021). Le processus d’intégration de ces personnes au sein de la société d’accueil peut différer. Il s’avère important de comprendre la contribution différentielle du programme à l’intégration des immigrants afin de documenter l’adaptabilité des services du jumelage interculturel communautaire. S’appuyant sur les concepts de jumelage interculturel ainsi que de l’intégration et ses dimensions, la recherche s’intéresse aux facteurs pouvant influencer le processus d’intégration des deux groupes d’immigrants et se base sur l’approche interculturelle systémique de Rachédi et Légault (2019). Elle utilise un devis méthodologique de type qualitatif et exploratoire. La communication découlant du projet de thèse en cours de réalisation s’articule autour de la problématique et du cadre théorique.

En 2023, plus d’une centaine d’organismes communautaires recevaient un financement pour développer un programme de jumelage interculturel au Québec. Ces programmes sont reconnus pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants et permettre un rapprochement interculturel. Par contre, la façon dont ces programmes sont promus varie d’un organisme à l’autre : certains vendent la participation au jumelage interculturel comme un acte d’intégration des nouveaux arrivants, alors que d’autres parlent plutôt de créer une amitié interculturelle. Devant ce constat, nous nous sommes demandé si la façon d’annoncer le programme, les attentes des participants et d’autres aspects de la relation avaient un impact sur les rapports de pouvoir entre les participants. Les rapports de pouvoir et la réaction à l’(in)égalité de pouvoir peuvent influencer l’impact qu’aura l’expérience interculturelle sur le participant, d’où la pertinence de les étudier. À notre connaissance, les relations de pouvoir entre participants n’ont pas étudié au Québec avant notre projet. Nous présenterons les résultats obtenus à partir de l’analyse de 46 entrevues individuelles qualitatives réalisées auprès de participants au jumelage interculturel au Québec. Nous tracerons le portrait des dynamiques de pouvoir observées dans les relations entre participants. Nous observons notamment que les dynamiques de pouvoir semblent varier selon les motivations des participants au moment de prendre part au jumelage interculturel  

Les conditions de vie et de travail des travailleurs et travailleuses (im)migrants à statut précaire ont déjà fait l'objet de nombreuses études. Si cet ensemble de recherches nous a notamment aidé à comprendre en profondeur les trajectoires parfois complexes des travailleurs (im)migrants, cette communication abordera un sujet moins exploré dans la littérature, soit les réponses des organismes de défense de droits face aux enjeux liés aux parcours des travailleurs (im)migrants d’agences de placement. À partir de l’analyse de la littérature secondaire qui traite des stratégies de mobilisation déployées par le Centre des Travailleurs Immigrants (CTI), cette communication sera divisée en trois parties : dans un premier temps, je présenterai la problématique et le contexte de recherche. Ensuite, j’analyserai le cas spécifique des travailleurs (im)migrants affiliés au CTI qui travaillent pour des agences de placement. Je terminerai cette communication par une synthèse des principaux facteurs facilitant et contraignant la mobilisation des travailleurs (im)migrants d’agences de placement. De façon générale, cette communication visera à souligner et mettre en valeur les stratégies de mobilisation sociopolitique développées par le CTI, lesquelles diffèrent des réponses offertes par d’autres organisations (ex. : les organismes d’accueil et d’intégration ou les syndicats) aux enjeux liés aux parcours des travailleurs (im)migrants d’agence de placement.

Le projet Orion est une initiative collaborative destinée aux jeunes, offrant un espace d'échange et de soutien aux jeunes réfugiés pris en charge par l'État (RPCE) ainsi qu'aux intervenants communautaires interculturels jeunesse (ICI Jeunesses) des 14 organismes d'accueil du Québec. L'objectif est d'identifier les défis et enjeux rencontrés par ces jeunes lors de leur accueil et intégration, et de participer activement à la recherche de solutions. Cette présentation vise à explorer le rôle de l'agent de liaison dans la réponse aux besoins d'appartenance et d'autodétermination des individus.

L'agent de liaison soutient et unit à la fois les professionnels, les ICI Jeunesses, et les jeunes RPCE en créant une communauté de pratique et un groupe de soutien local et provincial. Son rôle consiste d'une part à offrir des espaces de partage pour cultiver la communauté de pratique des intervenants et répondre à leurs besoins spécifiques, et d'autre part à écouter le comité jeunesse provincial en organisant des rencontres virtuelles mensuelles et des rassemblements présentiels saisonniers. Sa mission est de relier le local au provincial, de rassembler les ressources et d'unir les efforts vers un projet commun visant à améliorer l'accueil et l'intégration des personnes immigrantes dans les différentes régions du Québec.

Orion représente ainsi une communauté de pratique, un groupe de soutien, une famille.

Le projet « La part de nous restée à la frontière » se distingue par sa nature novatrice, visant à instaurer un environnement sécuritaire et unique où les femmes immigrantes peuvent partager leurs expériences et leurs réalités. En examinant de près les défis auxquels ces femmes font face, cette initiative aspire à favoriser une compréhension plus approfondie de leurs besoins spécifiques et à promouvoir une approche empreinte d’empathie de la part des acteurs du réseau de la santé et des services sociaux.

Dans le cadre de ce colloque, ce projet représente une réponse à ces préoccupations primordiales. En mettant l’accent sur le partage des expériences individuelles, il sensibilise l’ensemble des parties prenantes de la société aux réalités vécues par les femmes immigrantes, et par extension, par leurs familles. Cette sensibilisation contribue à susciter une réflexion plus approfondie sur les politiques et les pratiques en matière d’accueil et d’intégration.

La présentation de cette initiative lors du colloque offre une occasion de partager les connaissances acquises à travers les récits de ces femmes, tout en soulignant l’importance du dialogue et de la collaboration avec les organismes communautaires soutenant cette clientèle. Ceci en vue de co-construire des politiques et des procédures d’accueil et d’intégration plus adaptées à leurs besoins réels. Un panel de partage composé de participantes, mamans-relais et l’équipe échangera avec le public.